Paraguay et sud de « Misiones » : sur la trace des Jésuites et des Guaranis …


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Published: October 2nd 2011
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Sur le coup des 8h30, nous quittons, dans un petit bus local, presque à contrecœur, Puerto Iguazu. De folles images de ces superbes chutes hantent encore notre esprit marqué à tout jamais…

Destination ? San Ignacio, petite bourgade de 30’000 âmes plus au sud mais toujours dans la très verte province de « Misiones ».
Nous y débarquons vers 13h sous une chaleur caniculaire. Porter nos petits bagages par passé 30 degrés ne nous enchante guère. Nous décidons donc de louer le service d’un taxi pour rejoindre notre auberge. C’est ainsi que nous entrons dans la caisse la plus pourrie de notre périple : une antique « Peugeot » des années… voyons voir… 70 peut-être ? Totalement rouillée, bruit d’enfer au démarrage, odeur d’essence, boitier de vitesse se résumant à une simple tige métallique, bref de quoi faire passer « la Sub » pour une « Ferrari »… Mais bon l’important c’est qu’elle roule, et c’est le cas ! C’est aussi ça l’Amérique du sud : réussir à redonner vie à à peu près tout et n’importe quoi :D.

Nous arrivons donc à bon port après une dizaine de minutes et prenons ainsi nos quartiers pour quelques jours dans une auberge du réseau « Hostelling International », très présent et de bonne qualité en Argentine.
Alors qu’est-ce qu’on peut bien venir faire à San Ignacio ? Et bien pas grand-chose à part lézarder sous un soleil de plomb et… visiter les ruines des missions jésuites.

Mémoire, mémoire, active-toi ! Rappelez-vous ! Mais si, mais si, il y a quelques semaines, nous avions déjà passés quelques jours sur la terre des Jésuites. C’était à Córdoba, ancienne capitale des Jésuites en Amérique du sud. On ne va pas vous recompter cette histoire, surtout que vous devez sans doute la connaître par cœur avec votre lecture assidue du blog :D.

Voilà donc ce que nous ne vous avions pas dit :

Les Jésuites, bien ancrés à Córdoba, décidèrent d’aller évangéliser les indigènes qui peuplaient alors le nord-est de l’Argentine actuel, le sud de Brésil et le sud-est de Paraguay : les Guaranis. Ils y bâtirent, avec succès, plus de 30 missions constituant une population de 140'000 Guaranis. Nous sommes alors en 1732. Puits de science pour l’époque, les Jésuites leur enseignèrent la religion, l’agriculture, la monogamie, la médecine, l’écriture,… Ainsi les Guaranis furent le premier peuple à être entièrement alphabétisé ! Une réelle prouesse d’avoir réussi une conversion et un développement par pur pacifisme et de plus dans un milieu très hostile : la jungle. Toute cette histoire a d’ailleurs été l’objet d’un excellent film des années 80, « Mission » avec, entre autres, Robert de Niro et Jeremy Irons.

Aujourd’hui, il ne reste que des ruines des missions, en grande partie détruites par les Portugais chasseurs d’esclaves. Il y a, néanmoins, 7 de ces ruines qui sont classées à l’UNESCO, entre le Paraguay (2), l’Argentine (4) et le Brésil (1).
Nous avons eu la chance d’en visiter quatre. Récit :

Mision jesuítica San Ignacio Mini

En plein cœur du village de San Ignacio, ces ruines, facilement accessibles, ont en partie été reconstruites. Alors là, d’entrée un débat : faut-il laisser les ruines telles quelles ou les reconstruire en partie ? À chacun sa vision et vous aurez peut-être la vôtre au fil de ces lignes…

Le gigantesque terrain, très bien entretenu, nous offre une magnifique première vision : l’ancienne entrée de l’église au fond d’un long chemin de terre entouré d’arbres. Waouw !! Pas mal !
San Ignacio Mini est très grande, voire immense ! Nous nous attendions à voir plutôt une simple église mais non, il y a toute une série de baraquements à usage divers. On imagine à peine que des milliers de Guaranis vivaient ici.

