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Published: April 1st 2009
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Puerto Rico, 31 mars 2009

N’allez surtout pas croire que nous vous avions oubliés. Nous nous sommes simplement adaptés au rythme du Sud.

Nous sommes à Puerto Rico depuis près de deux semaines. Bien que ce soit un état Américain, nous avons plutôt l’impression d’être dans un pays à part entière. Mais revenons en arrière.

À l’origine, nous pensions ne rester que quelques semaines dans les Bahamas. Nous y sommes restés deux mois. Nous y avons d’abord eu la visite de Karl, le neveu de Monique, pour une semaine. Monique pensait avoir bien provisionné le bateau pour cette semaine, mais elle ne se doutait pas des ravages qu’un athlète de 18 ans peut faire dans un frigo. Jean, qui a deux garçons, s’y attendait un peu… Karl fut d’une autonomie exemplaire. Heureusement puisqu’il mangeait 5 fois par jour! Nous avons visité quelques îles des Exumas avec lui et avons fait de la plongée. Une semaine c’est vite passé et c’est avec regret que nous le ramenons le 16 janvier à Nassau pour son départ vers Montréal. Monique a le cœur gros, très gros. Après son départ, se sont les larmes qui se pointent. Elle réalise à ce moment que nous nous éloignons chaque jour un peu plus de nos familles. Loin des yeux, mais près du cœur.

Puis, c’est un couple d’amis du Québec qui vient nous rendre visite. C’est en canot-camping que nous avions fait connaissance, c’est sur l’eau que notre amitié continue. Malheureusement la température a été un peu maussade et froide pour leur visite. Nous avons pu quand même faire un peu de plongée et marcher sur les îles. Une semaine, c’est court pour apprécier cet endroit. Nous retournons donc à Nassau pour leur départ prévu le 25 janvier.

C’est donc le 28 janvier que nous quittons Nassau pour la quatrième et dernière fois. Nous sommes maintenant en route pour traverser les Exumas. Direction Turks & Caicos puis la République Dominicaine. Nous arrêtons bien sûr sur plusieurs îles des Exumas pour y pêcher et plonger.

Lundi 2 février, nous sommes à l’ancre dans un abri appelé Pipe Creek. Nous attendons la fin d’un front froid avant de continuer. Un bateau québécois se met à l’ancre près de nous, puis nous appelle sur la radio VHF. ‘’Desirada, ici Sol Caribe’’ il veut savoir si nous sommes confortable avec sa position. Tout est OK. En après-midi, nous allons leur dire bonjour en dinghy. Se sera le début d’une franche camaraderie qui durera deux semaines. Mario initie Jean à la chasse sous-marine au harpon (hawaïan sling), tube munie d’une pointe à ailettes et propulsé par une bande élastique. Lors de la première plongée avec eux, Jean et Mario doivent s’immobiliser, un gros barracuda s’approchant un peu trop. Monique arrive derrière Jean et lui tape sur l’épaule : (MO) - Tu l’as vu? (JEAN) - Oui, bien sûr, il est droit devant. (MO) - Non, je parle du gros requin derrière nous. Et Jean se retourne pour voir s’éloigner le fameux requin. Nous sommes loin du dinghy et nous y retournons sans plus tarder.

Puis les jours suivants, les deux bateaux se déplacent ensemble, chassant un peu partout en chemin. Jean rencontre sa première langouste, il tire sur la bête, mais celle-ci se retire dans sa cachette. Jean enfonce son harpon le plus creux possible dans la tête de corail, pour déloger la langouste. Mario vient gentiment l’avertir qu’il y a un gros requin nurse qui dort de l’autre côté et qu’il serait préférable de ne pas le gratter. Quelques jours plus tard, nous attrapons nos deux premières langoustes que nous dégustons avec les copains.

Le 12 février, nous quittons la tranquillité du côté intérieur des îles et prenons la mer direction Georgetown. La pêche est bonne en chemin. Un thon, un jack, deux barracudas. Une baleine fait surface juste devant nous et replonge. Sa queue est énorme et nous coupons les gaz pour éviter de la frapper.

