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Asia » Laos » West » Vientiane
April 5th 2019
Published: April 5th 2019
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ET L’ENVIRONNEMENT DANS TOUT CA ???

Arrivée à Vientiane, capitale du Laos. C’est l’heure de la sieste, dimanche après-midi. Les rues sont désertées. La ville étant déjà plus que tranquille habituellement, c’est aujourd’hui l’assoupissement général. Il fait une chaleur de gueux, soleil impitoyable, au zénith il laisse peu de possibilités d’ombre, plus de 40 degrés au réel, 153° en ressenti ! Au moins… Si le réchauffement climatique atteint ces parages, force les limites, et il n’y a pas de raison au contraire, je crains les dégâts. Il a toujours naturellement fait très chaud dans ces pays à certaines saisons. Les saisons sont au nombre de deux, saison sèche chaude ou très chaude, pendant laquelle il peut pleuvoir, et saison des pluies, également chaude ou très chaude, pendant laquelle il peut pleuvoir beaucoup.

Je me retourne sur mon voyage, Inde et Laos, deux voyages successifs en fait. Le Laos a rapidement éclipsé l’aventure indienne. Cette dernière fait partie de la mémoire, mais plus au présent, comme un voyage d’avant, d’après retour à Paris. Il me semble que c’est à l’étranger qu’on se soucie le plus des notions de climat et d’environnement. Moralisateurs que nous sommes, on se dit qu’il est bien des pays où la survie économique et le bien-être des populations (hum hum) passe bien avant l’esprit de continuité de notre planète. On oublie naturellement nos balbutiements, l’hypocrisie de nos politiciens, la nôtre donc, nos incantations désespérées restées lettre morte ou dans la condescendance, perpétuellement repoussées par la puissance de lobbies, la justification de budgets... La suppression des sacs plastiques dans nos supermarchés est une grande victoire, mais si minuscule, qu’en est-il des contenants dans les rayons ? En Asie, la moindre petite chose est incluse dans un sachet à usage unique. On me raconte que la Chine ayant la capacité de produire pas cher, inonde les marchés voisins sans le sou (Cambodge, Vietnam, Laos…) de ses produits et sacs plastique. La population ne semble pas concernée par l’idée du recyclage. L’objectif de voiture électrique est louable, et pourtant nous laissons la Chine, encore elle, monopoliser la production des batteries, donc celui de l’Automobile à terme, on feindra de s’en étonner le moment venu, ou on jettera la pierre sur les prédécesseurs dont la seule compétence était l’imprévision. Il en est de même pour les panneaux solaires. Et les polémiques sur les éoliennes sont délirantes, préfère-t-on s’asphyxier ??? Les promesses politiques demeurent des promesses. Un ministre de l’écologie de renom, certainement pas à sa place, démissionne avec fracas. Les lobbies rigolent, font repousser dans le temps la suppression du glyphosate. Quand nos nappes phréatiques seront durablement contaminées, les responsables auront sagement et largement eu le temps de retourner leur veste et d’accuser le voisin. Le mal sera irréversible. On s’émeut durant deux semaines de la saleté des océans. Oulala, trop peur ! Quand je vois qu’on laisse agonir de façon honteuse les poissons sur les étals (il ne font pas de bruit, il ne souffrent donc pas !), c’est bien qu’on en a rien à faire des poissons dans les océans. Les pêcheurs s’émeuvent lorsque les quantités ne sont plus au rendez-vous. C’était mieux avant. D’énormes bateaux pêchent sans discernement, s’en contrecarrent des quotas, utilisent des méthodes ahurissantes (électricité), provoquent une mort généralisée. Les Pays-Bas sont champions dans ce domaine, mais les Pays-Bas sont en Europe, personne ne dit rien contre ce pays frère, on passe rapidement au sujet suivant. C’est pareil pour le Luxembourg et la finance, pour l’Irlande et ses faveurs économiques, c’est à peine plus pour la Pologne qui prend sans rendre, pour les populistes hongrois ou italiens, pour les anglais qui croyaient pouvoir partir en gardant leurs avantages, etc. Le Monde rigole de cette Europe de partenaires incapables de se coordonner, émue du départ britannique et qui pointe du doigt, et à mots choisis, les irresponsables politiques d’ailleurs, outre-Atlantique mais pas seulement. Les USA, sous prétexte qu’ils en ont l’habitude et qu’ils sont la première économie, ont-ils pour autant le droit de continuer à bouffer en un an plus que la planète peut produire et de verser dans le négativisme ? Les USA ne sont jamais intervenu pour autre chose que leurs intérêts commerciaux. Et la Chine, qui va devenir la première économie plus tôt qu’on ne le pense, copie, espionne etendette les autres de ses richesses, fait semblant de se montrer dans la bonne voie des accords sur le climat, mais d’où vient donc la pollution qui asphyxie ses habitants ? De qui se moque-t-on si l’on veut nous faire croire à son angélisme ? Et tiens, un autre, avec ses vertus de neige impeccablement propre qui couvre son territoire l’hiver, le Canada, ne va-t-il pas massacrer sa terre par ses forages de gaz ? Nous pourrions parler de la destruction de nos forêts, celles qui sont essentielles pour notre survie, la forêt amazonienne par exemple dont je ne sais combien d’équivalent en surfaces de terrains de football (puisque c’est une mesure brésilienne entendue) par exemple, sont détruits chaque jour au profit des collecteurs de bois, d’éleveurs de bétail qui polluent de leurs pets, de producteurs de drogues, ou à visée plus secrète encore. La Malaisie n’est plus qu’un vaste champ de palmiers à huile, les grands singes perdent leur habitat, la biodiversité se réduit à une acception bien congrue. Le champion du monde en matière de recours aux énergies propres est paraît-il la Suisse. Sage, propre, un pays qui s’aime… mais dont les financements bancaires demeurent douteux. Trop facile aussi. Personne ne semble respecter une règle du jeu 100% honnête. Les monstruosités environnementales sont un excellent terrain de jeu pour les mots. Qu’en est-il des actes ? Evidemment rien. La France n’applique même pas les accords qu’elle a fait signer à grand renfort de com.

