Le bilan


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November 15th 2016
Published: November 27th 2016
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Faire le tour du monde : l'heure du bilan











Il y a eu la phase de préparation, longue et méticuleuse. Puis celle du voyage, excitante et éprouvante. Voilà maintenant terminée celle du retour.







Avant de partir, lorsque j'annonçais mon projet de voyage, la plupart du temps j'avais droit à : « mais tu vas partir tout seul ? » « et en sac à dos ? ».



Venaient ensuite les différentes questions d'organisation matérielle ou de déroulement du voyage. Est ce que j'ai fait un itinéraire précis, où je vais dormir, est ce que j'ai déjà mes billets d'avion.. ?



Ce qui était drôle c'est que je ne me suis jamais inquiété de comment allait se passer le voyage. Mais plutôt du retour.



On en parle très peu, que ce soit sur les sites consacrés aux grands voyageurs ou ceux qui préparent au tour du monde. Mais le retour est sans doute la phase la plus difficile pour beaucoup de voyageurs.



Quitter une vie de travail et de routine pour vivre au jour le jour. Des tas de rencontres, de découvertes, de paysages et d'émerveillements. Pour qu'un jour le rêve s'achève et l'on retrouve le train-train quotidien, les mêmes visages, le même environnement qui se répètent. Pour peu qu'on ait fuit des problèmes, ils vous reviennent en pleine face, enfin j'imagine. Certains vont jusqu'à la dépression, voire ne se réadaptent jamais à une vie classique.



Alors le seul point que je craignais vraiment c'était ce retour.



Finalement il n'en fut rien. J'ai même au contraire été très surpris de la vitesse à laquelle je me suis remis au mode de vie français. Le lendemain de mon retour j'étais en train de réactiver ma mutuelle et l'assurance de la voiture. Une réaction donc très différente de beaucoup d'autres tourdumondistes.











J'explique ça par deux principales raisons :







_ la première c'est que j'ai quitté une vie en France qui me convenait tout à fait. J'ai voulu voyager pour découvrir le monde et en aucun cas pour fuir quelque chose ou à cause d'un ras le bol. Alors quand je suis rentré, j'ai retrouvé ce que j'affectionne et qui a fini par me manquer pendant le voyage: la famille, les amis, les camions rouges et ma vie bordelaise.







_ la deuxième raison c'est le voyage en lui même, de la façon dont je l'ai réalisé.



Parti sur une idée de visiter certaines régions du globe, j'ai adapté un itinéraire bien trop chargé. Si quelqu'un aujourd'hui me racontait ça comme projet je pense que je rigolerais.



Un tour du monde ne se fait souvent qu'une fois dans sa vie (enfin on verra..) alors on a envie d'en profiter un maximum, de voir le plus de choses possible.



Sur un voyage de 15 jours, on court partout, on fait des croix sur une liste qu'on s'est fixé et on rentre de vacances plus fatigué qu'avant de partir.



Sur 6 mois de voyage, on finit par s'épuiser. Alors j'étais content en rentrant d'avoir des repères, de ne pas avoir à me demander où il faut prendre le bus ou si je ne me fais pas arnaquer sur un achat, de réfléchir pour comprendre une langue.



J'avais répété à plusieurs reprises que 6 mois de voyage ça passerait vite, que j'aurais aimé partir 8 à 10 mois. Finalement c'était bien assez et j'étais content de rentrer.



Je me suis dit plusieurs fois que la fatigue accumulée était due au rythme que j'avais et que si j'avais eu plus de temps j'aurais été moins vite. Faux ! La vérité est que si j'avais eu deux fois plus de temps, j'aurais essayé de voir deux fois plus de choses. Aucun regret donc.







Pour ce qui est du côté pratique :







Parti en disponibilité, j'avais donc au retour un travail avec une date de reprise. Un gros poids en moins par rapport à certains qui rentrent en se disant « et maintenant je fais quoi ? ». Tournant ainsi en rond dans un appartement à penser nostalgiquement à cette vie de nouveautés quotidiennes et confrontés désormais à un profond ennui.



