Bolivie: Potosi, Sucre, La Paz


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May 28th 2012
Published: May 29th 2012
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Le circuit des routards en Bolivie est assez classique ; si on arrive du Sud, comme moi, on commence par le circuit du Sud Lipez avant d’aller vers Potosi, Sucre, La Paz, le lac Titicaca. Même s’il existe quelques variantes, ce circuit fait que l’on retrouve à intervalles plus ou moins réguliers, selon la durée de leur séjour dans chaque ville, des voyageurs que l’on a vus précédemment. Des amitiés fugaces se forment, on est content de se revoir, on échange les impressions, les bons plans que l’on a récoltés d’autres routards, on voyage un peu ensemble, partageant les taxis, les repas, les visites aux musées. Depuis Uyuni (8 mai), je passe ainsi pas mal de temps avec un groupe de 4 personnes, composé de Juan, un Argentin, Ida, une Suédoise, Dorus, un Néerlandais de 19 ans, et Magda, une Tchèque. A l’heure où j’écris (quelques heures après l’annonce détaillée du Gouvernement Ayrault en France) j’ai perdu le contact avec les 3 premiers (je n’ai pas leur adresse mail), mais desespère pas de les croiser bientôt. Le fait d’avoir des voyageurs pour parler et échanger est bienvenu, car les Boliviens sont assez fermés et n’engagent pas la conversation très facilement. Il arrive même qu’ils refusent de donner des informations aux touristes. Une barrière existe entre les Boliviens, surtout ceux de 40 ans et plus, et les Occidentaux qui visitent leur pays. Très grande différence sur ce point avec les Brésiliens et les Argentins. Je ne sais dire si c’est dû à la dureté de la vie Andine, à la culture ou l’éducation.



Potosi, Sucre et La Paz sont trois villes qui ont joué (et jouent) un rôle important dans l’histoire de la Bolivie.

Potosi, située à 4000m d’altitude (c’est la ville de plus de 100000 habitants la plus élevée au monde) doit sa fortune à sa montagne, le Cerro Rico, qui regorgeait d’argent. Charles Quint l’a élevée au rang de capitale impériale. Au milieu du XVIIe, Potosi comptait 160000 habitants, soit autant que Paris ou Londres. La richesse de la ville en était parvenue à un point tel que Cervantès fait dire à Don Quichotte, quand il trouve une chose extraordinaire : « ça vaut un Potosi » (« vale un Potosi »). Le baroque a pu s’épanouir dans l’architecture, et on passe devant des églises, des couvents aux portails superbes, et souvent très intéressants car ils mêlent des éléments européens à des éléments indigènes (végétaux, animaux, instruments de musique comme le charango).

Cette richesse minière a eu un prix élevé, celui du travail forcé de milliers d’Indiens et d’Africains, qui travaillaient jusqu’à 48h consécutives dans les galeries du Cerro, et mourraient d’épuisement après quelques années. J’ai passé une matinée au contact des mineurs et pu apprécier la dureté du travail. Même si elles n’ont pas grand-chose à voir avec celles du XVIIe, les conditions sont difficiles, sans doute proches de celles des mines européennes à la fin du XIXe (les mineurs me parlent de Germinal quand ils apprennent que je suis Français !). Il faut imaginer la rareté de l’air (à 4000m, on a 60% de l’oxygène disponible au niveau de la mer), et ajouter la poussière épaisse omniprésente dans les galeries ( il n’y a pas d’extracteur d’air !). On nous a donné un masque pour se protéger de la poussière, mais je ne peux respirer avec, et inhale par la bouche par grandes aspirations afin de pouvoir continuer à marcher. Les galeries sont basses, et on marche le dos courbé, au mieux, et à quatre pattes à certains endroits. Au niveau moins trois, la température passe à 35 degrés, avec un taux d’humidité étouffant. A intervalles réguliers, le bruit d’un wagon de minerai caracolant vers la sortie oblige à se presser contre la paroi si on ne veut pas se faire estropier par 2 tonnes de convoi. Voilà pour les conditions générales…Effrayant, mais assez passionnant, à vrai dire, de vivre cela. Comme je suis avec un petit groupe de 2 autres touristes + un guide, nous pouvons nous déplacer plus avant et travailler à remplir les wagons à la pelle avec les équipes que nous rencontrons en chemin. Ils nous accueillent volontiers, car nous leur apportons quelques biens dont ils ont besoin : sodas, feuilles de coca (j’y reviendrai), bâtons de dynamite et détonateurs (en vente libre au mercado minero, le marché des mineurs), et un mauvais alcool à 96 degrés (à boire, si, si ! j’ai trempé les lèvres et ma bouche s’est enflammée illico !).

Les mineurs travaillent en équipes de 6 à 8 et sont rémunérés à la tâche ; à la fin de la semaine, le chef de groupe va négocier le prix du minerai avec une des 30 entreprises de traitement situées aux abords de la mine. Ils peuvent compter sur un salaire environ deux fois plus élevé que le salaire moyen en ville, environ 200 euros mensuels.