J’ai vu une Inde émergente, future troisième économie mondiale, malade de sa saleté, de sa puanteur, désastre écologique. On n’éduque vraiment ni ne propose rien à sa population, qui continue à jeter ses poubelles dans ses rivières, dans ses fossés, sur ses rivages, par la fenêtre de ses véhicules polluants, ou par-dessus bord. Les îles Andaman, qui devraient être un paradis de nature, tellement éloignées des continents et des masses, ressemblent par endroit à une décharge à ciel ouvert, les courants et les marées y amoncèlent une quantité invraisemblable de détritus incongrus. Les riverains ne prennent plus la peine de nettoyer, cela revient sans cesse. Aucune solution valable et d’ampleur n’est donnée aux populations. Si en Inde, on sait incinérer les morts, les poubelles n’ont pas de valeur suffisamment religieuse pour cela, alors tant pis ! J’ai vu de très rares poubelles de tri en pleine rue (pas plus de deux ou trois en deux mois) envahies de dizaines de mètres cubes de poubelles non ramassées. Les tuktuks continuent de cracher leurs fumées noires qui vont s’incruster directement dans nos poumons, sans parler de la pollution sonore. Des initiatives (tuktuks électriques) existent mais sont tellement minimes face à l’ampleur du désastre. Le touriste foule avec effroi les plages dégueulasses indiennes. Il oublie qu’il surconsomme l’eau, la climatisation, etc. Dans les endroits branchés, pour siroter ses mojitos avec glaçons à eau filtrée, on lui propose des pailles en bambou ou en métal lavables et réutilisables, la mode étant au bannissement des pailles en plastique (c’est déjà ça, mais les effets com et les justifications bio à la mode me laissent perplexes). Tout le monde est impliqué. Il va rarement voir les plages de pêcheurs, summum d’accumulations d’immondices. Les pêcheurs s’en foutent, la mer est la source de leur survie, pas une base de loisirs. Sauf que… A la longue, les poissons se remplissent des particules de plastiques.

