Finalement de retour à Aberdeen


Advertisement
United Kingdom's flag
Europe » United Kingdom » Scotland » Aberdeenshire » Aberdeen
January 13th 2009
Published: January 13th 2009
Edit Blog Post

30 jours, 2 pays, 10 villes, 11 auberges de jeunesse, 3 voyages en train et 7 en autobus, trois langues. Voilà qui résume en quelques lignes mon aventure en Espagne et au Portugal. D’un certain point de vue, il n’y a rien à en dire de plus, alors que d’un autre, je pourrais raconter mes expériences sur des pages et des pages.
Malgré tous mes voyages, il s’agissait de ma première véritable expérience de backpacking, 100 % touristique, me fondant dans la foule hétéroclite, mais néanmoins répétitive des voyageurs accomplissant le même périple que moi, visitant les mêmes monuments. J’aurais pu me mêler à eux en participant aux innombrables activités organisées par les auberges de jeunesse : tapas tour, bar tour, etc. Pourtant, j’ai préféré demeurer un peu à l’écart, visitant à mon rythme et au gré de mes humeurs ce pays intriguant qu’est l’Espagne. Évidemment, mon parcours fut jalonné par les grands monuments historiques de ce pays : l’Alhambra, l’Alcazar et la cathédrale de Séville où repose Christophe Colomb, la grande mosquée de Cordoue, la cathédrale de St-Jacques-de-Compostelle, le musée du Prado à Madrid ou la Sagrada Familia de Barcelone. Étapes obligatoires certes, mais qui ne servaient souvent, il me semble, qu’à meubler le temps ou à servir de décor aux découvertes plus fondamentales.
Car dans 10 ans, ce ne sera pas de cela dont je me souviendrai, mais plutôt de l’atmosphère festive des villes, du soleil éclairant les montagnes arides couvertes d’oliviers, des parcs remplis d’orangers croulant sous le poids des fruits murs, des dizaines de jambons suspendus aux plafonds des bars à tapas, de la vieille femme, diseuse de bonne aventure, qui hurlait des chansons avec sa voix de fausset devant la mosquée de Cordoue, de la lumière du soir descendant sur la Méditerranée, des palmiers, des sommets enneigés des montagnes ou encore du serveur à Séville qui nous a pris en amitié, car il connaissait des gens vivant à Trois-Rivières.
Malheureusement, je me souviendrai probablement aussi de la déception qui m’habitait lorsque je quittais chacun des endroits que j’ai visité. À chaque fois, je me disais la même chose : « J’aurais aimé y rester plusieurs semaines, voir plusieurs mois». Car c’est là, je le réalise maintenant avec encore plus d’acuité qu’auparavant, le principal défaut des voyages. On a toujours le sentiment de n’accomplir qu’un bref survol d’un pays ou d’une culture.
Cela explique aussi sûrement pourquoi, après plusieurs semaines passées en Espagne, les Espagnols et leur culture demeurent toujours aussi insondables pour moi. Je dois admettre que je ne les comprends pas du tout. Comment peuvent-ils, par exemple, se montrer si amicaux et accueillants alors que dans les restaurants ou les informations touristiques, ils deviennent distants, froids ou même à la limite de l’impolitesse ? Ils peuvent aussi être nonchalants et relax alors que dans d’autres circonstances, ils se montrent intransigeants, sévères. La plupart du temps, leur comportement s’est révélé un mystère que je n’arrive toujours pas à expliquer, signe que je n’ai pas réussi à m’imprégner de leur culture.
La seule chose que je pourrais dire est que l’impression que m’a laissée ce pays est celle d’un profond clivage social entre les jeunes, fêtards, épicuriens, modernes, ouverts sur le monde et les plus âgés, religieux et conservateurs. Sans doute le fait qu’il y a moins d’une trentaine d’années, ce pays aujourd’hui moderne et dynamique était encore sous le joug d’une dictature fasciste explique, en partie du moins, ce malaise que j’ai ressenti. Le changement a peut-être été trop rapide pour que tous s’y adaptent harmonieusement. Mais il n’en demeure pas moins un fait avéré : il est impossible de découvrir un peuple au passé et à la culture aussi complexe, à mi-chemin entre catholicisme conservateur et libéralisme, entre le Maghreb et l’Europe, en quelques semaines de vagabondage. Il me faudrait pour cela y retourner, y séjourner pendant plusieurs mois.
Voilà aussi pourquoi je ne me hasarde même pas à parler de mon escale de 6 jours au Portugal qui m’a pourtant beaucoup plus fasciné que l’Espagne. Lisbonne, depuis laquelle, avec Séville, s’est décidé le sort de l’Amérique, et Porto, où les caves de Villa Nova de Gaïa abritent les fûts du délicieux liquide du même nom, deux villes magnifiques à l’ambiance décontractée où le seul plaisir consiste à se promener dans les rues étroites à l’allure vieillotte dans lesquelles se dandinent de vieux tramways. Là-bas, on se croirait encore en 1950, à l’époque où les ménagères suspendaient leur lessive aux fenêtres des façades et où les enfants en culottes courtes jouaient aux billes dans les ruelles. Un bref aperçu, encore une fois, d’un monde fascinant. Frustrant.
Au point où j’en arrive à me demander à quoi bon tout ce voyage ? Quel intérêt y-a-t-il à visiter un pays pour seulement découvrir ses monuments, sa gastronomie ou son nightlife sans pour autant tenter de s’intégrer à la culture ainsi qu’au mode vie. Tenter de comprendre un peu ses habitants. Sans doute suis-je trop sévère dans mon jugement et il existe de nombreuses satisfactions à trouver quelque soit le type de voyage que l’on accomplit. Moi-même, j’ai, malgré tout, adoré visiter l’Espagne et le Portugal, mas mon plaisir déjà faible à jouer les touristes a fondu comme neige au soleil sous celui relativement plus présent qu’en Grande-Bretagne de cette région méditerranéenne. J’en arrive même à regretter avec nostalgie la nordique Écosse où, sans bénéficier du charme, de la gastronomie ou des monuments célèbres de l’Espagne, j’ai l’opportunité de me plonger dans une culture nouvelle sans devoir composer avec tous les inconvénients d’être une véritable touriste.
Voilà l’une des raisons pour lesquelles j’ai adoré mon bref détour par la France où j’ai passé les deux dernières semaines chez mon ami français qui m’avait invité pour les fêtes dans sa famille avant de rentrer en Écosse. Deux semaines à séjourner à St-Affrique, une sympathique petite bourgade de l’Aveyron, une région du sud de la France relativement méconnue des touristes. Deux semaine où, bien que nous nous soyons beaucoup promenés aux alentours, visitant les attractions locales telles que les caves de Roquefort ou le célèbre viaduc de Millau, le plus haut du monde, j’ai surtout bénéficié de la chance de découvrir ce typique petit coin de France sans justement être étiquettée comme une simple touriste ou confinée aux banales activités touristiques. Je me suis promenée dans les rues étroites et décrépites des villes de cette région, non pour me rendre au musée ou visiter un quelconque monument, mais bien pour rencontrer des gens, partager leur quotidien et participer avec eux aux activités habituelles de la vie courante telles que se rendre au marché acheter des olives, aller patiner ou simplement aller boire un café chez le torréfacteur du coin.
Alors que France et jour de l’An riment souvent pour nous avec des images telles que la tour Eiffel ou les Champs Elysée, j’ai défoncé la nouvelle année chez un charmant couple très sympathique où nous nous sommes régalés d’un repas typiquement français de foie gras et saumon fumé, de chapon au vin jaune et morilles, de fromages ainsi que d’une succulente bûche au Grand Marnier à laquelle j’avais ajouté ma petite touche québécoise en la plaçant dans un décor de sapins enneigés. Le tout évidemment arrosé de nombreux vins et champagnes ainsi que d’une conversation drôle et stimulante. Bref, mon voyage en France fut avant tout une découverte humaine, une rencontre avec tous ces gens, pas plus extraordinaires que quiconque, mais qui m’en ont révélé énormément sur ce pays, sa culture, la vision du monde de ses habitants. J’en suis donc repartie l’appareil photo vide de clichés, mais la tête remplie des visages de ces gens attachants, accueillants et fiers de leur région qui, chacun à leur manière, ont tenté de me la faire découvrir. Et ce, j’en suis convaincue, pour ceux qui savent écouter et apprécier la richesse d’une expérience aussi simple, constitue un trésor beaucoup plus précieux que tout ce que pourrait contenir un quelconque musée.
Et ce soir, alors que, de retour à Aberdeen après plus d’un mois d’errance, je redécouvre avec plaisir mes petits coins préférés, je ne suis pas en manque d’exotisme, ni déçue de retrouver un endroit familier. Non, je savoure la simple réalité d’être en voyage sans l’être tout à fait.


