Cinquante nuances de gris à Jasper


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November 6th 2020
Published: November 7th 2020
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Le 18 septembre 2020,

Merci encore au décalage horaire, nous sommes prêts à partir à 6:30 du matin! Mais le soleil n'est pas encore levé, il fait noir comme chez le loup (ou comme dans la tanière de l'ours, ce serait plus dans le ton). Je trépigne d'impatience de débuter la journée, nous avons tant à voir aujourd'hui. Carl nous oriente vers le plan B: on ira d'abord chercher le lunch à la boulangerie du coin avant de se rendre à Maligne Canyon, notre première visite du jour. Nous prenons la voiture pour nous rendre à The Other Paw Bakery. Tous les Subway et Quiznos de ce monde peuvent aller se rhabiller: ici le rapport qualité-quantié-prix bat tous les records. On ressort chacun avec une boîte à lunch comportant un sandwich gourmet (allô, fromage de chèvre!), un chips, une boisson et un immensément gigantesque carré de gâteau au fromage. Maintenant ça y est, il fait à peu près jour, on file vers Maligne Canyon, situé à 10 minutes à peine.



Sur le chemin, à 3 reprises, on croise des wapitis et des cerfs peu farouches. C'est l'occasion de faire des arrêts photos pour immortaliser le moment et de bien se rappeler encore une fois qu'ici, la nature n'est jamais loin. On arrive finalement à Maligne Canyon, nous sommes totalement seuls sur le parking, la visite se fera au calme. Ce qui n'est pas forcément très rassurant en pleine forêt, au pays des ours. On débute le petit sentier en entonnant des cris destinés à Yogi, pour l'avertir de notre présence... Heureusement, aucun ursidé ne viendra nous donner une petite montée d'adrénaline. Maligne Canyon est très différent du Johnston Canyon, visité hier. Ici, le canyon est vraiment très étroit et profond, l'eau qui coule au fond est déchaînée. Plusieurs chutes d'eau ponctuent le parcours, qui s'effectue uniquement en surplomb du canyon, et on traverse celui-ci à plusieurs reprises sur des petits ponts stratégiquement placés. Bref, l'endroit est pour moi une succession de points de vue dramatiques plutôt qu'une balade au coeur d'une carte postale, mais dans son style propre, ça vaut le détour et ça meuble facilement une petite heure si on choisit de visiter seulement les 4 premiers ponts.



On revient rapidement à l'hôtel, en faisant coucou à un autre wapiti le long du chemin. Nous allons chercher nos boîtes-déjeuner de luxe, ce n'est définitivement pas à Jasper que l'on mourra de faim. On prend les valises et c'est un départ pour la Promenade des Glaciers, prise 2. À peine avons-nous quitté Jasper que l'on bifurque vers le Mont Édith Cavell. J'hallucine en voyant le trajet sur Google Map: que des lacets et d'autres lacets sur plus de 14 kilomètres... Le chemin est très étoit et les gros véhicules y sont d'ailleurs interdits. C'est parti pour un tour de manège de 14 kilomètres! Puis, après un dernier détour de la route, le Mont Édith Cavell, bordé d'un glacier dans sa partie supérieure, nous apparaît dans toute sa splendeur. On reste bouche bée, c'est juste magnifique et totalement inattendu après des kilomètres en pleine forêt. On stationne la voiture et on constate que les autres visiteurs présents ici ont le profil de sérieux trekkeurs, avec bâtons de marche, cloche à ours et cie. Disons qu'on détonne un peu et on espère que la randonnée envisagée est convenable pour les touristes lambdas que nous sommes...



