Figuig, Maroc (Là où il pleut par en dessous)


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March 19th 2013
Published: March 23rd 2013
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De retour de Merzouga

19 mars

Il est 5h00Am lorsque je me lève de mon matelas top confort et de mes draps javellisés d'Er Rachidia. Une re-douche brûlante ce matin. Je suis enfin propre et fraîchement rasé. Il n'y a que mes bottes qui ne se sont pas encore remit de ces dernières journées dans les dunes du Sahara. J'en ai probablement pour plusieurs jours encore à vider leurs coutures de ce sable infiltrant.

...

Il est 7h00Am et je quitte Er Rachidia pour Bou Arfa, une autre ville carrefour.

Je suis dans un bus malade entouré que de marocains. C'est un cinq heures de route avec des arrêts aux dix kilomètres pour atteindre la destination. Prix de la ride: 6.25$

Le décor est vide. Sécheresse.

Je me demande sérieusement d'où viennent ces gens qu'on embarque et où vont ceux qu'on débarque au milieu de ce paysage désertique.

Il y a peut-être des campements berbères sous les rochers?





On s'arrête bientôt à un check point.

Des policiers entrent dans le bus et observent les passagers.

"Passeport" que me dit un moustachu à képi alors que dans mes écouteurs, Daniel Boucher me chante que "le soleil est sorti".

"Quoi?" que je lui dit en enlevant une oreillette.

"Passeport! Follow me!"

Et bien voilà. C'est la première fois que les autorités sont si méfiantes à mon endroit. Je suis donc là, à répondre à leurs questions dans un cubicule improvisé, accroché à une route asphaltée qui traverse le néant.

C'est que je suis dans une zone sensible vous savez... je m'approche de la frontière algérienne... et les relations Maroc/Algérie sont plutôt tendues depuis pas mal d'années.

Le képi prend en note mon identité en me regardant d'un œil suspicieux.

Un regard sombre et un signe de tête plus tard, me voilà qui retourne à ma place dans le bus, serré contre une femme qui récite des versets du Coran en silence en essayant de ne pas me frôler la cuisse.

Les gens m'observent maintenant.

Salam Alikoum que je leur dit en souriant.

...

J'arrive finalement à Bou Arfa, petite ville vissée dans une plaine aride au milieu de nulle part.

Sans attendre, je me prend un autre ticket de bus et je quitte pour Figuig, la ville appuyée sur la frontière algérienne.

C'est étouffant dans le bus. Il y a trop de monde et pas assez de place pour tous. Il n'y a aucune fenêtre qui s'ouvre et l'air climatisé semble ne jamais avoir fonctionné.

Le gamin devant moi vomit sa dernière tajine. Ça devait arriver. C'est l'équivalent de dégobiller sur les pierres d'un sauna.

C'est un 1h30 pénible dois-je dire... en plus des insistantes demandes des policiers maussades pour voir mon passeport.

La bonne nouvelle dans tout ça, c'est que ça m'a coûté qu'un petit 2,50$ de bus depuis Bou Arfa.

...

La ville de Figuig (15 000 habitants) est sereinement calme. Aucun taxi, aucun rabatteur, aucune vente sous pression... bref, il y a le Maroc, et il y a Figuig.



Je suis installé à l'hôtel principal de la ville.

De ma terrasse personnelle, je vois l'Algérie.

Je mange une orange à 1$ qu'on vient tout juste de cueillir... et qui me coûte 12 cennes.



Note à Moi-Même:

Ce ne sont pas des ratons laveurs morts sur le bord de la route ici. Ce sont des dromadaires.





20 mars

Le vaste oasis de Figuig est vraiment impressionnant avec sa palmeraie de 200 000 palmiers.

Je me promène dans ce labyrinthe asséché en savourant des dattes fraîches cueillit là même où je me tiens.

Il ne pleut pas ici.

Jamais.

L'eau dans les canaux d'irrigation vient du sol.

Bref, il pleut mais par en dessous.



Il fait chaud. Vraiment chaud. Et ce n'est que leur printemps.

Il est 14h00 et j'observe la vie passer devant moi en buvant un café noir trop sucré. Les policiers à képi passent dans la rue en quatre-roues ou sur des bicycles à pédales grinçants. Un panneau publicitaire annonce l'heure et la température: +34° que ça dit. Et je suis le seul en t-shirt dans tout Figuig.

Depuis que la frontière avec l'Algérie est fermée, peu de touristes se tape un 6h30 de bus pour venir jusqu'ici... et faire demi tour par la suite. Enclave. C'est dommage car l'oasis est un endroit magnifique, très calme et habité par des gens super sympathiques. On me sourit, on me salue en français, on me jase... les gens de l'oasis ont de toutes évidences soif de touristes.

Demain matin: déjà un retour à la case départ. Direction Er Rachidia via Bou Arfa.



Notes à Moi-Même:

1- Les omelettes ici se servent très très baveuses...

2- ... et il n'y a pas de poivre dans la poivrière. C'est du cumin.

3- La langue arabe se lit de droite à gauche. Le chiffre 1 est donc à droite sur les tableaux d'école, alors que le 10 est à gauche...

4- ...les boitiers à cd s'ouvrent donc à l'envers!



21 mars

Le 1h30 de bus à partir de Figuig se passe on ne peut plus mieux.

Mais le cinq heures jusqu'à Er Rachidia sera plutôt désagréable celui-là...



Encore une fois, le bus quitte Bou Arfa alors qu'il est 11h30Am.

La température grimpe en flèche et le bus devient un four à pain.

Le nez qui vérifie les tickets a un t-shirt

caché par une chemise

cachée par un chandail de laine

cachée par un manteau de cuir.

Je suis d'accord, c'est le printemps... mais il fait +1000° bordel!



Le bus embarque et débarque des passagers un peu partout sur la route.

Un bébé inconsolable pleure devant moi et sa mère se demande pourquoi.

"Mais c'est qu'il est entrain de cuire sous sa tuque en tajine votre enfant madame!" que j'ai envie de lui dire... alors qu'une vieille rapace entre bruyamment dans l'autocar.

Celle-là est drapé d'un long tissu pêche et crème aux allures de rideau de chalet. Un et puis deux et puis toute la marmaille et pis la belle-sœur la suivent. Militairement, l'oiseau de proie gère le groupe d'une poigne de fer. Et pis voilà que la belle-sœur, maintenant beaucoup moins belle qu'à son arrivée, ferme la fenêtre qui nous aérait l'arrière du bus. Quoi? Vraiment? Pfff.

Ça sent maintenant l'essence. Et puis le seigle. Et puis la levure.

Ben.... c'est normal pour un four à pain, non?



On atteint enfin la station de bus d'Er Rachidia. Il est 17h00.

Je suis raqué.

J'ai le dos croche.

Comme un croissant.



Er Rachidia. Je commence à bien connaître l'endroit, et l'endroit semble bien me connaître aussi. Je serre des mains dans le stationnement de bus, j'envoie la main au marchand de jus d'oranges pressées et pis là, la fille-laide du lobby de l'hôtel me souffle une bise. C'est ça les villes carrefour: on y revient sans cesse.

Je pense qu'il est peut-être temps que j'avance sans faire demi tour cette fois.

Demain: direction Boulmalne Dadès.



Etienne X


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