Le Caire القاهرة, Egypte (Horse Mafia)


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November 19th 2021
Published: November 20th 2021
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17 nov

De sa voix monotone, Eslam du Freedom Hotel me présente Mohammed, lui qui fumait déjà dans sa voiture à mon arrivée.

Le jeune chauffeur travaille habituellement 6 jours par semaine pour l'agence, mais m'avoue rapidement qu'il en travaille plutôt 7 depuis la reprise du tourisme en Égypte.

''Many tourists now?'' que je lui demande alors.

''No. I need the money, qu'il me répondra. No work in Covid time''



Sans attendre, Mohammed actionne la voiture, tire une bouffée de sa cigarette et puis, sur un coup d'accélérateur, nous injecte dans l'horrible trafic du Caire.

Tour Privé: le chauffeur m'amènera aux trois sites des Pyramides dans la capitale aujourd'hui (Sakkara, Dashur et Giza)

''No Group Tour because of Covid'' que m'avait bien spécifié Eslam du Freedom Hotel

(je croirai que c'est pour faire travailler plus de chauffeurs plutôt. Bref.)



Dans les rues, rien ne s'est calmé depuis hier. Les véhicules peine à bouger.

Rapidement, un mal de coeur s'installe côté passager alors que les effluves de gazoline entrent par les fenêtres et viennent me noircir l'intérieur du corps.

Au volant, Mohammed se rallume une cigarette.

''First, we go outside town. After come inside town for Giza'' me dit-il entre deux jets de klaxon lancés presqu'en tics nerveux.

Il y a rien de nouveau sous le soleil pour mon chauffeur, lui qui fait ce trajet 7 jours sur 7 depuis pas mal de mois maintenant.



Alors qu'on s'éloigne du centre, d'immenses blocs appartements beige apparaissent éparpillés sur la ville, en désordre, identiques et presque sans espace entre eux. Sur leurs toits, de vieilles coupoles poussiéreuses visent la Mecque ou peut-être bien quelques matchs de foot diffusés en direct d'Europe. Accrochées aux fenêtres, les portées des séchoirs à linge jouent quelques symphonies colorées, enjolivant, un peu du moins, l'urbanité monochrome et sans charme des quartiers pauvres du Caire.

...

Quelques terres labourées apparaissent soudainement alors qu'on semble pourtant se rapprocher d'un désert aride au loin.

Un canal d'eau stagnante, nauséeuse et chargée de détritus semble alimenter les jardins aux alentours.

Longeant la route, les terres cultivables surprenamment fertiles malgré le goudron qui les abreuvent seront la dernière frontière avant les premiers élans de ce néant de sable.



Un check-post vérifie les allées et venues à l'entrée du site archéologique situé dans le désert.

Je ne suis pas tant surpris: il y a une très grande présence policière en Égypte, particulièrement aux alentours des sites touristiques et des églises. Après des années d'attentats, le gouvernement a fait de la sécurité sa priorité.



Derrière un stationnement circulaire et ensablé, mes deux premières pyramides s'aperçoivent déjà (Sakkara). Devant elles, des chameliers enrubannés attendent patiemment les touristes. Dans des habits multicolores, leurs chameaux mâchouillent de quelconques branchailles en fixant des points morts à l'horizon.

Tout est là pour une photo d'encyclopédie.



Quelques marchands d'écharpes ou de statuettes des Dieux égyptiens attendent dans l'ombre d'un muret.

''Souvenir Souvenir'' nous lancent-ils en nous tendant des prismes en plastique Made in China.



Seules dans le désert, les pyramides impressionnent.

Percé dans l'une d'entre elles, un tunnel descend vers une galerie éclairée aux néons où se laisse entrevoir des hiéroglyphes gravés dans la pierre.

Peu profond, il y avait peu de chance que la claustrophobie m'empoigne lors de ma descente.

Mais ça ne sera malheureusement pas le cas dans les pyramides de Dashur.



Dans l'une des deux structures du deuxième site, un passage beaucoup plus long et étroit qu'à Sakkara s'étire en pente au creux des cubes de pierres.

''Watch your head'' que me dit le gardien à l'entrée, alors que je m'élance dans la pénombre du tunnel en pente.

Tout en bas, un minuscule point de lumière annonce sans doute la destination finale.

De dos, je me mets alors à presque ramper vers les entrailles de la pyramide comme on descendrait seul au fond d'un puit.

Tout en haut, de sa petite fenêtre qui rétrécit, le gardien m'observe reculer comme s'il me regardait maintenant par un trou de serrure.

