Birmanie suite, Bangkok, début du Laos

---

---

Dans une semaine ça fera un mois que je suis parti.

A Bangkok j'ai quitté Tang, on aura passé une vingtaine de jours ensemble. On rigolait bien. Il n'avait que 21ans mais on ne sentait pas la différence d'âge. Parfois je lui expliquais des choses sur la France et lui sur la Chine. J'étais bien content qu'il soit là le jour Noël où on était loin de tout en Birmanie, dans une ville qui ne nous emballait pas plus que ça et où je n'avais pas de réseau pour appeler la famille (au final j'ai pu quand même).

Chacun rigolait de la réputation de son propre pays: les français râleurs et qui ne donnent pas de pourboire, les chinois qui mangent n'importe quoi et qui ne donnent pas de pourboire non plus. On avait développé des expressions à nous comme "stupids tourists" (en anglais) en parlant de nous mêmes. On avait fait le constat que les touristes font parfois des choses bizarres au regard de la population locale. On s'était dit que les birmans devaient penser alors "stupids tourists".

A titre d'exemple; que penseriez vous d'un touriste japonais qui prend en photo un pigeon à Paris ?? "stupide touriste.." voilà, c'est ce comportement un peu con qu'on peut avoir quand on est dans un pays étranger.

Tang ne parlant pas français et moi chinois. On utilisait la langue internationale: l'anglais ! (pardon papa). Du coup, comme il le parle beaucoup mieux que moi ça a été l'occasion de pratiquer à longueur de journée; " ok free English lesson" (= ok cours d'anglais gratuit) disait il quand je connaissais pas un mot et qu'il me l'expliquait.

Du coup j'ai progressé un peu, même s'il n'y a pas eu de miracle. Par contre maintenant que je continue mon voyage tout seul je pense très souvent en anglais, ça fait vraiment drôle. Je me souviens de cette fois où je lui avais parlé du concept de "nus et cullotés", émission dans laquelle deux hommes sans vêtements ni argent partent realiser un reve. on avait alors regardé l'épisode où ils partent nus dans la neige pour aller faire la mongolfière en auvergne. je traduisais à Tang comme je pouvais, il adorait le concept. le lendemain il me demandait pour voir un autre épisode.

Ce qui devient intéressant maintenant c'est l'ensemble du voyage. Quand j'étais au Sri Lanka j'avais l'impression d'avoir juste des super vacances et puis quand je suis arrivé en Birmanie je me suis dit "ben non c'est pas juste des vacances c'est plus que ça". Je comparais souvent les deux pays.

Maintenant que j'ai fait escale à Bangkok et suis désormais au Laos, c'est l'enchainement qui est intéressant.

J'ai fini la Birmanie un peu déçu sur le réel intérêt touristique du pays. Le fait est que j'avais été malade également.

J'en avais assez de vivre dans la fumée, parfois des ordures incinérées, parfois du poêle à l'intérieur des maisons. Assez de tous ces gens qui crachaient sans cesse autour de moi ce liquide rouge qu'il avait en bouche lorsqu'ils machent une sorte de préparation à base d'une plante. Un peu comme la coca en Amérique du sud. Assez du riz et des nouilles matin, midi et soir. Assez des soirées où tout le monde est couché à 21h.

Et puis je suis arrivé à Bangkok, des grattes ciels, des grands magasins, des glaces, des boîtes de nuit. Une bouffée d'air frais. Tout ce que l'on connaît du monde occidental. Je me suis alors dit que ce qui m'avait peut être peser inconsciemment en Birmanie c'était cette "insalubrité" et la nourriture pas assez variée.

Et durant ces 2 jours passés à Bangkok, j'ai croisé des vieux monsieurs occidentaux au ventre bedonnant accompagnés de jolies jeunes thaïlandaises. J'ai été en boîte et vu la libéralisaion des mœurs des thaïs. Sur le trottoir on vend des sextoys. Je me suis fait alpaguer plus d'une fois mais surtout pour mon portefeuille.

Et là je me suis dit "les pauvres thaï, ils ont vendu leur âme contre une poignée de dollars". Je suis sûr que culturellement c'est un pays très intéressant. Mais le ressenti de plusieurs voyageurs (moi compris) c'est qu'il n'y a que l'argent des touristes qui les intéresse.

Du coup j'ai pensé de nouveau à la Birmanie et me suis dit que c'était pas si mal, les gens étaient authentiques, sincères. Ils nous disaient bonjour juste parce qu'ils étaient content de voir des touristes chez eux.

Je suis alors arrivé au Laos, où j'y ai fait ma première expérience de couchsurfing (couch=canapé en anglais). Le principe est le fait qu'une personne offre gratuitement un hébergement pour une nuit ou plus. L'origine du système réside dans l'idée de la paix dans le monde (oui un peu utopique mais pourquoi pas). On donne sans demander en retour.

J'ai été accueilli par Léonard, un américain de 59ans qui vit au Laos depuis 11ans. Je lui avais envoyé une demande sur le site internet car il avait de nombreux commentaires positifs à son sujet par les précédentes personnes hébergées. Le site permet effectivement de donner son avis après une expérience. ça permet d'avoir une idée de l'où on va. Une sorte de tripadvisor mais pour les gens.

