Sangsue dessous...


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Asia » India
July 21st 2009
Published: July 21st 2009
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Le radeau de la meduse



Lundi matin j'ai decide de m'offrir un petit luxe: prendre un bus prive pour aller a la reserve de Periyar. Bus plus confortable et plus rapide, je me dis que je le vaux bien... Oui mais puisque le bus est rapide et plutot neuf, le conducteur conduit comme un malade, cherchant a passer le maximum de vitesses en un minimum de temps, meme s'il y a un autre car devant ce qui signifie qu'il va devoir piler a la derniere minute. Au bout de 15 mn je commence a realiser que je ne me suis pas fait un cadeau en montant dans ce bus. Essayons de nous concentrer sur le paysage...

La route serpente au milieu des plantations d'heveas qui sont entoures d'une ceinture au bout de laquelle pend une soucoupe pour recuperer la precieuse seve qui deviendra du caoutchouc. Pour eviter que la seve ne soit mouillee en ces temps de mousson, des petites baches en plastiques ont ete nouees autour des arbres qui paraissent avoir des pagnes jaunes, bleus, verts, blancs...

... Oui, mais enfin s'interesser a ca ne suffit pas vraiment a arreter le mal au coeur. Au bout de 45 mn je reussis a avoir suffisamment de courage pour desserrer les dents et demander au controlleur du bus qu'il m'apporte mon sac dans lequel se trouve un medicament contre le mal des transports. Il me faut attendre 5 mn de plus et une petite pause a un arret pour enfin trouver et avaler mes comprimes de Coculine. Et alors la je dis: "vive l'homeopathie", car ca m'a permis de tenir le coup. Surtout que le bus ressemblait au radeau de la meduse, avec tout le monde malade, ce qui ne genait le conducteur que lorsque ca salissait le bus. Et s'il devait s'arreter a une cascade le long de la route pour que le controlleur nettoie un peu, il accelerait ensuite de plus belle pour rattrapper le temps perdu.

Heureusement la Coculine m'a permis d'apprecier quand meme le paysage: la montee vers Periyar, qui se situe dans les montagnes tout a l'Est du Kerala, se fait au milieu des heveas, des cocotiers, puis des plantations de the. La route est bonne, et la vue a flanc de montagne est splendide. Je n'aurais le courage de sortir mon appareil photo (et la force physique pour le tenir) que dans les 20 dernieres minutes. A l'arrivee mes compagnons de torture et moi sortons avec soulagement, enfin pour ceux qui arrivent a se lever de leur siege!


Luxe, calme et volupte



A Kumily l'air est frais et pur: nous sommes dans les montagnes, a pres de 1000m d'altitude. Je choisis un hotel sympa (le Coffee Inn) etant donne que je vais y rester 3 nuits. Grande et belle chambre, vue sur la reserve, donc la jungle depuis ma fenetre. Petite douche, puis je descend dejeuner au restaurant de l'hotel. Les plats sont prepares a la commande et mettent tres longtemps a arriver et la note est plutot salee, mais j'avais besoin de me poser et cela m'a permis de rencontrer un couple de voyageurs tres sympa. Xavier et Oyana sont Basques (espagnols) et ont comme moi envie d'aller faire un trek dans la jungle pendant une journee. Nous allons ensemble reserver cette excursion pour le lendemain aupres du Forrest Department Office, car on ne peut penetrer seul dans la reserve qui est ultra-protegee.

Nous ne sommes pas tres loin d'une plantation qui organise des balades a dos d'elephant, donc nous sautons sur l'occasion. Petite promenade a trois sur une elephante qui a une trentaine d'annees (les elephants vivent a peu pres aussi longtemps que les humains, ou l'inverse selon votre point de vue). Je suis a l'avant et je sens sous mes jambes bouger les epaules de l'elephant et les muscles de son dos puissant. Notre guide nous montre les arbres a cafe, la plante grimpante qui produit le poivre, et la cardamone. Il se propose de nous prendre en photo avec nos appareils et s'amuse beaucoup a nous faire prendre differentes poses: manifestement il souhaiterait se reincarner en photographe. Notre petit tour fini nous restons observer le diner des elephants. Des hommes arrivent avec d'immenses palmes sur leur tete et les deposent au pied de l'elephant qui avec sa trompe dechire les feuilles une a une, puis quand il en a une brassee (une trompee pour un elephant) la fait virevolter et d'un brusque mouvement de trompe la plie en deux pour pouvoir la mettre dans sa bouche facilement... assez impressionant.

Ca fait plaisir d'etre en altitude, avec un air un peu plus frais, et je me rejouis de ne pas avoir emmener ma petite polaire blanche pour rien... oui mais voila, le blanc et le rouge effrayent les animaux, et je dois trouver autre chose pour la balade de demain. Ca m'enerve un peu d'avoir a depenser de l'argent betement comme ca, mais je me console en me disant que la superbe polaire bleue dans laquelle j'ai investi pour 3 euros me sera du plus grand reconfort cet hiver a Belle Ile... Et pour la nourriture spirituelle je suis servie parce qu'il y a une librairie relativement bien fournie. Parmi les dizaines de livres qui me tentent, je choisis le plus leger (un critere de voyageuse): Intouchable, de Mulk Raj Anand. Dans ma chambre a la lisiere de la foret, je savoure le calme, le fait de dormir sous une couverture, et le style remarquable de cet auteur que je decouvre.


