Chapitre 1 : Saint-Petersbourg


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July 28th 2015
Published: August 22nd 2015
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Salut les gars !

Je vous écris depuis le sixième étage d’un appartement aux alentours de Moscou. Je viens de prendre une bonne douche, un chat se frotte contre moi alors que j’écris, et la fumée du thé que je me suis fait se mêle à celle de l’encens dans une spirale nébuleuse.

Je suis arrivé à Moscou ce matin, un peu avant sept heures. J’ai passé la nuit dans le train, dans un lit encore plus petit que celui du Corsica Ferry, que j’ai partagé avec ma sainte trilogie : passeport, porte-monnaie et portable. Je n’ai pas dormi beaucoup, mais suis arrivé à bon port avec toutes mes affaires.

Tasha, une Moscovite m’y attendait, et elle m’a emmené jusqu’à chez elle, avant de partir au boulot. Elle est végétarienne (ma chance…), parle énormément, m’a l’air très seule, déteste son boulot, sent des pieds, et est passionnée d’Inde. Son appart est crade au point que je suis un peu écœuré (c’est dire), son frigo littéralement vide, et il y a des poils de chat à peu près partout. Là j’ai de la chance parce qu’elle travaille toute la journée, mais elle m’a l’air un peu relou, même si adorable : elle me laisse son lit et dort sur le canapé, et m’a filé les clés de son appart, alors qu’elle ne m’a jamais rencontré.

Le thé ne fume plus, le chat fait le sphinx à côté de moi, et je mange mon dernier Pim’s. Ça me fait vraiment du bien d’être tout seul dans un endroit où je peux poser me poser, moi et mes affaires. Et pour cause, je n’ai pas arrêté de bouger. Littéralement.

Depuis que je suis parti, j’ai marché je ne sais pas combien de kilomètres (souvent avec mon sac sur le dos), j’ai eu ma première cloque, et j’ai les genoux qui me font bien mal. Mon premier jour avec mon arrivée à l’hôtel a été plutôt difficile : personne ne parle un mot d’anglais ou de français, les gens ne te regardent même pas, il n’y avait rien pour mettre mes affaires en sureté et recharger toutes mes batteries, bref, pas un premier jour facile, mais je me suis débrouillé. Le lendemain matin, j’ai quitté l’hôtel avec mon énorme sac pour parcourir la ville. J’ai longé les bords de la Neva pendant un kilomètre ou deux, en croisant des pêcheurs, des églises et des affiches de propagande. Le tout sous un temps comparable à celui de mon cher Nord-Pas-de-Calais : un ciel gris plein de nuages lourds qui éclatent de temps en temps en une pluie assez froide. Mais une fois que tu acceptes ce paramètre, tu peux profiter pleinement de la ville.

Saint-Pétersbourg est la cité des tsars, la capitale de la Russie impériale. Au début du XXème, Lénine l’a faite déplacer à Moscou car trop près de l’Europe et trop « corrompue » par le pouvoir. Aujourd’hui, on pourrait dire qu’elle possède toujours ce statut. Les vestiges de l’Empire (églises et cathédrales, forteresse et palais, académies et universités etc.) en font une ville magnifique, mais elle est également le berceau des principales personnalités du pouvoir russe : artistes, milliardaires… même Poutine vient de là-bas.

J’arpente donc les méandres de cette métropole historique jusqu’à la cathédrale Saint-Vladimir où je rejoins mon premier hôte : Pavel. Pavel, 41 ans, vivant à Saint-Pétersbourg depuis sa naissance, est ingénieur, et a un grande barbe rousse, des yeux rieurs et un sourire malicieux. C’est un homme très croyant, se définissant lui-même comme conservateur, qui fait preuve d’une hospitalité très généreuse. Le temps que j’arrive chez lui, il me raconte qu’il héberge depuis deux jours un jeune couple qui s’est retrouvé à la rue suite à une arnaque de leur propriétaire. Je rencontre donc Iaroslav et Anastasia en arrivant chez Pavel. Ils ont une vingtaine d’années, et sont adorables tous les deux. Iaroslav parle un très bon anglais, ce qui me permet de communiquer plus facilement avec Pavel qui a un peu plus de mal. Sa femme est ses deux filles sont en vacances, qu’elles passent dans leur datcha, l’équivalent d’une maison de campagne, ce qui explique qu’il a la maison pour lui tout seul. Pavel nous fait gouter à l’hospitalité russe : pastèque, pain, fromage, salade, pommes de terre, tomates et poulet, un festin qu’il conclue avec une espèce de galette de pain d’épices, un thé et un air d’accordéon russe. Le tout agrémenté d’un verre de vin de Crimée (« new Russian territory haha, nasdarovie ! »).