Arrivé chez Léonard, il me met en garde sur les dangers du couchsurfing. M'explique qu'il faut bien faire attention, d'étudier les profils avant d'aller chez quelqu'un.. Par la suite on va dans un petit restaurant en bordure de route. On y boit une bière. La fille qui nous sert a une tenue de la marque de la bière Namkongh. En fait elle n'est pas payée par le resto mais par Namkongh m'explique Léonard. Elle ne fait que servir sa bière, rien d'autre. Et on paye les bières.. au restaurant ! Oui c'est bizzare.

Autour de nous des gens sont à table. Des amis, des couples. Léonard me fait remarquer qu'uniquement les hommes mangent, pas les femmes. Je lui demande pourquoi. En fait c'est un restaurant qui ne sert que du chien. Et les femmes ne mangent pas de chien car elles trouvent que ça donne une odeur à la peau. A ce moment je réalise que je n'ai quasiment pas vu de chien errant ici. Non parce qu'il y a des types en moto avec des sortes de cage qui les attrape pour les manger me dit Léonard. "c'est écologique" me dit il avec une certaine philosophie.. c'est pas faux.. Au moment où on part manger dans un autre restaurant plus classique on voit un chien manger un morceau de viande du restaurant. "c'est un canibal" dit Léonard, je rigole et lui demande si le chien sait qu'il mange un autre chien.

Arrivé à l'autre restaurant on boit une autre bière (en fait on en a bu une douzaine dans la soirée (640cl) avec le tas d'invités qu'on a eu à notre table. Ici la bière est servie avec des glaçons et quand le verre est à moitié vide le serveur remet un glaçon et le rempli de nouveau. Du coup c'est impossible de savoir ce qu'on a bu. On trinque toutes les deux minutes avec tous les invités (j'exagère pas, c'est leur coutume), au bout d'un moment c'est plus un réflexe qu'autre chose. Léonard m'explique que le personnel travaille tous les jours, les week ends n'existent pas. Seul le manager a un jour de repos par mois (oui,oui par MOIS) quelle chance ! Ils sont tous très jeunes et minces. On dirait des enfants. Ici l'espérance de vie était de 55ans il y a encore peu. Alors forcément on voit pas beaucoup de personnes âgées. le pays est un des plus pauvres du monde.

Le lendemain je quitte Léonard pour le centre de Ventiane, quand on se sert la main j'ai l'impression de quitter un ami.

Dans Vientiane les noms des rues sont tous en Lao et en Français. Il y a un tas de resto et de français installés ici. c'est drôle à voir. L'ambiance est nonchalante. Les laosiens sont calmes et pas stressés. On dirait que le temps ne s'écoule pas à la même vitesse ici. Un peu comme pour narguer les autres pays voisins qui sont entrés dans l'ère de la mondialisation.

Je suis maintenant à Luang Prabang, ville la plus touristique du pays. Ici je ne suis qu'un "stupid tourist". Les gens de cette ville n'en n'ont rien à foutre de moi. Ils sont blasés des touristes. Dans les restaurants on trouve des burgers, des pizzas, des pâtisseries. La ville est remplie de restaurants, d'hôtels et d'agences pour excursions.

C'est là que je reprend tout le voyage depuis le début et commence à faire le rapprochement de certaines choses dont j'avais connaissance mais pas constaté en réel encore.

Au Sri Lanka le pays développe le tourisme et la population a un niveau de vie correct. Les gens sont gentils et on voit des hommes avec du ventre.

En Birmanie le tourisme n'existe que depuis quelques années et le niveau de vie est bas. Les gens sont curieux et heureux de nous voir. Ils sont tous minces.

A Bangkok la modernité et les touristes sont partout. Il y a pas mal de thaï en surpoids et pour les gens je suis transparent.

Au Laos le niveau de vie est très faible, le tourisme existe depuis 20ans. A Luang Prabang les Laosiens sont blasés (j'ai pas vu tout le pays !!), ils sont tous minces et jeunes.

En fait plus un pays est touristique et moins les gens sont accueillants, plus le niveau de vie est élevé et plus on trouve des personnes en surpoids. Bon ok j'ai rien découvert. Mais c'est juste de le constater qui est intéressant. Et je suis toujours en Asie. Je compare les pays entre eux. Du coup je me dit qu'après c'est les différences entre les continents que je vais pouvoir étudier. C'est là où je ne regrette pas mon choix de ne pas m'être limité à un seul continent.

J'ai fait un peu le point sur mon planning et me dit que "juste" la Nouvelle Zélande ça fait un peu court comme passage en Océanie. Alors je me demande si je fais pas faire un autre stop quelque part dans le pacifique. Juste quelques jours histoire de voir de magnifiques plages et de nager au milieu des poissons. Actuellement c'est pas la bonne saison pour aller en polynésie. Par contre la Nouvelle Calédonie est sur mon chemin entre le Cambodge et la Nouvelle Zélande, ça pourrait coller. Affaire à suivre..

Demain direction Niong Kiaw, un petit village qui n'a pas de route. Apparemment les paysages sont très beaux. J'espère trouver dans les petits villages alentours des gens différents d'ici. D'ici une semaine environ je pense gagner le sud du laos et passer la frontière à pied pour le Cambodge et les fameux temples d'Angkor.

Après ce sera fini pour l'asie.

YouTube=2dg9oc78Kv4

---