Salar de Uyuni et Sur-Lipez : des paysages surnaturels uniques au monde… (partie 1)


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Published: August 20th 2011
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Pour ce 50ème post, pas n’importe quel chapitre ! … En effet, la Bolivie possède une petite merveille du monde bien planquée au plus profond du sud du pays. Et évidemment, on ne pouvait pas passer par là sans y faire un petit tour…

Mais reprenons chronologiquement, si vous le voulez bien…
Nous quittons la ville de Potosì, un lundi matin frais, avec un bus qui va nous déposer à Uyuni, ville départ des excursions pour le sud.
Le trajet se fait en 6h. La voie est presque entièrement goudronnée mais plusieurs fois tout de même, nous devons faire des détours par des pistes, heureusement sèches, car les travaux empêchent encore de circuler entièrement sur l’asphalte.
Les paysages que nous traversons durant ces quelques heures sont déjà très beaux. Depuis Potosì, nous quittons vraiment la civilisation. Sur le chemin, seulement de touts petits villages ou, la plupart du temps, rien sauf des lamas sauvages par-ci par-là qui broutent ce qu’ils peuvent trouver dans cet environnement sec.

Après avoir traversé tous ces paysages d’immensités abandonnées, quelque chose au loin se profile. On dirait……. Une ville ?! Eh oui ! C’est Uyuni ! Perdue au milieu de rien, l’arrivée dans cette ville, de toute de même 11’000 habitants bientôt, est assez surprenante. On comprend vite que par ici, les habitants ont une vie rude.
Nous sommes à 3656 mètres d’altitude. Il y fait très froid, la ville n’est abritée par aucune montagne ou relief quelconque. Elle est donc balayée allégrement par les vents glaciaux venant du sud. L’approvisionnement en eau est difficile. Parfois impossible si les seuls tuyaux opérationnels gèlent la nuit. Ici ça ne rigole pas. Et pourtant il y a une grande population tout de même ! Mais les Boliviens n’ont peur de rien…
Cette ville est connue par le pays comme la ville de l’extrême froid. Les températures sont quasiment toutes l’année négative durant la nuit, ce qui rend l’agriculture impossible.
Ici les habitants vivent soit du tourisme, car lieu de départ pour les excursions du sud, soit du travail du sel, soit de l’industrie militaire (Uyuni est également une base militaire importante).
Bref, on est arrivés dans ce qui s’appelle « l’Ushuaia salé ». On a vite l’impression d’être au bout du monde en fait. On a peut-être atteint le point de non-retour ?! :D Même dans les rues de la ville, on a cette impression. Ces grandes rues plates semblent finir nulle part. Il y a juste la place centrale qui donne une autre vision du lieu, totalement en contraste avec le reste en fait : restaurants, cybercafés (seulement 3, quand même !), agences de voyages multiples.

En s’approchant de la ville, on aperçoit quelque chose, loin derrière. C’est très grand, c’est très blanc, c’est le Salar d’Uyuni ! Il est là ! Il est le premier objectif de ce voyage au fin fond du monde bolivien ! Mais nous y reviendrons tout à l’heure…

Nous sommes déposés dans une rue qui ressemble à toutes les autres. Nous récupérons nos bagages (devenus bien lourds ces derniers temps, achats d’habits chauds et de quelques étoffes obligent !!). Quelques minutes pour nous repérer et nous partons à pied direction notre éventuel hôtel de la nuit prochaine. Il est presque 17h30. Le soleil commence à disparaître, il va falloir sortir les couches.
Parfait, l’hôtel en question a de la place pour une nuit. Nous devrons partager notre salle de bain glaciale, mais c’est parfait. La chambre est très rudimentaire. Pour une nuit, ça ira. On espère, en effet, ne pas devoir rester plus longtemps ici. Mais cela va dépendre de notre capacité à trouver une place dans une excursion pour le lendemain…