Nous pensions ne passer qu’un jour ou deux à Georgetown pour provisionner et faire le plein de propane. Propane? Nous sommes arrivés un jeudi et le camion ne passe que le mercredi. Nous devrons donc attendre une semaine dans cet endroit appelé Chicken Harbor. Des centaines de bateaux y sont à l’ancre, certains ne bougeant pas de l’hiver. Un vrai camping.

Jeudi le 19 février, nous quittons enfin Georgetown pour le début des longues traversées. Nous arrivons vers la fin des Bahamas et les bateaux se font plus rares. C’est dans la traversée de Rum Cay à Crooked Island que nous attrapons notre première dorade (mahi-mahi). Un magnifique poisson de 44 pouces qui nous garanti plusieurs soupers.

Dimanche 22 février, nous sommes dans une région très peu fréquentée entre Crooked Island et Acklins Island. Notre radio s’anime (en anglais) -‘’Voilier en direction Est, êtes vous le voilier xyz?’’ -‘’Non, nous sommes Desirada’’ -‘’Je suis le voilier Lucile, je vous aperçois de mon ancrage’’ Puis nous jasons longuement avec lui, il est seul et cela se sent. Il demande où nous allons pour la nuit. -‘’Attwook Harbor’’. Nous sommes accueillis dans cette petite baie par plusieurs groupes de dauphins. Sympa. Dans la soirée, le gars nous rappelle. Nous jasons de projets, de météo, il s’ennuie vraiment. Nous quittons l’île le matin suivant. Encore un appel de notre inconnu, il s’informe de notre projet de la journée. Nous prévoyons une petite navigation jusqu’à Plana Cay suivi d’une plus grande le lendemain vers Mayaguana. Il nous déconseille fortement un arrêt à Plana Cay, l’endroit est mal protégé pour les vents forts annoncés. La petite journée devient tout à coup une très grande journée, le vent dans le nez. Nous n’avons jamais vu ce gars et nous ne le verrons sans doute jamais. Nous avons pourtant beaucoup échangé, ainsi va la navigation.

La pêche fut bonne en route pour Mayaguana, mais pas pour nous. Deux dorades que nous avons attrapées ont été dévorées par les requins. L’une a été bouffée très près du bateau. Nous pouvions très bien la voir puis, une masse brune s’en est approchée, puis plus de dorade. Puis c’est un grand clac, et le fil qui brise, rien à faire.

Mardi le 24 février, nous sommes sur l’île de Mayaguana. Nous allons au bureau des douanes pour aller chercher notre permis de quitter les Bahamas. Nous avons avec nous nos bidons vides de diesel. La dame aux douanes est catégorique, il ne se vend pas de diesel sur l’île. Nous prenons quand-même une petite marche et un gars s’approche de nous. -‘’Need diesel?’’ Il nous amène chez un de ses amis. Et c’est dans le fond de hangar que nous transvidons d’un gros bidon du diesel à 6$ US le gallon. Nous filtrons tout ce que nous mettons dans le réservoir et leur diesel était de très bonne qualité.

Après quelques jours d’attente pour une météo propice, nous quittons enfin les Bahamas pour arriver le 28 février aux Turks & Caicos. La traversée s’est faite de nuit pour profiter des vents plus calmes. Ouais… 15 à 20 nœuds tout le long, mais une belle traversée quand même. Le passage par les Turks & Caicos n’est que technique, pour nous reposer en attendant une fenêtre météo.

Dimanche 1er mars au matin, nous levons l’ancre, direction République Dominicaine. Nous rebroussons rapidement chemin. Dès la sortie de la baie, le vent est très fort et dans le nez, nous allons tout casser. Aucune fenêtre ne s’annonce avant plusieurs jours.