La pièce maîtresse de ces ruines est incontestablement l’ancienne entrée de l’église. On y aperçoit encore toute une série de détails et de gravures impressionnants. Maintenant d’origine ou pas...

En déambulant dans ces belles ruines, on dénote une ambiance particulière, comme un havre de paix au milieu de nulle part. Le calme, le chant des oiseaux, quelques scarabées côtoient les lézards sur les pierres brûlantes,… Un instant, nous souhaiterions revenir 300 ans plus tôt et entre-apercevoir la quiétude de ce lieu mystique… Y a pas à dire, faudra qu’on regarde de nouveau ce film en rentrant !

Mision jesuítica Trinidad y Jesús

Deux des plus belles ruines des missions jésuites se trouvent au Paraguay, à deux heures à peine en voiture de San Ignacio. Dès lors, impossible pour nous de ne pas y aller. Ça permet également d’agrandir notre collection de tampons sur nos passeports :D.

Mais comment y aller ? Par facilité, gain de temps et « flemmardise », nous optons pour une virée en pick-up avec l’un des gérants de notre auberge. Juan, la trentaine, d’un calme et d’une tranquillité totale et arborant une barbe… pour le moins originale, sera notre chauffeur-guide pour cette journée paraguayenne.

Confortablement installés dans le pick-up « Toyota », nous partons vers 8h30 en direction du Paraguay. Juan nous signale que nous n’allons pas emprunter les grands axes mais plutôt privilégier les petites routes terreuses et un passage frontière plus… calme.
C’est donc après une trentaine de minutes que nous arrivons à la frontière délimitée par le « río Paraná ». Le douanier argentin semble méfiant et parcourt plusieurs fois toutes nos pages du passeport. C’est vrai qu’avec toutes ces mini-escapades hors argentine, il y a de quoi se méfier :D. Pourtant, 10 minutes plus tard, il nous rend nos passeports en bon uniforme.

Juan dirige son index en direction d’une épave pour nous signaler que c’est « ça » que nous allons utiliser pour traverser le fleuve… Construit en 1913, ce bateau anglais paraît avoir une similitude avec les barques utilisées lors du débarquement des Alliés en 44 sur les côtes françaises. Bon, si c’est anglais c’est solide non ? Enfin, on verra !

Nous n’attendons pas loin de 45 minutes avant l’embarquement. Nous avons donc largement le temps de discuter avec le capitaine et ses hommes, tous très souriants et très intéressés à voir des touristes. Ainsi, nous apprenons qu’il n’y a pas d’anaconda dans ces eaux pour le moins… suspectes. Pourtant, l’ambiance, le bateau, l’eau, les sourires malicieux,… tout ça rappelle étrangement un certain film sur le sujet…

La traversée du fleuve se passe bien et nous profitons même de l’occasion pour partager un maté avec Juan. Arrivés de l’autre côté, c’est une petite cabane de bois qui sert de douane paraguayenne. Le douanier, qui a un air des frères « Baldwin », la chemise à moitié ouverte et 5 chevalières couleur or aux doigts, n’est pas très vif avec son ordinateur. Il lui faudra 15 bonnes minutes pour entrer nos données sur son PC des années 90. Sourire au coin, nous regagnons notre véhicule.

Vingt minutes plus tard, nous arrivons à « Trinidad ». Après avoir payé notre droit d’entrée, une fausse blonde paraguayenne (y en a-t-il des vraies ?) nous apprend qu’ici aussi ces ruines ont été reconstruites. Différentes par son lieu moins enchanteur que « San Ignacio Mini » mais semblable par sa taille, « Trinidad » est très belle. L’église est immense, le plancher d’origine et de nombreuses statues sans tête trônent sur les façades. Il paraît qu’elles ont toutes été décapitées à cause de l’or qu’elles auraient pu contenir.
Nous prenons également un peu de hauteur en gravissant une petite tour qui nous offre un beau panorama sur les ruines (celui du blog d’ailleurs).

