HYDERABAD


Advertisement
India's flag
Asia » India » Andhra Pradesh » Hyderabad
February 17th 2019
Published: February 17th 2019
Edit Blog Post

MINI CHRONIQUES INDIENNES

Y’A PAS DE PQ…

Pas de place dans le train de nuit. J’opte pour l’avion. Me voici à Hyderabad. L’aéroport de Visakhapatnam (d’où je viens) et celui d’Hyderabad (où j’arrive) sont parfaitement organisés, sortes de bulles aseptisées dans le capharnaüm indien. Le taxi (au compteur) fait un grand détour, mais comme je suis le trajet avec mon navigateur, je lui indique que, par mégarde, il se trompe de chemin. Ça va être moins facile d’arnaquer les touristes naïfs puisqu’ils ont maintenant la possibilité de savoir où ils sont et où ils vont ! Je remets le taxi dans le droit chemin, carte à l’appui, bien qu’il n’en fasse tout de même qu’à sa tête. La circulation est particulièrement dense (et bruyante). Nous arrivons enfin à l’hôtel, le FabHotel Arastu (les Fabhotels sont une chaîne), réservé via Booking pour 1500 rps (18€). Le compteur indique 722 rps (l’aéroport est éloigné), je donne deux billets de 500, n’ayant pas la monnaie, il me rend 100 rps, faites le compte du pourboire qu’il s’octroie. Je lui dis que j’attends la monnaie, que c’est 700 au compteur, il me baragouine je ne sais quoi, car évidemment il ne comprend plus ni ne sait plus parler anglais, je l’informe que c’est un voleur, il prend un air contrit et se remet au volant, bye bye…
La chambre de l’hôtel est parfaite, moderne, salle de bains correcte, le staff à l’accueil est très gentil et renseigne bien. Malheureusement quel bruit, les klaxons de la rue sont tellement nombreux et incessants qu’ils paraissent un hurlement continu à la sonorité fort peu agréable. Ça ne se calme aucunement la nuit. Fatigué après des journées de marche, je sais que je dormirai quand même. Ce bruit reste usant malgré tout.
J’ai de normales envies expulsatoires au petit matin et constate qu’il n’y a pas de papier toilettes, comme cela arrive parfois en Inde, il faut quémander. Alors je quémande, par téléphone dans un premier temps : « can you please provide toilet paper, room 307 ? », je n’ajoute pas que ça presse, car ça ne presse pas encore.
Ne voyant rien venir, je descends à la réception et reformule ma demande. Les deux gars de la réception semblent étonnés de ma requête, l’un des deux s’en va en quête de mon rouleau, c’est ce que je pense. J’en profite pour demander une extension de mon séjour pour une nuit. Le gars me dit de faire ma réservation via Booking. Encore un qui estime sympa de payer des commissions à une plateforme plutôt que de gagner directement son argent ! Ça, ça m’agace vraiment.
L’autre gars revient bientôt avec le l’Indian News du jour ! Il y a confusion mes amis, Newspaper n’est pas toilet paper, je ne vais pas m’essuyer le cul avec les pages Sports tout de même ! Saisissant le malentendu, le réceptionniste me répond que l’hôtel ne fournit pas le PQ. Vous comprenez pourquoi j’évite maintenant de répondre aux poignées de main des gens dans la rue ! Je remonte dans ma chambre, contrit par le bruit, l’obligation de réservation en ligne et le manque de papier hygiénique. J’appelle un hôtel dans un autre quartier, Banjara Hills, plus tranquille, je réserve en direct et j’y suis une heure plus tard. Booking me demande plus tard un commentaire sur le Fabhotel, je parle de l’histoire du papier hygiénique. Le préposé aux réponses aux commentaires de l’hôtel répond qu’il est désolé et qu’il fera en sorte de fournir le papier la prochaine fois. Si j’avais pu répondre à la réponse (mais le site ne le permet pas), j’aurais bien dit que l’attention est très gentille, mais que compte tenu de l’urgence, je me suis débrouillé autrement ?
Le Golden Glory Guesthouse, un peu moins cher (1.400 rps avec la clim) est plus classique, sans doute familial, assez vaste, organisé autour d’un patio sur trois étages. Chambre correcte, vaste salle de bains… mais pas de PQ ! L’hôtel , n’en fournit pas plus. Je suis entré dans un état, le Telengana, où on fait des économies d’essuie-tout ! « Alors comment je fais ? » « Il faut que vous alliez en acheter, allez sur Main Road ». Comme les choses pressent un peu maintenant, je vous quitte et pars en quête de mon rouleau de PQ personnel…



