Chengdu / 成都市, Chine (Mais où est Charlie?)


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Asia » China » Sichuan » Chengdu
March 7th 2015
Published: March 17th 2015
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6 mars



J'entre dans la gare de Kunming.

Il est 15h00.

J'ai une heure d'avance sur le départ de mon train.

Les salles d'attente sont pleines.

Saturées à fendre.

Il manque de bancs ici.

Les voyageurs se regroupent donc dans les passages, assis sur leurs valises à roulettes et leurs sacs de jute gonflés.

La marée de chinois encore une fois m'observe en mâchouillant bruyamment des nouilles ramollit dans des bols jettables en styromousse.

Je m'achète aussi les nouilles "Ramen", pour passer le temps davantage que par appétit.

Je reste debout, lourdement équipé comme une mule.



Les gates ouvrent et la masse se précipite dans les entrées.

Mon linge propre et moi-même attendons la dernière vague, sans inquiétude: j'ai une couchette "hard sleeper" qui m'est réservée.



Mon wagon est full.

Comme une ruche.

11 alcôves X 6 couchettes bien serrées, installées comme des étagères d'épicerie.

Je ne suis pas surpris de voir l'installation,

je suis juste inquiet par la densité de gens dans les wagons.



J'ai le lit du milieu, section de droite cette fois.

Je n'arrive pas à m'y assoir.

Je dois m'y glisser comme un couteau dans sa gaine.

Ou comme une main dans une poche de jeans.

Je m'allonge (car c'est pas mal tout ce que je peux faire ici).



Il y a dans mon alcôve, un fermier cicatrisé, un semblant d'homme d'affaires, une femme dans la quarantaine habillée pour aller danser et deux jeunes étudiants presqu'invisibles.

La femme, coquette, se met rapidement à ronfler comme un rotoculteur.

Elle s'arrêtera quelque fois, mais que pour repartir la machine de plus belle.

Le fermier lui, plus constant, allumera bientôt son ronflement comme une génératrice.

Fort et sans variation.

L'homme d'affaires aussi ronflera.

Mais lui, il a le sommeil plus discret et plus léger.

Il préférera écouter ses films en chinois sur son cellulaire, bruyamment, en salissant la nuit.

J'entend aussi dans le wagon, un vieillard qui tousse ses années de fumeur comme s'il était pour se noyer dans sa salive goudronnée.

Et toujours les chinois, chacun leur tour, se lèvent et vont fumer des cigarettes entre les wagons, en laissant les portes ouvertes.

Fumée secondaire importante.

L'odeur de leurs clopes souille donc les alcôves.

C'est comme dormir dans un fumoir dans l'fond.



Mes vingt-quatre heures de train Kunming / Chengdu se passeront donc ainsi: nuit d'impatience et d'empoisonnement nicotiné.



Notes à moi-Même:



Il y a 300 millions de fumeurs en Chine.

1 / 3 des fumeurs de la planète sont chinois.

1 million de chinois meurent des suites du tabagisme à chaque année.

C'est 1 chinois à chaque 30 secondes ça.





7 / 8 mars

Enfermé dans mon wagon, je me sent comme un hamster dans sa trop petite cage... qui serait à côté d'un percolateur qui n'arrête jamais de bouillonner anormalement fort.

C'est que le fermier cicatrisé ronfle depuis vingt heures consécutives.

Vraiment.

Est-ce que les morts peuvent ronfler?

Dites-moi, parce que je commence à croire que cet homme ne se réveillera jamais de sa position momifiée.



Arrivé à destination (enfin), je sort du train avec les centaines de passagers qui s'y trouvait.

Une masse si dense, c'est à ne plus pouvoir bouger.

Une femme avec sa valise cubique rose bonbon me dépasse (!) par une fente entre mon bras gauche et mon voisin de foule.

Comme un courant d'air.

Je ne comprend pas pourquoi elle a tant besoin de me dépasser. Et je ne comprend pas non plus pourquoi le type derrière moi pousse.

Mais surtout, je ne comprend pas pourquoi ça semble ne déranger que moi que les gens poussent et se dépassent.



J'arrive finalement à sortir du couloir clostrophobisant (!) et j'arrive face à face avec la fourmilière à l'extérieur de la gare.

Une mer de monde.

Je m'entête et m'infiltre dans le metro pour me rendre à mon auberge.

C'est la marée haute.

Il y a des chinois partout, qui partent et qui arrivent de tous les sens.

Mais comment fait-on pour exister dans cet essaim de millions de gens?

Et bien, on se fait des selfies j'imagine.



Le ciel de Chengdu est gris.

Pas un gris charbon qui annonce l'orage mais un gris cimenté, brouillé et flou qui cache le soleil.

Le ciel ici est terne, certes, mais ce n'est certainement pas à l'image de la ville.

Ici, ça grouille de monde chic, qui achète dans des boutiques chics.

C'est un quadrillé de magasins et de restos tout petits sous les écrans gigantesques et les publicités exagérément éclairées.

Ça attire l'œil à tue-tête.

Et puis je suis submergé par la masse.

Je passe devant les vitrines, et j'arrive difficilement à me retrouver dans le reflet de la foule.

C'est comme dans un livre "Où est Charlie?"

Mais c'est quand même paniquant... quand le Charlie que tu cherches dans la foule, c'est toi-même!



Note à Moi-Même:

Lucifer est un piment sichuanais.



Etienne X

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