Coober Pedy : « homme blanc dans un trou »


Advertisement
Australia's flag
Oceania » Australia » South Australia » Coober Pedy
April 19th 2011
Published: April 18th 2011
Edit Blog Post

En quittant Port Augusta par un temps pluvieux, nous avons bifurqué sur la « Stuart Highway », direction le nord de l’Australie ! Nous plongeons ainsi dans le centre du pays, réputé pour sa culture aborigène florissante, représentante du pays et du spectaculaire passé de cette ethnie, pour ses terres d’un rouge fascinant, pour son outback saisissant.

La «Stuart Highway » est une route principale qui relie Adelaide, au sud (capitale de l’Australie du Sud) à Darwin, au nord (capitale des Territoires du Nord). Entre les deux villes, 3021 kilomètres s’étendent, principalement dans une zone désertique et aride qu’est l’outback australien.
Ce qui est tout de même hallucinant, c’est de penser à l’histoire d’un trajet comme celui-ci. Le nom de ce tracé nous vient directement d’un homme ayant réalisé une prouesse voire un petit miracle pour l’époque en traversant à dos de chameau l’Australie de bas en haut, en 1858. Il s’agit de M. John McDouall Stuart!
Plusieurs mois ont été nécessaires pour le faire, bien sûr, autant de kilomètres et des conditions tellement extrêmes, on se demande bien comment il a pu y arriver ! Chaleurs atroces, dépassant les 50 degrés durant la journée et nuits glaciales car températures négatives, faune locale dense et dangereuse et/ou venimeuse (serpents, araignées, dingos, émeus et j’en passe !), aridité totale et très peu de sources d’eau, possibilité énorme de se perdre ou de tourner en rond!, personne à l’horizon, bref : un contexte de folie ! Un réel exploit qu’est la traversée d’une contrée comme l’Australie, ici c’était plus que du challenge ! C’était presque du suicide…
Heureusement pour les explorateurs de l’époque, la connaissance du terrain de la population aborigène vivant ici avant leur arrivée les a beaucoup aidés durant ces dures expéditions dans lesquelles ils se lançaient. Le mérite revient presque plus aux aborigènes les ayant guidés qu’aux explorateurs-mêmes, mais bon, classique, on ne retient principalement que le nom de l’homme blanc…
Cet axe a été goudronné seulement en 1987, avant cela, seulement un tracé de terre battue, de sable ou de sentiers caillouteux rendant l’accès au centre du pays difficile, le maintenant coupé du monde pendant longtemps.

Par ce trajet, nous avons mis un premier pied dans l’outback.
Vue de l’extérieur, cette zone de l’Australie nous apparaît, à première vue, comme sèche, aride, inhospitalière, isolée, inhabitée. Elle l’est en partie, mais pas seulement. C’est une fausse idée que de penser que rien ne vit par ici.
Avant tout, plusieurs villages voire villes, existent. Nous allons d’ailleurs en traverser quelques-uns. Puis la faune et la végétation…
La faune, restant tout de même assez discrète à nos yeux, peuple de manière homogène cette zone du pays. On passe par plusieurs catégories et plusieurs grandeurs, du plus grand au plus petit : chameaux, chevaux et bovins sauvages (vaches, bœufs, taureaux), kangourous, émeus (cousines des autruches), dingos (chiens sauvages), wallabies (sortes de petits kangourous), une quantité de rongeurs et petits mammifères tels les rats, les bilbys, les wombats, etc., les oiseaux comme les aigles, stars du coin, volant inlassablement sur les plaines chaudes à la recherche de proies, faucons, crécelles, etc et les plus petits, pigeons locaux et toutes sortes de petits autres oiseaux, jusqu’aux moineaux locaux puis on arrive aux reptiles et il y en a un paquet (l’Australie détient le plus grand nombre de reptiles au monde !) : serpents évidemment, lézards multiples, varans, goannas (petit varan), etc. Puis les touts petits (mouais ça dépend !) comme les araignées (il y en a des sympas par ici !), scorpions, moustiques, et « last but not least » : les mouches !!!!!!!! Il y en aurait plus de 2 billions seulement dans l’outback ! Et on les a bien senties par la suite, on vous en reparlera bientôt ! …
Bref, il y a du monde par ici !!! :o)
Côtoyant cette faune, une flore variée, adaptée aux lieux évidemment, mais bien plus dense que ce que l’on s’attendait à voir. On pensait trouver une terre caillouteuse, sèche et au lieu de cela, des plaines entières et des kilomètres à perte de vue de buissons bas, parfois d’arbres ou d’herbes vertes, la plus classique, le spinifex, herbe locale ayant joué un rôle très important pour les aborigènes.
En fait, certaines zones désertiques ont des rivières souterraines qui ne se montrent que durant les fortes pluies, donc il y a un peu d’eau même sous ses sols semblant si secs, sinon les herbes en question ne pousseraient pas !