MONSIEUR ANDRE
Je suis à Vizag, diminutif de Visakhapatnam. Dans ce coin d’Odisha, peu touristique, très peu d’occidentaux en tout cas, les boutiques de souvenirs de qualité ne courent pas les rues. Me voici installé dans le quartier plutôt cossu de la ville, où de belles boutiques en côtoient d’autres encore plus admirables, dont de magnifiques magasins de saris en enfilade où les bonnes familles se font déposer. A un angle de rue, j’aperçois une grande vitrine de babioles et statuettes. J’entre, me voici en effet chez Ali Baba, beaucoup de choses moches et clinquantes comme d’habitude, mais l’ensemble respire la qualité. L’organisation me fait penser aux anciennes quincailleries d’avant mon enfance, avec comptoirs et personnel nombreux en blouse grise. Chacun est responsable de sa came, Madame Monique est aux colliers de perle et coquillages « pour votre dame, ce joli collier en corail synthétique »… Monsieur Fernand et sa grande moustache tombante trône au rayon Bouddhas Je l’aurais plutôt vu aux Eléphants, mais c’est Monsieur Firmin, pourtant tout maigrelet, qui s’y colle.
A mon entrée, imperceptiblement, Monsieur Jean-Claude, le gérant de la boutique, a signifié d’un coup de tête à Monsieur Honoré qui rêvassait de me suivre entre les rayons. « This is an elephant » me dit ce dernier pour me nommer l’objet que je tiens entre les mains. Ca n’ira pas pour ma collection de sauterelles alors ! Non que j’aie quoi que ce soit contre Monsieur Honoré, qui ne fait que son boulot, mais je trouve assez pénible d’être suivi comme mon ombre dans ce magasin très bien éclairé.
Je jette mon dévolu sur un éléphant de belle taille, en fil de laiton, typique de la région (artisanat adivasi je crois) que Monsieur Honoré emporte comme un trophée et va poser sur le comptoir de Monsieur Eugène avant que je me rétracte. Monsieur Eugène est chargé de reporter la référence de l’objet dans un grand cahier à colonnes, il y indique le prix, mon nom, mon âge et mes références médicales, ce sera important pour l’inventaire de fin d’année. Comme l’ensemble du personnel, par manque d’activité, Monsieur Eugène a l’air de s’ennuyer ferme lorsque Monsieur Jean-Claude ne le regarde pas. Chaque achat est donc un événement où il faut apporter un maximum de zèle. Mademoiselle Jacqueline, désœuvrée à son comptoir délaissé de bijoux fantaisie, s’approche de nous, s’empare de mon éléphant, et, après l’avoir soupesé, s’adresse à moi d’un air entendu pour me signifier qu’il s’agit là d’une excellente acquisition.
Après avoir pris son temps et vérifié trois fois ses écritures, Monsieur Eugène transmet l’ensemble des éléments au comptoir voisin tenu par Monsieur Gaspard, tout fier de pouvoir s’occuper des paiements par cartes bancaires. Ce dernier prend ma carte de crédit, la retourne dans tous les sens, des fois qu’il y verrait une malfaçon par transparence, Monsieur Gaspard est un expert ! Je jette un œil à Monsieur Eugène qui est en train de poser sur une ample pile ma feuille d’achat carbonée. Monsieur Gaspard est fier de me tendre ma facture acquittée, format A4 remplie de tout un tas de chiffres, taxes locales et d’état, amenant au chiffre rond du prix annoncé.
Pendant ce temps, Monsieur Honoré a eu le temps d’emballer mon éléphant de façon grossière avec un vieux papier épais tout gris encerclé d’une ficelle de raphia rose et de le déposer au comptoir de Monsieur Gontran, voisin de celui de Monsieur Gaspard, auquel je tends nonchalament ma facture acquittée afin de pouvoir enfin retirer mon achat. Monsieur Gontran tamponne tout un tas de papiers dont un qu’il me rend en preuve de tout ce qui vient de se produire, et c’est Monsieur René qui m’ouvre la porte de sortie en souhaitant me revoir bientôt.
Inutile de vous dire que mon achat m’est précieux après toutes ces précautions, je pars vite à l’hôtel le cacher avant que de le perdre…

