Pérou : Trujillo : premier contact péruvien, entre aridité et arquéologie


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South America » Peru » Trujillo
July 18th 2011
Published: July 18th 2011
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Pérou, nous voilà !
C’est bon, on a passé la frontière Equateur-Pérou sans aucun souci. On s’attendait à pire, finalement on a juste dû descendre de notre bus, faire un gros sourire aux agents équatoriens qui nous tamponnent notre sortie sur notre passeport. Ensuite, on passe à pied un pont qui fait office de frontière ou de « no man’s land » pour aller resourire un coup chez les péruviens qui nous questionnent légèrement sur notre venue au Pérou. Heureusement, nos petits sacs à dos ne sont même pas fouillés, ils ne sauront donc jamais qu’on a transporté une quantité énorme de drogues et autres armes illégales ! :D Puis encore un petit tampon chez le flic local, plutôt occupé à prendre le soleil et à discuter avec ses potes et c’est bon !
Par contre, ça sent le trafic par ici ! Une dose de gens s’accumulent juste là, proposant services et marchandises diverses… Bon, faut aussi dire qu’on a évité la pire des frontières, étant également la frontière principale. Elle se trouve, en effet, sur la côte et demeure LA plaque tournante du transit de drogue dans la région. Autant dire que c’est pas le top d’y passer. On a donc évité la chose en passant par la deuxième frontière du pays, en pleines montagnes !

Pour accompagner le voyage, nous avons fait connaissance, le matin même où nous prenons notre bus à Loja (Equateur), de 2 suisses qui prenaient le même bus que nous. Lionel et Louis ayant déjà quelques semaines à leur actif en Amérique du sud, étant donné qu’ils ont commencé leur voyage au Venezuela puis Colombie, Equateur et suite au Pérou, comme nous. Nous passerons 2 journées avec eux, fort sympathiques d’ailleurs.
Il faut quand même dire qu’ils nous ont fait un peu peur en nous expliquant qu’ils ont été braqués dans un bus proche de la frontière, lorsqu’ils allaient passer de la Colombie à l’Equateur. Eh oui, par ici les braquages de bus sont des « catastrophes naturelles » à lister dans la culture locale. Et le Pérou est également connu pour être un pays où cela se passe régulièrement ! On n’espère vraiment pas expérimenter cela, car évidemment à part la trouille énorme du moment (une bande de 10 mecs armés en train de gueuler des trucs en espagnol, l’arme dirigée sur vous!), on se retrouve totalement à poil après cela ! Plus de fric, de cartes, de passeport, d’habits (ils prennent tous les sacs de la soute !), et de valeurs (photos, appareils, ordi et j’en passe). Mouais…… ça c’est l’Amérique du sud tout craché ! Croisons donc les doigts !

On se lance alors dans un bus depuis l’Equateur qui devrait faire de 8 à 9h pour nous amener à Piura, première ville du Pérou où on avait prévu de dormir juste une nuit, pour couper le trajet en deux. Le trajet sera plus long (presque 11h), on est bien raides après cela. On traverse des paysages désertiques arides vraiment désolants depuis la frontière, une pauvreté et une saleté que nous n’avions jamais vues auparavant. Des petits villages en bordure de route, vraiment très très sales ! En passant en bus, durant une dizaine de minutes, on sent une odeur nauséabonde qui persiste. On passe par des « déchetteries » sauvages en plein air. Cette vision est assez horrible et fait mal au cœur, voire répugne. Pauvres gens.

