2012-10 Madagascar, Côte Nord Est (1)


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Africa » Madagascar » Sambava
October 13th 2012
Published: October 20th 2012
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J’avais préparé un calendrier pour ces premiers jours à Mada.

Je devais passer 3 jours sur l’ile et prendre un bateau pour Maroantsetra. Mais les réalités africaines me rattrapent : le bateau part 2 fois par semaine seulement, et celui de samedi est complet. Je vais devoir partir avec celui de lundi matin et donc rester ici 2 jours de plus que prévu ; de surcroit, le voyage pour Maroantsetra prend 2 jours et non un. Voilà qui m’engage à revoir mon programme, dès mon premier jour ici !

J’ai été D’abord contrarié que tout n’aille pas selon mes désirs, je me rends compte que ces impedimenta sont l’essence d’un voyage, et me relient au pays que je visite. Il serait ridicule de vouloir plaquer mes exigences d’Occidental sur un pays que je ne connais pas. Ce contretemps est une partie inhérente de mon expérience, et je l’accueille maintenant comme telle. Je voyagerai au rythme malgache, même si je dois voir moins de choses que prévu, et remodeler sans cesse mon calendrier. Le souci de la performance qui nous guide (ai-je bien utilisé mon temps ? ai-je vu tout ce qu’il fallait voir ici ?) s’accorde mal avec la réalité du pays. Dont acte. Adoptons un fatalisme africain, on ne s’en portera que mieux.

J'ai donc débuté par quatre jours sympas passés sur Ste Marie et l'ile aux Nattes, dans un bungalow donnant sur l’Océan Indien, quelques balades en scooter sur les pistes de brousse, et de bons plats de poissons et de zébu.

J’ai ensuite dû faire 9h de bateau pour arriver à Maroantsetra, car les routes sont si mauvaises qu’il faudrait 3 jours pour y arriver en 4X4. La ville est au bout de tout, à tel point que je suis encore une fois bloqué ! Mes solutions pour continuer mon voyage sont d’attendre l’avion de la semaine prochaine ou de faire le chemin qui coupe la péninsule de Masoala à pied pour rejoindre Antalaha. J’opte pour le trek, louant les services d’une guide et d’un porteur. Cette traversée n’était pas au programme, mais nous passons par des villages ruraux retirés qui n’ont pas l’habitude de voir des touristes. Pas d’eau courante (on se fournit au puits) ni électricité. Les maisons sur pilotis sont construites en bois, le confort est sommaire.

Le premier soir, nous dormons chez un couple de pécheurs et leur fille. Il y a longtemps que je n’avais connu de conditions aussi précaires, mais c’est propre, et j’apprécie de voir se préparer la cuisine et de jouer avec la fillette, qui ne me quitte pas d’une semelle. Riz et haricots au menu ; plus du poisson salé puis grillé, mais immangeable tellement le gout de sel est présent .

Dans les villages traversés le lendemain, on voit les jeunes filles piler le riz pour en faire la farine, les étals des vendeurs de beignets de crevettes et de bananes. La girofle a été recoltée il y a peu, et les clous sèchent sur des nattes en bord de rue, à coté du café, du riz ou du poivre.

Nous nous arrêtons pour la nuit après 25km de marche éprouvante dans un petit village, Fisoni. Rue en sables, aucune construction en dur. J’ai le sentiment d’être témoin de la vie d’un village, mais inutile de penser pouvoir passer inaperçu : comme partout sur le parcours, les enfants m’accueillent en me criant « Salut Vaza ("Blanc" en malgache) ! » et rient à mon passage. Tout le monde me salue, j’ai l’impression d’être l’invité de marque. Pendant ces 4 jours de trek, je ne vois aucun autre touriste.

Il faut dire que les conditions de marche sont difficiles : on progresse souvent au bord des rizières, passe le fleuve à de multiples reprises, ce qui justifie de marcher pieds-nus ; les passages au sec, sur de la roche, finissent par enflammer les plantes de pied, et on se maudit quand l’orteil bute sur une pierre pour la troisième fois…Souvent, l’argile rouge des chemins est trempée, et devient une patinoire, surtout dans les descentes…rien de pire qu’une marche où l’on est jamais sûr de ses appuis !

Je me demande comment font les Malgaches pour aller aussi vite sans se tordre le genou, d’autant qu’ils sont la plupart du temps chargés de meubles, de victuailles à apporter au marché, les femmes tenant sur leur tête des bassines en alumimium remplies de fruits et légumes…ils me donnent quelquefois l’impression d’être grabataire, en comparaison...

Au village, Les jeunes jouent au foot avec les ballons confectionnées de chiffons, d’autres trainent derrière eux des bouteilles en plastique vides en guise de camions. Je me lave à la rivière, à 50m du coin où les femmes font leurs ablutions, alors que d’autres lavent le linge. Simplicité.

Je participe à l’écossage des clous de girofle (il faut séparer les clous des griffes qui les tiennent à l’arbre), assis au bord de la natte dans la rue. Bientôt, d’autres se joignent à nous, voulant approcher le Vaza …Les zébus rentrent des paturâges par la rue principale.

Je crois que depuis certains villages thailandais traversés en 1991, entre Chiang Mai et Chiang Rai, ce village est le plus rural que j’aie vu. Aucune route n’y amène, il faut une ou deux journées de marche pour y arriver. Mais c’est considéré « proche de la ville » par mon guide… tout est relatif en effet.

Inutile de dire que la pitance est tout sauf variée : une énorme platée de riz trois fois par jour, accompagné d’un peu de viande ou de poisson. En 1991 en Thailande, nous mangions de l'écureuil quand nous en prenions un ...pas de ce luxe ici. J’ai pris soin d’emporter de l’eau en bouteille ; les Malgaches, eux, boivent le rampongo, l’eau de cuisson du riz .


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Soenirane-Ivongo (36)Soenirane-Ivongo (36)
Soenirane-Ivongo (36)

l'eau courante est très rare dans les villages; on va au puits ou à la riviere
Trek Maroantsetra-Antalaha (4)Trek Maroantsetra-Antalaha (4)
Trek Maroantsetra-Antalaha (4)

la chambre de la première nuit


25th October 2012

génial!
j'adore ton trek et t'imagine tout à fait au fond de la ruralité malgache. Étonnant tout ce riz! biz
28th October 2012

L'oeil du photographe averti
Je reste impressionnée par la beauté de tes photos. Certes le paysage est le principal acteur mais ton regard juste donne vraiment envie d'être à Mada. Nous avons terminé l'emménagement. Tout va bien, on prépare ton arrivée. Grosses bises et continue de chercher les réseaux pour nous alimenter. Brigitte

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