Concernant cette histoire, il va sans dire que le nom des protagonistes a été modifié afin de préserver leur anonymat et leur sécurité ?



SELFIE PLEASE
Je vous présente Rajiv, l’air engageant, le sourire en arc jusqu’aux oreilles. Il m’a repéré de loin. Moi-même, j’ai un peu d’expérience maintenant, je repère à distance les intentions de la jeunesse indienne à mon égard. Derrière Rajiv, plus timide, s’avance son copain Vijek, qui a du mal à retenir son rire devant l’énormité qu’ils vont commettre. La rencontre de ma personne est déjà un événement en soi, nous ne sommes pas si nombreux, blancs becs en goguette, dans cette partie de l’Inde. La couleur de ma peau, mon chapeau et ma dégaine sans doute, me donne un caractère exotique, c’est le monde à l’envers, et pourtant nous sommes encore dans l’hémisphère nord…
« OK for a photo ? for a selfie ? ». Au début, je me prête volontiers à ces séances photos sans dédicaces, ce n’est pas si courant. Personne ne me demande plus de photo, j’ai passé l’âge de péremption. L’Inde est à part encore une fois, et s’en fait un jeu. Alors je lève la tête en compagnie de mon co-selfié, non pour voir les étoiles, mais pour regarder l’écran du smartphone qu’on a pris l’habitude de tenir en l’air pour s’autoclicher. Si la personne me plaît, je la tiens par les épaules et me rapproche copain-copain, ça détend le lascar. Si la personne me plaît moins, je dis « one only » et lui laisse en prendre deux ou trois.
Et puis ça devient lassant, je n’ai pas toujours l’humeur, et il m’arrive de sélectionner mes demandeurs. S’il s’agit de familles ou de jeunes filles (mais c’est assez rare), je me prête volontiers au jeu, c’est une vraie excitation pour elles. Mais la plupart du temps, les demandes viennent de jeunes mecs seuls ou en groupes, et je ressens l’appât du trophée et le systématisme, alors selon l’humeur du moment, j’accepte ou je refuse. Les éconduits sont parfois surpris de ma réaction, ils ne sont jamais insistants ou bien ça reste bon enfant.
Jamais je ne pose quand il y a trop de monde, ça donnerait l’envie à d’autres, et j’en perdrais ma chemise. Amaia, jeune espagnole voyageant seule que j’avais rencontré il y a quelques temps, refusait le plus souvent, les intentions testostéroniennes d’après clichés n’étant pas maîtrisables et peut-être méprisables. Je comprends.
La demande est parfois directe, sans préambule, c’est la moins sympathique. Bonjour Bonsoir, clic clac kodak, thank you, Bonjour chez vous. D’autres fois, il y a une courte démarche de courtoisie avant de passer à l’attaque, comment je m’appelle ? de quel pays ? tourisme ou travail ? que pensez-vous de l’Inde ? Ça ne va jamais bien loin, l’anglais est souvent approximatif, mais il y a un effort même s’il est convenu. N’ayant plus rien à nous dire au bout de 45 secondes, un petit selfie avant de prendre congé, qu’en diriez-vous ?
Je suis conscient d’être bombardé parfois sans le savoir. Je surprends quelques stratagèmes, comme celui de faire semblant de prendre un comparse en photo devant soi, mais finalement me prendre en arrière-plan quand j’arrive de derrière. Une autre se planque derrière un rétroviseur de voiture et fait semblant de s’auto-selfier. Je lui lance un « come on » en balançant mes bras en signe de bienvenue, elle est démasquée, ça la fait rire. J’aurais agi différemment si cela avait été un gros ado balourd sournois, je l’avoue. Et moi je passe mon temps à faire pareil, et à croire qu’on ne me voit pas. Mais moi c’est de la photo de voyage, de l’investigation, de l’ethnologie même… Vais-je convaincre qui que ce soit avec mes arguments à deux balles de golf miniature ?
Bref, je ne sais pas ce qu’ils font des clichés pris avec moi. Malgré la technologie qui galope, les moyens de communication qui permettent de tout voir, et l’Inde n’est pas la dernière à utiliser, il demeure un enthousiasme à rencontrer la différence, de la fraîcheur devant la surprise et les événements. Nous sommes trop blasés pour le comprendre vraiment. « Qu’as-tu fait aujourd’hui mon chéri ? « « J’ai rencontré un babu français rigolo, tiens je te montre la photo » « Oulala mais c’est magnifique, va vite montrer à ton père et à grand-mère »…