Lundi 2 mars au matin, nous entendons sur la radio un voisin discuter avec un autre bateau. D’après lui, il y a une fenêtre météo la nuit prochaine, après ce sera mauvais pour plusieurs jours. Nous téléchargeons rapidement la météo. En effet, la nuit prochaine s’annonce calme entre les Turks et la République. Nous allons le voir pour comparer nos notes. C’est un go! Branle-bas de combat, nous partons. Monique prépare les repas pour 24 heures, Jean prépare le bateau. 9h30 nous levons l’ancre en même temps que notre voisin. Nous prenons des routes un peu différentes sur le Caicos Bank, son tirant d’eau étant trop grand pour nous suivre. C’est donc par radio que nous restons en contact toute la journée, et dans la nuit. Le vent reste assez fort toute la journée ainsi qu’en soirée (13 à 19 nœuds), cela devrait se calmer durant la nuit. Mais non, cela augmente, puis une à une les étoiles disparaissent. Vérification sur le radar, des gros nuages se forment devant nous. Puis ce sont les éclairs au loin, puis de plus en plus proches et vient la pluie. Nous tentons d’éviter l’orage grâce au radar, mais c’est un mur qui est devant nous. Nous passons donc à travers et ce sont de petits vents qui nous attendent de l’autre côté. Le jour se lève enfin et la vision des montagnes de la République Dominicaine est notre récompense. Cela aura pris exactement 24 heures de navigation.

Sitôt l’ancre descendue dans la baie de Luperon, c’est le comité d’accueil qui vient nous voir. D’abord, le ‘’comandante’’ qui veut voir nos passeports, papiers du bateau et quittance du pays précédent. Puis nous devons nous rendre à terre pour les autres formalités. D’abord les douanes, puis les cartes de touristes, le ministère de l’agriculture, les chats et les chiens etc. Certains sont venus à bord pour contrôler le tout. Tout ce fait d’une façon polie, avec des reçus, nul besoin de soudoyer qui que ce soit, contrairement à la croyance populaire.

Luperon


Le village de Luperon est pour beaucoup de marins en provenance des Bahamas le premier contact avec la République. La baie est entièrement protégée du mauvais temps et des vagues. La sécurité y est aussi assurée. Personne ne verrouille quoi que ce soit. Le village est pauvre, les rues délabrées. Pourtant, les gens sont souriants et accueillants. Chacun y va de son petit commerce. Nous achetons des bananes de l’un, des oranges de l’autre. Le pain s’achète à la boulangerie qui n’affiche aucune enseigne, l’odeur suffit à la trouver.

Nous profitons de la sécurité de l’endroit pour partir à l’aventure. Destination Santiago dans les montagnes. C’est d’abord dans une guagua, à 8 dans une Toyota, que nous faisons la première partie du voyage. Puis, nous continuons dans un autobus avec un banc par personne. Le luxe. Santiago est une grande ville, avec sa rue Sainte-Catherine est ses magasins. Pour goûter aux saveurs locales, nous choisissons de dîner tout simplement dans un parc. Une femme avec 3 chaudrons y fait la cuisine. Riz, poulet, porc. Ce sera économique. Monique choisie son assiette et s’assoie sur un beau banc tout près de la dame. ‘’No, no senora!’’. Trop tard. Monique est assise sur un banc frais peint. Adieu le dîner écono. Nous revenons en fin de journée fatigués, mais contents de notre visite.

Après une semaine à Luperon, nous sommes plusieurs bateaux à vouloir quitter la baie, direction Samana à l’extrémité Est de l’île. C’est la dernière escale avant Puerto Rico. Mais il faut d’abord avoir l’accord du ‘’comandante’’ pour quitter la baie. Le ‘’comandante’’ est de mauvais poil aujourd’hui, aucun vaisseau de moins de cinquante pieds ne peut quitter, trop de vent. Le lendemain, alors que le temps n’a pas changé, tous les bateaux reçoivent leur ‘’despacho ‘’ (permis de quitter).

