Oulan-Bator (Улаанбаатар), Mongolia (Un Missile pour la Paix)


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Asia » Mongolia » Ulaanbaatar
July 17th 2019
Published: July 17th 2019
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15 juillet

(Toujours en escale à Beijing)



J'entre seul dans le premier shuttle bus quittant l'hôtel brun de Beijing.

5AM: ici, il n'y a que moi qui doit quitter la Chine de si de bonne heure ce matin.

Mais la vie à l'aéroport ne s'arrête jamais. 



Passant les nombreux points de contrôle chinois, me voilà qui retrouve la Gate 24 du Hub, la dernière au bout du Terminal 3, celle où les chinois ne se rendent jamais.

Accroché à la passerelle, un tout petit avion d'Air China fait ronronner ses moteurs. Derrière lui, une piste dans le smog élance des Boeing aux 40 secondes.

Population de la Chine: 1 420 000 000

Population de la Mongolie: 2 993 000

Population du Québec: 8 000 000

Population de la communauté urbaine de Montréal: 4 195 000

* Il y a davantage de monde à Montréal que dans la totalité de la Mongolie

...

Calmement, je prend place dans l'avion alors que baille et s'endors totalement la Gate 24.

Par les hublots, l'effet de serre qui étouffe Beijing semble soudainement s'éclipser alors qu'on s'éloigne du Pays le plus populeux de la planète.

Bientôt, nous survolerons des monts, puis de la toundra

et puis du néant aussi.

La Mongolie est ce grand espace vide coincé entre la Chine et la Sibérie.



Après plus ou moins 2 heures de vol, l'engin perd de l'altitude en se balançant vers le tarmac d'un aéroport international maintenant gravement rétrécit.

À l'extérieur, les boîtes d'habitation espacées au milieu des steppes me donne l'impression d'atterrir à un Kuujjuaq.



À ma sortie de l'aérodrome immaculé (à croire qu'il serait pratiquement neuf), la fente d'un gros visage pneumatique presqu'enflé par une sévère allergie me demande: "Taxi maybe?"

"Hmm. Maybe" que je lui répond sur mes gardes.

"Ok" qu'il me dit alors en s'éloignant nonchalamment.

No pressure.

De toute façon, ils sont peut-être que 4 à offrir le service de taxi au sortir de l'aéroport: la grosse face et ses trois beaux-frères.



Après analyse, j'accepte finalement l'offre et me laisse conduire jusqu'au coeur de la ville d'Oulan-Bator par le taximan joufflu.

Le long de la route, les blocs bétonnés rappellent l'ère communiste et le partenariat soviétique passé.

Contrairement à ce que je croyais, la Mongolie, par son architecture et son langage, ressemblerait davantage à la Russie qu'à la Chine.

Sur les bâtiments, de l'alphabet cyrillique annonce les commerces.

Parfois sans devanture, il me sera souvent impossible de deviner si derrière telle ou telle porte se trouverait un dentiste

ou bien une boutique de sous-vêtements féminins.



Le joufflu conduit vite et par saccades.

Le volant se situe à droite dans son véhicule malgré que la conduite se fait aussi à droite sur les routes. Mais parfois aussi, les volants de véhicules se trouvent à gauche. Clairement, ce désordre n'aide en rien à la sécurité des automobilistes de la Capital.

Klaxon. Personne ne se laisse passer ici.

Et puis au diable les piétons.



Le taxi me débarque finalement à un bâtiment défraîchit derrière une tranquille artère commerciale.

C'est ici, au deuxième étage, que se trouve mon guesthouse.

C'est annoncé discrètement. Il fallait le savoir.

L'entrée se trouve à l'arrière du bloc: porte blindée.



Je remercie mon chauffeur en lui proposant un sourire.

Il m'en esquisse un, un sourire forcé lui, en s'étirant la fente en un inhabituel pli à la limite d'être une grimace.

C'est que le peuple mongol n'a pas la réputation d'être très souriant.

Les sourires que je lancerai dans les prochains jours seront trop souvent esquivés.

Et puis lorsqu'on me répondra, ce sera fait en plissant les yeux comme on mord dans un citron:

les femmes de la Mongolie ont le sourire surette.



Note à Moi-Même:

1-Oulan-Bator est la Capital la plus froide au monde.

2-Oulan-Bator est la deuxième ville au monde avec l'air la plus polluée (après Ahwaz en Iran).

Chauffage au charbon + effet de serre = très mauvais cocktail



16 juillet

Anonyme, j'arpente les rues d'Oulan-Bator presqu'invisible.

Très rare sont les gens qui parlent anglais ici.

Les visages cirés et inexpressifs passent sur les trottoirs en fixant un point mort au loin.



J'entre parfois dans des commerces alors qu'on m'ignore totalement.

Dans un petit restaurant éloigné du centre, j'ai su patienter suffisamment pour me faire servir une borscht tiède à un prix ridiculement bas.

Loin des resto chics à touristes, sourire et chercher un coin de regard de la serveuse crée du malaise.

...



À une courte marche de mon guesthouse, sur un talus, se trouve un ensemble de monuments bouddhistes tibétains me confirmant enfin que l'occident est maintenant sacrément loin d'où je me trouve présentement.

À prime abord, le lieu de prières ne me surprend pas excessivement.

Il y a de jolis stupas et de grinçants rouleaux à prières que se partagent les adorateurs en toge et les enfants en récréation.

Mais derrière les murs du monastère de résistance, cachée loin des regards, une imposante statue dorée de Bouddha se tient là immobile, immense comme un missile attendant un important conflit pour se réveiller et propager la Paix.

Je ne m'attendais aucunement à voir un tel golem ici, camouflé chez les moines d'Oulan-Bator.

...



Plus en soirée, je me poste dans le théâtre national pour assister à des chants de gorge, de la danse folklorique et d'étranges contorsions.

L'endroit a des allures passéistes de la bourgeoisie des années 60.

Les bancs de satin rouge du théâtre ont certainement supportés le derrière des plus importants joueurs de la Guerre Froide.

Derrière moi se trouve un groupe de chinois bruyants alors qu'à mes côtés, deux japonaises applaudissent en un mouvement gêné de flattement.

Je croise les jambes, regard hautain.

Je suis le dernier des Tsars.



Etienne X

Demain: première excursion hors de la Capitale.

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