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Published: December 13th 2016
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Pour la première fois je vais enfin sur l’ile de Ngor. Nous arrivons sur la côte en taxis, je fais la traversée à la nage. 700m me sépare de l’île, je fais l’aller-retour avec joie dans cette mer transparente et encore chaude pour la saison. Abi nous rejoint ensuite. Il s’agit d’une diplomate américaine qui travaille à l’ambassade. Elle est d’origine mexicaine. Ses oncles sont en prison, trafiquants et membres du Cartel qu’ils sont. Elle a dû en voir de toutes les couleurs dans son enfance, pourtant elle s’extasie facilement et c’est très agréable de pouvoir rire et discuter avec cette jeune fille de mon âge. C’est elle qui nous a lancé dans l’aventure du baptême de plongée. Elle ne s’est pas du tout écoutée dans cette histoire. Elle a vu la mer pour la première fois à 21 ans, elle a appris à nager il y a quelques mois à peine. C’est son moniteur de plongée qui devra supporter de rester longtemps en surface avant d’espérer la voir descendre quelques mètres seulement. Je n’avais accepté l’aventure que dans un club de plongé tenu par des occidentaux. Les normes de sécurité y sont totalement respectées. Nous embarquons à neuf sur le
petit bateau. Il y a Mariah la finlandaise, Sarah d’Algérie, Armelle de Belgique, deux américains, Abi, Armel notre ami sénégalo-français, Pimprenelle et moi-même. Nous formons toute une petite troupe que le destin d’étrangers en un pays a permis de se faire rencontrer. Tout le monde est charmant, je plonge avec Sarah. Mes études à Nanterre m’avaient permis de rencontrer de nombreuses filles d’Algérie. Le hasard a voulu que nous plongions ensemble accompagné de la seule monitrice, nous passons un très bon moment. Le monde sous-marin est si calme et si vivant. Rien de brusque ni de violent là où nous étions. Des petits poissons de toutes les couleurs, une vie naturelle qui suit son cours avec des vers de sables qui servent de pâtures aux petits poissons qui les broutent, ces derniers rassasiant les plus gros qui les avalent. La loi de la mer. Nous respirons, nous nous mouvons et nous visitons à notre gré les fonds sous-marin, quelle joie. Les tympans se bousculent, les gorges se resserrent mais c’est une grande première fois pour nous, et ce spectacle du littoral sénégalais me restera gravé.
Le lendemain je me fais cette réflexion. Un mois et dix jours
de présence ici. Jamais de ma vie je me suis absenté aussi longtemps de mon pays. J'ignorais ce que j'allais faire. Le 1er décembre je me décide en effet. J'ai le projet de me marier. J'avais ce projet depuis le 19 septembre mais j'avais donné depuis longtemps ma parole de venir servir ici, mon honneur a pris le pas sur mes passions. Je suis parti sans rencontrer la famille de ma fiancée et pourtant nous envisageons de nous marier en octobre 2017. Sur un coup de tête je prends mes billets ce jeudi 1er décembre, je pars le soir même.
Quelle joie je vais voir celle que j’aime dans 7h maintenant ! J'arrive bientôt à Alger. Je suis émerveillé par la gentillesse du personnel algérien. Je me dis que l'Afrique est une île dont le soleil rayonnant sait apaiser les esprits. Je suis rattrapé quelques heures plus tard. Depuis le début du trajet ma cousine de gauche maugrée. Au début c'était la climatisation trop forte, je n'y prêtais pas garde. Puis je la vois chercher du regard tout le monde et pester. Elle n'a pas l'air du tout satisfaite de son petit déjeuner. A chaque fois elle veut plus
que ce qu'on lui donne, ce qui oblige les hôtes de l'air à faire des allées retours supplémentaires juste pour elle. Plus de café demande-t-elle. "Ici" encore, afin de requérir la présence de l'hôtesse juste devant elle, je ne parlais pas autrement parfois à mon chien. Elle explose pour une question de thé. Je la vois même déposer son plateau par terre au milieu du couloir en signe de contestation. Elle tombe sur la pauvre hôtesse en lui disant qu'elle avait plus de 60 ans, cela faisait 35 ans qu'elle prenait l'avion et qu'elle n'avait jamais vu ça. L'hôtesse est algérienne, elle ne se laisse pas démonter au point de refuser de ramasser le plateau. La sénégalaise sort alors sa tirade mélo dramatique. Que si elle avait été blanche elle aurait été mieux servie (je suis presque le seul blanc passager et tous les sénégalais ont été traité courtoisement de la même manière). A 60 ans Madame dit à la gentille hôtesse d' « aller se faire voir ». C'en est trop. Je me lève et ramasse le plateau par terre et l'offre à l'hôtesse.
Il me faudra 16 heures en tout cependant pour parvenir à mes fins :
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Une enseigne d'une boutique locale dans le marché artisanal de Sounbédioune j'arrive à Paris retrouver la douceur de celle qui occupe la plus belle place de mon coeur. Je suis venu pour demander sa main à son papa. Le week-end est vivifiant. Tout se passe admirablement bien. Je repars le lundi matin, pour 13h de transport cette fois. Ce court passage à Paris m'a fait un choc bien sûr. En dehors des aspects émotionnels relatifs à ma vie privée, je me suis d'abord pris 30 degrés de différence sur le visage. J'avais l'impression d'être en chambre froide tout le temps. Pourtant ma fiancée a plus froid que moi. Je suis surpris aussi de la fluidité des services. La vie à Paris n'est pas réputée pour être déserte de foule. Le froid bien sûr recule les gens chez eux. Mais je ne suis plus à Dakar. Il n'y a pas ces milliers de fourmis humaines le long de toutes les routes et de toutes les rues. Paris me parait très propre, mais aussi changé. Paris me parait plus neuf, plus moderne qu'avant. Le contact avec les moyens préhistoriques utilisés à Dakar trouble ma perception des choses.
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