Nous nous lançons donc à la recherche d’une agence qui nous semble potable. Il faut savoir qu’à Uyuni, les agences officielles et officieuses sont nombreuses ! Environ 70 nous a-t-on dit ! Évidemment, elles ne sont pas toutes fiables. Il y a beaucoup de familles du coin qui proposent de faire un tour dans le Salar et dans la région du Sud-Lipez, mais leur équipement et leur infrastructure sont des plus pourris. On en a entendu de toutes les couleurs ! Voitures qui tombent en panne en plein nulle part, radio qui ne fonctionne pas donc secours impossibles, pneus qui explosent plusieurs fois sur le trajet, pas de guide, conducteur saoul (si si ça arrive très fréquemment, il faut bien se réchauffer !!!), bref, la panoplie des enquiquinements est énorme ! De quoi se méfier au plus haut point lors du choix de l’agence !
Nous nous dirigeons alors vers une agence proche de notre hôtel, connue car nous avons discuté deux jours auparavant avec un groupe de français qui revenaient de leur excursion, enchantés par cette agence. Nous rentrons.
Après une assez longue discussion, avec des réponses à nos 36 questionnements sur tout et n’importe quoi, la prestation nous semble correcte et nous nous lançons. Nous pouvons partir le lendemain matin. C’est parfait. On croise les doigts maintenant pour qu’on ne soit pas tombés sur une bande de rigolos ! …

Nous allons alors assez rapidement souper, un bon plat local pour Ben, le « Pique Macho », à base de gros morceaux de bœuf dans une sauce locale clé, le tout cuisiné avec des oignons, des poivrons, des bouts de saucisse locale, de la viande de poulet, des tomates et des frites. Miam ! Puis c’est l’heure d’aller vite dodo, de toute façon, il y a rien à faire par ici et il fait très très froid en dehors du lit donc voilà, le programme est fait !

Après une nuit correcte mais sans plus (le visage, surtout le nez, gèlent durant la nuit et les couvertures sont lourdes !), nous nous levons, prenons la dernière douche avant quelques jours et nous rejoignons l’agence, impatients de commencer cette aventure alléchante. Notre seule crainte : tomber avec un groupe de M, avoir un conducteur du n’importe quoi et pour Rose, avoir vraiment froid durant les 2 prochaines nuits… on verra bien !

Nous avons rendez-vous à 10h30 mais notre départ est prévu pour 11h. Avant cela, nous devons récupérer les 2 sacs de couchage que l’agence va nous louer pour le périple et charger nos gros sacs sur la voiture. Oui j’ai bien dit SUR la voiture, car durant 3 jours, ils seront sur le toit de notre 4x4, l’intérieur étant déjà bien remplis avec 5 touristes prévus.

Plusieurs autres groupes se préparent ou attendent. Nous repérons déjà un groupe de français très bruyants, qui ont l’air de partir avec la même agence que nous…….. hum. On croise les doigts pour ne pas être dans le même convoi, car plus français que ça, tu meures ! Insupportables juste à les entendre de loin. Heureusement, ils ne sont pas tous comme cela ! Le futur nous le confirmera car après avoir chargé nos affaires sur le toit, nous allons chercher nos 3 camarades de voyage : 2 françaises (Hortense et Marie-Cécile) et 1 anglaise (Jasmin), les 3 filles dans la vingtaine. Tout le monde est très sympa déjà au premier abord, c’est nickel !
Nous faisons également connaissance d’Oscar, notre chauffeur, sympathique bolivien discret mais qui en cache beaucoup sous sa veste ! On le verra par la suite… Et puis Alvarro, notre guide durant 3 jours, lui aussi semblant fort sympathique. Il ne doit pas être très âgé, un peu plus que nous. La voiture, une belle Lexus blanche encore propre pour l’instant, est prête à nous transporter sur les pistes du sud de la Bolivie, on est partis !!!

Nous quittons Uyuni, tous emballés, et nous faisons assez rapidement un premier arrêt, à l’orée de la ville : le cimetière des trains.
Il faut savoir qu’Uyuni est un carrefour ferroviaire important de la Bolivie. De là partent des trains à destination de La Paz (via Oruro, une ville au nord) ou Potosì (vous connaissez !) ou Antofagasta, ville chilienne ou encore Villàzon (frontière argentine). Mais le cimetière que nous visitons n’a rien à voir avec cela : il s’agit en fait de reliques de trains utilisés à l’époque dans l’industrie minière. Avec le déclin des mines, ces lignes et ses locomotives ont été abandonnés, laissés seuls avec leur rouille croissante. C’est un encroit que l’on peut visiter du coup, rien de bien spécial mais ce genre de lieu insolite va très bien avec l’ambiance du coin…