HOLA HUBERT
L’Inde n’est pas en reste concernant les nouvelles technologies et la nouvelle économie liée au numérique, loin s’en faut. Si Bangalore est réputée pour son ingénierie informatique et les nouvelles technologies de l’information, Hyderabad possède aussi sa HiTec City, Cyberabad.
Comme partout, les smartphones font ravage comme je viens de le montrer et, même si ça me fait encore grincer les os et le cerveau, nostalgique que je suis des voyages à l’ancienne (sueur, stress et débrouille), j’avoue que cela me rend de sacrés services, navigation, réservations, heure et horaires, réveil, photos et vidéos, discussions téléphoniques via whatsapp, histoires, commentaires, actualités… et aussi téléphone local… avec la carte sim indienne et la 4G en permanence. Je ne pourrai certainement plus m’en passer.
L’expérience des taxis et tuktuks (qui ne mettent pas leur compteur) est assez pénible cette fois-ci. Je me fais arnaquer le plus souvent, même si ce sont pour nous de petites sommes, le principe est désagréable. Il en est de même dans les musées ou lieux publics payants où l’étranger paye jusqu’à 20 fois plus que le local (mais c’est inscrit officiellement). Pour en revenir aux transports (hors les bus et le train bien sûr), il n’est pas rare qu’on me demande jusqu’à cinq fois le prix d’emblée. Si pinailler m’amuse (c’est la règle non tacite), me faire considérer comme un portefeuille ambulant me fatigue maintenant. Lorsque la demande du tuktuk driver est manifestement trop élevée, je le remercie et ne répond plus à ses propositions de baisse de prix. A Hyderabad, les distances peuvent être longues, ce sur quoi jouent les drivers. Mais attention à la concurrence.
Et puis les tuktuks ne savent pas où ils vont. Il est quasiment systématique, lors de ce voyage, que je doive les guider en utilisant mon navigateur. Maîtrisant en général très mal l’anglais et ne sachant pas lire, ils leur importe avant toute chose de réussir à nous faire grimper dans leur carrosse. Il faut faire très attention qu’ils aient parfaitement compris la destination souhaitée, ce qui peut donner lieu à des conversations assez cocasses dignes d’une Caméra cachée. Il peut arriver que le driver vous propose de fixer en premier votre prix, ce que vous faites, et pour la bonne forme il l’augmentera un peu, pour ne pas perdre la face, et vous serez d’accord. Mais méfiance, cela veut certainement dire qu’il ne sait absolument pas où vous souhaitez vous faire conduire. Si vous grimpez néanmoins dans son pout-pout, il s’arrêtera fréquemment pour demander la direction à des collègues et vous finirez par le guider vous-même. Attention là encore, il n’est pas évident qu’il fasse la différence entre sa « left » et sa « right », quant à sa « straight », n’en parlons pas… Il m’est arrivé de trouver amusant ce rôle de copilote payeur. Il m’est aussi arrivé de me fâcher avec un tuktuk qui voulait n’en faire qu’à sa tête. Mais ne nous y trompons pas, moi, j’adore les voyages en solo et les transports qui vont se perdre !
Ici comme ailleurs, les sociétés de VTC, comme Uber, se sont installées. Deux marques se partagent ce marché émergeant, Ola et donc Uber. Lorsqu’on demande à son hôtel d’appeler un taxi, il appelle un VTC maintenant. Pas de contact téléphonique juste une application qui fait tout le boulot. Si en France, je suis sur la réserve concernant cette nouvelle économie (exploitation des chauffeurs, concurrence des taxis qui l’ont peut-être bien cherché, fiscalité compliquée et hors territoire), peut-être aussi certainement quelque peu réfractaire à la brutalité des changements que nous subissons, je l’utilise maintenant ici.
J’ai enregistré l’appli Ola, cela me donne des idées de tarifs (bas) que je peux ainsi plus facilement négocier avec les transports classiques. Mais très rarement ces derniers acceptent de s’aligner. Cela démontre l’exploitation… Mais ayant été échaudé par le taxi en provenance de l’aéroport (cf 1ère mini-chronique), il ne fallait pas exagérer ni m’énerver, je n’ai plus de scrupules à contacter directement un VTC pour des courses longues. Ce sont encore des contacts oraux en moins, mais bon…
Il y a de plus le choix du véhicule, avec tarif adapté. Cela va de la belle voiture à la mini voiture puis à la micro voiture (qui est très bien). Des tuktuks (auto rickshaws) sont même proposés ainsi que des motos.




