4 jours de marche à Torres del Paine

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Salut du bout du monde. Non je ne suis pas en Chine, mais bien au vrai bout du monde, la ville d’Ushuaïa en Argentine, d'où quittent la plupart des navires en partance pour l'Antarctique. Ushuaïa est réputée être la ville la plus au sud du monde, bien que ce soit plutôt le petit village de Puerto Williams au Chili qui devrait avoir la palme. Mais les Argentins aiment bien se venter, particulièrement en s'appropriant encore les Iles Falkland (Malouines) qu'ils ont perdues décisivement aux mains des Anglais dans les années 1980, et surtout en s'appropriant une partie de l'Antarctique (comme le fait le Chili). Pourtant, l'Antarctique n'appartient à aucun pays. Allez seulement leur faire comprendre ça.

La dernière fois que j'ai updaté le blog, je disais qu'on avait réservé des refuges pour aller faire quatre jours de randonnée dans le Parc Torres del Paine au Chili. Le gars qui s'est occupé de notre cas à l'agence était un chilien qui a immigré à Longueuil et qui a un chalet à Lachute. Et que le monde est petit! Et en plus, alors qu'on attendait en ligne, je m’aperçois que le gars à côté de nous est un Américain avec qui j'avais brièvement jasé à la frontière bolivio-argentine il y a un mois, à plus de 4 000 km de là. Et que le monde est petit! Comme on voulait la même chose, on a tout booké les trois ensembles.

Mercredi matin, après notre petit déjeuner chilien (ça veut dire du jambon, du fromage, une orange, du yogourt et les traditionnels toast! Pas mal mieux qu'en Argentine), on a pris un bus jusqu'à l'entrée du parc. De là, on avait environ deux heures de marche jusqu'au premier refuge, le refugio Chileno. C'était principalement en montée et on s'est vite rendu compte que Frank (l'Américain) est plutôt du genre athlète. On a déposé nos sacs au refuge pour la deuxième marche de la journée. Avant de partir pour quatre jours, je me suis longtemps demandé si j'amenais mon petit sac à dos ou mon gros sac à dos. Avec mon petit, j'allais surement le regretter parce que j'allais manquer de bouffe et de linge sec. Avec mon gros, j'allais sûrement le regretter parce que ça allait être lourd et encombrant. J'ai finalement opté pour le regretter le ventre plein et les pieds secs. En après midi, la température était vraiment mauvaise et on n'a pas vraiment vu les tours de granite qui donnent son nom au parc. On s'est quand même fait pas mal de fun en escaladant la moraine qui menait jusqu'à un glacier (moraine c'est un gros tas de roches laissé par le glacier quand il fond). C'était l'endroit idéal pour se fouler une cheville et ou se casser une jambe (surtout avec la pluie), mais finalement tout le monde s'en ai tiré indemne.

De retour au refuge, François nous a préparé ses délicieuses pâtes sauce au tomate. On a par contre dû attendre jusqu'à 22h00 car on doit utiliser la même cuisine que les cuisiniers qui font les repas pour les randonneurs riches. Je dis randonneurs riches parce qu'un souper coûte 16 $US. Ça consiste en un bol de soupe, un bout de lasagne et un jello! Good deal! Vous pouvez aussi avoir le déjeuner à 8 $US (toast et café) et la boite à lunch pour diner à 14 $US (sandwich, eau, pomme, barre de chocolat). Nous, en tant que randonneurs pauvres, on s'est contenté de notre spaghetti pour souper et de nos biscuits sodas le reste de la journée.

Les prix ridicules ne sont pas seulement pour les repas. Mon lit, qui consiste en un matelas et un oreiller (mais pas des draps!!!) me coûte 33 $US par nuit, soit de loin le lit le plus chère à date en quatre mois en Amérique du Sud. Ai-je mentionné que c'est dans un dortoir à huit qui n'est pas chauffé la nuit!?! Pour plus de confort, on peut louer un sac de couchage pour 7 $US supplémentaire par nuit. Ce qui fait que notre lit de dortoir nous revient à 40 $US. Étant le gratteux que je suis et voulant protester contre l'exploitation dont nous étions victimes, j'ai décidé de ne pas louer de sac de couchage. Je me suis dit que mon polar, ma tuque, mes mitaines et mes bas de laine me tiendraient autant au chaud. C'est vrai...jusqu'à 2h00 du matin, alors qu'on se réveille et qu'on se rend compte que le refuge n'est pas chauffé la nuit! Par contre, geler un peu valait bien les 21 $ sauvés. Je dois arrêter de me plaindre parce que François dit que je chiale tout le temps. C'est pas de ma faute si je supporte vraiment pas de me faire fourrer....