Il est tard, et on est fatigué, mais je tiens absolument à aller voir les ponts de la ville se lever. Construite sur les bords de la Neva, Saint-Pétersbourg a en effet de nombreux ponts reliant les deux rives. Etant donné que c’est une des dernières villes avant la mer Baltique, le trafic fluvial y est assez important. Seul problème, les ponts sont trop bas pour laisser passer les plus gros bateaux : toutes les nuits, aux alentours de 2h du matin, les ponts de la ville se lèvent majestueusement pour les laisser passer.

Le lendemain, Pavel part travailler très tôt et, après un petit déj à base de café et de blinis, nous nous baladons dans la ville avec Iaroslav et Anastasia, qui m’aident même à acheter mon billet de train pour Moscou. On discute pas mal et, si on a quelques points de vue différents (immigration notamment), on a pas mal de choses en commun. Ils m’emmènent finalement dans une espèce de cantine russe où je goute au fameux borch, qui est apparemment un plat ukrainien.

Alors qu’ils rentrent chez Pavel (il est environ 19h), je vais rejoindre Yana, une fille du Couchsurfing qui m’a proposé d’aller boire un verre et de discuter. Petite, blonde, elle a l’esprit très affuté et est pleine d’ironie. Après quelques verres de vodka qu’elle enchaine sans broncher, on se rend dans un autre bar, le Blue Pushkin. Nouveaux shots que l’on agrémente d’espèce de petits raviolis ronds à l’ail (un délice !), et la discussion continue. Son père étant militaire, elle a vécu dans beaucoup d’endroits différents, et a un esprit vif. On parle de pas mal de choses différentes : les séries, l’homosexualité, les voyages, la politique de Poutine en Ukraine …

Le lendemain, je visite une église avec Iaroslav qui, comme moi, n’est pas croyant. Les murs sont pleins de couleurs, et les fidèles, quasiment toutes des femmes en jupe et voilées, chantent avec le pope. Anastasia nous rejoint et nous nous rendons ensuite à la cathédrale Saint-Isaac, la plus importante, qui domine la ville de toute sa hauteur. Le point de vue est magnifique, mais la pluie gâche un peu le panorama. J’enchaine ensuite avec le musée de l’Hermitage, conformément aux bons conseils de Baloo. Moi qui ne suis pas un grand fan des musées suis rapidement séduit : l’endroit est énorme, et les collections sont extrêmement variées. Je trouve donc mon bonheur avec des œuvres du Moyen-Orient et de l’Asie Centrale et Orientale. Il y a également pas mal d’art Européen classique, et je tenais absolument à voir une sculpture que j’adore : Psyché ranimée par le baiser de l’amour, que je finis par dénicher dans ce labyrinthe une minute ou deux avant la fermeture.

Après un nouveau repas à la cantine russe, on rejoint Pavel avec qui l’on partage une dernière bière. On parle encore une fois de sujets assez sensibles, sur lesquels on est cette fois en complet désaccord, et c’est un peu dur de dire à quelqu’un qui est si généreux et nous héberge sous son toit, qu’on ne partage quasiment aucune de ses convictions.

Après une grasse matinée, et un déjeuner café / blini concocté par Anastasia, je vais retrouver Yana qui m’a proposé d’aller visiter Puskin, une ville aux alentours de Saint-Pétersbourg. La ville en elle-même est assez petite, mais les églises aux toits dorés sont juste magnifiques. Quand Yana m’apprend que la ville était la résidence estivale de l’empereur et de sa Cour, je ne peux m’empêcher de penser au Palais d’été de Pékin, mais c’est plutôt Versailles que je contemple quand j’arrive en face du parc. Jardins, fontaines, statues, l’endroit est immense et respire le classicisme européen. Une fois n’est pas coutume, le temps est magnifique, ce qui rend l’endroit proprement merveilleux. On se promène en discutant, croisons deux de ses camarades de classes qui vendent des sucreries comme job d’été, nous en faisant profiter gratuitement, puis allons nous rassasier d’une shawarma un peu plus loin. Charlie Hebdo, le Caucase et la Tchétchénie sont au programme des discussions, alors que nous déambulons dans la ville.

Il est 19h quand nous rentrons à Saint-Pétersbourg où l’on retrouve Iaroslav et Anastasia qui font la connaissance de Yana. On se promène lascivement jusqu’à la gare où on fait pas mal les cons, et c’est assez bizarre de voir qu’on s’entend aussi bien après seulement si peu de temps passé ensemble. Ils me déposent littéralement devant mon lit, et le train part direction Moscou où me voici arrivé.

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31st August 2015

Non ?
Salut ANtoine, Ne me dis pas que tu es allé à Moscou sans t'arrêter à Berlin ???...
2nd September 2015

Non ?
Eh bien si, malheureusement :p J'avais d'abord pensé traverser l'Europe jusqu'à Saint-Petersbourg, auquel cas je serais bien entendu venu vous voir, mais, faute de temps et d'argent, j'ai préféré me focaliser sur l'Asie. On a du se croiser au Japon d'ailleurs !

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