Des sangsues apres la pluie



Reveil a 7h apres une bonne nuit de sommeil. Nous devons aller acheter les billets d'entree a la reserve naturelle de Periyar puis aller a la cabane des gardes. La bas on nous distribue des chaussettes anti sangsue: ce sont des sortes de gros sacs en tissus de la forme d'un pied, que l'on passe par dessus ses chaussettes et son pantalon avant de les nouer sous le genou. Nous avons un look d'enfer, mais sommes prets a faire des sacrifices pour nous proteger contre ces petites bestioles. Distribution de bouteilles d'eau puis c'est parti. Nous ne sommes que tous les trois, et sommes accompagnes de 2 guides et d'un homme arme d'un fusil... Un guide porte un parapluie, l'autre une machette et une theiere... je ne sais quelle est l'arme la plus dangereuse.

Nous suivons des chemins relativement degages: cette foret n'est pas une jungle impenetrable, meme s'il faut faire attention ou on met les pieds. Le sol est parfois detrempe, ce qui nous permet d'observer des traces de chiens sauvages, de leopards, de bisons... Apres une petite pluie (5mn ce n'est pas beaucoup en periode de mousson), nos guides s'arretent pour enlever les sangsues qui grimpent sur leurs bottes. Nous regardons nos piends une poignee de sangsue monte a l'assaut de chaque jambe. A l'aide d'un baton j'essaye de les decrocher une a une, mais le guide me montre une technique beaucoup plus efficace: il saupoudre mes guetres et chaussures de poudre de tabac. Les sangsues en ont horreur et se detachent automatiquement: "le tabac nuit gravement a la sante"... Nous verifierons regulierement les jambes des uns et des autres et ferons des "pauses sangsues" pour eviter qu'elles ne montent trop haut.

Periyar est une reserve qui se deploie autour d'un lac artificiel cree par les anglais a la fin du XIXeme (ou debut XXeme, je ne suis plus sure). Cette reserve est surtout connue car elle abrite des tigres: il y en a 42 a ce jour, mais notre guide n'en a vu qu'une seule fois.
Le long du lacs, des tribus autochtones de pecheurs ont installe leurs filets de peches et bateaux de bambou. Ces personnes sont les seules autorisees a habiter dans la reserve et a pecher dans le lac. Nous longeons la rive puis penetrons dans la foret avant de retrouver le lac. Juste sous nos yeux un serpent file pour rejoindre l'eau. C'est la premiere fois que je vois un serpent nager, et c'est assez drole de voir sa petite tete sortir de l'eau comme un periscope. Je ne peux m'empecher de penser a Sir Hiss, le serpent de Robin des Bois de Walt Disney (quelle culture!) : c'est exactement ca, mis a part le fait que je doute que le serpent que j'observe transforme sa queue en helice pour avancer... Grenouilles de la couleur de feuilles mortes, tetards, oiseaux multicolores (KIngfisher), nos yeux scrutent le sol, les airs, les arbres.

Vers la fin de notre periple, nous finirons par approcher des bisons. Nous en voyons d'abord un, ce qui est un peu dangereux: seul il peut se sentir aggresse et attaquer, mais heureusement les autres apparaissent et le troupeau nous observe a une distance respectueuse: peut-etre s'agit-il d'un groupe de bisons qui fait un trek d'une journee dans l'espoir d'observer des touristes... Un peu plus loin nous voyons quelques singes noirs du Malabar, et un ecureuil geant du malabar qui s'elance avant de s'envoller pour un autre arbre. La vue du dessous est impressionante: je n'avais encore jamais vu un ecureuil planer!

Nous revenons de notre periple bien fatigues: a part deux petites pauses, nous avons marche sans discontinue de 8h a 17h. Nous avons eu la chance de passer la journee sous le soleil en periode de mousson, mais par contre nos chaussures sont trempees car nous avons traverse pas mal de petits marecages. Lorsque nous enlevons nos guetres, chacune est couverte de sangsues, qui ont reussi a se glisser jusque dans nos chaussures. A ce propos je tiens a preciser qu'elles sont petites et fines, pas du tout les gros monstres qui ressemblent a des limaces que l'on peut voir dans les films americains... enfin, elles sont fines parce qu'elles n'ont pas pu se repaitre de notre sang, bien sur.

Le neon du cafe internet d'ou je vous ecris vient d'exploser. Mes pieds respirent enfin dans mes sandales apres avoir passe la journee a macerer dans mes tennis transformees en piscine. Demain je reste a Kumily, a profiter du calme et de l'air frais, et j'espere visiter des plantations d'epices et de the si c'est possible.


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21st July 2009

Le Vermot pour rire...
Salut Ze Puce, Mais où va-t-elle chercher tout cela ? "Sangsue dessous"... "Un train vaut mieux que deux tu l'auras"..."Lost in translation" On dirait du Audiard... ou du Uncle Chris Gandhi Ra Thon. Rassure-moi : tu ne t'es pas payé un nègre pour rédiger ton blog à ta place ? On s'amuse toujours autant à te lire. Ne change rien ! Bisous Dad'
22nd July 2009

Un pays charmant!!!
Un grand coucou pour te dire que nous suivons avec attention tes péripéties peuplées d'animaux sympathiques: entre les puces, les moustiques, les sangsues et les écureuils volants! On va finir par se demander si c'est l'écureuil qui plane ou toi! Et dans l'actualité, as tu pu voir l'éclipse hier entre deux pluies de mousson? As tu des photos de ton éléphant trentenaire? Et la nourriture est-elle aussi variée en épice que celle que l'on connait ici version européenne? A bientot! Emilie & Eric PS: Xavier W. m'a demandé de tes nouvelles. Je pensais lui donner l'adresse de ton blog

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