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Published: August 15th 2010
Oh, non, pas un bus de nuit!
Apres avoir fini mon blog vendredi soir j'ai repris mon sac et saute dans un auto-rickshaw pour la gare d'Udaipur. Je demande au guichet de quel quai part mon train pour Ahmedabad. "Le train est annule." Quoi?!
"Quand est le prochain?" "Le train est annule jusqu'au 20 aout." Ca c'est de l'annulation! "Qu'est-ce que je fais alors pour avoir le train de 5h25 qui part d'Ahmedabad pour rejoindre Mumbai?" "Prenez un bus de nuit. Il y en a plein."
Je remonte dans un auto-rickshaw qui me depose a la station de bus. Je vais demander les horaires des bus publics, puis ceux des bus prives (qui sont parfaitement alignes en termes de prix). Les premiers bus partent a 22h et arrivent a Ahmedabad a 4h. Je demande quand meme a une agence s'il n'y a pas de billets d'avions. Ceux-ci sont malheureusement hors budget, mais l'agent me propose d'enchainer un bus pour Ahmedabad puis un avion Ahmedabad Mumbai. "Non, non, ce que je veux eviter c'est le bus. Pas le train. J'aime le train!" Je suis condamnee a prendre un bus de nuit, et dans les 2 heures qui me restent a
attendre je me force a grignoter un morceau. Je n'ai pas particulierement faim mais je me souviens que les facteurs de mal de mer sont les "4 F" (Copyright Gerardja de Soulanspur):
- Faim
- Froid
- Fatigue
- Frousse
Je n'ai pas pris un bus avec airconditionne, mais par contre je suis fatiguee, donc autant ne pas en plus avoir faim, histoire de limiter les risques. Je me fais egalement un petit traitement homeopathique preventif. A 21h50, je monte dans mon bus. J'ai la couchette au fond en haut, avec l'oreiller vers l'avant du bus. Je glisse mon sac a dos vers mes pieds et m'allonge, regrettant deja la place au fond. Dans un bus indien il vaut mieux etre entre les deux essieux, ou sinon a l'avant, car le conducteur y est aussi et ralentit pour faire passer l'obstacle aux roues de devant, mais accelere ensuite.
La conduite de notre chauffeur est tellement fluide qu'au bout de 5mn je me suis deja cognee la tete et mon corps ete projete contre la fenetre. J'ouvre un peu la fenetre pour avoir un filet d'air mais je decide de garder la position allongee: "tu es crevee, tu as besoin de dormir, tu
ne vas pas etre malade tu as juste besoin de t'habituer au style de conduite".
Arrive sur "l'autoroute", notre chauffeur ne se sent plus de joie, il accelere a fond, doublant tous les autres vehicules, freinant brusquement a la derniere minute sur les obstacles. Certes certains obstacles sont difficiles a anticiper: les chiens qui traversent ne le font pas a heure fixe, mais les ralentisseurs qui sont la depuis longtemps donnent lieu au meme coup de frein brusque...
Une heure apres notre depart, je suis fataliste. Je suis assise je ne sais trop comment, la tete a la fenetre que j'ai ouverte au maximum, plus ou moins couverte de mon sac de couchage que j'ai reussi a sortir de mon sac en me disant que sinon j'allais attraper la creve. Mon estomac est definitivement vide, et je grapille des secondes de sommeil en appuyant la tete contre mes poings appuyes sur la barre de fer de la fenetre (positionnee pour eviter que les passagers ne plongent sur la route). Mes poings permettent d'amortir les chocs, meme si quand un trou est trop grand c'est le haut de la tete qui se cogne contre le haut de la fenetre.
Prartharna
dans le train de banlieueJ'ai eu le temps de regretter ma decision de ne pas prendre l'avion. Je me suis demandee si je ne devrais pas descendre a un peage pour proposer de l'argent a une voiture pour me conduire a Ahmedabad, idee d'autant plus irrealiste que je serais bien incapable de me tenir sur mes deux jambes maintenant... Heureusement avec les phares des cars et des camions je peux observer le paysage, les montagnes, les maisons, les restaurants du bord de route.
Tout a coup l'assistant du chauffeur vient me trouver. "Ahmedabad airport? Railway station?" Je reussis a dire que je veux aller a la gare. Quand le bus s'y arrete, je descends peniblement de ma couchette, qui est un bazar monstrueux. Mon sac a dos semble lui aussi avoir ete malade: il n'a plus aucune forme et mes affaires sont eparpillees. Un indien vient gentiment me proposer de l'aide. Je le remercie (enfin je crois) et lui mets dans les bras mon sac de couchage, mon oreiller, mon drap, 2-3 choses qui trainent sur la couchette. J'essaye de fermer un peu mon gros sac a dos qui est ouvert de partout, je pose des affaires dessus, verifie que je n'ai rien oublie et descends du bus en portant mon sac comme un plateau. Le conducteur trepigne car je lui fais baisser sa moyenne. Je regarde ma montre: il est 3h au lieu de 4h. Fangio repart, et je vois repartir ce bus sans regret. Qu'il est bon d'avoir la terre ferme sous les pieds.