Après une heure passée à arpenter ces ruines, nous reprenons la route pour avaler les quelques 30 kilomètres qui séparent les missions de « Trinidad » et de « Jesús ». Cette dernière, plus petite que ses sœurs, ne nous a pas laissé une super impression. Les murs, pas d’origine, et le lieu manquant de charme, cette mission est l’emblème des ruines « trop » reconstruites, laissant même transparaître par endroit du ciment… Ouais pas top !

Toujours en sirotant notre maté, nous regagnons la frontière vers les 15 heures. Le passage frontière-bac-frontière se passe bien et avant d’attaquer notre dernière mission de la journée, nous faisons un petit crochet par une entreprise fabriquant la « yerba a mate », si précieuse pour les Argentins.

Le « maté » ? Mais qu’est-ce que c’est ? Appelé parfois « chimarrão », il s’agit d’une infusion issue de la culture des Guaranis. Elle est consommée non seulement en Argentine mais également au Chili, au Paraguay, en Uruguay, au sud du Brésil, et plus surprenant, au Liban, en Syrie et en Turquie.
L’unique plante utilisée pour établir cette boisson amer est la « yerba a mate ». Appelé parfois le « thé des Jésuites » (ce sont eux qui l’ont cultivée avec les Guaranis et qui ont propagé cette culture aux autres zones d’Amérique du sud), c’est une espèce d’arbre endémique d’Amérique du sud. On torréfie et pulvérise les feuilles, puis, infusées dans l’eau chaude, on obtient une boisson stimulante aux effets semblable à ceux du café ou du thé.
C’est peu dire que le maté est omniprésent dans la culture argentine ! En effet, non seulement il n’est pas rare de voir un groupe de personnes assis au coin d’une rue sirotant leur maté, mais, en plus, il est courant de croiser un « cravateux », maté et thermos en main, allant au travail. Ajouter à cela que dans la plupart des stations-service, il y a des distributeurs d’eau chaude afin de remplir son thermos… Vous avez tout compris, le maté ici, plus qu’une institution, c’est un rituel de vie !
En parlant rituel, il y a d’ailleurs tout une systématique bien précise quant à la préparation de son maté, on ne fait pas ça n’importe comment, attention…
Va falloir qu’on s’achète notre « bombilla » (sorte de paille munie d’un filtre pour boire le maté) et notre « maté » (nom également donné au récipient traditionnel qui contient le maté) sous peu…

Juan nous emmène donc visiter une fabrique où, après un petit film de propagande de vingt minutes, nous déambulons dans l’usine avec le patron. Il nous explique tout le procédé de la culture à la récolte, en passant par l’exportation jusqu’en Moyen-Orient. Instructif et intéressant !

Mision jesuítica de Nuestra Señora de Loreto

Dernière étape de cette longue mais prolifique journée : les ruines de Loreto. Ouais ouais ouais… Je vous vois venir… Encore des ruines ??? Pas marre ?? Et bien un peu oui mais c’est qu’ici c’est spécial : les ruines sont d’origine, pas de reconstruction !

Plus anciennes que les précédentes, Loreto c’est avant tout un lieu magique niché en pleine nature. On vient ici plus pour voir la nature à l’œuvre que pour les ruines car au final, il n’en reste pas grand-chose, ou du moins, elles sont bien recouvertes par la végétation.

Pupitta, une petite cleps gardienne des lieux, ainsi qu’une guide pleine d’enthousiasme, nous font arpenter cet Eden magique durant une bonne heure : un pur bonheur qui tombe à pic pour finir cette belle journée!
Nous découvrons donc beaucoup de pierres ensevelies ou entourées de cette végétation typique de la jungle, agressive au possible tellement elle s’infiltre partout. Notre imagination doit bien travailler pour s’imaginer ce qu’était certainement cet endroit il y a des années de cela. La disposition générale des ruines semble, en effet, correspondre aux autres que nous avons visitées jusque-là.
En tout cas, quelle agréable fin d’après-midi !


Ainsi donc s’achève notre périple dans le nord-est argentin : la chaleur, la nature omniprésente, les belles couleurs, la faune, l’histoire et bien sûr les spectaculaires chutes d’Iguazú. Tranquille et belle étape qui nous aura bercés et revigorés une semaine, avant de regagner, pour quelques jours, la bouillonnante Cité du tango.



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