Amsterdam, ou Virginie et la péripatéticienne


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Europe
November 18th 2022
Published: January 8th 2023
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Vendredi, le 18 novembre 2022,

10:30. Carl est en congé, à la maison, en train de terminer les derniers préparatifs en vue de notre départ nocturne vers les Pays-Bas. Moi, je suis au bureau, bien tranquille, à discuter consommation de drogues et idées suicidaires avec mes usagers. Business as usual. C'est alors que des notifications et des courriels d'Air France, KLM, Delta Airlines et Expedia arrivent en rafale sur nos cellulaires: vol retardé de plus de 24 heures, changement de numéro de vol, vol annulé, etc. Tout est pêle-mêle, les informations qu'on reçoit sont contradictoires. Le mode panique s'enclenche... Notre voyage pour célébrer nos 10 ans de mariage est sur le point de tomber à l'eau, et ce, une douzaine d'heures à peine avant notre départ. Je ne peux rien faire sauf continuer à répondre à mes usagers et essayer de demeurer à l'écoute et empathique malgré tout. Carl prend le téléphone et réussit rapidement à rejoindre Air France, qui sont aussi impuissants que moi.... Carl tente ensuite sa chance avec Expédia, avec qui nous avons acheté nos billets. Un mois plus tôt, j'avais dû les contacter (et attendre 2 bonnes heures au téléphone) car notre vol, initialement prévu le samedi pm, avait lui aussi été annulé et devait être rebooké à un autre moment. On craint que ce soit aussi long pour obtenir la ligne téléphonique, alors que notre situation est définitivement urgente cette fois. Bingo, on lui répond en moins de 10 minutes, pour se faire dire que notre vol est effectivement annulé. Ils nous proposent un nouveau vol nous emmenant à Amsterdam dimanche en fin de journée plutôt que le samedi midi... Tout notre itinéraire et les activités réservées tomberaient donc à l'eau, et avec un tel délai, impossible de se faire rembourser quoi que ce soit... Non merci! Grâce à la magie d'internet, Carl-Philippe, tandis qu'il discute avec la préposée, trouve un vol direct de Montréal à Amsterdam qui quitte ce soir même à 19:00 (et qui coûte par ailleurs les yeux de la tête à si brève échéance). Mais bon, Expedia n'a pas trop le choix de nous accommoder sans frais supplémentaires, alors on prend le vol direct. Il va sans dire que je quitte le bureau en catastrophe... On demande à belle-maman de rappliquer à la maison au plus vite et on appelle l'école pour les informer qu'on viendra chercher les filles en pleine heure de dîner afin de les voir avant de partir. On boucle ensuite les valises au pas de course et c'est finalement à 14:00 qu'on part de la maison en direction de l'aéroport. On n'échappe pas aux bouchons de circulation monstre du vendredi après-midi, et pour en rajouter une couche, on se rend compte que ma voiture électrique avait été mal branchée lors de mon passage-éclair à la maison. On sera donc un peu juste en terme de batterie pour faire l'aller-retour à l'aéroport.... On en est quitte pour rouler sans chauffage...



Arrivés à l'aéroport, les choses commencent à mieux aller. La navette du Park'n'Fly nous attend avant de partir, puis le passage du contrôle de sécurité nous prend un gros 5 minutes. Nous allons ensuite nous remettre de nos émotions dans le salon Air France, où on se régale de navarin d'agneau accompagné d'un bon petit verre de rouge. Ouf, on commence enfin à mieux respirer. Notre vol, sur les ailes de KLM, part finalement à l'heure prévue. J'arrive à dormir un peu tandis que Carl-Philippe enchaîne les films. Arrivés à Amsterdam, on passe les douanes comme un charme puis on trouve sans mal la gare située sous l'aéroport pour prendre le train vers notre hôtel. Normalement, le trajet devrait être direct, mais la ligne est présentement en réparation... On galère un peu puisqu'on doit changer du train au métro, et avec le jet-lag, c'est plus difficile qu'il n'y parait.... Et il fait un froid de canard en prime, c'est épouvantable, le vent nous transperce littéralement. On est soulagés quand on arrive en vue du Nhow, un hôtel vraiment très design situé un peu en dehors du centre-ville. On réussit à obtenir notre chambre tout de suite malgré l'heure matinale, et on ne résiste pas à l'attrait d'un powernap pour commencer la journée.



