Cuzco, Capitale Inca - 20-27 mai


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June 15th 2012
Published: June 15th 2012
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Cuzco, capitale de l’Empire inca, conquise par les troupes de Pissaro en 1532, puis remodelée à la façon catholique au fil des siècles. La ville conserve donc son double héritage, indigène et colonial : de multiples églises baroques aux superbes façades ont été construites sur les anciens lieux de culte incas. Les Incas avaient développé une technique de construction très élaborée, et les murs en pierres de taille exhibent des angles et des formes qu’on ne se lasse pas d’admirer ; les blocs sont si serrés, si finement taillés qu’on ne peut passer une carte de crédit entre deux pierres !

A Cuzco se trouvaient le Temple du Soleil (Coricancha), principal temple inca, la demeure de l’Empereur (le Sapa Inca), et d’autres édifices, dont beaucoup ont été détruits par les Espagnols. Ne restent donc que les murs d’enceintes, nombreux en ville.

Je reste cinq jours ici, car je m’y sens bien ; l’architecture est très belle, le centre est essentiellement piétonnier, et on peut écouter de la musique live tous les soirs ! En outre, j’ai rencontré Nicolas, un Français qui est ici depuis deux mois pour pratiquer le yoga, puis Maria Alejandra, qui est venue de Lima pour la même raison ; tous les deux sont profs de yoga, d’ailleurs. Nous déjeunons tous les jours ensemble chez Lila, dans un petit resto végétarien du marché, où la très bonne formule soupe-plat ne coûte que 3,50 Soles (1 euro …à comparer aux restos touristiques qui proposent le plat à 30 soles).



Je passe le premier soir avec deux Péruviens adeptes des plantes psychotropes andines, qui me proposent d’essayer lors d’une initiation avec un Chamane. L’Ayahuasca a des effets puissants qui provoquent un sentiment de conscience exarcerbé, une amplification des perceptions visuelles et auditives, une stimulation intellectuelle et des phases de rêve. Elle est quelquefois utilisée en psychothérapie pour desinhiber les patients. Le San Pedro a des effets sur la perception de l’environnement et de la nature. Je décide de ne pas essayer, car je ne connais pas assez mes initiateurs. En en parlant plus tard avec Maria-Alejandra, qui a essayé les deux, j’ai la confirmation des effets puissants et très différents de ces deux plantes. Elle se souvient avoir eu la sensation, avec le San Pedro, de sentir l’odeur des eucalyptus situés à 150m…Cela m’intrigue ; ce sera pour le prochain voyage… Quoi qu’il en soit, j’ai passé une soirée très instructive avec les deux Péruviens, parlant (outre plantes !) politique et société, histoire inca entres autres.



Histoire inca, justement, revenons-y ! Saviez-vous que l’Empire n’a connu son heure de gloire que pendant un peu plus de 100 ans, entre 1400 et l’arrivée des Espagnols en 1532 ? Au XVe, il s’étendait de l’Equateur au Chili, en passant par le Nord de l’Argentine, relié par un immense réseau de voies en pierres. Quand Pissaro et Almagro sont arrivés, une guerre civile avait affaibli l’Etat (les deux fils du Roi se disputant son titre), rendant la conquête plus facile. Pissaro fera décapiter Atahualpa (un des deux fils) en place publique, mais les batailles entre conquistadors et les Incas, quoique localisées, dureront encore jusqu’en 1572. Alors pourra commencer la période d’exploitation à outrance de la main d’œuvre inca (dans les mines et les fermes d’Etat ; chaque famille devait envoyer une personne pour travailler à la mine de Potosi, et quand le travailleur mourrait, en 1 ou 2 ans, un nouveau membre devait le remplacer), qui, affaiblie aussi par la variole et autres maladies importées d’Europe, se traduira par un quasi génocide, la population s’effondrant de 12 à 15 millions en 1500 à 600,000 deux siècles plus tard …Il est tentant ici de faire le parallèle avec les Etats-Unis ; en 1890, date des dernières batailles autorisées par le « Indian Removal Act », il ne restait que 250,000 Indiens ; les historiens, en revanche, ne sont pas d’accord sur le chiffre de départ, pour lequel les estimations varient de 2 …à 15 millions !

Sur ce constat, on ne peut que s’étonner de la rémanence de la culture quechua dans les pays Andins ; on la sent partout, dans la langue d’une part : le quechua est encore la langue vernaculaire dans les campagnes, et parfois en ville. Les Andins parlent encore beaucoup de la Pachamama (la Terre-Mère), et des Apus (les esprits de la montagne, qui manifestent régulièrement leur mécontentement par des éruptions volcaniques ou des tremblements de terre et qu’il faut calmer par des offrandes). Les plantes médicinales ancestrales sont elles aussi très utilisées.

Je pense à l’Asie et à la spiritualité de Bali, du Japon, de la Chine et de l’Inde, (et l’Afrique …? Demander à Brigitte !) en me disant que les Occidentaux forment finalement la minorité qui a oublié ces racines-là…



Cuzco compte plusieurs musées d’art religieux où sont exposées les toiles de l’école cusquena, c’est-à-dire du groupe de peintres incas ou créoles qui ont copié et adapté au goût andin les tableaux religieux européens, qui à l’époque étaient utilisés pour enseigner le catéchisme aux masses que l’on devait évangiliser . Comme dans d’autres contrées (notamment au Brésil avec la récupération d’une partie des Orishas), les catholiques ont intégré une partie de la représentation inca dans l’art. C’est ainsi que Marie est souvent répresentée avec une robe triangulaire qui a la forme d’une montagne ; les motifs décoratifs de la robe sont souvent des scènes bucoliques (lamas ou alpacas qui paissent, arbres etc) : le message est clair : Marie, mère de Jésus est donc une autre forme de la Pachamama, la Terre-Mère qui protège, et vous n’abandonnez pas la religion de vos ancêtres en vous faisant baptiser.

Dans certaines toiles la Trinité est représentée sous la forme de trois visages identiques : c’est une manière de faire comprendre aux Incas, polythéistes, que le Dieu chrétien reste unique, même s’il peut être représenté sous trois aspects différents dans certains tableaux. La figure unique maintient la notion de ce tryptique de représentation, mais établit la consubstancialité de la Trinité en la montrant sous des visages identiques.


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Cuzco (49)Cuzco (49)
Cuzco (49)

Le tissage, activite importante et traditionnelle dans les Andes
Cuzco (65)Cuzco (65)
Cuzco (65)

L'ancien Temple du Soleil, temple le plus important de Cusco, qui a ete transforme en eglise par les Espagnols, qui n'ont pas detruit tous les murs
Cuzco (67)Cuzco (67)
Cuzco (67)

exemples de murs incas
Cuzco (68)Cuzco (68)
Cuzco (68)

Vigogne (sauvage la plupart du temps)
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Vigogne
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Cuzco (77)

Alpaca adulte et vigogne


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