Au programme pour le Mont Édith Cavell, nous avons prévu la randonnée Cavell Meadows, une randonnée d'environ 6 kilomètres nous permettant d'obtenir des vues extraordinaires sur le Mont Édith Cavell, son glacier ainsi que sur le lac à ses pieds. La première partie du sentier est asphaltée et accessible aux personnes à mobilité réduite, mais il ne faut pas croire que cela se parcourt sans effort. Et non, il faut monter, lentement, mais sûrement. On se retrouve ainsi en surplomb du lac. Celui-ci est d'un bleu laiteux et plusieurs morceaux de glace tombés du glacier baignent dedans. Pendant de longues minutes nous sommes hypnotisés par cette gigantesque muraille de pierre au chapeau blanc qui nous domine. Un panneau interdit la descente aux abords du lac en raison des risques d'avalanche de neige et de glace. La saison étant déjà fort avancée, et plusieurs personnes étant déjà aux pieds du lac, on se laisse prendre au jeu et on descend, en sachant très bien qu'il nous faudra remonter par la suite. On contemple longuement l'étrange lac, le glacier beaucoup plus haut, la mince chute d'eau qui dégringole de la falaise... Cest un paysage hors de ce monde comme j'en ai rarement vu dans ma vie. L'ambiance est sereine et silencieuse, on peut savourer chaque minute, bien entourés dans notre cirque de montagnes. Pour ajouter au sentiment d'unicité, de temps à autre, on entend le glace grincer et craquer, l'écho se répercute dans les montagnes environnantes, on guette l'avalance, mais l'avalanche ne viendra pas. On s'arrache à ce moment pour remonter, mes mollets se rappellent à moi...



On quitte ensuite le chemin asphalté pour grimper sur la moraine et passer de l'autre côté de celle-ci. Ces débris de glacier forment une impressionante muraille de pierre, nous sommes complètement coupés du sentier initial et on se retrouve entre moraine et prés colorés d'automne, accolés sur une autre montagne. En quelques mètres, le payage a complètement changé et à nouveau, je me laisse séduire par toutes les couleurs de la végétation qui m'entoure. Le sentier passe ensuite dans la forêt et ça commence à grimper dur. Nous sommes bien essoufflés quand le terrain s'ouvre finalement sur les prés d'altitude où l'on a une vision en technicolor. Je n'ai pas assez de deux yeux pour absorber tout ce qui m'entoure, le paysage est unique et incroyablement coloré avec une multitude de fleurs, de plantes et de petits buissons variés. On arrive finalement au premier point de vue annoncé. On retrouve le Mont Édith Cavell et son lac, qu'on mitraille à nouveau avec l'appareil photo. Une fois le souffle repris, l'ascension se poursuit jusqu'au 2e point de vue, qui offre d'autres vues sensationnelles sur ce même glacier. On ne se lasse pas et nous ne sommes pas les seuls. Quelques personnes profitent du lieu pour se reposer et contempler la montagne et sa coiffe de glace. On fait de même. Après avoir repris des forces, nous repartons par le même chemin qu'à l'aller. Il existe bien un troisième belvédère, mais la montée est très ardue pour s'y rendre et dans les semaines précédant notre voyage, une maman grizzly et son bébé y ont été aperçus plus souvent qu'à leur tour. C'était assez pour nous dissuader de tenter notre chance... Peut-être la prochaine fois?



C'est après un bon 3 heures de marche qu'on retrouve finalement notre fidèle petit Kona... L'effort de la journée est fait et cette randonnée restera pour moi le moment le plus fort de tout le voyage. Cependant, il nous reste de la route aujourd'hui et des arrêts plus tranquilles, ce qui n'est pas pour nous déplaire. On refait donc le 14 kilomètres de lacets pour retrouver la Promenade des Glaciers, beaucoup plus roulante. Ce n'est pas très long que l'on s'arrête aux chutes Athabasca. Ouf, le boum touristique nous saute en plein visage, il y a des gens partout: c'est un énorme changement d'atmosphère après le Mont Édith Cavell... On profite quand même de l'endroit pour dîner en regardant la chute, qui vaut malgré tout le détour. Je n'arrive pas à terminer ni mon sandwich, ni mon gâteau au fromage mais c'est absolument délicieux. On encense la Other Paw Bakery tout en profitant du paysage. Puis, c'est l'heure de poursuivre vers d'autres chutes d'eau, les Sunwapta Falls. L'endroit est plus tranquille et je préfère le paysage environnant, mais, pour la seule fois du voyage, on retrouve des adeptes des selfies et des photos dramatiques qui gâchent l'expérience des autres touristes et photographes... Le tout en faisant des manoeuvres pas très sécuritaires sur un tronc d'arbre au dessus de l'eau...