Nous arrivons finalement à Piura en fin de journée, déjà bien fatigués. La ville semble franchement… hostile ! C’est moche, beaucoup de monde qui s’agite dans la rue dans tous les sens, on se retrouve à 6 (2 allemands en plus) avec nos gros sacs à dos en plein dans cette agitation et on doit trouver un bancomat pour retirer des « Nuevos Soles » (monnaie péruvienne), pas le bon plan niveau sécurité ! Un flic à qui on demande notre route nous dit également de faire bien attention aux vols par ici !
Finalement, en contrôlant bien nos affaires et en étant un petit groupe, tout se passe bien. On doit ensuite trouver la seule agence de bus qui devrait proposer un voyage le lendemain matin entre Piura et Trujillo, une ville plus au sud où nous ferons escale. Après une bonne demi-heure de recherche et de marche avec toutes nos affaires, on trouve enfin l’agence dans une petite ruelle (y aller en taxi, pas la bonne idée, mieux vaut faire appeler un taxi par un établissement et pas en héler un dans la rue, des vols ou agressions sont aussi à déplorer par ce moyen-là !).
Au guichet, on apprend que le bus du matin n’existe pas ! Il y en a seulement un à 18h30 chaque jour ! Pffff… pas envie du tout de rester 24h dans cette ville ! Il est 18h15. …. Après un bref regard entre nous, on se décide, on part direct ! On enchaîne les autres 6 heures qui nous séparent de la prochaine destination en se disant qu’on sera 4 pour l’arrivée à minuit dans cette grande ville (les allemands s’arrêtent avant). Ça devrait aller…
Juste le temps de faire nos billets, de donner nous empreintes digitales, de faire scanner nos sacs (ça plaisante pas ici niveau sécurité !!), vite un passage aux WC et un achat sauvage de frites et poulet dans la rue pour manger quelque chose de la journée quand même, et on est partis !
Le voyage de nuit se passera bien. Vraiment crevés et marre en arrivant ! Vivement un lit et une douche ! Faut-il encore trouver une chambre à 1h du mat. Car évidemment on arrive un peu en retard aussi ! Finalement, tout se passe très bien, un service spécial de taxi de la compagnie de bus nous prend directement en charge (pour éviter de devoir prendre un taxi en pleine rue), direction un hôtel où il y a 2 chambres dispos ! Contents d’être arrivés ! Ouf !

Notre arrivée au Pérou fût des plus chaotiques, comme vous pouvez le lire. Et la nuit qui suivit, très courte (4h !) sera du même style. On se couche à 2h du mat et dès 6h, l’hôtel en plein travaux nous offre un bruit à réveiller un sourd, dans des murs si fins qu’on entend le type vomir en pleine nuit dans la chambre d’à côté ! …
Encore bien plissés, nous quittons cet hôtel à notre réveil et nous entamons, fatigués, la visite de la ville.

Trujillo est une ville de 850'000 habitants, principale ville du nord du Pérou. Elle se situe au bord du Pacifique, sur une côte très aride, les paysages alentours en témoignent d’ailleurs. Ici désert sec et sans végétation, sauf quelques cactus par-ci par-là. Trujillo est une ville au passé colonial qui a gardé de beaux vestiges de cette époque, offrant quelques jolis bâtiments et une très belle place centrale où se promener. Beaucoup de couleurs dans ces rues. C’est plaisant.
Les gens semblent sympathiques et assez ouverts. La zone est également un peu touristique donc cela aide, bien sûr.

Nous arpenterons notre première journée dans ces rues, au rythme de notre fatigue, faisant quelques photos et rejoignant nos acolytes pour dîner puis boire un verre le soir.
Eux prendront directement un bus pour Lima le soir-même, après s’être échangés nos adresses et nos anecdotes de voyage, nous nous quittons donc. Bonne route les aventuriers ! :D

Le jour suivant, après une nuit de sommeil tout juste meilleure que la première (tous les bâtiments semblent en réparation dans cette ville, les travaux commenceront ici à 7h30, juste au-dessus de notre tête !!), nous attaquons une journée excursion avec une agence locale, pour aller visiter 2 sites archéologiques importants, situés dans les alentours direct de Trujillo.
Le tour se fera en petit groupe d’une quinzaine de personnes, avec une guide toute jeunette mais elle (au contraire de la miss des Galápagos !!) est géniale ! Toute chou, toute dynamique, toute souriante, explique énormément de choses et sait beaucoup également, même sur d’autres sites du Pérou ! Si seulement les guides étaient toujours comme cela !
Nous passerons donc une bonne journée avec notre groupe de langue espagnole, venant de Madrid, Lima, Etats-Unis ou Pologne, en se rendant compte qu’on comprend plutôt bien les explications, ça fait plaisir ! Evidemment, on ne saisit pas toujours les petites subtilités mais bon, c’est déjà pas mal !