Le deuxième jour, on s'est levé relativement tard parce qu'on avait une courte journée de 3h30 de marche jusqu'au refugio Los Cuervos. On a changé notre mode de fonctionnement et au lieu d'y aller en cordée comme la veille (façon de parler, c'est pas de l'escalade), on y est tous aller à notre rythme. En effet, c'est un peu frustrant d'avoir toujours à s'arrêter quand quelqu'un veut prendre une photo, boire de l'eau, etc. C'est aussi frustrant d'avoir le coeur qui va t-éclater en essayant de suivre celui qui va vite devant. La température était beaucoup mieux que la veille et on pu voir les Cornes de Paine et longeant le lac Nordenksjold. Nous sommes arrivés au refuge assez tôt (13h30) et j'ai pas mal passé le reste de la journée à siester et à lire (Jurassic Park, pour la troisième fois, mais en anglais cette fois). J'ai encore choisi de dormir sans sleeping bag, en me disant que c'était un nouveau refuge et que peut-être qu'il serait mieux chauffé. Ça n'a pas été le cas...

Vendredi, on avait un aller-retour à faire. En effet, comme la plupart des refuges étaient bookés, on devait rester deux nuits au refugio Los Cuervos. Je me suis levé tôt et quand j'étais prêt à partir, les autres étaient encore au lit. Je suis donc parti tout seul. La randonnée du jour devait théorique (selon la carte) prendre 12 heures. Par contre, le temps estimé est toujours grandement surestimé et j'ai liquidé ça en sept heures. On devait marcher dans la vallée Frances jusqu'à un mirador haut dans les montagnes. J'ai jamais vraiment trouvé le mirador, d'autant plus que lorsque je suis arrivé près du bout du sentier, il commençait à y avoir une tempête de neige. Je suis donc redescendu. Finalement, il semblerait que à ce point, j'avais dépassé le mirador depuis longtemps déjà. Je suis revenu au refuge à 15h00. À 18h00, François n'était toujours pas revenu. On commençait à se demander s'il n'était pas tombé dans une crevasse et ou si un coyote avait eu sa peau. Finalement, il est arrivé peu après. On a mangé des pâtes pour une troisième journée d'affilée. Ce soir là, je me suis dit que si j'avais survécu deux nuits sans sac de couchage, je pourrais survivre une troisième et dernière....

La première chose que j'ai pensé en me réveillant samedi c'était: «NON!! Je veux pas aller marcher encore...». Ça part mal une journée quand on a minimum quatre heures de marche, et peut-être même neuf heures. Les autres sont tous partis avant moi. Je n'ai pas battu de record de piste en reliant le refugio Torre Grande en 3h30. Vous m'avez d'ailleurs peut-être entendu crier à pleins poumons en cours de chemin « J-T-ÉCOEURÉ DE MARCHER! J-T-ÉCOEURÉ DU VENT! ». Autrement dit, j'étais en train de perdre la raison petit à petit. J'avais aussi le « holà » peu énergique. Car dans le code du randonneur, il est dit que l'on doit saluer d'un « holà » tout randonneur que l'on croise, peut importe la langue qu'il parle. Certain ont le « holà » très chaleureux, tellement que l'on pense un bref instant faire partie de la famille. D'autres ont le « holà » plus timide, particulièrement ceux qui sont en train de monter une côte. D'autres ont le « holà » absent, mais ça c'est pas bien. Moi ce jour-là, mon « holà » était plus du genre « ben oui c'est ça, holà toi même...». Autrement, j'en avais ma claque du trekking, d'autant plus que ça faisait la septième journée en huit jours qu'on se tapait minimum quatre heures de randonnée par jour. Un peu trop pour quelqu'un qui monte le Mont Tremblant une fois par année.