Pour moi la reprise du travail s'est faite très facilement. Les repères vite repris, comme si j'étais parti en vacances. Et surtout m'a donné un rythme, des contacts sociaux, une utilité.



Donc pas de déprime.







Il n'y avait qu'un point qui aurait pu poser problème, celui de logement.



J'avais rendu mon logement en location avant de partir pour ne pas payer un loyer inutilement et mis mes affaires dans un box.



J'y avais pensé une fois ou deux avant de partir : « et quand je vais rentrer j'irai où ? » en me répondant très vite « oh on verra bien, chaque problème en son temps, pour l'instant le voyage »



Au final, pas moins de 7 personnes m'ont proposé de m'héberger, dont 2 dans les premières 24 heures de mon retour. Y avait pas de quoi s'inquiéter !



Du coup j'ai prolongé un peu mon statut de SDF de 2 mois. J'ai fait en sorte de retrouver rapidement un logement pour me sentir vraiment chez moi et envahir le moins longtemps possible mes hôtes. Encore merci à eux.



Me voici donc reparti dans une vie classique avec un loyer, des cours de guitare et nouveau projet de meuble à réaliser.











Les impressions de mes premiers jours en France:









Rentré début juin sous une météo digne d'un mois de novembre alors que j'arrivais de Cuba sous un soleil de plomb à me baigner dans une mer chaude, la transition climatique n'a pas été la meilleure.






« eh les gens parlent français ici » : c'est ce que je me suis dit à plusieurs reprises dans les lieux publiques la première semaine de mon retour, la même réaction que lorsque j'entendais des français parler à l'autre bout du monde. J'ai mis un peu de temps à m'y réhabituer.







Autre constat :tout le monde tire la gueule. Drôle d'impression après être passé par tant de pays où le niveau de vie est inférieur à celui de la France et où pourtant les gens se contentent d'un rien. Particulièrement en Asie. On a envie de dire aux gens qu'ils ne savent pas la chance que l'on a. Comme quoi le bonheur n'est définitivement pas lié aux biens matériels. Le Boutan l'a bien compris, il ne mesure plus son PIB mais son Bonheur National Brut.



Je me rappelle toutes ces politesses entendues dans les différents endroits où je suis passé à Paris mais tellement sans sincérité.





Autre chose : « mais tout a augmenté pendant que je suis parti ». Il suffit de faire quelques achats pour constater que les prix ont grimpé en quelques mois, particulièrement dans les restaurants.







La quasi totalité des gens qui ont suivi ce blog m'ont demandé à mon retour des nouvelles de mon père. Ça m'a touché. J'ai compris que j'avais réellement partagé ma peine quand j'étais en Nouvelle-Zélande.



Je me suis rendu compte que beaucoup plus de personnes que je ne le pensais suivaient ce blog, certaines très assidues. Pendant un moment j'ai eu l'impression d'être un journaliste en train de faire un reportage. Sympa.





« C'est quoi ton pays préféré ? » Je ne sais pas combien de fois j'ai entendu cette question. Aller je redonne ma réponse toute prête. « Ben ça dépend pour quoi, chaque pays a ses avantages et ses inconvénients. Mais j'ai beaucoup aimé le Sri Lanka et le Pérou »

Suite à mon emménagement j'ai ouvert mes cartons et ranger mes vêtements dans mon armoire. Je me suis dit qu'on s'encombre drôlement. Deux pantalons, deux tee shirts et deux chemises m'ont suffit pour vivre six mois. Alors tout ça m'a paru être du superflu.

J'ai retrouvé des plaisirs simples, du fromage avec du pain, un carré de chocolat noir avec un café, dormir dans un bon lit, prendre une douche chaude dans une salle de bain propre..










La phase retour passée voici maintenant celle du bilan :







Mais d'abord, un tour du monde oui, mais pour quoi faire ?



Tout le monde n'a pas forcément envie de partir voyager, surtout aussi longtemps. On peut donc se poser la question du « Pourquoi ? ».







Plusieurs envies m'ont poussé à partir :



la plus importante est celle d'envie de découvrir: cultures, paysages, nourriture. La même envie qui me pousse à apprendre la guitare, à réaliser mes meubles mais aussi en projets : faire du théâtre, de la peinture, de la photo, cuisiner..