Après cela, nous remontons dans notre véhicule et tout en faisant connaissance avec les autres membres du groupe, nous nous dirigeons tout droit vers un village, Colchani, au bord du fameux Salar. Ce village est à l’image de beaucoup d’autres par ici, village pauvre vivant seulement de l’industrie du sel et des quelques minis ventes touristiques d’objets divers, souvent fabriqués à base de sel. Ici beaucoup d’hommes travaillent dur dans le Salar pour amasser des quantités de sel énormes pour la vente en Bolivie. C’est une industrie qui reste nationale, les autres pays ayant également de quoi fabriquer leur propre sel. Du coup, ces personnes ne sont que très peu rémunérées pour le travail difficile qu’elles accomplissent.
Nous avons suivi un homme qui nous a présenté comment le sel était traité avant d’être empaqueté pour la vente (25'000 tonnes de sel par an). Nous voyons également que le bâtiment est fait à base de brique de sel. On peut même y voir les différentes précipitations des années successives, en analysant la brique. Impressionnant. Pas de photos autorisées.

Nous repartons à nouveau pour cette fois entrer dans le Salar, à proprement parlé ! On y est, une étendue blanche énorme !!!! Dans ses bords, le Salar est recouvert de quelques centimètres d’eau, c’est toujours ainsi selon Alvarro. Nous traversons ces minis lacs sans aucun problème avec notre 4x4.
Le lieu est vraiment impressionnant. D’une pureté totale, d’une immensité sans nom ! à couper le souffle !
Alvarro nous explique que le Salar ne fait en fait que de grandir avec le temps. Il est estimé que dans environ 25 ans, Uyuni sera dans le sel ! En fait, lors de précipitations (et par ici il y en a régulièrement) de pluie ou de neige (fréquentes cette année en juillet), la dose d’eau qui s’amoncelle crée des couches supplémentaires de sel lors de son évaporation. Le Salar grandit donc en épaisseur et en largeur. Et lors d’années très pluvieuses, cela peut aller vite. Même les habitations faites de sel grandissent ! Les habitants doivent alors gratter les murs pour « rogner » le surplus de sel qui se crée ! Toute une science ! …

Actuellement, le Salar d’Uyuni en quelques chiffres c’est : 12'500 km2 de superficie, 40 cm d’épaisseur de sel et de glaise. Un gisement de sel estimé à environ 10 milliards de tonne ! Un plat total, très impressionnant, pas une mini bosse. On peut même y distinguer les contours du globe terrestre à certains endroits. C’est le plus grand désert de sel du monde. Après lui : Salt Lake City aux États-Unis puis le Salar d’Atacama, au Chili.
Le Salar d’Uyuni a environ 40'000 ans. Comme on vous l’avait déjà dit en parlant du Lac Titicaca, le Salar d’Uyuni est un des vestiges (avec Titicaca justement) d’un immense lac préhistorique, le « Lago Minchin ». En s’évaporant, ce lac a laissé derrière lui cette immensité blanche.

Et pour en rajouter une couche, encore une info capitale : la Bolivie est un pays aux ressources multiples et impressionnantes. Outre l’argent, l’étain et le zinc des mines, le sel d’Uyuni, le gaz naturel, du pétrole et j’en passe, sous le Salar d’Uyuni il y a plus de la moitié des ressources de lithium mondial ! Wouaou rien que ça !!! Une richesse fortement convoitée par les multinationales, le lithium, miam miam pour les batteries électriques (natel par exemple) ! Ça a de l’avenir évidemment !
D’ailleurs, info de première fraîcheur : le président bolivien Evo Morales a signé un contrat une semaine avant notre venue dans le Salar, pour l’exploitation de ce lithium par une entreprise sud-coréenne ! Jackpot pour les Asiatiques !
Petite parenthèse obligatoire : voilà purement le gros problème de la Bolivie. Ce pays aux 1000 ressources a toujours été exploité par un peu tout le monde, ce qui fait que les bénéfices de l’exploitation de ses terres ne vont pas directement et entièrement au pays, le laissant toujours dans son état de pays le plus pauvre de l’Amérique du sud. C’est un comble ! Evo Morales avait garanti qu’il voulait faire exploiter le lithium par une entreprise nationale pour bénéficier au max des gains, mais classique… La bataille est rude lorsqu’on n’a pas les moyens. Dommage.

