Vive les vacances !!


Advertisement
United Kingdom's flag
Europe » United Kingdom » Scotland » Aberdeenshire » Aberdeen
October 11th 2008
Published: October 11th 2008
Edit Blog Post

Depuis que j’ai commencé à travailler il y a maintenant trois semaines, je n’ai eu droit qu’à quatre jours de congé. J’essaie donc de les employer à bon escient pour visiter les alentours d’Aberdeen. Lors d’une de ces journées, j’ai pris un bus pour me rendre dans le sympathique village de pêcheurs de Stonehaven. Niché au creux d’une baie et entouré de falaises où viennent se fracasser les vagues sauvages de la mer du Nord, ce petit port cache également l’une des plus impressionnantes ruines médiévales d’Europe : le château de Dunnottar construit par les «Earl of Marishal» au XIVe siècle.
En fait, cacher ne constitue peut-être pas le mot approprié. Le château, juché sur un promontoire rocheux avançant dans la mer, ne peut être atteint que par un étroit escarpement et domine fièrement la campagne environnante. Alors que je me promenais parmi les édifices à demi effondrés, transie d’humidité dans les sombres donjons ou fouettée par le vent salin au sommet de la haute tour de garde, je tentai de m’imaginer ce lieu tel qu’il fut autrefois, l’une des plus puissantes forteresses d’Écosse, dépositaire de la couronne ainsi que du sceptre royal que même Cromwell ne parvint pas à lui dérober. Pourtant, les images ne parvenaient pas à m’atteindre tant les pierres moussues semblaient se fondre dans le paysage sauvage, moulant les escarpements de roches marines comme si elles n’étaient qu’un prolongement même de la paroi. Ici, le passé est tellement effacé par les guerres et le vent de la mer qu’il en devient inatteignable.
Et pourtant… Dunnottar a peut-être oublié ses fastes ancestraux, mais il semble pratiquement impossible de ne pas soupçonner que des fantômes s’y promènent la nuit, errant entre les murs gris et mêlant leurs lamentations à celle du vent. Je pouvais presque les sentir derrière moi, suivant mes pas solitaires. Un passé mort, certes, mais qui s’attarde. Ne me croyez pourtant pas particulièrement superstitieuse. Seulement, tant de gens illustres ont déambulé dans les couloirs sombres de ce château ou ont tenté de le prendre d’assaut, tant d’évènements extraordinaires y sont rattachés que je ne peux tout simplement pas me résigner à ce qu’il ne soit plus qu’un tas de cailloux à la merci des touristes. Comme je le disais plus haut, lorsque Cromwell ambitionna de conquérir l’Écosse, il tenta de dérober les joyaux de la Couronne conservés à Dunnottar. Il assiégea le château et fut presque victorieux dans son entreprise. Il réussit à prendre la place forte, mais jamais les joyaux. Alors qu’il était occupé à guerroyer les soldats du château, une des femmes y habitant s’empara des fameux joyaux, s’enfuit et les cacha dans une abbaye où ils demeurèrent jusqu’à qu’ils puissent rejoindre leur emplacement actuel dans le château d’Edimbourg.
Après cette visite riche en émotions, il ne me restait plus qu’à revenir à Stonehaven pour apprécier le calme bucolique de cette petite ville. Les quelques maisons de l’endroit s’étirent devant des kilomètres de plage blanche, encerclées par de hautes falaises noires. Terrain de jeu des mouettes et autres oiseaux marins, j’ai dégusté un succulent fish & chips au milieu de leurs cris stridents, du bruit ronflant des imposantes vagues de la mer du Nord, les deux pieds au chaud dans le sable fin. Journée paradisiaque s’il en est une qui me laissa fraîche et dispose pour reprendre le boulot le lendemain.
Enthousiasmée par le succès de cette journée, je proposai à mon amie Anne-Marie qu’à notre prochain jour de congé, nous allions visiter le village de Braemar apparemment magnifique, niché au cœur des Cairngorms, un plateau montagneux. Malheureusement pour nous, les évènements de la journée allaient tourner d’une manière totalement différente.
Tout d’abord, en nous réveillant le matin, nous réalisâmes sans grand surprise que le temps était au froid et à la pluie. Ne nous laissant pas décourager par des considérations météorologiques, nous enfilâmes plusieurs épaisseurs de chandails chauds et nous mîmes en route vers l’arrêt d’autobus. Que nous manquâmes d’environ 15 minutes, car j’avais mal regardé l’horaire. Transies de froid et de pluie, nous décidâmes de nous rabattre sur la visite de la cathédrale St-Machar, une église fortifiée du XIVe siècle située dans Old Aberdeen. Sous le ciel gris et nuageux, ses épais murs de pierre et son intérieur sombre paraissaient plus lugubres que jamais. Très éloignée des monuments de style gothique que j’avais déjà visité, cette cathédrale n’a pas été construite pour être une réussite esthétique, mais bien pour survivre aux guerres et autres calamités.