Additional photos below
Photos: 13, Displayed: 13


Advertisement



14th January 2009

Enfin de retour!
Salut! Tu es enfin de retour sur ces pages qui sont restées muettes trop longtemps! Je m'ennuyais de tes récits, me demandant ce qu'il advenait de ta grande aventure. Amuse-toi bien et profites-en, il fait -35 degrés avec le facteur vent aujourd'hui (et pour une semaine encore!!!) Bisous.
25th January 2009

Chanceuse va!
Chère Isabelle, Je te reconnais ici, entière comme toujours. Presque intransigeante. Je te lis, et je revis une partie de mon voyage en Espagne, et en même temps, je peux faire le lien avec les nombreux arrêts tunisiens que je fais. Selon moi, il existe deux types de voyage: ceux, comme tu dis, qui nous permettent de découvrir une culture, un peuple, des parcelles de vie d'autres humains de la planète. Ces voyages prennent du temps, des circonstances précises, sont inoubliables, sans photos souvent. Par contre, les autres, anonymes, ne sont pas moins enrichissants, ils sont différents. Ils sont des occasions que plusieurs aimeraient avoir, ils nous permettent de réaliser notre chance (tant de gens voudraient les faire). Si ce sont des relations que tu recherches, des rapports humains et la découverte d'autres cultures, considère-toi chanceuse: tu pourras recréer ton bonheur partout sur notre Terre.

Tot: 0.081s; Tpl: 0.013s; cc: 6; qc: 44; dbt: 0.0423s; 1; m:domysql w:travelblog (10.17.0.13); sld: 1; ; mem: 1.2mb