25 heures de navigation dans des vents de 16 à 20 nœuds et des vagues de 5 à 10 pieds. Nous arrivons à Samana épuisés, mais ce n’est pas le temps de se reposer. Une embarcation nous aborde. Un militaire, un chauffeur et un traducteur. Ce dernier nous explique que nous devons remettre 15$ au militaire, notre contribution pour le contrôle des drogues. Nous tentons de parler avec le militaire. Il regarde ailleurs, l’air désintéressé. Bon, nous payons. Le traducteur ajoute que nous devons maintenant nous présenter aux autorités portuaires pour le reste des formalités. Jean embarque avec eux, et rendu à terre, il doit bien sûr payer le chauffeur et le traducteur!

À notre arrivée dans la baie de Samana, un bateau américain que nous connaissons de vue nous invite à souper. Ils savent que nous venons d’avoir une dure traversée. Nous demandons de remettre ça au lendemain, nous sommes très fatigués. Et c’est avec deux couples d’américains que nous connaissons à peine que nous soupons le lendemain sur un des bateaux. Ainsi sont les marins.

Mardi 17 mars, formalités de dédouanage à Samana, nous quittons pour Puerto Rico à 16 heures. Et c’est 27 heures plus tard que nous y arrivons enfin. La traversée du Mona Passage, connue comme étant difficile, était à la hauteur de sa réputation. Comme nous naviguons toujours vers l’Est et que le vent vient toujours, vous l’avez deviné, de l’Est, chaque traversée est une aventure. Nous devrions bientôt tourner vers le Sud après Saint-Martin (l’île, pas la rue…)

Jeudi 19 mars, nous nous installons à Boqueron, Puerto Rico pour quelques jours. La baie est bien protégée et le village accessible. Après quelque temps passé à flâner dans ce village, nous constatons une grande différence entre les Dominicains et les Portoricains. Alors que les premiers sont pauvres mais toujours souriants, dansant et chantant pour un rien, les seconds nous semblent plus riches, mais tristes. Peu de musique, des visages durs, sans joie, surtout chez les jeunes. Les Américains leur ont tout donné en échange de leur fierté. Nous ne nous sentons pas en danger, mais on nous recommande de tout verrouiller.

D’un ancrage à l’autre, nous sommes maintenant rendus à Salinas. L’endroit étant sûr, nous en profitons pour louer une voiture. Destination : les montagnes. Endroit magnifique, tantôt la forêt humide, tantôt aride. Des pics impressionnants, beaucoup de verdure. Des routes en lacets comme dans les Alpes. Ça valait le déplacement.

Nous partirons vers les Îles vierges dans quelques jours. Nous avons bien hâte de retrouver de l’eau claire, car les baies fermées que nous fréquentons actuellement, ne sont pas très propices à la baignade.



Un petit bilan après 7 mois


Le temps passe tellement vite, nous ne voyons pas les journées. Nous pêchons à chaque déplacement avec un certain succès. Il y a toujours du poisson dans le congélo. Thon, Jack, Dorade. La préparation de chaque déplacement doit se faire avec minutie. Nous devons bien étudier les cartes et les guides, mesurer les distances pour arriver de jour à destination, échanger avec les bateaux rencontrés. Les erreurs peuvent être coûteuses. Le bateau va bien, mais la mer est beaucoup plus agressive que le lac Champlain, nous devons faire plus d’entretien.

Et nous ? Pour Jean c’est la vie rêvée aux sens propre et figuré. Mais ce n'est pas la vie facile. Chaque décision de route ou d'encrage se fait en fonction de notre sécurité. Pour Monique c’est une passion acquise au fil des dernières années, et un mode de vie qu’elle apprivoise bien. Bien que ce soit tellement différent de ce qui était imaginé au départ.

Les prochaines nouvelles devraient vous parvenir des Îles vierges, ou d’ailleurs. Soyez patients.

Monique et Jean



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7th April 2009

Bonjour Vous deux
Nous sommes contents d'avoir des nouvelles fraîches. Vous semblez toujours très occupés, la retraite... pas facile tout les jours. Nous on travaille fort en attendant la notre. Merci pour les nouvelles et photos c'est merveilleux de pouvoir vous suivre à travers cette expédition. On pense à vous deux. Au plaisir. Line et Gilles du Faucon Vive xx xx

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