Tout à l’opposé de son église, le gardien, jovial et bedonnant, nous apparut tout sourire et coloré avec son charmant accent écossais. Il me laissa même pianoter sur le gigantesque piano à queue du chœur et j’ai ainsi pu faire résonner les premiers accords de la Sonate à la lune de Beethoven dans un édifice vieux de six cents ans. Ensuite, nous lui demandâmes l’autorisation de monter dans le clocher et, après plusieurs hésitations, il accepta de nous laisser escalader le minuscule escalier en colimaçon dans lequel il fallait grimper en nous tirant à l’aide d’une corde jusqu’au premier étage. Mais comme il était lui-même trop volumineux pour circuler ledit dit escalier, il fut incapable de nous suivre et nous pûmes monter à notre guise jusqu’au sommet pour ainsi admirer l’impressionnant mécanisme soutenant les puissantes cloches.
Lorsque finalement nous sommes sorties de l’église, une pluie glacée et drue s’était remise à tomber comme une douche sur Aberdeen. Nous décidâmes néanmoins de nous diriger vers King’s College, l’un des plus anciens bâtiments de l’Université d’Aberdeen, car on nous avait affirmé que son clocher en forme de couronne méritait d’être vu et, qu’en plus, affamées et gelées, l’arrêt d’autobus pour rentrer chez nous se trouvait juste en face.
Décidément, le mauvais sort nous suivait cette journée-là puisque, arrivées à l’heure de la messe, nous ne pûmes visiter l’antique chapelle de l’Université et que nous avons attendu l’autobus durant plus d’une heure sous la pluie froide. Lorsque finalement nous pûmes nous installer confortablement devant une tasse de chocolat chaud dans un café du centre-ville, nous étions si gelées et fatiguées que nous nous sommes jurées de ne plus rien entreprendre de la journée. C’était sans compter sur la présence de Florian, un sommelier français qui travaille dans un prestigieux restaurant d’Aberdeen et qui «kiffait grave» notre accent de petites Québécoises. Il nous invita à prendre une bière avec lui et en quelques minutes plus tard nous nous retrouvâmes engagés dans une conversation animée. Et Florian, outre le fait non négligeable qu’il s’est révélé drôle et sympathique bien que malheureusement attifé d’un ridicule chapeau de jazzman, dispose d’une qualité supplémentaire : il possède une voiture.
Voilà pourquoi hier, profitant du fait que je ne travaillais pas avant dix-huit heures, il m’a emmené visiter la distillerie Glenlivet au fin fond des Highlands. Le trajet de voiture d’environ deux heures, serpentant au fond de glens entourés de collines de bruyère sèche balayées par les vents et où paissent des centaines de moutons, nous a fait traverser des endroits parmi les plus sauvages d’Écosse. Comment décrire l’impression que ces dunes rocailleuses peuvent produire sur le voyageur les parcourant ? La nature, répondant à la grisaille du ciel, se teintait de pareilles couleurs : gris acier, brun tourbe et vert cendre. Paysage austère et qui semble hostile à l’homme, comme si, malgré son occupation millénaire du pays, il n’avait jamais réussi à apprivoiser totalement cette contrée sauvage.
Quant à la distillerie, elle m’a paru à l’image de cette région. Simple, brute, sans ornement, elle produit, à partir des ingrédients les plus élémentaires, orge, avoine et eau de source, une boisson riche en saveur, mais qui n’est certainement pas faite pour les faibles natures. Le procédé aussi est assez rudimentaire. L’orge malté est mélangé à l’eau de source, chauffé, puis la levure est ajoutée et finalement on termine par la distillation pour concentrer les vapeurs d’alcool. Après tout cela, le whisky doit encore être entreposé pendant au moins douze ans. Dans les entrepôts, certains fûts de whisky sommeillent depuis plus de 40 ans, les trois quarts disparu puisqu’il s’en évapore 2 % par an.
Et après tout cela, il ne nous restait plus qu’à retraverser les landes désolées pour revenir à Aberdeen travailler dans le bordel inimaginable de notre hôtel.




Additional photos below
Photos: 8, Displayed: 8


Advertisement



15th October 2008

Merci!
Merci Isabelle pour les photos qui accompagnent ton texte. C'est beaucoup plus facile pour nous de suivre ton périple. Bisous. XX
6th November 2008

Méchant contraste...
... avec tes récits d'Afrique!

Tot: 0.084s; Tpl: 0.016s; cc: 5; qc: 44; dbt: 0.0413s; 1; m:domysql w:travelblog (10.17.0.13); sld: 1; ; mem: 1.1mb