Tongariro Alpine Crossing, Turangi, New Zealand (Là où jamais le Feu ne s'éteint)

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22 fév

On embarque dans notre voiture louée et on s'éloigne tranquilement de la ville universitaire qu'est Palmerston North.

On passe par des patelins comme "Bulls", "Mangaweka" et "Waiouru" ... avant d'atterrir à Turangi, ville réputée pour sa pêche à la truite (à la Strout que dira Marilou). C'est qu'il y a beaucoup de pêcheurs à la mouche ici, calés dans la rivière claire parallèle à la Highway one, caoutchoutés jusqu'au nombril et armés de leur cannes-à-pêche paratonnerres.

Next Exit: Trout Center.

On pourrait découvrir un peu plus le merveilleux monde de la moucheté si on le voulait.

Mais ce n'est pas la raison principale de notre escale ici. C'est qu'il y a une marche dans les montagnes tout près qui à la réputation d'être la plus belle marche d'un jour de toute la Nouvelle-Zélande.

"Maybe the best one day trek in the world" nous avait vanté madame-bonheur au comptoir du centre touristique de la paisible ville de Turangi.

Il y a de quoi saliver, non?



On planifie donc de se lever à la première heure demain matin, de troquer nos flipflops pour nos bottes de trek et de se lancer sur la Tongarino Alpine Crossing.



23 fév

8h45AM

Un mini-bus pressé nous parachute aux pieds de montagnes assombries par le gris nuageux du ciel et par l'absence totale de verdure sur ses flancs.

Décor de rocs et de lichens.

C'est assurément le repaire de Golum du Seigneur des Anneaux.



Les rochers noir et rouille autour de nous semblent avoir littéralement tombés du ciel.

Normal, nous sommes présentement en territoire volcanique.

Nous avançons en file indienne avec les touristes aux coupe-vent fluo, munit parfois de leurs batons de marche, parfois de leur Go-Pro vissés au front.

Quelques jeunes sont là aussi, en escapade, habillés de t-shirt et en sandales de marche.

La température est au bord de l'averse, et le vent souffle de plus en plus fort alors qu'on grimpe des pentes abruptes, serpentant à travers les rochers étrangement sculptés par le souvenir des éruptions volcaniques passées.

Les jeunes en sandales réalisent peu à peu l'ampleur de la traversée.

Il ne fallait surtout pas prendre cette marche à la légère.



Le vent devient bourrasque alors qu'on atteint un col imposant, en plein corridor nuageux.

On doit s'accrocher aux rochers ou se mettre carrément à quatre pattes pour garder notre équilibre et pour ne pas se faire souffler dans les crevasses.

Jamais vécut rien de tel.

Il fait affreusement froid avec ce vent.

Euphorie dans le danger. C'est un état d'excitation et d'effroi qui s'entre-choquent en moi.

Derrière, une jeune indienne rachitique en forme de cerf-volant lance un crie dans la montagne. Un homme lui accroche la main juste a temps, avant qu'elle ne s'envole littéralement dans le vide d'une déchirante falaise.

Les jeunes en sandales sont inquiets.

Je n'arrive pas a croire qu'ils atteingneront le sommet du Tongarino en habit de plage.



On rejoins enfin le haut de la montagne: 1900 mètres d'altitude.

J'assiste à l'un des paysages les plus fous que j'ai vu de toute ma vie.

Des lacs turquoises reposent dans les cratères volcaniques du territoire lunaire de Tongariro alors qu'au devant, une fissure séparant la montagne en deux forme un semblant de passage vers les entrailles dormantes de la terre.

Les corridors d'anciennes coulées de lave font comme des blessures dans le décor.

Ici et là, des filets de fumée malodorante perçent le roc et viennent tourbillonner dans le vent froid rugissant.

L'âtre de la montagne ne s'essouffle jamais.

Ici, jamais le feu ne s'éteint.



On poursuit notre marche alors qu'on redescend en slalom sur les pentes du volcan en activité.

Les nuages et le soleil se partagent les cieux alors qu'en panoramique, le lac Taupo s'étend sur l'horizon.



C'est après un 6 heures et demi de marche sur le Tongariro Alpine Crossing qu'on rejoint le stationnement où notre voiture à passée la journée.

Ce fût un 19.4 kilomètres d'incroyable randonnée qu'on a accomplit aujourd'hui.

J'en suis encore ébahit alors qu'on retourne à l'Extreme Backpacker Hostel, fatigués et colorées par le soleil malgré le ciel couvert de l'après-midi.

Je m'enfile un café au lieu de siester, et puiss on fait le plan pour la suite des choses.



Voici le topo maintenant: départ pour Taupo demain matin.

La destination sera confirmée

entre deux baillements.



Note à Moi-Même:

Et c'est ainsi que j'ai marché dans l'ombre du Mordor.



Etienne X

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