En Thaïlande et au Laos, c’est mieux, l’impression de saleté est beaucoup moindre, la population n’a pas la même ampleur. Ceci dit, la pollution de l’air est si importante que la population se balade avec un masque filtrant lui barrant la moitié du visage. Les brûlis des agriculteurs dans les montagnes provoquent une atmosphère parfois irrespirable. Pareil au Cambodge. L’horizon en est visiblement embrumé et les bronches dégustent. Inutile de songer à voir un correct lever ou coucher de soleil. C’est valable pour toute cette partie qui joint le nord de la Thaïlande et celui du Laos, les montagnes, les rizières… Ont-ils d’autres choix ? Notre agriculture était à ce niveau il y a quelques décennies, les solutions chimiques sont-elles meilleures ? Pas sûr. Reste que récemment, Chiang Mai, où il n’y a pourtant pas d’industrie notoire ni de surpopulation, peut-être un peu plus de voitures, a été déclarée temporairement ville la plus polluée de la planète, devançant donc Bangkok, Delhi, Pékin ou Mexico !!! A Luang Prabang, j’ai réellement été incommodé par les émanations de ces brûlis. Autant se mettre la bouche à la sortie d’un pot d’échappement et qu’on en finisse.

Pour y arriver, il faut interdire, pas d’autre solution dirait-on, et ce n’est évidemment pas populaire, il faut aussi apporter des solutions et avoir le courage de tourner le dos aux lobbies. Ou alors on devient gilet de couleur et on amalgame tout jusqu’au dégoût. Si on ne veut plus de plastique, arrêtons d’en produire, facile à dire et utopique pourquoi pas. Si on ne veut plus de voiture polluante, arrêtons d’en produire. Vivons tout nus, dans l’amour et dans la joie… Etc. etc.

On pourrait passer en revue pas mal de phénomènes et cela remplirait bien des pages, sans solution immédiate tangible.

Cette chronique « coup de gueule » a été écrite par quelqu’un qui éteint l’électricité en quittant la pièce, qui allume le minimum de chauffage lorsque c’est vraiment nécessaire, qui économise l’eau en se lavant les dents ou se rasant, qui trie consciencieusement ses poubelles dans les bacs qu’on lui a confiés, qui fait son compost, qui refuse l’usage des dosettes de café (il paraît qu’il y a maintenant des dosettes recyclables), qui n’utilise son sèche-linge que pour les serviettes éponge, qui n’en utilise pas plus que ce qui lui est nécessaire à l’hôtel, qui lit les compositions de ce qu’il achète, en l’occurrence pas d’aliment élaboré avec de l’huile de palme ou simplement marquée d’origine végétale…

C’est la même personne qui prend l’avion pour aller batifoler à 10.000 kms de chez lui, qui roule en voiture (pendant des années au diesel, mais plus maintenant), qui loue des scooters en Asie dès qu’il le peut, qui ne mange pas bio (vaste arnaque le plus souvent), qui, lorsque la chaleur est insupportable, allume la clim dans sa chambre d’hôtel, qui utilise encore des coton-tige, qui n’appartient à aucune association et ne mène aucune action environnementale collective d’envergure et qui ouvre sa gueule pour râler et regretter les actes répréhensifs des autres sans se soucier toujours des siens… Faut pas l’emmerder celui-là et vive la mauvaise foi.

Je ferai un jour une chronique sur la mauvaise foi, ce sera très amusant ?

LA MAUVAISE BLAGUE DU JOUR

« Bonne fin de vie »… Si une jolie fille (ou pas jolie d’ailleurs) vous dit ça, c’est ambigu… Vous éconduit-elle définitivement ou est-elle attirée par vous, par une partie de votre anatomie en tout cas ? Dilemme ! Il convient de faire reformuler ? Amis de la poésie, Bonjour ?