L'envie de se mettre à l'épreuve aussi, physiquement et mentalement (sur ce point j'ai été servi), l'Aventure, vivre au jour le jour, se laisser surprendre..







Comme pour beaucoup je pensais que faire le tour du monde était quelque chose d'exceptionnel, réservé aux grands aventuriers, impossible à mettre en place.



Et puis une expérience de vie, il y a quelques années chez un autre voyageur, m'a fait réalisé que c'était possible. Lui est parti en voyage au moment où je partais de chez lui.



_ « Mais tu vas faire comment pour ton appartement ? »



_ « Ben je vais le vendre ! »



Et oui, là où je voyais des problèmes, lui voyait des solutions. C'est comme ça que j'ai compris que c'était possible, le tout est de prendre sa décision. Le reste c'est des détails.



Il faut juste pour réaliser ce projet, comme pour beaucoup de choses, être prêt à accepter certaines conséquences.



Alors quand j'entendais autour de moi avant le départ « j'aimerais bien partir moi aussi mais.. » j'esquissais un sourire et laissais les gens tenter de se justifier. Quelque soit la raison j'avais toujours une réponse. « Mais tu as des enfants ? Ben emmène les ! » « tu as une maison ? Loue/vends la » « tu as un travail ? Demande à t'absenter, prends un congé sabbatique, démissionne »



Facile à dire ? Oui. C'est bien pour ça que je dis qu'il faut être prêt à accepter certaines conséquences et aussi que je ne suis jamais entré dans le débat.



La réalité c'est que celui qui en a vraiment envie, part. Celui qui dit « j'aimerais mais.. » soit manque de motivation, soit de courage.



J'ai vu pendant mon voyage une famille française avec des jeunes enfants ayant mis en location leur maison, pris un congé sabbatique tous les deux, fait un crédit pour payer le voyager, à faire l'école aux enfants tous les jours et dormir en tente pour un voyage d'un an. Alors oui c'est possible.







Le pire, c'est qu'avant de partir je pensais que c'était faisable. Maintenant que je suis rentré je dis que c'est encore plus facile que ce que je croyais.



Une chose est sûre, j'avais l'étiquette du pompier, j'ai maintenant en plus celle de globe trotteur.



La réaction des gens me fait sourire à chaque fois. «quoi t'as fait le tour du monde ? Et tout seul en plus ?? Moi je pourrais pas ! » … Ah.. si vous saviez...







Des problèmes ? Pas de problème !!:



Au final j'ai été malade deux fois, une fois en Birmanie (moins de 24h) je pense une accumulation de fatigue, la seconde fois sur les derniers jours à Cuba, une petite tourista histoire de rentrer avec un souvenir, rien de méchant mais qui a duré une semaine.



Pour ce qui est des vols, agressions, kidnappings, prisons, otages et tout ce que l'on peut imaginer, il ne s'est absolument rien passé. Aucune mésaventure. Ah si, j'ai dû acheter une paire de lacets au Chili car j'en avais un qui avait cassé par l'usure, j'ai changé la fermeture éclair de mon petit sac à dos au Pérou que j'utilise depuis très longtemps et j'ai perdu mon masque pour les yeux pour dormir dans les transports.. Rien de bien méchant.



Tout ça confirme bien ce que je pensais : le monde est bien moins dangereux qu'on ne le croit. La faute aux médias.



Finalement en partant deux jours après les attentats du Bataclan et en étant rentré un mois avant celui de Nice, c'est plutôt en France que j'ai l'impression qu'il pourrait m'arriver quelque chose.



Je ne dis pas que je n'ai jamais eu peur. Il y a bien quelques fois au Sri Lanka où j'ai pensé « heureusement qu'il y a Buddha au dessus du chauffeur pour nous protéger », surtout la fois où notre bus a doublé une voiture de police et que le chauffeur klaxonnait pour leur dire de se pousser..



Et puis ce bus qui roulait un peu vite dans la montagne au Pérou, il s'est mis à pleuvoir, le bus était presque sur deux roues dans les virages et les étudiants qui rentraient chez eux pour le week end levaient les bras en l'air et criaient « ohh » comme dans un manège.



