Kannur, Kerala (ou la game de Risk)


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January 26th 2007
Published: January 24th 2013
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26 janv.

…toujours à Mysore



Je me réveille à 6H45 Am par moi-même.

Le "Wake up call" qu’on a demandé n’a pas été fait.

"You forgot the wake up call. Be carefull next time" dis-je au gars de la réception en serrant les dents.

"Thank you" qu’il me répond.

Le type est niais comme une chèvre.



On se rend à la station de bus pour la deuxième fois en autant de jour. On a nos billets pour Kannur cette fois. On devrait bel et bien s’y rendre aujourd’hui.



Notre "City Bus" arrive à la station à 8H15 Am, avec un 30 minutes de retard. On n’est pas surpris.

Il y a un 7 heures de route qui sépare Mysore (1 demi-million d’habitants) et Kannur (1 demi-million d’habitants).

Je vous jure, les chemins des zecs du Québec sont en bien meilleures conditions que cette route principale qu’on emprunte aujourd’hui.

Ça brasse tellement dans le bus que mes pensées bégayent.



Le bus s’arrête à une ville inconnue.

Ça se remplit à rebord.

On est maintenant 80 dans la "ferraille mobile".

Les bancs à 2 deviennent rapidement des bancs à 3.

Un indien me pousse sur Marilou pour avoir une place assise. Il a son nez moustachu collé sur mes points noirs. Il me tousse au visage.

Je sais que j’ai toujours mes jambes, mais je n’arrive plus à savoir ce sont lesquelles sous le banc.

Il fait chaud et personne n’ouvre leur fenêtre.

Ça pue la sueur.

J’arrive pratiquement à voir la couleur des nauséabondes odeurs.

Pfff!

J’ai totalement perdu ma bulle d’occidental. Ici, il n y a qu’une grosse bulle indienne.

Un jeune hindou sort son violon-courgette à 2 cordes.

Zwignnnn!

Mais comment fait-il pour trouver de l’espace pour son archet?



On arrive enfin à Kannur. On est évidemment confus.

On se cherche un hôtel mais, comme à Bangalore, tout est complet.

On arpente les rues du centre-ville à la recherche d’un endroit où se poser, lorsqu’on arrive face-à-face avec un cortège de 500 musulmans, drapeaux en main.

Congrès musulman.

Marilou se fait rapidement remarquer par le regroupement d’hommes barbus. C’est le "Pouvoir de la quéquette" qui parade devant nous.

Ça semble pacifique, mais on est quand même un peu inquiet. Les regards sur nous sont plutôt insistants.

On s’éclipse du brouhaha en silence et on se trouve (finalement) un hôtel cheapette "eau frette, pas de moustiquaire" au-dessus d’un commerce de sucreries.



Ouf.

Merci

et bonsoir.





27 janv.

Information pratique:

Le Nord de l’Inde a été façonné par les guerres et les invasions barbares.

Résultat: forteresses infranchissables et Palais exubérants... ainsi qu’une population extrêmement nombreuse, pauvre et, en général, très peu éduquée.

Le Sud de l’Inde, quoi qu’ayant subi l’affront des Européens, a demeuré plutôt dans un état de paisible stagnation.

Résultat: une population moins nombreuse, plus riche et plus éduquée.



Nous sommes donc à Kannur, dans le Kerala.

C’est l’État le plus au sud-ouest de l’Inde.

C’est l’État au plus haut taux d’alphabétisation aussi.

Et c’est un État prospère.



Aujourd’hui, on visite le propre et bien entretenu Fort St.Angelo, bâtiment historique faisant face à la mer arabique.

Il y a des autobus qui se succèdent dans le stationnement de terre battue à l’entrée du Fort. C’est la sortie scolaire de beaucoup d’écoles primaires présentement.

Il y a des centaines d’enfants qui se tiennent en rang d’oignons pour pouvoir entrer sur le site. Pour ne pas perdre leurs écoliers, les établissements scolaires leur ont fournis des costumes colorés. Une couleur par école. J’ai l’impression d’être dans une partie de ‘’Risk’’ en format géant: le clan des Rouges, celui des Bleus, et celui des Jaunes… et celui des Verts au loin.

Lorsque les enfants nous aperçoivent à l’intérieur des remparts, ils nous envoient la main comme des naufragés. Ils sont alors tous fous de joie. Les enseignants aussi ont une réaction semblable. Ils nous saluent avec à peine moins d’enthousiasme.