Voilà un peu à quoi ressemble l’environnement dans lequel nous allons évoluer durant un peu plus de deux semaines.
Nous avons été surpris des paysages en arrivant dans le coin, mais il paraît aussi que cette année est un peu spéciale, étant donné que l’an passé a été très pluvieux (ils ont des inondations par ici dès qu’il pleut un peu, dur à imaginer lorsqu’on traverse des plaines sèches sous 40 degrés !), les sols sont du coup un peu plus humides et nous sommes en automne actuellement ici, donc la saison qui suit la période la plus pluvieuse en Australie (l’été, si si, même s’il y fait le plus chaud aussi !).
Quoiqu’il en soit, le voyage et les paysages sont sublimes.

Nous avons donc parcouru les 500 kilomètres qui nous séparent de la première ville, à proprement parlé, après avoir quitté Port Augusta. Toujours en Australie du Sud, nous sommes arrivés à Coober Pedy.
Ce premier arrêt fût des plus surprenants et restera dans nos mémoires, sans aucun doute, par son étrangeté !
Cette petite ville sans arbres de 3500 habitants est la plus atroce que nous avons vu jusqu’ici ! … Notre arrivée ne nous a pas fait bonne impression : des dizaines de personnes aborigènes pauvres, mal vêtues ou traversant la rue totalement ivres, venant même mendier dans notre camping pour de l’argent ou de la nourriture…
Mais en fait, malgré cela, la ville possède un charme caché tout particulier… Heureusement d’ailleurs.

Avant tout, son nom. Déjà ça, ça semble bizarre… Est-ce le nom d’une personnalité locale ? Et bien non, ces deux termes sont tirés du langage aborigène, plus précisément des mots « kupa piti », signifiant : « homme blanc dans un trou ».
Qu’est-ce que ça signifie vous allez me dire ?!? J’en conviens, ça semble toujours très bizarre…
Pour répondre à cette question, nous en venons au point clé et à l’intérêt principal de ce lieu insolite : l’opale !
Cette pierre précieuse rare, découverte pour la première fois en 1915, a transformé les environs de la ville en un paysage apocalyptique. Entre la ville moche à cœur et ses alentours, ce lieu est décrit comme une aberration humaine en plein milieu du désert… et nous sommes tout à fait d’accord avec cela ! Mais malgré tout, le lieu reste intéressant. Explications :

Cette petite ville est vraiment née dans les années 60, où le grand boom des mines d’opale a eu lieu. La population actuelle de Coober Pedy est représentée à 60% d’émigrés européens, principalement de serbes, croates, italiens et grecs. Sinon des indiens et des sri lankais, gardiens des hôtels… Ajoutez à cela « les australiens blancs » et les aborigènes, et vous avez une petite idée de la population cosmopolite vivant dans ces lieux.
Ces personnes habitent ici principalement pour la recherche de l’opale, car les mines sont encore en activité. Beaucoup ne vivent pas que de cela mais font plusieurs petits jobs à la fois, dans l’espoir de trouver leur richesse et de tout plaquer !
Visiblement, chacun fait un peu sa petite sauce, pas de grande entreprise qui dirige le tout. Très bizarre lorsqu’on sait que l’Australie détient un score énorme sur le marché de l’opale mondiale : 95% de l’opale vendue dans le monde vient d’Australie ! Et là-dedans : 90% de Coober Pedy !!!! Chiffres de fous ! Etrange donc que le marché ne semble pas plus contrôlé et que la capitale mondiale de l’opale ressemble à cela.

On comprend donc mieux le pourquoi du paysage alentours : à perte de vue, des tas de terre, hauts de 1 à 2 mètres, jonchent le sol, à en tout cas 40 km à la ronde. À côté de chaque tas de terre, un trou, parfois très profond (50 mètres pour les plus impressionnants). Il est d’ailleurs interdit ou fortement déconseillé de marcher dans les champs alentours, surtout de nuit. Les risques de chute dans les trous sont bien présents, surtout quand on va y voir de plus près !
Les mines d’opale actuelles ressemblent effectivement à cela : des camions spécialisés, sortes d’aspirateurs à terre, forent un trou profond et remontent à la surface toute la terre ainsi déplacée, faisant apparaître un amoncellement de terre à côté de chaque trou. La recherche de l’opale se fait ensuite dans la terre remontée, appelée « mullocks ». Mais lorsque c’est trié, on ne remet pas la terre dedans, histoire de ne pas recreuser deux fois au même endroit ! Le paysage est donc fortement influencé par cette activité, vous verrez les photos !
Autour de Coober Pedy, on peut compter jusqu’à 70 champs et jusqu’à passé 1 million de trous et de tas de terre !!! …. Mouais, pas top pour le paysage quand même ! …