Je ne faisais vraiment pas le malin. J'ai pensé « si on tombe dans le ravin on est tous morts et il ne faudra pas compter sur les secours » Ce jour là j'ai eu peur.







Durant ce voyage j'ai constaté deux nationalités particulièrement présentes à travers le globe. Les Allemands et.. les Français !! Cocorico.



On a beau avoir un des plus beaux pays au monde (c'est les autres qui le disent), on aime voir ce qu'il y a ailleurs.







Je garde en tête les différentes rencontres de voyageurs ou de locaux et y repense régulièrement. Merci Facebook de nous garder en contact.



J'aimerais revoir plusieurs d'entre eux, chez eux ou ici. Je serais très heureux de les accueillir et de passer du temps avec eux.



Au final pendant ce voyage j'aurais eu le moral au plus bas comme au plus haut.



Deux passages restent marquants, celui où j'apprends l'hospitalisation de mon père et les jours passés avec Léna au Laos. Au milieu des deux viennent l'excitation quand on monte dans un bus ou un avion vers une nouvelle destination, cette impression de liberté quand on se lève le matin sans savoir ce qu'on va faire de sa journée et sans aucune contrainte, l'émerveillement face à un beau paysage.







Quelques chiffres :



Au total j'ai pris 15 avions (correspondances et internes aux pays compris) pour mettre un pied dans 10 pays. C'était devenu complètement ordinaire pour moi, comme si je prenais le bus.

J'ai parcouru près de 60 000 kilomètres



J'ai eu 13 monnaies différentes dans les mains et pour 6,5 mois de voyage dépensé un total de 15 645 euros répartis en :



_ 340€ de vaccins (rage, typhoïde, hépatite A, fièvre jaune, encéphalite japonaise)



_ 150€ de visas



_ 3928€ d'avions (billet tour de monde + vols internes)



_ 1268€ d'équipement (sac de randonnée, vêtements, matériel divers)



_ près de 10 000€ pour les transports, logement, nourriture et activités en tous genres : plongée sous marine, ascension d'un volcan, marche sur un glacier...











Et aujourd'hui que reste t_il ?





J'ai pu améliorer mon anglais, ce n'est pas encore parfait mais il y a du mieux. Quant à l'espagnol je partais de zéro, j'arrive maintenant à me débrouiller en voyage.



J'ai nettement une préférence pour cette langue que je veux développer.



Il m'arrive encore aujourd'hui de comprendre des bouts de chansons à la radio et de me dire « ohh mais c'est ça que ça veut dire !! »



Je me suis donc mis à fréquenter une association « café langues » sur Bordeaux où on peut pratiquer différentes langues ; des étrangers y viennent aussi parler le français. Concept vraiment sympa.



Les rencontres d'autres nationalités me manquent également. J'ai expérimenté, pour la première fois cette semaine, de recevoir quelqu'un chez moi et lui montrer Bordeaux, via le site Couchsurfing.



Au final une plus grande ouverture d'esprit et une curiosité accrue pour les autres cultures.







J'ai pu constater que j'ai plus de confiance en moi, plus d'assurance. C'est la chose la plus significative aujourd'hui. Je parle plus facilement avec des inconnus et suis moins dans la réserve. J'ai baissé mes gardes.



Même si je ne suis pas transformé, j'aime d'avantage échanger, communiquer.







J'ai donc repris ma vie, retrouvé les gens et me lance dans de nouveaux projets : musique et achat de maison principalement. C'est qu'on est bien en France. Même si je n'ai pas perdu l'envie d'une expérience de vie à l'étranger, je sais maintenant que quitter la France serait difficile pour moi.







Finalement, un an après le grand départ, je regarde les photos de ce périple. Une certaine nostalgie s'empare de moi. "ah c'était bien, ces gens rencontrés, les anecdotes vécues, les découvertes, les paysages..". Je repartirais bien.



J'ai une envie de voyager différemment à l'avenir, de prendre le temps, de rencontrer les gens, ces rencontres qui font le voyage.



Je ne sais pas encore quand et pour où, mais je sais déjà qu'il y aura un autre départ... =)


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