ITINERAIRES

VANG VIENG

Dans la descente vers le sud, il faut bien y passer. Depuis Phonsavan, c’est six heures de minibus bus qui va à toute berzingue, le maximum qu’il puisse en tout cas. J’ai réservé via Booking au Nice View Hotel, excellente et immense chambre avec deux lits doubles (pour couples en mal d’échangisme peut-être), grande salle de bains, ce qui change, un peu chère pour moi tout seul (17 € sans petit dej). Durant la nuit, trois poulettes françaises décident de blablater fort à une heure du matin sous ma fenêtre, sur la jolie terrasse. Je sors de ma chambre et les invite à, soit venir picorer le picotin dans ma chambre et qu’on s’amuse vraiment, soit à continuer leur passionnante conversation vernis-à-ongles-et-regard-tellement-craquant-et-ténébreux-de-Tim-l’australien ailleurs, mais loin svp. Elles s’excusent naturellement, on n’a pas toujours conscience du bruit que l’on fait la nuit quand on a bu un petit coup. Je ne peux ensuite m’empêcher d’être gêné par leurs murmures et rires étouffés, elles n’ont pas bougé. Réveillé en plein cycle de sommeil, je me maintiendrai éveillé bien longtemps, jusqu’à ce qu’un concert de chiens improvisé se déclenche vers 2h du matin. Ensuite ce seront les coqs, très matinaux ici, qui dès 3h donneront de la voix (bien que, paraît-il, les coqs n’aient pas de corde vocale). Bien ronchon donc le lendemain. J’ai besoin de mes six heures de sommeil moi. Comme l’hôtel ne veut pas me faire de faveur, ne serait-ce que me faire un prix direct diminué par rapport au prix commissionné via Booking, j’irai en face pour ma deuxième nuit, à la NamSong View Guesthouse. Pour 60.000 kips (6€), j’ai une chambre de taille correcte avec baie vitrée et balcon (un peu vermoulu) super vue sur la verdure et les pitons karstiques et micro salle de bains. Juste un ventilo, mais ça le fera très bien.
Un petit marché du matin s’installe tôt dans ce bout de rue de guesthouses, d’agences de voyage et restaurants pour falangs, qui restitue un embryon d’authenticité locale au quartier.

Vang Vieng était réputé pour dévergonder la jeunesse routarde attirée par alcool, bruit et produits illicites consommés sans restriction. Le grand jeu était de descendre la Nam Song sur de grosses bouées (tubing), une bouteille de bière en main en hurlant de bonheur alcoolisé. L’année 2010 a vu une vingtaine de morts par overdose ou accident, ça finissait par se savoir et ternir l’image d’ordre du régime communiste. Le gouvernement a alors mis le haut-là sur ces débordements, plus d’alcool le long de la rivière, tubing encadré et plus question de se jeter dans l’eau du haut de son arbre perché. La ville continue d’attirer son monde à dents de lait, mais en cette fin de haute-saison, je n’ai pas été gêné par le bruit des bars ni les remugles ou vomis. Certaines jeunes connasses continuent malgré tout à se pavaner en soutien-gorge et mini-short dans les rues de la petite ville. La popultion laotienne est pudique. Les excursionnistes perpétuent les offres de tubing, de kayaking et les ziplines, sensations simili sportives qui maintiennent la fréquentation.

Et pourtant, Vang Vieng ne s’arrête pas à cela. La ville au bord de sa rivière est inscrite dans un écrin de nature époustouflante qu’à nouveau je regrette de ne pas visiter en fin de saison des pluies, vers septembre ou octobre, à l’époque des rizières vertes. J’imagine très bien la beauté fabuleuse que cela doit être dans cet environnement de pitons karstiques aux falaises abruptes et murs floraux vertigineux. Relativement peu de routes permettent une évasion en moto, mais tout de même.

