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Published: December 8th 2014
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Alors que je voyais la fin du voyage approcher, je me suis pris à penser à différents aspects de cette "fin".
D'abord, un classique sentiment de bien-être/mal-être, à sentir une étape se terminer après tout ce qu'elle a pu m'apporter. Un étrange sentiment, mélangé entre l'envie de regagner le connu, mes ami-es et la stabilité d'une terre que je parcours depuis si longtemps. Ça, et la peur de justement quitter l'aventure, l'or des rencontres imprévues, la simplicité de la découverte et la liberté d'un quotidien vierge.L'idée de prolonger le voyage a bien entendu fait surface. Souvent. Et ces étranges réflexions concernant ce que je n'ai pas fait, tant dans les classiques négligés que dans les plans abandonnés. Un sentiment désagréable d'échec, comme si je n'avais pas tout fait ce que j'étais supposé faire. Et c'est ce moment qu'à choisi un soleil écarlate pour se projeter sur l'infini des prairies américaines, emporté par un pourtour d'azure et d'or.
Le voyage ne se termine jamais vraiment, je crois. Et quant à ces étranges songes, les échos du "Manuel de l'antitouriste" et le moto des auberges de jeunesse répondent avec clarté: "These are for travelers, not tourists".En fait, la réflexion est bien apparue
dans mon esprit, mais le doute ne s'est jamais vraiment installé. Au fond se moi, je sais que je ne suis pas du genre à prévoir un voyage pour remplir une "checklist" aussi grosse que possible. Un rapide regard en arrière me le confirme; aucune journée perdue, désagréable, de trop. En fait, je cois mal comment j'aurais pu tirer autant de l'expérience en ne restant pas aussi longtemps à chaque endroit. J'aime être capable de me repérer dans Vancouver lorsque je m'y perd (ce qui arrive presque systématiquement 😊 ). Ne pas avoir pris 2 jours de plus sur la West Coast Trail? Ce serait me pas avoir pu intégrer réellement l'expérience. Avoir divisé le temps de Garibaldi avec The Chief, The Lions, Jet Pilot et The Tantalus? Impensable!
À vouloir tout voir, on ne voit réellement rien. Une expérience demande du temps, plus de temps que celui nécessaire pour prendre 3-4 photos au sommet d'une montagne...Je crois qu'une fois encore, l'extension du séjour à Yosemite réflète bien celà; avoir quitté sans faire la Panorama trail n'aurait pas permis de mettre aussi bien en lumière la superbe de notre expérience en backcountry. De même, nous n'aurions pas pu vivre
cette épreuve, puis cette symbiose géniale avec nos amis d'escalade.
Prendre le temps est une capacité qu'on nous apprend à délaisser à travers le parcours académique et la vie en société. On me l'a reproché et on en a rit, de mon empressement à toujours vouloir optimiser nos journées. Et la magie du voyage, cette bonne étoile qui aligne toujours les évènements au bon moment et de la bonne manière, a tout fait pour me montrer qu'il est important de savoir lâcher prise.Je ne pense pas que de vouloir être efficace, de vouloir optimiser les choses, soit nécessairement mauvais (en fait, je crois vraiment que ça a beaucoup de bon). Cependant, apprendre à doser, à se laisser guider et porter, surtout lorsqu'on voyage avec d'autres (en fait, peut-être que c'est encore plus important quand on est seul, justement, pour découvrir des facettes cachées de soi, du voyage...). Bref, apprendre à négocier avec cet abandon est une expérience très riche en soit.
Contre-intuitif que de penser réaliser plus en prévoyant moins bien. Mais c'est là, je crois, que se trace cette ligne très discutable entre le voyageur et le touriste. Voir le voyage pour son trajet, pour ses rencontres
et ses détours imprévus, plutôt que pour le nombre d'objeftifs atteints...
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