ITINERAIRES

A HYDERABAD

Comme l’ensemble des villes indiennes, Hyderabad n’est pas structurée pour les piétons. Si ces derniers sont rois de quelque chose, c’est de leur propre survie ! Mais Hyderabad dépasse l’entendement. Et pourtant, le métro très aérien à 30 mètres au-dessus des têtes, en voie d’achèvement, est là pour décongestionner son centre. Pratique et simple pour peu qu’on aille dans sa direction. Les femmes y ont leur propre wagon. D’un côté les femmes, de l’autre côté une masse de testostérone et quelques femmes âgées qui n’ont plus rien à craindre, ou d’autres, téméraires, à qui il ne faut pas en compter. Pourquoi en arriver là ! Aux pieds des stations, entre travaux et circulation, il est bien compliqué de savoir où poser ses pieds.
- le Fort de Golconde est superbe, perché sur une colline à l’ouest de la ville (accès en tuk-tuk ou voiture), il est entouré d’une première muraille de 11 kms. Il fut construit par les Qubt Shahi, issus des moghols, au 16ème siècle. On peut y passer plusieurs heures à y déambuler, lire un bouquin à l’ombre, satisfaire aux selfies des visiteurs indiens, contempler la ville au sommet, rencontrer les groupes d’écoliers enthousiastes à l’idée de voir en réel un babu d’occident… C’est un dédale de passages, soit en ruine, soit remonté. Magnifique
- les tombeaux des Qubt Shahi : c’est la vraie excellente surprise d’Hyderabad, ensemble d’une vingtaine de tombeaux en granit coiffés de dômes de la dynastie des Qubt Shahi qui ont régné sur la région avant l’arrivée des britanniques. Chaque tombeau est un monument en lui-même, pouvant atteindre une quarantaine de mètres de hauteur. Dans cet immense parc, on est au calme et soumis à la majesté des constructions. La restauration est en cours, et c’est déjà splendide. A quand l’inscription au Patrimoine de l’Unesco ?
- Charminar : c’est un quartier et un monument aussi. Haut de près de 60 mètres, on y grimpe pour admirer les alentours très populeux. Construit du temps des Qubt Shahi à la fin du 16ème siècle, à l’époque de la fondation de la ville, il est l’un des monuments marquants de l’Inde. Je l’ai déjà dit, mais l’Inde, à majorité hindouiste, compte parmi ses monuments de référence un grand nombre de constructions mogholes (musulmans originaires d’Afghanistan), le Taj Mahal et les forts du Rajasthan en sont les figures de proue. Le quartier est très musulman, il y a vraiment longtemps que je n’avais pas vu autant de femmes voilées en burkhas noires.
- le palais de Chowmahalla : Encore une surprise. Il s’agit là du palais des nizam, les princes d’Hyderabad jusqu’à l’indépendance et la partition. Le dernier nizam était un des hommes les plus riches du monde. Ses enfants ont transformé le palais en musée et son ouverture au public. Très belle réussite cette enfilade de bâtiments meublés et ouverts aux courants d’air, séparés par le vastes jardins. Une collection de vieilles bagnoles semblant sorties d’usine montre la magnificence du rythme de vie princier.
- musée d’art contemporain de Birla : très intéressant musée comportant de belles peintures, parfois osées d’artistes indiens des années 70 à 90 en général. Très bien présenté dans ce bâtiment de haut de colline laissant paraître parfois en son sein les lourds rochers du monticule.
- Birla mandir : ce temple de marbre blanc intégral est à visiter en fin de journée, la chaleur tombe, la lumière est superbe et la vue embrasse la ville entière. Comme d’habitude on laisse les chaussures à l’entrée, mais aussi le téléphone portable, au moins je serai tranquille. Le local où on laisse son téléphone contre un ticket numéroté surprend car les téléphones, libérés de leurs maîtres partis prier Vishnu, se mettent à sonner en chœur désaccordé. Le préposé doit s’endormir le soir bercé par le bruit continu des sonneries.
- quartier Banjara Hills : A l’ouest de la ville, c’est le quartier plus cossu, plus aéré. On y construit haut et vite, il faut loger les classes émergeantes. Quelques galeries d’artistes intéressantes, des restaurants internationaux plus chers qu’ailleurs, des voitures robustes et propres, des boutiques chics et des malls commerciaux de qualité, de très belles chemises, même s’il aiment porter cintré, et moi, le cintré, ça ne m’avantage pas (plus) ?. Je vais quand même chercher l’air conditionné d’un mall, aucun intérêt financier à acheter de la marque. Un chouette jardin public tout propre avec un étang central (plein de détritus… c’est désespérant !), je vais y lire au calme, n’ayant plus envie de retourner dans le brouhaha de la ville.