Un peu avant midi, on reprend le métro jusqu'à Amsterdam Centraal, situé, naturellement, dans le centre. On attrape quelques grignotines à l'épicerie puis on part à la découverte de la ville sous un soleil éclatant. Wow! On est séduit par l'endroit, cette ville a tout pour elle: charme fou avec ses canaux et bâtiments historiques, et caractère unique avec ses vélos absolument partout et son Red Light. On se promène au petit bonheur et sans but précis. On doit cependant faire gaffe aux tramways et aux vélos, plusieurs voies sont réservées pour eux. Les stationnements pour vélos sont immenses, c'est à se demander comment les gens y retrouvent le leur... On visite ensuite la Place du Dam, la place centrale de la ville, puis on longe plusieurs canaux aquatique avant d'aller visiter le petit musée de l'Église dans le grenier, qui nous en apprend plus sur l'histoire d'Amsterdam et la période de répression du catholicisme. Les gens aisés construisaient alors des églises dans le grenier de leur maison afin de pouvoir continuer à pratiquer leur culte, et les autorités toléraient le tout. Bref, c'est assez inusité comme église! On fait aussi une courte visite du Béguinage, sorte de cour intérieure entourée de maisons coquettes où vivaient jadis des femmes dédiées à la foi mais n'ayant pas prononcé leurs voeux. C'est bien transis de froid qu'on arrête finalement prendre un apéro dans un charmant resto turc. Enfin, un peu de chaleur après un après-midi dehors à -2 degrés celcius! Certains sont beaucoup, beaucoup moins frileux que nous car toutes les terrasses de la ville sont ouvertes ET bondées en ce samedi après-midi. On apprendra plus tard que c'est dans les moeurs locales de s'asseoir en terrasse peu importe la température extérieure. Pour ma part, je passe mon tour! Après l'apéro, on tourne un peu en rond dehors en attendant notre réservation pour le souper. On s'étonne du nombre très restreint de voitures qui circulent et de la grande propreté de la ville. Même en plein centre, les seules odeurs qui nous parviennent (très) régulièrement aux narines sont celles du cannabis... Puis, c'est l'heure de notre réservation au excellent restaurant Amsterdam Basement, où nous mangerons comme des rois et obtiendrons 30% de rabais sur notre facture grâce à l'application The Fork, à utiliser impérativement pour voyager gourmand et à petit prix en Europe. Pour revenir à l'hôtel, on attend un tramway qui, finalement, ne passera jamais. On déchiffre tant bien que mal une pancarte en néerlandais dans l'abribus pour comprendre que la ligne de tramway est hors-service pour la soirée et qu'on doit plutôt prendre le métro, plusieurs pâtés de maison plus loin... Après une bonne marche digestive suivi d'un petit tour de métro, on regagne finalement notre hébergement. On s'écroule de fatigue et on dort 11 heures d'affilée jusqu'au lendemain matin.



Le 20 novembre 2022,

On n'avait entendu que du bien du déjeuner au NHow, les gens vantant presque invariablement que c'était le meilleur déjeuner qu'ils aient jamais mangé de toute leur vie... Il fallait donc que nous allions vérifier le tout... Et on confirme, c'est totalement hallucinant, incroyable et décadant comme déjeuner. Tout y est, des stations d'oeufs, mimosas, multiples étalages de viennoiseries et pâtisseries fraîches, bar à smoothies, machine steam-punk pressant des jus d'orange à la demande, et j'en passe plusieurs. Wow, wow, wow, et re-wow. Meilleur déjeuner à vie, sans exagérer! Malheureusement, on doit faire nos valises et changer d'hôtel (vous vous souvenez, notre première annulation de vol un mois avant le départ... ben ça a entraîne de sacrés pépins logistiques, surtout avec les prix astronomiques et l'affluence touristique des week-end à Amsterdam). On prend donc le métro et on traîne nos valises jusqu'au Holiday Inn Express, situé au centre-ville. Cette fois, notre chambre n'est pas prête et on doit laisser nos bagages en consigne. On ressort à la découverte de la ville. Il mouillasse légèrement, mais la température est plus douce qu'hier. On se balade et on ne se lasse pas des canaux et de l'ambiance. On chemine en direction du quartier des musées en visitant au passage le marché aux fleurs. Le
Virginie chez les pépipatéciennesVirginie chez les pépipatéciennesVirginie chez les pépipatéciennes