Parlons un peu maintenant des 2 sites archéologiques en question :

Le premier que nous avons visité est le site des « Huacas del Sol y de la Luna ». Ce site a appartenu à la civilisation « moche » (prononcé « motché » s’il vous plaît :o)…).
Pour comprendre cela, juste une info : lorsqu’on parle du Pérou, une chose nous vient très vite à l’esprit : les Incas. Eh bien il faut savoir que les Incas ne furent largement pas la seule civilisation ayant prospéré sur ces terres ! On les connaît mieux car ce sont les derniers à avoir vécu avant l’invasion espagnole et beaucoup de sites ou de bâtiments sont les témoins de leur passage, comme le fameux Machu Picchu d’ailleurs. Mais bien avant eux, d’autres peuples ont foulé ces terres et ont été très révolutionnaires et innovants, même bien plus que les Incas.
Les Moche font partie de ces peuples. Ils ont vécu à peu près entre l’an 100 et l’an 700 après J.C. Après eux, est apparue la civilisation « chimù », qui s’est un peu construite sur les vestiges des Moche. Elle a vécu plus ou moins de l’an 1000 à l’an 1470. Puis vinrent les Incas justement, qui régnèrent plus ou moins dès le début du XIIIe siècle jusqu’en 1532, année de conquête de l’empire par les espagnols.

Le site des « Huacas del Sol y de la Luna » est donc un site « moche ». Nous ne visitons pas la « Huaca del Sol », qui fût probablement un grand centre administratif de l’époque. Le site n’est pas encore fouillé, d’où la non présence des touristes. Mais dans le futur, cela sera probablement une destination en soi car ce n’est autre que la plus grande pyramide du Pérou, 340 mètres de long et 45 de haut. Actuellement, elle ressemble plutôt à une colline perdue dans ce milieu aride.

« Huaca » veut dire « temple » en langue quechua, la langue parlée encore aujourd’hui par tous les peuples de la montagne (la sierra) et parlée à l’époque par tout l’empire. Entre la « Huaca del Sol » et la « Huaca de la Luna » que nous allons visiter, une large zone plate sèche qui était, autrefois, une zone urbaine.

La « Huaca de la Luna » est un site impressionnant. Il fût découvert très tard et par hasard, en 1990, par un professeur d’une université de Trujillo.
Ce lieu était en fait le plus important lieu de culte de la civilisation « moche ». Ce « Temple de la Lune » n’a, en fait, rien à voir avec la lune. Les Moche ne vouaient aucun culte à la lune, ni au soleil, mais ce nom fût donné par les Espagnols, débarquant là sans trop bien comprendre tout ça. En fait, aucun écrit « moche » n’a jamais été trouvé. Le nom qu’ils donnaient à cet endroit n’est donc pas connu.

Le peuple était interdit dans l’enceinte du temple, seulement les sacerdoces y séjournaient. Et d’ailleurs, une particularité du lieu : ce temple était en perpétuelle rénovation, car lorsqu’un sacerdoce mourait, il était enterré dans son temple avec tous ses biens et c’est alors que le peuple construisait le nouveau temple, pour le nouveau sacerdoce, au-dessus du premier ! Ce site était donc voué à grandir et à devenir de plus en plus haut et de plus en plus large ! Les vestiges montrent d’ailleurs très bien cet « empilement » de générations, on sait aujourd’hui qu’il y a 5 étages à cette pyramide, mais seulement 3 ont pu être mis à jour.