WARANGAL-PALAMPET
Il faut prendre un bus à la MGBS, la Mahatma Gandhi Bus Station, située au sud de Charminar. Le Mahatma est toujours bien présent. Il demeure encore une dynastie de Gandhis marquant la politique : Indira (assassinée), fille de Nehru, son fils Rajiv (assassiné), son petit-fils Rahul, le roi du tango, président du Parti du Congrès en déliquescence aujourd’hui. Mais rien à voir avec Mohandas Karamchand Gandhi, dit le Mahatma, assassiné lui aussi, ironie de l’Histoire. Gandhi est partout, sur tous les billets de banque, y compris les nouveaux, j’y reviendrai, en statues, on peut le voir en peintures celui-là ! Il n’est pas une ville d’importance (tout au moins celles qui nomment leurs rues) qui ne comporte une rue à son nom. Si vous voyez MG, ce n’est pas ici une marque de voiture ou les initiales de Maurice Gilbert, mais bien celles du Mahatma Gandhi. Ainsi MG Road, MG Park, MG Museum…
A Hyderabad, c’est la gigantesque Gare routière qui porte son nom, la MGBS. Je n’ai pas trouvé d’aéroport à son nom, il y a bien l’Indira Gandhi International Airport à Delhi ou le Rajiv Gandhi International Airport à Hyderabad, tiens tiens, mais pas de Mahatma pour les airs. Il se venge bien avec sa Bus Station, 80 quais, des stands de nourriture à profusion, autant de toilettes publiques, une bonne desserte pour les taxis, remarquablement organisée et propre. C’est la 3ème plus grande station de bus de l’Inde (après Delhi et Chennai).
Le bus qui m’amène à Warangal-Hanamkonda prend 4 heures à bonne vitesse, réel express air conditionné petite bouteille d’eau écran de télévision spacieux à l’aller (260 rps), plus classique et encombré au retour (130 rps). Ville essentiellement traversée par sa Main Road, plus encore qu’ailleurs encombrée de panneaux d’affichage, signalisations, publicités et boutiques et étals débordant tout sens de visibilité. En Inde, l’adage « Trop d’information tue l’information » ne fait pas partie des cours de marketing. Vraisemblablement aucune règlementation n’empêche qui que ce soit de se surexposer par rapport à son voisin.