On rembarque dans la voiture et on parcourt plusieurs kilomètres avant d'arriver au Icefield Center, d'où l'on peut aller voir le glacier Athabasca en prenant une petite route secondaire. Sur cette route, on voit plusieurs marqueurs qui indiquent le recul du glacier au fil des ans, la faute au réchauffement climatique. C'est très parlant, particulièrement quand on constate qu'il y a une centaine d'années à peine, la glacier avançait jusqu'à la Promenade des Glaciers. Maintenant, il faut parcourir un bon kilomètre de route cabossée pour arriver au parking... et de là, on doit encore marcher et grimper pour arriver jusqu'à la langue de glace... Le ciel est voilé par les fumées des feux de forêt en Colombie-Britannique et aux USA. Sur le chemin, nous sommes entourés d'un paysage minéral de gris en teintes et en demi-teintes, de toutes les nuances possibles, un vrai désert de roche. La glace, devant nous, est chargée d'alluvions et de débris, gris eux aussi. Du gris, partout. C'est proche de l'apocalyptique. Même le soleil, derrière la fumée et les nuages, nous éclaire de grisaille. Aucune plante ne pousse ici, seule la langue de glace dégringole des montagnes et fond lentement dans le petit ruisseau à nos pieds. La fin du monde, c'est probablement dans un endroit comme ici que ça se passe....



Après cette sombre visite, on repart, direction plein sud. Nous faisons quelques arrêts rapides au Weeping Wall, un mur de pierre dont on a cherché en vain l'attrait, et à Howse Pass, un long belvédère naturel dominant une immense plaine parsemée de rivières, le tout, à perte de vue. On aurait pu voir, en bas, des dinosaures ou encore un troupeau de bisons et nous n'aurions pas été surpris. Un paysage d'un autre temps, totalement figé. Une vraie carte postale! C'est à Mistaya Canyon que nous ferons notre dernière visite de la journée. Après 500 mètres de descente, on arrive au canyon et au petit pont qui surplombe celui-ci. Les formes de la roche sont surprenantes, toutes en rondeurs, et contrastent avec la puissance de l'eau qui coule avec rage, tout en bas. Nous sommes bien content d'avoir pris un petit 30 minutes pour visiter l'endroit.



C'est finalement à 18:00 qu'on arrive à Lake Louise, au très historique Deer Lodge. Historique comme dans chambre minuscule et désuète où l'on entend tout ce qui se dit dans les chambres et escaliers à proximité(qui craquent au possible...). Ce n'est même pas propre, ainsi que me le signalent la moquette toute tachée et les stores poussiéreux... Bref, je ne suis pas séduite, mais l'attrait principal de cet hôtel était d'être à moins de 400 mètres du Lake Louise... mais ce n'est pas ce soir qu'on s'y rendra, pas même pour un bref coup d'oeil: on est trop crevés... Après une bonne douche chaude (c'est déjà ça de pris) et une petite sieste, on se botte les fesses pour aller souper. C'est ainsi qu'on reprend la voiture pour aller manger à l'auberge de jeunesse du coin, c'est vraiment très bon et abordable. On en profite pour demander conseil pour la visite de Moraine Lake, prévue demain matin. Car visiter ce lac n'est pas simple... Il faut beaucoup de chance ou encore beaucoup de volonté pour pouvoir y aller. En effet, le stationnement près du lac est très limité et en conséquent, les garde-parc ferment la route d'accès pratiquement toute la journée. Les voitures peuvent parfois passer au compte-goutte mais pas moyen d'attendre son tour, c'est interdit: si la route est fermée, il faut poursuivre son chemin et revenir plus tard en espérant que cette fois, ce soit ouvert. Le tout, sans garantie, naturellement... L'autre moyen pour y accéder, c'est d'y aller tôt, très tôt... ce sera notre option. Le serveur nous informe que si on vise d'y être pour 6:00 am, il devrait y avoir de la place... Il doit dire cela à tous ses clients. Alors nous, on vise plutôt 5:45... Sur ce, une bonne nuit de sommeil s'impose!



Bilan de la journée:

300 kilomètres en voiture, 21 km à pied et l'équivalent de 220 étages de grimpette...


Additional photos below
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