Mandalgobi (Мандалговь), Mongolia (Sandstorm)


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August 1st 2019
Published: August 2nd 2019
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26 juillet



On laisse derrière nous le désert de Gobi pour doucement remonter et retrouver Oulan-Bator dans quelques jours.

Rebroussant chemin, on reprend les routes vers nulle part presqu'à reculons dans le temps.

Encore une fois, on passera des heures et des heures dans le vide des steppes, voyant le plat s'allonger sans fin par les fenêtres de la fourgonnette russe.

75% du temps d'un voyage en Mongolie se passera certainement dans les transports.

Il ne faut surtout pas sous-estimer les distances ici.



Après un arrêt à une impressionnante gorge, nid de vautours et aimant à touristes (Yolyn Am), on s'installe pour la nuit, près d'une route principale asphaltée (quelle surprise d'enfin en voir une), en plein milieu d'un grand champs déshydraté de pierrailles.

Zombie Boy installe difficilement sa tente.

Je plante la mienne comme je peux aussi, perçant de mes crochets la sècheresse du gravier au maillet.



Nyamka et Mr.Happy choisiront de passer la nuit dans le van: avec ce terrain si rocailleux, j'ai bien l'impression que ces deux-là l'avaient bien prévu ce sommeil en acupuncture.



J'aurais espéré un endroit plus coquet où camper, un oasis où s'abreuvent les gazelles peut-être, mais depuis des heures éternelles, il n'y a que ce vide où daigne pousser des brindilles et des grafignes.

...



Il est presque 19h00.

On sirote du thé Lipton en jouant aux cartes sur une table pliante derrière la fourgonnette.

Personne n'avait réellement remarqué ce corridor ténébreux qui s'annonce dans le ciel.

C'est peut-être Mr.Happy le chauffeur qui leva les oreilles comme un lynx et qui remarqua en premier la tempête.



Ombragées par l'orage silencieux, les montagnes au loin bientôt s'éclipsent derrière des voiles de pluie verticales.

Ce sera certainement notre tour d'ici peu.

Sans plus attendre, chacun remplit sa tente de ses matelas de sol, de ses sleeping bags et ses autres packsack.

Nyamka et le chauffeur, eux, disparaissent dans le véhicule alors qu'on se souhaite tous une bonne nuit d'avance sous l'averse promise.



Trois ou quatre gouttelettes en éclaireurs rebondissent sur la toile de mon cocon.

Puis trois ou quatre autres, pas plus.

Et puis là, c'est à ce moment bien précis que le vent s'est levé, sans nous avertir davantage.

Un souffle fort et bruyant, une rafale s'accrochant à nos tentes comme on faseye des drapeaux.

Woooof



La charpente de mon abris soudainement se plie en deux comme un sandwich

alors que la lourdeur de la bourrasque vient littéralement m'habriller avec les minces murs de ma tente.

Je retiens comme je peux les coins d'un bras et d'une jambe

alors que j'essaye de me cramponner au sol avec les autres membres qu'il me reste.

Woooof



Violemment recourbé, l'un des crochets de ma tente abandonne le combat (ce fût une soumission étonnement rapide).

La toile protectrice se mets alors à battre au vent, en essayant de tirer le restant de mon abris vers le vide.



Le vent chargé de sable m'aveugle alors que j'expulse mon bras (celui qui me cramponnait au sol) hors de la tente pour rattraper le voile à la dérive.

À ce moment même, Mr.Happy apparaît dans la tempête, presque cigarette au bec,

et s'attaque à replanter le crochet blessé puis à raccrocher le battement de la toile libérée.



À deux, on finit par y arriver quoique la charpente épuisée ne s'en remettra malheureusement pas.

Ma tente entière essaye présentement de m'avaler sans arrêt, cherchant à me refermer comme un livre.



La tempête ne cesse de rager, et alors qu'un brin d'inquiétude noircit peut-être un peu mes pensées...

Vlop!.... d'un coup, comme on claquerait une porte, l'indomptable charge de vent s'arrête sec,

à plat et sans avertissement....Vlop! comme on figerait le temps.



En une étrange position de yoga dans ma tente arthritique, je lance un "finish?" à qui veut bien l'entendre,

sur quoi Zombie Boy, lui aussi dans de sérieuses emmerdes au creux de son abris, relance: "finish?"



"Finish" que laisse aussitôt tomber le chauffeur.

(À part le Good Morning qu'on lui a apprit, Mr.Happy connait maintenant en anglais le mot Finish)



Je sors la tête de ma tente comme un chien de prairie pour constater qu'effectivement, la tempête venait de stopper en bloc.

J'ai ris.

Nous avons tous ris, euphoriques comme au sortir d'un manège.

"Can we do it again?" que demande Zombie Boy en souriant (lui qui sourit peu habituellement).

"Finish" que lui répète le chauffeur, en tirant les joues aussi, dévoilant une rangée de petites dents grisâtres.

Mr.Happy sourit pour 3 raisons: les courses de chevaux, manger de la marmotte et une belle tempête de sable.



Maintenant debout devant notre campement, je regarde l'orage s'éloigner, noir, tirant toute la poussière autour de lui comme en soulèverait la course grandissante de milliers de chevaux dans la steppe.

Tonnerre et éclats électriques.



Peut-être que l'Apocalypse sera annoncé par 4 cavaliers finalement

parce que la fin du monde pourrait certainement avoir des allures

d'une armée au galop.



Etienne X



Note à Moi-Même:

Sentir le vieux chameau n'est vraiment pas un beau compliment

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