Je n'envisage aucun changement de carrière!
quartier des musées compte plusieurs musée à la réputation internationale: Rijksmuseum avec les oeuvres de grands maîtres classiques, Musée Van Gogh, etc. Nous, nous avons plutôt choisi de visiter la House of Bols, un musée sur le 1er créateur de spiritueux au monde. Il s'agit d'une expérience sensorielle où l'on en apprend plus sur le processus de fabrication des liqueurs. Nous sommes aussi invités à déguster un shooter d'une liqueur inconnue dans une pièce sensorielle où l'on est mitraillés de sons et d'effets lumineux pour en apprécier les effets sur notre sens du goût. On peut également humer tous les parfums des différentes liqueurs et la visite se termine par la dégustation d'un bon cocktail de notre choix préparé de mains de maître. C'est absolument délicieux et la visite est très ludique.



On ressort sous la pluie pour se rendre au club BonTon. Il s'agit d'un sex-club/bar de danseuse/bordel haut de gamme. Littéralement. Une travailleuse du sexe nous y attend à l'entrée. Pour une visite guidée. Sans blague. Et oui, il faut bien être à Amsterdam pour faire une visite guidée d'un bordel en compagnie d'une travailleuse du sexe. On entre et on s'installe avec quelques autres personnes dans la section 'danseuses' du club, devant une petite scène avec un poteau pour offrir des prestations. La dame nous sert à chacun un verre de vin puis elle commence sa présentation. Elle nous parle des dessous du métier, de comment elle en est arrivée à devenir une travailleuse du sexe, de son cheminement de carrière, des mesures mises en place pour assurer la santé et la sécurité des travailleuses, etc. C'est vraiment intéressant comme témoignage, et ça sort des stéréotypes que l'on peut avoir face à cette industrie. Elle parle sans gêne ni tabou de son expérience personnelle comme travailleuse du sexe. Puis, elle nous invite à prendre une vingtaine de minutes pour visiter les chambres à l'étage, lesquelles se louent 300 euros de l'heure: 100 euros allant au club, 100 euros allant au gouvernement et 100 euros allant à la demoiselle et incluant, pour le client, un bain et un lavage de dos de la part de la dame, pas plus. Le reste des prestations plus spécialisées se négocie directement avec la travailleuse du sexe. On rigole bien lors de la visite puis on redescend pour un petit complément d'information sur le milieu, notamment sur le Red Light. On y apprend que la plus vieille travailleuse qui y oeuvrait avait pas moins de 70 ans! La dame nous dit aussi qu'au club BonTon, les filles ne boivent que du champagne, qu'elles encouragent fortement leur client à acheter. Le tout pour un minimum de 150 euros la bouteille... sur laquelle la fille récolte pas moins de 40% de commission! Après cette visite inusitée, on ressort sous la pluie battante pour prendre le métro jusqu'à l'hôtel. Cette fois, notre chambre est prête, on s'installe.