L'oxygène diminue alors que je m'enfonce toujours un peu plus loin.

Soudainement, la petite lumière du fond du tunnel semble vouloir me rattraper.

Elle se rapproche

et finit par me dépasser.

Essoufflé, un jeune touriste en sueur remonte rapidement la pente avec en main, la lumière allumée de son téléphone cellulaire.

On se frôle... alors qu'il me laisse vraiment seul maintenant, dans la totale noirceur du tombeau.

Petit brin d'angoisse: j'ai descendu rapidement... et je suis déjà pas mal loin dans les profondeurs de la pyramide...

et je n'ai pas de lumière sur moi.

Je m'arrête et me retourne pour un demi tour immédiat. Sans regarder derrière, j'accélère le pas pour retrouver prompto la lumière du jour.

Je n'irai certainement pas plus bas, seul dans l'angoissante noirceur de la Pyramide rouge.

Il ne faudrait surtout pas que m'avale Anubis, protecteur des tombeaux et des morts.

...



De retour dans la voiture de Mohammed, on se dirige maintenant vers les fameuses pyramides de Giza.

Le trafic est étouffant plus que jamais: c'est que le site présenté sur la page couverture de nos guides voyage se trouve en plein coeur du Caire.

Moi qui voulait jouer les Indiana Jones, c'est ici malheureusement loupé.



Giza est juste là, de l'autre côté de la clôture. Devant un PFK et un Pizza Hut se trouve le site des trois imposantes pyramides (Cheops, Myeerinus, Khafre) et du Sphinx.

C'est la cohue au Ticket Office. Un essaim de guides improvisés bourdonnent bruyamment.

''Don't trust anyone here, que m'avertit Mohammed, everybody will overcharge you for anything.

You don't need to show ticket anywhere inside the site, qu'il ajoute aussi.

And don't trust horse carrier.

Horse carrier, It's Horse Mafia.''



À l'intérieur, des grappes de touristes font la file pour la photo parfaite avec le Sphinx.

Des calèches montent et descendent la courbe asphaltée qui rejoint les pyramides un peu plus en haut.

Les gros bus des Tours organisés les klaxonne fort, ce qui oblige les caléchiers à accélérer leur cadence de coups de fouet sur les flancs des pauvres chevaux maigrelets.

(Mais comment font-ils pour se déplacer dans les rues du Caire, ces mastodontes à touristes?)



''Where you from? Oh Canada Dry!'' (8e fois qu'on me la dit celle là depuis ce matin)

''Horse ride. Horse ride. Come. Come. No good walking''

No good walking. Pourtant, il fait bon marcher sous le soleil tiède du novembre égyptien, surtout après toute cette distance parcourue en voiture dans le trafic de la capitale.



Un passage piétonnier entre le Sphinx et Cheops est cadenassé, ce qui oblige les marcheurs à faire un détour et rallonger leur route.

''Close'' que nous dira la Horse Mafia avec le sourire en coin.

''No Go. But maybe you want Horse Ride?''



Aux pyramides, il y a agglomération de touristes qui, pour la majorité, sont arrivés avec les gros autocars.

Je m'assois au pied de Myeerinius, sur l'un des cubes de roc et observe les allées et venus de la faune touristique venue d'outremer.

Un hijab passe à dos de chameau, coquette Cléopâtre, et s'étire le bras pour un selfie.

Une autre tente de pincer la pointe de Cheops entre ses deux doigts, le temps de prendre sa prochaine photo de profil.

La blonde de l'un organise sa mise en scène: de dos, elle tire le bras de son copain qui lui, prend une photo d'elle qui le tire vers les pyramides.

La copine de l'autre fait semblant d'embrasser le Sphinx sur la joue.

L'appel des réseaux sociaux se fait sentir ici.

Devant moi, les imposants monuments de pierres sont presqu'identiques qu'à leur construction...

il y a 4500 ans de cela.

...

Après tout ce temps passé sur le site, Mohammed m'attendait toujours au PFK.

J'imagine qu'il a sa table réservée maintenant, avec toutes ces heures, ces jours, ces semaines passées ici à attendre les touristes à la sortie de Giza.



''Work tomorrow?'' que je lui demanderai alors qu'on reprendra la route.

''Yes, qu'il me répondra en s'allumant une énième clope. Pyramids tomorrow.

It's Forever the Pyramids for me''.



Etienne X


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26th November 2021

pyramides
que de belles experience cher Etienne. Aurais tu accepte si c etait des chamels rides au lieu de horses? le sphinx et toutes les autres pyrzmides font partis maintebant de tes experiences visuelle et physique. Merveilleux

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