Revenons sur la plante qui est le symbôle de l’identité andine depuis 4500 ans : la coca. Pour les cultures pré-colombiennes, c’est une plante sacrée, lien entre les hommes et la Pachamama (la Terre mère). Elle est utilisée pour ces vertus nourricières et médicinales, et comme adjuvant social pour toute demande : lors d’une demande en mariage, l’homme offre des feuilles de coca à son futur beau-père. Le Yatiri ou Chamane lit l’avenir dans les feuilles de coca.

On estime que 92% des Andins mastiquent la coca régulièrement. On prend quelques feuilles que l’on place entre les dents et la joue, et on laisse la salive extraire les alcoides et protéines. L’effet est multiple : coupe-faim, excitant, nourrissant. Les religieux espagnols l’avaient interdite un temps aux Indiens, la voyant comme hérétique puisque paienne. Aussitôt, le rendement des mines s’est effondré, et l’Empereur espagnol l’a rendue obligatoire aux mineurs ! Pour l’avoir utilisée à plusieurs reprise, je peux confirmer ses effets excitants, comme une sorte de caféine ultra puissante et plus immédiate. Le gout n’est pas particulièrement agréable, mais on s’y fait.

Les Incas utilisaient la coca comme anesthésiant lors des trépanations, au moment où les Européens endormaient les malades en les saoulant et en leur faisant perdre conscience par des coups sur le crâne…aujourd’hui, elle est l’ingrédient principal de multiples anesthésiants utilisés en bloc opératoire. Quant à la cocaine, on en produit un kilo à partir de 1,3 tonnes de feuilles et divers produits chimiques. La culture de la coca est pour cela très encadrée par le gouvernement.



Sucre est la capitale constitutionnelle de la Bolivie. C’est ici que les représentants des régions libérées du joug espagnol par les troupes de Bolivar, Sucre et San Martin ont décidé de créer un pays indépendant plutôt que de s’agréger aux futurs Etats-Unis d’Amérique du Sud voulus par Bolivar et qui n’ont jamais vu le jour. En contrepartie, ils ont donné au nouvel Etat le nom de leur libérateur vénézuélien. Si La Paz est connue comme capitale bolivienne par la plupart des étrangers, c’est que Sucre n’a gardé que le pouvoir judiciaire, le législatif et l’exécutif étant centralisés à La Paz, ainsi que la vie économique.

Sucre est une ville très agréable, aux nombreux bâtiments coloniaux. Assez peu de choses à y faire, mais le climat y est plus clément qu’à Potosi (on est à 2800m), et le rythme lent de la ville se prête à une halte revigorante. Le marché local abrite des stands de jus et salades de fruits excellents, dont nous nous gavons…à 70 centimes d’Euros la salade de fruits, on peut bien risquer l’indigestion !

Coup de chance, je peux assister à un concert de piano classique de Cyril Huvé (Debussy, Liszt), puis à un bon concert de jazz latin dans un parc où des jeux de fontaines s’animent au rythme de la musique.

Sucre est aussi le point de départ pour un des marchés les plus typiques de Bolivie : Tarabuco, du nom d’un village de montagne situé à 1h30 de route. Tous les dimanches, les paysans des environs descendent vendre leurs produits, vêtus de leurs habits traditionnels. On les croirait déguisés tellement ces habits sont loins des codes vestimentaires maintenant standardisés partout dans le monde…couleurs, formes, chapeaux, tout est prétexte à photo…mais les paysans supportent quelquefois mal le mitraillage des touristes ; j’ai même vu une femme ramasser une pierre pour me la lancer, alors que j’étais sur le point de la photographier ! Les locaux parlent quechua, certains vieux ne savent pas l’espagnol ; on est vraiment au pays des descendants des Incas.



Quant à La Paz, c’est une ville bourdonnante, dont le centre est dans une cuvette, et dont les flancs de colline sont couverts de maisons, ce qui donne des vues impressionantes.

En ce moment, le pays est en émoi à cause de la loi DS1126 promulguée par Moralès, qui obligerait les médecins à travailler 8 heures par jour au lieu des 6 en vigueur. Comme les médecins n’ont pas d’avantages sociaux (retraite, sécu) dans le système actuel, ils demandent en contrepartie des heures supplémentaires leur intégration dans le régime général, ou l’abrogation de la loi. Pour faire pression sur le gouvernement, ils organisent le blocage des axes routiers, par séries de 3 jours consécutifs, entre les négociations…par chance, je n’en ai pas souffert, mais certains touristes restent bloqués dans certaines villes…voilà une mésaventure assez courante pour les touristes en Bolivie. Les blocages routiers sont plus fréquents ici que les grèves dans le métro parisien en hiver, c’est dire…


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30th May 2012

Hi!!!
Quand je pense que pendant ce temps-là, on s'escrime sur des grilles! N'importe quoi! La Paz, c'est terrifiant! Immense! Tu as fait de super photos. Ca me fait penser à la fois à Tintin au Pérou et au Pérou; tu vas y aller? Tu n'as pas trop maigri? Le potage... mmouifff, boofff Allez, continue à nous faire rêver. Prochaine destination? Bises Brigitte

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