Cette terre insolite a d’ailleurs inspiré plusieurs réalisateurs de films qui sont venus tournés aux alentours de Coober Pedy. Le film culte le plus connu : « Mad Max III » avec Mel Gibson et Tina Turner. Sinon on peut encore lister « Pitch Black », « Ground Zero », « Planète rouge », etc.
C’est sûr que les décors sont très particuliers donc tout à fait adaptés à des univers de films tout autant particuliers…

Nous arrivons enfin à la spécialité ultime du lieu…
Rappelez-vous, on vous a dit que l’arrivée dans Coober Pedy nous a montré la laideur de cette étrange localité… mais en fait, nous n’avions devant nous qu’une partie de la ville à ce moment-là !
Une visite plus poussée des lieux a redoré le blason de cette cité car en réalité, plus de la moitié de la population de la ville vit SOUS TERRE ! Et oui, comme des petits lapins du désert, sous le sol !
Les habitations troglodytes sont tout à fait d’actualités par ici, le sol de silice et de granit étant assez stable pour pouvoir le creuser tel un emmental suisse…
Une raison à cette curiosité : le climat, bien évidemment ! Vivre sous terre permet non seulement d’éviter les chaleurs torrides régnant par ici en plein été mais permet également de ne pas claquer de froid la nuit venue ! De plus, même pas peur des forts vents balayant les plaines et remuant une quantité de poussière et de sable énorme, tout est planqué. S’il y a un orage, pas de problème, la protection absolue. Et pour finir, une température annuelle de 23 à 25 degrés règne dans ces habitations hors du commun, ce qui élimine dépense d’électricité pour le chauffage ou l’air conditionné. Etant proche de la surface, il n’y a même pas d’humidité dans les pièces ce qui est quand même non négligeable… Bref, magnifique idée pour des habitants en plein désert !
Il existe même des églises faites sous terre, nous en avons visitée une, l’église orthodoxe serbe de Coober Pedy, magnifique !
Seul inconvénient à cette vie enterrée tout de même : pas de lumière du jour directe, mais selon certains, on s’y fait sans problème. :o)

Nous avons visité une maison du style avec notre cher guide, Gunther, bien bedonnant, la soixantaine, allemand expatrié, vivant à Coober Pedy depuis 1969 et ayant trouvé de l’opale il y a quelques années. Pour le petit bonus, Gunther étant jeunot a même joué dans Mad Max III, nous en avons même la preuve !!! :o)

Durant notre balade avec Gunther, nous avons pu également admirer quelques autres particularités locales comme les Breakaways, montagnes perdues au milieu de l’outback à quelques kilomètres de Coober Pedy : sublimes lieux paisibles et sereins. Ou alors la « Dog fence » (« barrière de chien »), une barrière de 2 mètres s’étendant sur 5300 km à travers toute l’Australie, sur 3 états, pour protéger les zones de pâtures du sud d’un prédateur implacable : le dingo. Ce chien sauvage est ainsi tenu « en énorme enclos » et de ce fait, ne décime pas toute la population de mouton broutant paisiblement dans le sud… Ou alors, la « Moon Plain » (« plaine lunaire »), plaine aride et caillouteuse ayant également été le siège de divers tournage de films.

Voilà ce qu’a été notre séjour à Coober Pedy, curieuse escale de l’outback, mais au final, très appréciée… :o)



Additional photos below
Photos: 23, Displayed: 23


Advertisement



2nd May 2011

/bow Gunther
Ouais rencontrer un membre de la garde rapprochée de Tina "Entité" Turner, fallait le faire ! Et son pote le crâne rasé sur son appareil clé pour aller sur les rails, il était pas là ? Trace de Humungus ? Un Serbe sous le casque de hockeyeur ?
3rd May 2011

viole l'accord, affronte la roue !
Ah Gunther c'est assez un psychopathe dans l'ame. Déjà quitter l'Allemagne pour venir s'installer à Coober dans les années 60, creuser ses trous à la dynamite, nager dans la poussière, conduire comme un fou sur l'"unsealed"... Presque normal de jouer dans MADMAX :)Pas vu les autres ^^ Humungus traine plutot du côté de Broken Hill en NSW où parait-il le 4 serait en tournage...

Tot: 0.202s; Tpl: 0.015s; cc: 24; qc: 89; dbt: 0.1102s; 1; m:domysql w:travelblog (10.17.0.13); sld: 1; ; mem: 1.4mb