Plus tard dans la soirée, nous sortons manger à l'excellent restaurant Kaap & Tein, aux portes du Red Light. On y goûte quelques spécialités locales comme les bitterballens et les krokettens, des croquettes panées de boeuf et de fromage. C'est très bon! Puis, on fait une petite balade nocturne dans le Red Light, à la hauteur de sa réputation avec de nombreuses dames dénudées en vitrine. C'est spécial et assez malaisant comme expérience, surtout que les touristes curieux, comme nous, côtoient des clients potentiels intéressés à faire affaire avec les demoiselles. Dans le Red Light, photos, alcool et drogues sont interdits dans la rue. Ça détonne avec le reste de la ville! Pour les photos, je comprends, il faut respecter les dames, nous ne sommes pas au zoo et les agents de sécurité se feraient un plaisir de jeter l'appareil photo du fautif dans le canal. Mais il est particulier que la zone du Red Light soit sans drogue ni alcool alors que partout ailleurs, toutes les boutiques proposent du cannabis aux touristes et qu'on croise à tous les coins de rue des boutiques de champignons magiques. Sans parler des coffee shops où les gens se rendent pour fumer de la marijuana... Mais ici, le Red Light fait partie du paysage urbain, on voit même, entre deux vitrines rouges, une maison familiale où deux jeunes garçons jouent innocemment à un jeu de société devant la fenêtre. Amsterdam est vraiment une ville particulière!



Le 21 novembre 2022,



Ce matin, le déjeuner fait piètre figure à côté de celui du Nhow, mais on s'en contente tout de même et avons l'estomac bien calé pour débuter notre journée. On laisse nos bagages en consigne à l'hôtel et on se balade encore une fois dans cette ville qu'on aime tant. On retourne au marché aux fleurs où nous faisons quelques achats pour nos filles puis on repart en longeant les canaux vers la maison de la célèbre Anne Frank. Non pas pour une visite au musée, mais plutôt, car nous avons rendez-vous pour une croisière vin et fromage sur les canaux d'Amsterdam! Quelle belle activité aussi éducative que relaxante! Nous avons deux jeunes guides, l'une française, et l'autre anglaise, qui nous expliquent les curiosités de la ville tout en nous servant des fromages locaux et du vin à volonté. En prime, le soleil nous fait grâce de sa présence. À la sortie du bateau, nous allons nous empiffrer d'un immense cornet de frites. Gaffeuse comme je suis, je trouve le moyen de m'asperger en grand de mayonnaise non pas une, mais deux fois. Mon pauvre manteau! Nous nous dirigeons ensuite tranquillement vers le musée Body Worlds, qui présente une exposition sur le thème de la joie. La particularité des expositions Body, c'est de présenter de vrais corps humain- donc d'authentiques dépouilles- qui ont subi un processus de plastination afin d'être intégralement conservés pour pouvoir être présentés au public. Bref, c'est particulier comme expérience, mais l'intérêt éducatif est, selon moi, un peu limité quand même. J'aurais été assez déçue d'avoir payé le plein tarif pour ces billets, mais avec la magie de groupon.nl (en néerlandais, s'il-vous-plait), on s'en est sortis avec un rabais substantiel qui nuance un peu plus mon expérience. Carl a cependant tenu à laisser sa trace au musée car, tel un champion, il s'est littéralement ouvert une porte dans le front et s'est mis à saigner abondamment au niveau de l'arcade sourcillière.. Pour s'en remettre, il avale une immense gauffre dans un café, un peu plus loin.



La fin de la journée approche, on déambule une dernière fois dans les ruelles bordant le Red Light et on admire l'immense église Oude Kerk, toute ronde et de style gothique. Elle est bordée, de part et d'autres, de vitrines rouges illuminées abritant des travailleuses dénudées. Amsterdam est vraiment vraiment particulière! On récupère nos valises au Holiday Inn puis on part à pied vers le restaurant indien réservé pour ce soir. On mange beaucoup trop et pour pas cher du tout (merci, appli The Fork!) puis on arrive à la gare centrale d'Amsterdam vers 19:30. Nous devons prendre un train de nuit à 20:30 qui nous emmènera jusqu'à Zurich, en Suisse. En attendant notre départ, on observe le
ballet incessant des trains dans la gare. On est sous le charme de cette expérience typiquement européenne. Notre train arrive avec quelques minutes de retard. On monte à bord et on trouve sans trop de mal notre petite cabine privée pour la nuit. Et commence ainsi notre périple nocturne à travers les Pays-Bas et l'Allemagne. Une expérience qui devait être unique et pittoresque, mais qui, finalement, s'avèrera plutôt un mal nécessaire... À suivre...


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