Je ne souhaite pas m’allier à un tours. Les excursions, ça va bien maintenant. Je loue un scooter et pars vers le nord, bifurque à l’est à quelques kilomètres de la ville sur une piste jusqu’au démarrage d’une ascension du Pha Ngeum d’où de magnifiques points de vue récompensent une ascension très pentue d’une heure. En chemin, je croise un serpent annelé, venimeux je crois. Je le laisse serpenter (haha) sur son arbre, prend une petite vidéo, ce qui me permet de souffler. J’ai oublié de prendre une bouteille d’eau, grave erreur. Au retour j’achèterai une grande bouteille que je viderai en quasiment une seule gorgée devant le vendeur ! Puis je croise une jeune nana asiatique (la seule personne sur tout le trajet à l’aller comme au retour), lui montre ma vidéo, ça la glace un peu mais elle me dit avoir elle-même croisé un petit serpent vert couleur feuilles (qui va donc être difficile à détecter). Je continue et frappe régulièrement le sol avec mon bâton de marche et suis à l’aguet des bruits de feuilles de tek sèches froissées lors de mon passage. Ce ne sont parfois que des lézards ou de simples feuilles remuées par le vent ? Je persiste mais ne m’attarde pas dans la jungle hostile où je perds toute mon eau et fais fuir la faune sauvage par l’odeur de ma mauvaise transpiration. Il ne manquerait plus que je doive me battre à mains nues avec un tigre !
La prochaine étape est le Blue Lagoon dont je sais qu’il ne me conviendra pas et que mon intérêt sera la foule plus que le lieu. En chemin, je me fais dépasser par un nombre incalculable de buggys de location conduits à grand bruit par des coréens qui viennent en pèlerinage au lagon vert (plus que bleu), une de leur vedette de la chanson je crois y étant venu faire trempette. Je m’arrête déjeuner à une petite auberge mimi plantée sur un étang où pataugent tranquillement des canards heureux de ne pas savoir qu’ils finiront un jour dans des estomacs humains. En arrière bruit, les buggys continuent de défiler, une centaine certainement. Je roupille un peu dans un hamac puis me résous à me rendre à ce fameux Blue Lagoon. Des tuktuks collectifs trimballent encore des coréens depuis la ville. Ils ont déjà leur gilet de sauvetage sur le poil. Car un coréen, même quand il a pied, ne se baigne jamais sans son gilet de sauvetage. Pareil pour les chinois. Sans tout ce monde braillard, l’endroit pourrait être joli avec son eau verte jade rafraîchissante. Vu le nombre de pipis qui doivent s’y faire, je m’étonne que l’eau ne vire pas au bleu franc, qui justifierait le nom! Le site est hélas transformé en un mini parc d’attraction où être le plus nombreux est un must. Une zipline (tyrolienne) provoque quelques sensations et des braillements supplémentaires. Pour me sauver de ce désastre du tourisme asiatique, mon œil est attiré par quelques très grosses araignées colorées et velues qui tissent leur toile au bord de l’eau sans perturber qui que ce soit.
Je poursuis ma route vers une grotte (Tham Pha Peung) qu’on atteint en quelques minutes de marche au milieu de rizières (argh encore) depuis le parking des scooters. Personne n’y vient ou presque et je peux barboter à mon aise dans l’eau transparente au pied de ladite grotte. Il faut une lumière frontale et un guide pour entrer dans la grotte. Je m’abstiens donc, sur l’avis d’un couple d’allemands qui me certifie en avoir vu de nettement plus spectaculaires.

Debout à 5h30, c’est presque l’heure du pick-up pour le tour de montgolfière que je me paye au-dessus de Vang Vieng. Pas cher, 9O $ pour une heure de vol, paraît-il l’heure de vol la moins chère du monde (à vérifier certainement). Le survol de Pagan au Myanmar est à 300 € par exemple. Je ne vais donc pas me gêner pour profiter du lever du soleil depuis là-haut à une centaine de mètres d’altitude. Le vol est doux et agréable bien que le bruit et la chaleur du brûleur actionné régulièrement soit pénible. Je fais quelques vidéos avec mon smartphone que je serre scrupuleusement. Je suis étonné de la nonchalance avec laquelle mes condisciples de nacelle tiennent leur phone en dehors de l’habitacle. Un Iphone de perdu reste un Iphone de perdu. Ce sont des chinois (encore) qui gèrent l’activité, d’où certainement le prix bas. On ne nous explique rien en terme de sécurité, comme par exemple ne pas enjamber la nacelle en plein vol, ni retour ni consigne, la belle vie asiatique. Nous sommes trois ballons pour une vingtaine de personnes. Le lieu d’atterrissage est aléatoire et il est rigolo de voir le personnel au sol, petites fourmis, nous poursuivre. Jolie expérience.

VIENTIANE

Un minibus amène les étrangers en trois heures à Vientiane, la capitale endormie du Laos, face à la Thaïlande. Le nom d’origine est Vieng Chang. Les colons l’ont francisé. Ca se prononce Vienne-Sienne, mais oui ma Lucienne ! Il est étonnant que les indépendantistes, en accédant au pouvoir, n’aient pas restitué le nom initial. Nous sommes dimanche après-midi et le soleil est donc impitoyable, inutile d’aller fondre en flaques. De toutes façons, la ville n’a hélas que peu d’intérêt, n’est même pas jolie, et le Mékong est très éloigné des quais en cette saison. Il se réserve aux thaïlandais qui font la nique de l’autre côté. C’est vraiment dommage que les maisons coloniales aient disparu au profit de bâtiments de béton sans style. Le touriste n’a pas de raison de s’attarder. Et pourtant, je suis persuadé que l’expatriation y est douce, qu’il faut gratter, auprès de l’Institut Français et ses activités culturelles, ses bars simples qui cherchent à devenir branchés, et ces restes d’Indochine. Le rappel à la France est plus marqué qu’ailleurs, les rues s’appellent boulevards, rues ou ruelles, les croissants y sont aussi bons et moins chers qu’en France, on y trouve de l’excellent pain digne de nos meilleures boulangeries et des restaurants aux menus alléchants. Je tente d’y inviter Muriel que je n’ai pas vue depuis près de vingt ans et qui travaille au lycée international français de Vientiane depuis un an ou deux. Pas de réponse, dommage, bonne fin de vie alors (haha).