Bon, revenons à nos petites collines de sel… Nous avons fait un arrêt photo en plein milieu du Salar puis nous nous sommes dirigés vers un petit refuge où nous avons pu dîner, admirant pour la première fois les 2 hommes (Oscar et Alvarro) nous préparer le repas à l’arrière du 4x4. Manger en plein milieu du Salar, sur une table et des sièges de sel, c’est pas mal comme expérience ! En plus le repas était très bon, rien à dire, ça commence vraiment très bien !
Ensuite, nous nous sommes adonnés à une longue séance photo « Illusion optique ». En effet, avec l’immensité, la pureté et la planéité du Salar, rien de mieux pour faire des photos des plus insolites… Et notre guide avait de l’imagination ! :D

Nous quittons enfin ce lieu magique pour nous diriger, après presque 1h30 de route tout droit, en plein centre du Salar, sur une île appelée « Isla Incahuasi ». Ça aussi c’est un lieu bien particulier. Déjà imaginez la scène : on est en plein Salar, au milieu d’une immensité blanche sans rien d’autre et tout d’un coup, une île ! Et pas n’importe quelle île ! Une île faite de corail ! De vieux corail en fait. Elle aussi est un vestige de cet immense lac venant de l’Océan qui résidait ici il y a bien longtemps. Et maintenant, sur cette île vivent des centaines de cactus géants, pouvant atteindre 12 mètres de haut, ainsi que des petits rongeurs et des oiseaux. Bizarre mais magique ! :D
La visite est tranquille. Nous sommes montés au somment pour avoir une vue d’ensemble sur le Salar puis après quelques derniers clichés du sol (le sel constitue des formes hexagonales au sol because la molecule de NaCl a cette forme !), nous repartons dans notre cher 4x4, émerveillés par les paysages que nous avons vu.

Notre prochain arrêt sera le dernier de la journée : notre refuge. Ou plutôt devrions-nous dire notre hôtel ! Car nous avons la chance de pouvoir dormir dans un hôtel de sel. Son propriétaire est le même que notre agence de voyage. Tous les autres groupes (et il y en a, on n’est pas seuls dans le Salar) ne dorment pas ici mais dans un refuge plus sommaire. Quelle chance ! Et pour le même prix !
On a donc droit à une chambre personnelle, avec salle de bain privée, toute faite en sel (sauf les matelas et les sanitaires !). Superbe. Et il ne fera même pas trop froid cette nuit-là, même si on s’est quand même bien habillés !

On peut également assister au coucher du soleil sur le Salar puis c’est l’heure du très bon repas (encore du Pique Macho !) puis ça se complique ! :D
Vous vous rappelez du groupe de français ? Eh bien eux aussi ont dormi dans ce refuge. Et ils ont eu la charmante idée de venir se joindre à notre table en cours de soirée, pour déballer leur blabla méga intéressant sur leur dernière noce et leur dernière virée en boîte et tout le tralala… Tout cela en faisant les cracks et en descendant 2 bouteilles de Singhani, un alcool à 40° bolivien, généralement bu en cocktail et non pur (c’est même pas bon) ! Bref, on a quitté la table avant la fin et heureusement, d’après les nouvelles du lendemain, les dégâts n’ont pas été moindres. Vomissements un peu partout dans le refuge en plein milieu de nuit, sympathique !

Mais tout cela nous a fait comprendre que notre guide c’était le meilleur ! À part la journée qui nous avait déjà laissé une très bonne impression à son égard, il a pris part sans problème à nos discussions et au picolage collectif (de manière contrôlée par contre), nous donnant vraiment une bonne impression de personne fort sympathique, loin des guides des autres groupes. Il a même réparé les problèmes nocturnes au milieu de son sommeil…Cool.
Le lendemain il n’était par contre pas tout frais au lever mais a assumé pleinement son travail durant la journée, sans grand problème. Le parfait guide.

Nous finissons donc là notre premier jour d’excursion et notre seul jour dans le Salar, cet univers impressionnant et inimaginable si on n’y a pas été une fois ! À bon entendeur !




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