La coiffeuse

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Il était grand temps d'aller chez le coiffeur. La coupe de la plupart des Chiliens me donnait l'impression qu'ils s'étaient coupé les cheveux eux-mêmes, au couteau et à la lueur d'une chandelle, et le fait que je n'avais trouvé aucun salon de coiffure en plus d'un mois me confortait dans cette idée. C'est en allant chercher ma carte d'identité - qui arriverait "dans deux semaines grand maximum", mais en fait quatre, mais en fait six - que je le vis. Enfin, je vis l'enseigne du salon de coiffure. L'affiche du karaoké juste à côté lui volait un peu la vedette, mais peu importait. Je décidai donc de m'engager dans ce qui ressemblait au garage de mon voisin, puis dans des couloirs de plus en plus sombres. J'entendais des bruits de scies circulaires, de perceuse, des voix. C'était donc ça que ressentait ce bon vieux Dr Jones (Indy pour les intimes, sauf Sean Connery). Au bout d'un énième couloir, une pièce qu'on aurait pu prendre pour un labo clandestin. Des tuyaux d'aération en alu apparents, une fumée suspecte par la fenêtre, des fioles colorées mais non étiquetées, des gants en latex,... Mais avant que je puisse décider si je devais appeler Murphy et Peña ou m'enfuir le plus vite possible, j'aperçus une quinquagénaire munie de ciseaux qui coiffait une deuxième quinquagénaire munie d'un magazine de type "Closer", "Paris Match" ou autre "Le monde diplomatique". Il faudrait que j'attende mon tour, compris-je. Pendant ce temps, je pouvais regarder la télévision avec au programme, une émission sur les auras et comment interpréter leurs couleurs. Une dame qui se disait voyante expliquait que Claudia avait une aura jaune parce qu'elle était très ouverte, mais aussi très critique. On pouvait se demander comment Claudia pouvait croire à ce genre de connerie, si son aura était si jaune. La voyante changea ensuite le filtre Photoshop et la caméra se braqua sur Eduardo et son aura verte, sous les yeux ébahis du public. La voyante avait besoin de voir les images de la caméra pour voir l'aura, donc je commençais à me dire que la vraie voyante, c'était la caméra.

Après ce documentaire transpirant la véracité scientifique, ce fut enfin mon tour.



Pendant qu'elle coupait mes cheveux en concentrant la moitié de son attention sur l'aura jaune pisse de Rodrigo, je me demandais combien ça allait me coûter. J'eu bientôt la réponse : 2500$. On se caaaalme, c'est des pesos, pas des dollars américains. En euro? Ça fait 3,3€. J'inscris le Chili sur la liste des pays où le shampooing est plus cher que la coupe.

L'histoire de cette semaine est peut-être plus courte, mais c'est parce que j'ai une aura violette, signe de fainéantise. La prochaine sera sans doute plus longue. D'ici là, hasta luego!

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Photos

La statue lugubre
Elle vole l'âme des élèves qui font leurs devoirs à la dernière minute

Sans titre
30 secondes d'exposition pour avoir ça et les gens ne sont pas foutus de rester immobile. Ya pas de respect