Je descends au 1M Hotel, super promo sur Booking pour 14 $ la nuit et je suis surclassé en chambre supérieure (40 $ en direct). Belle affaire donc, la chambre est très correcte, deux lits doubles encore ?mais, même si nous sommes dans une capitale où les hôtels sont toujours plus chers, elle ne vaut certainement pas les 40 $. Je reste deux nuits.

Les quais se réaménagent à grands renforts de terrassements, peut-être pour dévier le fleuve au plus près. Un quartier d’allure luxueuse sort de terre. Ce sont encore les chinois qui ont semble-t-il pris les choses en main. Je crois même, qu’à l’instar des barrages, routes ferroviaires et autres travaux publics qu’ils édifient dans ce pays, ils exportent leur propre main d’œuvre. Faites comme si je n’étais pas chez moi donc. Le laotien doit être bien résigné… Vientiane pourrait bien devenir une plaque tournante de business docile et planquée pour les chinois. La Chine, qui a déjà asservi les peuples de son territoire, étend sa toile, s’annexe patiemment, économiquement dans un premier temps. Quel pays interviendra lorsque Taïwan intègrera de force le giron maternel ? Le projet des Routes de la Soie a bon dos, quel prétexte ! De qui se moquent nos dirigeants qui font semblant de rien ?
Plus qu’ailleurs, je vois des mendiants, enfants ou vieillards, qui tendent la main avec insistance. Ils mettent l’argent récolté dans une casserole en plastique, même modèle que celle des toilettes quand il n’y a pas de chasse d’eau. Les enfants, pleins de dérision, se baladent la casserole en tête, en guise de casquette.
Les temples non plus n’ont pas le charme de ceux de Luang Prabang, intéressants sans doute lors d’une entrée directe dans le pays, mais bien classiques quand on en a vu déjà des dizaines. Il n’y a pas de boutiques classe comme on peut en trouver dans les capitales, je n’en ai pas vu du moins, les boutiques de prêt à porter sont ringardes. Finalement Vientiane ressemble à ce pays, le Laos, qui reste ce qu’il est et n’est encore pas entré dans une frénésie de développement destructrice de ses traditions, sous prétexte de reconstruction, comme ailleurs, pas si loin. Et c’est aussi bien. Je suis sûr qu’on peut aimer cette ville au rythme lent et y vivre pourquoi pas. Les familles d’expatriés, parfois mixtes, ont l’air serein. Je croise aussi de vieux célibataires amochés et couperosés attablés hagards devant leurs trois big Beerlao dès le matin. On peut certainement s’y ennuyer avec bonheur dans cette ville, mais différemment.

NONG KHAI

C’est terminé pour le Laos, je rejoins aujourd’hui la Thaïlande par un énième pont de l’Amitié. Le pick-up m’a oublié à l’hôtel, je pars me plaindre à l’agence qui m’a vendu le billet. Ils croient me bluffer en me disant d’attendre, que la tournée a pris du retard. Sans me le dire, ils me projettent en fait sur le bus suivant, deux heures plus tard. Ce n’est pas prévu dans mon organisation, j’ai chaud et j’ai changé tous mes kips, alors je fais un foin, hausse le ton et perds de ma conciliance. J’exige qu’on me paye un tuktuk qui m’emmène directement au pont-frontière, ce qu’ils finissent par faire. On me change de tuktuk trois fois, personne ne semblant vouloir faire les vingt kms de distance. Je quitte le Laos sans problème. Puis il faut prendre un bus pour traverser le pont (cela ne peut se faire à pied), j’y mets mon gros sac en soute comme pour un long voyage. Encore à mes émotions, je descends du bus côté thaïlandais pour l’immigration. Je remplis le formulaire habituel d’entrée et sortie et vais m’insérer dans une queue. Je réalise alors que j’ai oublié de retirer mon gros sac de la soute du bus. Damned ! Evidemment, le bus en question est reparti. J’interpelle un officiel thaïlandais, lui explique mon cas, il me conseille de retourner côté Laos, c’est pas drôle là. Et si pendant que je fais mon come-back sur la scène laotienne, mon bus initial revient, je fais quoi ? L’officiel me conseille alors d’attendre qu’il revienne… Et mes yeux tombent sur mon sac, esseulé sur le trottoir, le chauffeur l’avait débarqué…

