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23h00, un soir de mai en gare de Yaroslav, à Moscou. Deux Écossais et un Suisse déambulent sacs au dos à la recherche du train n° 10 à destination d'Irkutsk, en Sibérie. Après quelques errements, on les aiguille sur le bon quai. Le train, le mythique Baïkal, est déjà fin prêt pour le départ. Devant la voiture n° 14, les trois larrons présentent billets et passeports à la
provodnitsa, la responsable de l'intendance à bord de ce wagon. Un demi sourire aux lèvres, elle leur débite un flux de paroles en russe, sans visiblement attendre de réponse précise de leur part. La formule de bienvenue probablement. Les trois voyageurs entrent dans ce qui sera leur ''chez eux'' pour quatre nuits et trois jours et s'installent sur les couchettes numérotées correspondant à leur billet. Quelques minutes plus tard, le train s'ébroue et file à travers Moscou vers la Sibérie ; une Tuborg est décapsulée pour célébrer l'événement, en attendant la vodka…
78 heures de trajet à travers cinq fuseaux horaires pour 5'185 km et une vingtaine d'arrêts. Un voyage dans le voyage, inoubliable, au cours duquel le temps a passé à une vitesse prodigieuse. Nous sommes les seuls étrangers parmi les
quelque soixante passagers de la voiture n° 14. Étudiants, enfants, grands-parents, militaires et même une dresseuse de chiens (et ses deux toutous), tous Russes. Pas l'ombre d'un touriste à l'horizon, le dépaysement est complet. C'est le privilège qu’offre le voyage en 3e classe. J'avais quelques doutes quant au confort sur un si long trajet ; ils ne se justifiaient pas du tout. Matelas, coussins, draps et serviettes propres, samovar distillant eau chaude à volonté, nettoyage en règle du wagon deux fois par jour, prises électriques... que demander de mieux? C'en est au point que je conçois maintenant difficilement que l’on puisse préférer la 2e classe – un compartiment comprenant quatre couchettes – pour plus du double du prix.
Alors, que fait-on durant trois jours et demi enfermé dans un train? Et bien, lorsqu'on ne dort pas, on mange, beaucoup... et on boit, beaucoup aussi! Approvisionnement dans le train ou, mieux encore, sur les quais. A certains endroits, le passage du train attire une foule de mamies venues vendre de petits plats mitonnés la veille : pommes de terre, cuisses de poulet, beignets au fromage, crêpes, fromage russe (un régal!), salade de carottes rouges et même du poisson ; ce
qui donne l'occasion de vrais petits festins à bord du train, une fois la halte terminée. Nous avons aussi testé le wagon restaurant, plutôt bon et pas trop cher. Entre les repas, l'apprentissage – difficile – du russe avec les locaux, le bouquinage, les parties de cartes ou d'échecs, les visites impromptues au wagon resto pour croiser le regard de la séduisante barmaid, offrent nombre d'alternatives à la rêverie, les yeux rivés sur les paysages qui défilent, tantôt bucoliques, tantôt industriels post-apocalyptiques.
Avec le dernier crépuscule surviennent les ultimes heures de voyage, au cours desquelles se mêlent sentiments d'accomplissement, d'avoir réaliser un rêve, et pointes de mélancolie, car ce rêve accompli va bientôt prendre fin. Heureusement, il est toujours d'autres rêves pour remplacer les précédents et pousser le voyageur vers de nouveaux lieux mythiques à découvrir. En ce qui me concerne, ceux-ci ont pour noms Ulan Bator, Karakorin, le désert de Gobi et, dans l'immédiat, le Baïkal.
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Virginie
non-member comment
Alors la je suis trop jalouse...On avait prevu d'aller au lac Baikal avec le van mais impossible de manager avec leur connerie de visa. Bref, on va faire l'Asie sac au dos donc tient nous au courant si tu y passe. On arrive le 15 mai a Singapour pour ensuite monter faire un tit tour en Thailand, Laos, Vietnam et Cambodge. Salue bien les russes de ma part...