Ouf!
Je decharge l'indien qui m'avait aidee en reprenant mes affaires et le remercie (cette fois je suis sure), puis essaye de remettre grossierement l'ensemble dans mon sac a dos. Je suis entouree de 4 conducteurs d'auto-rickshaw qui me proposent d'abord de m'emmener dans un hotel, puis a la gare (qui est a 50 metres). 5mn pour reprendre mes esprits et faire tout rentrer dans mon sac, puis je me dirige vers la gare. 1er arret: le guichet, pour verifier que mon train est bien maintenu. C'est bon, ouf! J'en profite pour demander la raison de l'annulation du precedent: "beaucoup de pluie"
Il est 3h et la gare est pleine. Le menage est en train d'etre fait, les balais puis les serpilleres passent. Je me pose par terre sur un endroit fraichement nettoye et sous un ventilateur qui permet de supporter les 27 degres de la nuit. Je refais correctement mon sac, me lave les dents, me recoiffe, vais chercher un peu de pain, puis m'endors une petite heure sur mon sac.
Mon train arrive a 5h et je grimpe dans ma couchette, me reveillant a 12h beaucoup plus guillerette. Dans cette aventure j'ai reussis a ne rien semer (ni passeport, ni appareil photo, ni portefeuille), et je me dis meme que j'ai decale mes heures de sommeil a l'avance pour mon retour en France. Je me pose avec mon livre une derniere fois sur les marches de mon wagon a regarder le paysage defiler, les villages de pecheurs puis les bidonvilles au pied des immeubles.
Un train de banlieue puis un auto-rickshaw et me revoila chez Prartharna qui m'accueille d'un grand "Welcome home!" Une bonne douche plus tard et nous voila en train de grignoter une pizza que Prartharna a passe 20mn a commander au telephone. Petit shopping de derniere minute en centre-ville et Prartharna qui a depuis appris mes deboires de la nuit precedente me fait un repas special adaptes aux estomacs qui ont souffert: un delice, je pique immediatement la recette!
Rira bien qui rira le dernier
Ce matin je me suis reveillee avec l'impression que ma gorge avait double de volume. Forcement avec la tete a la fenetre pendant 5h, meme s'il ne faisait pas trop froid dehors, ma gorge a peu apprecie. Prartharna me fait faire un gargarisme a l'eau tiede salee et nous decidons qu'il est plus sage que je ne l'accompagne pas a la seance de cinema en raison de l'air conditionne. Donc en attendant j'ecris. Je vais meme pouvoir mettre quelques photos en ligne puisque son ordinateur n'est pas plein de virus (contrairement aux cafes internets).
Aujourd'hui, le 15 aout, c'est la Fete de l'Independance de l'Inde. Cela veut dire qu'un grand nombre de lieux symboliques de Mumbai sont fermes. Les autorites sont particulierement vigilentes en ce jour, et en particulier dans les aeroports... je n'ai pas choisi le meilleur moment pour voyager!
L'Inde est un pays qui ne laisse pas indifferent. Certains aiment, d'autres detestent, beaucoup passent d'un extreme a l'autre au gre des circonstances. Un voyage en Inde permet au minimum d'apprecier l'incroyable chance que l'on a d'etre nee femme en Europe pour nos generations, le luxe de pouvoir boire l'eau du robinet, le calme, la proprete, et la purete de l'air de nos pays (meme Paris fait figure de ville modele par rapport a n'importe quelle ville de plus de 10 000 habitants en Inde). Si les inegalites persistent dans nos pays europeens, elles ne sont pas criantes au point de rendre l'obtention du moindre emploi public dependante des connections et de l'argent que l'on peut donner au recruteur. Meme si l'education en France n'est probablement pas l'ascenseur social qu'elle a pu etre par le passe, elle ouvre quand meme plus de porte qu'en Inde. La presence des castes et les rapports de pouvoir qui sous-tendent toute relation ou transaction sont completement integres par les habitants, mais sont particulierement pesants pour les observateurs exterieurs qui en sont conscient.
L'Inde n'est pas un pays dans lequel j'aimerais vivre, et le voyage est d'autant plus appreciable que l'on sait qu'il est ponctuel. En un peu plus de 3 semaines je suis saturee d'images belles ou choquantes, de bruits, de pollution, d'emotions, et je suis prete a retourner en France.
Merci a tous ceux qui ont suivi ce blog, famille, amis et inconnus qui avez pris l'habitude de lire sans accents et eu la patience de supporter les nombreuses fautes. Bon anniversaire de mariage a Patricia et Thibault et bon dimanche a toutes et a tous!
Anne
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anonymous
non-member comment
Merci pour toutes ces belles histoires miss, tu nous a bien fait voyager pendant le mois d'août le plus pluvieux de la décennie en Europe! Bon vol et bon retour à Paris. A très vite! Jéjé