Je suis arrivé au refugio Paine Grande vers midi. Pour compléter le circuit, on devait faire un aller retour jusqu'au refugio Grey, à 3h30 de là. Le hic, c'est qu'on devait prendre le catamaran à 18h30 pour rentrer à Puerto Natales. J'ai finalement marché environ un autre 1h45 jusqu'au mirador du glacier Grey et je suis revenu. Et ça en fut fait de ma carrière de trekkeur, pour quelque jours du moins. Par contre, je dois souligner que le parc est vraiment spectaculaire. Toutefois, si quelqu'un de vous va y faire un tour, je recommanderais d'essayer de faire de la randonnée sur les pourtours du parc et non au centre, étant donné qu'on a pratiquement eu les vues les plus spectaculaires à partir du bus en retournant vers Puerto Natales. En restant sur le contour, on a une vue d'ensemble des lacs et des montagnes et la météo est meilleure.

Après 30 minutes de bateau et deux heures de bus, on était de retour à Puerto Natales. Première chose que l'on a fait ce fut de manger une pizza. Hmm...pizza! Dimanche matin, on pris un bus de 12 heures jusqu'à Ushuaïa. On est arrivé ici vers 20h00 et on a trouvé deux lits au refugio del mochilero (refuge du backpacker) pour un prix raisonnable. Je dois avouer que j'ai hâte de ne plus dormir dans des dortoirs. Ça fait deux semaines qu'on fait pas mal juste ça. On a trois autres jours ici avant notre ride de bus de la mort jusqu'à Buenos Aires.

Le bonhomme du café internet ici me gossait parce que je prononçais pas « machinas » comme il faut (on doit dire « makinas » apparemment). Je lui ai répondu avec une gueule voulant dire je m'en fou totalement (ce qui est vrai, à ce point du voyage, l'espagnol est vraiment la dernière chose qui m'intéresse. Et en plus il avait vraiment pas une gueule sympathique). Par contre, si j'étais meilleur avec cette langue, je me serais fait un plaisir de lui réponde : "Je vais prononcer « machinas » comme « makinas » quand vous et votre peuple aller arrêter de prononcer les « ll » comme des « ch »". Vive le français!

j.m.

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Photos

Torres del Paine
Un des nombreux paysages spectaculaires que nous offre le Parc Torres del Paine.

Coucher de Soleil
Coucher de soleil sur les Andes...à 22h10!

Lac Nordenksjold
Trés venteux lac que l'on a contourné pendant quelques heures.

Glacier et tempête de Neige
Il faisait vraiment pas beau dans la Vallee Francaise ce jour là.

Cornes de Paine
À défaut de voir les tours, on a vu les cornes.

Rivière
Le Rio Peligrosse avec les montagnes derrières.

Lac avec icebergs
Les icebergs proviennent du glacier Gray à quelques kilomètres.

Glacier Grey
Le plus proche que je me suis approché du glacier Grey.

Lago Grey
Lago Grey à travers les branches

Moi à Torres
Moi qui est pas super en former après 4 jours de marche à TDP.

Lac Pehoe
Lac Pehoe avec les pics rocheux derières

Comments

[man]

Je n'en reviens pas que tu sois rendu aussi gratteux, chialeux oui... mais gratteux??? Ce sera pas drôle quand tu vas revenir; pour Noël est-ce qu'on t'achète des livres sur la simplicité volontaire??? À+

[RICHARD]

ES-TU AU BOUT DU ROULEAU?
JE RECONNAIS MON FILS QUI AIME CONTESTER LES PETITS CÔTÉS DE LA VIE.COMMENCES-TU À T'ENNUYER DE TON BUNKER?EST-CE QUE ÇA VALAIT LA PEINE DE SE PRIVER DE REPAS,DE COUVERTURE?JE TE DIS UN "HOLA" GROS COMME LA MAISON ET PROFITE DES DERNIÈRES SEMAINES DE CE VOYAGE SI ENRICHISSANT AUSSI BIEN POUR TOI QUE POUR NOUS TOUS QUI TE SUIVONT.MAIS OÙ EST CHARLIE(FRANÇOIS),JE LE CHERCHE SUR TOUTES LES PHOTOS ET JE NE LE VOIS JAMAIS. SALUT PA

[marie]

t ben chialeux !!!!!!!!!!!
J'crois qu'on a tous eu la meme réaction en lisant ton dernier blog.... Peut-etre que tu es dû pour une petite semaine à regarder ciné canal, à manger des chips puis boire un 2L de pepsi !!!! haha Il fait combien au juste ou tu es ? ta meme pas de tuque ni de mitaine !!! As-tu gelé plus qu'à la lagune rouge ? Bonne chance pour votre 48 heures de bus puis amusez vous bien à Buenos Aires ! ;)