Le clan des Mauves nous attaquent royalement.

150 poignées de main.

"I’ll take a picture" leur dis-je.

Oh mais quelle grave erreur! C’est l’excitation à son apogée! Si les humains avaient une queue pareille aux chiens, celles de ces enfants fouetteraient l’air à s’entretuer. C’en est carrément ridicule! Après avoir pris la photo, je dois inévitablement leur montrer le résultat sur mon appareil numérique.

C’est le chaos. Je suis un Roi dans l’anarchie scolaire.

Je transpire

de bonheur.



Le clan des Mauves s’éloigne. Au loin, on aperçoit le clan des Oranges qui s’approche.

On se pousse

avant le retour de la tempête humaine.



On embarque dans un auto-rickshaw luxueux à la sortie du Fort. On est assis sur des sièges roses capitonné. Le plafond est en dossier de divan d’où pend des pompons, des fleurs en plastique, des lampes stellaires, des guidi guidi et des fla fla phosphorescents.

Il y a un "Staying alive, Staying alive, Ha Ha Ha Ha Staying aliiiiive" qui résonne dans ma tête.

Et c’est ainsi qu’on retourne à notre hôtel.



On soupe ce soir dans un resto hyper-class de pingouins.

Toxedo et air climatisé.

On est ici les seuls clients.

On se fait servir par dix serveurs intimidés (je les ai réellement comptés).

Je pourrais me croiser les bras, et me laisser nourrir par le serveur attitré à "hold the fork and feed the client".

Total de la facture: 6$ canadien. Tip inclus. Ça leur fera 0.60$ séparé à 10.



28 janv.

Journée nuageuse. Le ciel est couvert de coton gris.

On part tout de même en auto-rickshaw pour la Muzhapilangad Beach, située à 15 km de Kannur. Une pluie fine et tiède s’échappe des nuages. C’est notre première pluie depuis le Kashmir (voilà déjà deux mois et deux semaines de ça).

Je suis content. Ça nous donne un break du soleil lourd de l’Inde du sud.



La plage est vraiment incroyable.

Aucun touriste. On n’y trouve que des pêcheurs de crabes, des familles qui creusent dans le sable pour déterrer des moules et des indiens qui roulent en auto de long en large sur le sable durci par la pluie.

C’est le paysage de "L’ile au trésor" de Stevenson.

Presqu’île mystérieuse, palmiers en angle sur la berge, aigles à tête blanche, lagunes et récifs couverts de mollusques.

J’ai envie de me foutre à poil et de pêcher au harpon.



On se promène au hasard et on finit par se perdre dans un minuscule village de pêcheurs.

On cherche notre route lorsque que des enfants en extase nous rejoignent et nous escortent jusqu’à la sortie du village. Ici, ce n’est nullement souillé par l’argent du tourisme.

Je suis un corsaire. Je suis Vasco de Gama.

Je suis un découvreur... totalement découvert.

En effet, tous les villageois ont découvert notre présence ici, et tous veulent nous aider à se trouver un auto-rickshaw.

Un vieil indien saoul tient mordicus à communiquer. Il ne parle pas anglais et je ne parle pas hindi. On ne se comprend juste pas. Il s’entête. De sa bouche sort des sons cahoteux qui se mélangent à des vapeurs d’eau-de-vie. Son haleine me grise et mes poils de nez frisent.

Je lui parle en français question d’embrouiller davantage la conversation.

C’est peine perdu.

Je lui souris en hochant la tête alors qu’on prend place dans un miraculeux rickshaw qui passait par hasard.

J’ai la tête qui tourne... et on retourne à Kannur.



On retourne souper au resto de pingouins d’hier.

Je me commande cette fois un "chicken sizzler". Le plat arrive: ça pétsssssille et ça boucane devant moi.

Il y a un orchestre d’ustensiles à notre gauche, et un bébé qui crie comme un cacatoès en cage à notre droite.

Tous mes sens sont à vif.

Il n’y a pas que mon assiette qui pétsssssille et boucane.





On quitte à l’instant pour Ernakulam. Il est 11H00 Pm.



Note à Moi-Même:

Ne jamais faire confiance aux couvertures de laine dans les hôtels en Inde. Elles sont trop souvent infestées de puces. Ouaip. Nous avons tous les deux des jambes de lépreux depuis quelques jours déjà…



Etienne X


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