Île de N'Gor, Sénégal (ou Les Grillades de Fatouh)


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Africa » Senegal » Cape Verde Peninsula » Dakar
March 3rd 2018
Published: March 5th 2018
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26 février



Martine a quitté Dakar pour se rendre au Kenya hier (le travail oblige).

C'est donc aujourd'hui que j'organise ma première aventure en autonomie au Sénégal.



Mon plan est d'aller dormir sur l'île de N'Gor, sur l'océan, tout au nord de la ville.

L'endroit est supposément bien prisé des surfeurs, avec ses immenses vagues qui déferlent entre l'île et le quartier des Almadies sur le continent.



Je prend donc place dans un taxi jaune, noir et déglingué qui me conduira à la plage de N'Gor d'où partent les pirogues pour rejoindre l'île.

Pour m'y rendre, le chauffeur inconnu me demande 3000 francs CFA (+ ou - 7.50$)

alors que je lui en offre 2000 (+ ou - 5.00$).

On s'entendra à mi-chemin donc, au prix de 2500 francs CFA (+ ou - 6.25$).



Tout se passe comme prévu: le jeune sénégalais au volant me dépose à un coin de rue ensablé à deux pas de la plage de N'Gor.

De longues pirogues trop colorées, alignées côte à côte, font l'éventail sur la plage en demie lune.

Dans l'ombre des bateaux, de lourdes femmes drapées d'audacieuses tentes éclatantes se récurent les dents d'un bout de branche-dentifrice en attendant le départ de leur navette vers N'Gor.



On bêle sur la plage.

Un regroupement de chèvres paniqués s'inquiète pour l'un des leurs:

un gros bouc hurle à la mort

alors que, sans son consentement, il se fait frotter au gant de crin dans la mer

par un gladiateur à la peau de cola sous un soleil effervescent.



Des pêcheurs discutent de leur prise: de la dorade, du mérou et de l'espadon aussi.

Ici, le 2/3 de la pêche ira au commerce, le 1/3 ira à la communauté.



J'attend la traversée dans l'ombrage avec les grosses femmes.

"Tu vas à N'Gor?" me demande l'une d'entre-elles,

cachée sous un tissu vert et orange aux allures d'un tableau peint à la gouache.

"Oui oui" que je lui répond.

"Je m'appelle Fatouh, dit-elle. J'ai un restaurant sur la plage.

Tu viendras me voir?"

"Probable. Inch Allah" que je lui souri.

C'est que la compétition est féroce sur l'île, particulièrement depuis le déménagement de l'aéroport international,

maintenant à 1 heure de route de Dakar.



"Voilà la pirogue" que me lance Fatouh en levant et sa lourdeur, et sa franche draperie

et sa jeune bambine en tresses

et une poche de riz made in Thaïland.



Le moteur du bateau-allumette bouillonne alors qu'on y prend place,

bas de pantalons relevés jusqu'aux genoux.



L'île de N'Gor est devant nous, tout près.

La traversée du canal se fera rapidement.

L'Océan ici est translucide.

"L'eau est trop belle" que lance un papa touriste français à son gamin.

"L'eau du robinet est plus belle" que lui répond le crapaud du tac au tac.

Voilà. Ce sont les enfants qui possèdent la vérité.



Note à Moi-Même:

Le sport national au Sénégal est la lutte mandingue (comme dans Django Unchained de Quentin Tarantino)





27 février



La vie passe doucement sur la toute petite île de N'Gor.

L'absence de véhicule motorisé ici permet enfin de profiter de l'air sénégalais sans le salissage au diesel de Dakar.



Dans les allées labyrinthiques, il y a souvent que des rabatteurs et des vendeurs ambulants qui passent,

partant de l'une des deux plages pour se rendre à l'autre, avec leurs paniers de babioles sur la tête comme des palmiers.



Les locaux ont faim: ce n'est pas la haute saison touristique ici car il fait trop froid pour les sénégalais (il fait pourtant 25 degré aujourd'hui sur Dakar).



J'ère ici et là donc, profitant des plages

et puis des grillades de chez Fatouh aussi,

elle qui bronze le manioc, le poisson et les gambas à sa gargote sur la plage, entre deux magnats de la chaise longue.

"Une autre Gazelle?" que me tire Fatouh de derrière son couperet.

"Allez. Une dernière avant de partir" que je lui répond.

Légère, la bière nationale est conçue pour se boire en chiffre pair.



Au soleil couchant, je me hisse au plus haut point de vue de N'Gor, sur la corniche rocailleuse,

et observe la folie des surfeurs tout en bas qui s'essayent à domestiquer l'Atlantique.

Quelques rastas vendeurs de djembés viennent discuter avec moi.

Ils me jasent de musique, de photographie et de surf.... avant de diriger la conversation vers la difficulté qu'ils ont à vendre leurs tamtams.

"Vous pouvez m'aider mon frère?"

L'amitié instantanée se change bientôt en une relation de pitié.

Je connais la technique.

Mais c'est que les vendeurs sont spécialement patients au Sénégal

et particulièrement insistants aussi.



Note à Moi-Même:

1- Les héritiers de France Gall ont maintenant une maison sur l'île de N'Gor

2- Ne plus acheter des sandales couleur pêche.

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5th March 2018

Toujours un plaisir de te suivre et surtout de te lire
5th March 2018

Merci Richard :)
5th March 2018

Merci Richard :)

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