On comprend la tension permanente qui agite le peuple indien. Astrid me disait avec raison que l’Inde n’était tendre avec personne. Le nombre, la profusion, le bruit, la circulation, les différences de langages, les religions, la multiplicité ethnique, les castes sans doute encore… Quelle bouilloire sifflante. Le voyageur de passage que je suis est étourdi, puis s’habitue, et s’astreint à des pauses. Des pauses comme celle-ci doit être. Warangal n’est pas la destination finale. Je pose mon sac pour deux nuits à l’Hôtel Ashoka (1.500 rps – 18€), business hôtel impeccable disposant d’un bar ?, mais toujours pas de PQ en chambre. Le temple aux 1.000 piliers du 12ème siècle se visite vite, les mendiants font la queue à l’entrée, l’un d’eux s’occupera de mes tongs pour 10 rps, des jeunes mendieront quelques selfies, j’en ressortirai après avoir mendié un peu de compassion pour le voyageur en quête de calme, parfois de solitude.
L’intérêt final est Palampet et son temple de Ramappa. Je prends un bus pour Mulugu (1 heure). Une femme indienne (il n’y a que ça évidemment) monte affublée d’une gamine de 4 ou 5 ans dont la particularité est l’extrême blondeur des cheveux et une peau blanche à faire pâlir de jalousie le bidet de ma grand-mère. Ses yeux sont marrons profond. Je ne pense pas que la dame indienne ait fait de pénibles démarches pour adopter une petite norvégienne, d’autant qu’un petit garçon, normal, noir de peau, hindouiste vraisemblablement et futur hétéro, semble compléter la fratrie. Etonnant donc ce dysfonctionnement génétique. La petite semble en forme, attachée à sa mère, sans connaître encore sa différence qui lui portera préjudice plus tard, forcément. L’humain n’aime pas la différence.
Arrivé à Mulugu, j’attends un autre bus pour compléter le trip, en 20 kms jusqu’au village de Palampet et me fait déposer à la jonction vers le temple. 15 minutes à pieds sous le cagnard qui commence. Je suis d’abord déçu d’avoir fait tout ce trajet depuis Hyderabad (à 200 kms) pour ça. C’est juste un temple du 13ème siècle comme les autres, rebâti plus ou moins heureusement, très joli néanmoins. Il s’en dégage une belle sérénité et les gens qui viennent le visiter sont adorables. Je pousse ma marche jusqu’au lac proche. Un restaurant à la mine hors saison m’accueille pour un vegetable fried rice face au lac. J’ai aimé cette balade et cette extraction de la ville. Retour en arrière ensuite. Pour ceux qui passent une semaine de vacances en Inde, il est inutile de venir perdre deux jours à Palampet. Mais ceux qui viennent pour une semaine en Inde ne vont de toutes façons pas à Hyderabad ?

Advertisement



Tot: 0.155s; Tpl: 0.017s; cc: 8; qc: 52; dbt: 0.0788s; 1; m:domysql w:travelblog (10.17.0.13); sld: 1; ; mem: 1.2mb