San Pedro de Atacama, Chile (Coups de Grisou)


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Published: August 1st 2018
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25 juillet




Iquique est derrière moi alors que le bus dans lequel je prend place vise la route qui longe l'Océan

dans le but d'atteindre d'abord Calama plus au sud, tout là-haut dans les montagnes (altitude 2700 mètres)

pour ensuite bifurquer vers le désert à l'est.



Beaucoup de mineurs à la mine sombre occupent les bancs autour de moi.

La colossale mine de cuivre de Chiquicamata se trouverait tout près de Calama,

ville sombre gonflé par l'inflation, les casinos, les hôtels de surenchère et les bars louches.

C'est là que logeraient beaucoup de ces travailleurs esseulés, gris et ternes

qui arrachent aux montagnes le minéral en diluant jour après jour leur sourire

jusqu'à oublier comment en faire.



À Calama, je dois changer d'autocar pour partir plus creux vers la frontière bolivienne, en direction de San Pedro de Atacama (3200 habitants), là où se trouve le désert le plus aride sur terre.



J'approche de la soute à bagages du bus pour y déposer mon lourd sac-à-dos... alors que dans la pénombre de sa tanière, un nain apparaît comme un suricate et, vorace, s'agrippe à mon pactole.

Le petit homme est assurément le plus compétent pour entreposer les valises dans l'étroitesse du compartiment à bagages dois-je dire.

Ouais. Et pas mal certain qu'on l'utilise comme canari dans les mines de charbon aussi celui-là.



La nuit tombe alors qu'on s'approche de San Pedro de Atacama (altitude 2300 mètres).

Dans l'éclairage des phares de l'autobus en marche, le bitume rectiligne en plein désert hypnotise.

Les tirets au milieu de la route nivelée comme une piste de décollage s'enchaînent comme un message en morse qui se répéterait à l'infini.

Clic clic clic

Clic clic

._ _ ._ _._. ._ __ ._

Nous sommes peut-être fixe dans le décor.

Le désert nocturne serait peut-être lui en mouvement autour de nous.



...



On rejoint San Pedro de Atacama à 23h et des poussières.

Il y règne un silence de duel dans les rues complètement nues du village.

Des chiens (ou des coyotes) hurlent à la lune comme dans un western.



Je trouve à tâtons mon hostal, un peu à l'écart du centre, et cogne à une porte en lattes de bois:

trois coups rythmés,

puis un court hiatus

et puis deux autres coups encore, plus espacés ceux-là.

Triolet, silence, noire noire.



Rien ne bouge.

J'ai l'impression de chercher à entrer dans un club occulte.

Cloc cloc cloc

Cloc cloc

comme un code secret.



Un visage de pomme de terre, boursouflé par l'altitude et le sommeil, ouvre finalement la porte.

Check-in.

Le type endormi m'attendait avant de tout éteindre.

Plutôt rares semble-t-il, les check-in tardifs:

plutôt rares sont les voyageurs qui osent la journée de bus à partir d'Iquique.



26 au 29 juillet



Le village de San Pedro de Atacama, oasis isolé dans le désert, attire les touristes avides de paysages saisissants:

des volcans aux pics enneigés, des plaines asséchées par le sel et des geysers pressurisés,

des forteresses rupestres aux murs sédimentaires fait de sable et de pyrite

et des lagunes turquoise où l'eau saline est si dense qu'elle ferait flotter les touristes

et ferait certainement aussi marcher les Jésus.



Les voyagistes pullulent dans le quadrillage du centre-ville.

Des restaurants, des boutiques d'artisaneries, des bureaux de change et des auberges complètent le tableau.

La pulsation cardiaque de San Pedro de Atacama bat fort, cadencé au mouvement du tourisme.



Dans les allées de terre battue, des hordes de chiens domestiquées roupillent ici et là, devant les entrées des boutiques

ou alors, s'écarquillent en plein soleil au milieu des passants.

C'est à croire que le village leur appartient.

Lorsqu'ils ne siestent pas, les canidés se sentent le pèteux.

Chacun son territoire.

Parfois, d'imprévisibles échauffourées éclatent:

lorsque ce n'est pas pour une trouvaille gastronomique qu'un chien refuse de partager,

c'est pour un museau inconnu trop rapidement collé au troufignon d'un chef de bande.

...



Des tours s'organisent à partir du village pour aller découvrir les environs.

Après l'heure du lunch, la population voyageuse s'agglomère devant les bureaux des voyagistes

pour s'engouffrer dans des mini-vans guidées et ainsi dépeupler d'un coup l'oasis poussiéreux.

Comme un vase qui se vide.

Les commerçants ressortent alors le balai et se relancent, comme la veille, dans le dépoussiérage de leur boutique.

Les chiens du village se recouchent alors au soleil, attendant le retour des touristes pour leur faire des yeux doux.



Le cortège des mini-vans reviendront tous à la dernière lueur du jour, ensemble, en déversant la vague touristique affamé sur San Pedro.

Ainsi, le vase se remplit à nouveau.



C'est un 20 degré de différence qui sépare le jour de la nuit ici.

Le soir, on se cache le corps pour se réchauffer

tandis que le jour, on se couvre le corps pour ne pas fondre comme Icare.

Foulard et Crème Solaire.

On ne prend pas de coup de soleil ici:

on s'évapore, on sèche,

on se momifie,

on se prend des Coups de Grisou.



Etienne X



Notes à Moi-Même:

1- Il y a une ville ici qui s'appelle Peine

2-Ne plus confondre jamón (jambon) et jabón (savon)


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