La divinité que les Moche adoraient est appelé (par nous !) le « dieu de la Montagne » ou l’Egorgeur ! D’ailleurs sa tête est dessinée et bien visible sur tout le pourtour du temple, sympathique figure en couleur !
Pourquoi ce nom ? Pour évoquer la façon dont les Moche sacrifiaient leur victime (les sacrifices étaient pratiqués par exemple pour calmer le Dieu qui déclenchait régulièrement des pluies torrentielles, phénomène climatique aujourd’hui expliqué par « El Niño » !) ! En effet, la civilisation « moche » était connue pour être assez sanguinaire. Ils attachaient leur victime, lui tranchait la gorge au couteau et s’abreuvait de son sang, après l’avoir montré en guise de preuve au peuple, par le « levé de la coupe » du haut de la pyramide ! … Ouais on se croirait un peu en plein film mais c’était la réalité ici. Et il faut savoir que le sacrifié était toujours un homme de 18 à 35 ans, en bonne forme évidemment !

Voilà donc notre première visite archéologique du coin, fortement agréable et impressionnante. En plus, ça fait vraiment du bien de comprendre quelque chose, merci la guide ! :D

Le deuxième site, toujours collé à la ville de Trujillo (à 5 km au nord-ouest) est, quant à lui, inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1986. C’est un site « chimù », donc légèrement plus jeune que le premier. Il fût construit entre l’an 850 et l’an 1470 après J.C. Son nom : Chan-Chan.
Ce site, des plus importants pour la civilisation « chimù », fût leur capitale jusqu’au XVe siècle, lorsqu’il fût conquis par les Incas. De nos jours, c’est la plus grande ville en adobe précolombienne des Amériques.

Le site d’antan s’étendait sur plus de 24 km2 ! Aujourd’hui, il ne reste que 14 km2. C’est un site fortement menacé par les conditions climatiques car il est vraiment très proche du Pacifique et a subi donc régulièrement les conséquences d’ « El Niño », avec de fortes pluies. À cela, ajoutez que le vent dans le coin est violent (on l’a expérimenté, la quantité de sable dans les yeux, sympa !) ce qui augmente encore plus l’érosion de l’endroit !

Cette ville « chimù » est composée de 9 citadelles fortifiées, chacune ayant appartenu à un roi, enterré dans sa citadelle avec tous ses biens. On ne peut en visiter qu’une seule, le « Palacio Nik-an », mais heureusement car c’est déjà ENORME !!!
Dans chaque citadelle, on trouve une suite de salles diverses : salles de cérémonie, chambres mortuaires, temples, réservoirs, chambres, couloirs entre les diverses places, bref, un vrai labyrinthe ! En plein centre, il y a même un petit « lac », avec les eaux de la nappe phréatique locale qui remonte régulièrement dans le bassin.

Globalement, le site de Chan-Chan est bien conservé mais plus « triste » que le premier. Déjà : pas de couleurs ! Probablement qu’il y en avait à l’époque mais elles n’ont pas réussi à passer les années intactes. Et sinon, les décorations sont bien différentes. Ici le thème « maritime » est très important. En effet, les décorations encore visibles représentent des filets de pêche, la marée, les courants, les vagues, des pélicans, des poissons, très importants pour les Chimù, peuple pêcheur.

Nous avons parcouru ce site, toujours sous un soleil bien présent et dans la poussière locale, tout de même impressionné par ce qui nous entourait.

Après cela, retour sur Trujillo où nous avons finalement décidé de ne pas prolonger notre séjour ! Les hôtels bruyants et globalement chers pour leur qualité ne nous ont pas vraiment séduits !

Nous avons donc repris le bus (… va falloir qu’on s’y fasse !), cette fois un trajet de nuit, départ à 20h. 10h de bus au programme, pour arriver dans un monde totalement différent et dépaysant : la Cordillera Blanca, chaîne montagneuse principale du Pérou, aux pics de 6000 mètres de tous les côtés ! Espérons que là-bas, les nuits soient plus calmes…




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