Je vais m’installer à la Mut Mee Guesthouse et ses très jolis jardins ombragés en bord de Mékong. Cela me donne bien envie de rester un jour de plus. Petite chambre directe sur le fleuve avec ventilo et salle de bains privative négociée à 400 THB (11 €). Sim card au 7 Eleven, je retrouve la 4G qui faisait bien défaut côté lao. Je vais prendre des renseignements pour la suite à la station de bus. Les voyageurs ne sont pas les français majoritaires rencontrés côté lao, mais plutôt des américains âgés ici, voire très âgés, des retraités de la guerre du Vietnam nostalgiques sans doute. Quelques lady bars concentrés en un point ressemblent, de l’extérieur, à des Ehpad pour clientèle masculine exclusive avec jolies infirmières souriantes, où, compte tenu de l’impressionnante collection de grandes bouteilles de bière alignée devant le regard vide de ces messieurs dès l’après-midi, l’alcool y serait recommandé pour la santé du mâle âgé. Certains sont vraiment très très vieux, gros ventre avec des jambes toutes maigrelettes !

De ma jolie terrasse à la guesthouse, devant laquelle coule le tranquille Mékong, le Laos est à portée en trois brasses coulées. Je suis extrêmement gêné par une américaine qui raconte sa vie derrière moi. Ce parler nasillard, enthousiaste et d’un niveau parfaitement irraisonnable pour un sujet si intimiste, est épouvantable, je fuis. D’un arbre fruitier, je ne sais son nom, mais ça sent bon, les fruits de couleur rouge foncé et de la taille d’un petit abricot, tombent comme la pluie en faisant ploc ploc.

L’attraction du coin est le Sala Kao Ku, parc acheté par un laotien fuyard du régime en 1975. Artiste élucubrationniste, il y a créé un nombre incalculable de statues d’inspirations bouddhiste et hindouiste. Certaines sont réellement monumentales. Leur particularité, outre l’aspect béat uniforme donné aux visages, est qu’elles sont réalisées en béton. L’artiste avait commis un projet similaire (et toujours visitable) dans son pays avant de le fuir. Il est mort (et momifié sur place) depuis plus de vingt ans. A voir absolument. C’est à peu près de la même veine que le White Temple, mais surtout le Baandam Museum près de Chiang Rai. Je m’y suis rendu en vélo, c’est à 5 ou 6 kms. Sinon, on peut aussi se balader dans le grand marché Tae Sadej de vêtements, objets, accessoires et merdouilles, ça passe le temps, à l’ombre.

Les quais du Mékong sont très bien aménagés en une longue promenade que les habitants ne semblent pas s’accaparer, y compris le soir, peut-être le weekend ? Beaucoup de guesthouses, bars et restaurants assoupis comme le fleuve en cette saison. Peut-être ressuscitent-ils le weekend aussi pour une clientèle thaïlandaise.

Je pense que je vais terminer là mes posts de ce double voyage de trois mois. Je reviens en France d’ici une dizaine de jours, avion de retour depuis Bangkok comme il est d’usage. Mon programme thaïlandais n’est pas encore certain (sans doute Korat, Trat, Ko Kood et Chiang Mai pour finir au nouvel an bouddhiste – Songkran), mais j’en ai déjà tellement parlé… Je remercie les assidus de la lecture pour l’intérêt qu’ils m’ont porté en s’associant à mes péripéties et émotions. Comme d’habitude, je serais heureux si cela a pu provoquer vocations et plaisir. Pour les autres, prenez votre temps, rien ne presse mais tout se transforme… à vitesse Granvé hélas !

Merci et Bizatous

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