Kiev, Ukraine (Київ) (ou La Grande Bordée de Neige)


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January 2nd 2020
Published: January 3rd 2020
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2 janvier

Il est plus ou moins 15h30 lorsque j'apparait à l'aéroport Borispol de Kiev.

Caché sous mon manteau d'hiver, je me laisse guider par une vague de voyageurs dévêtus qui presse le pas vers les écrans des transits.

Beaucoup d'indiens m'ont accompagné durant le vol d'Ukraine International Airlines: la compagnie lowcost est certainement la moins coûteuse pour rejoindre Delhi à partir de Toronto.

Peut-être survêtu (la suite me prouva que non), j'esquive la masse en correspondance et rejoint les cordons de foule de la douane ukrainienne, seul, suant dans mon parka.



Une douanière translucide étampe mon passeport: Welcome to Ukraine.

Elle me sourit.

Je serai peut-être le seul touriste canadien de mon vol à entrer à Kiev aujourd'hui.



Le silence aéroportuaire s'étire jusqu'à ma sortie où m'accueille un froid qui changera mes mots en buée.

''SkyBus to Kiev?'' que je demande à des chauffeurs de taxi déçus qui m'offrait le confort d'un trajet à 20 euro pour le centre-ville.

Sans dépenser un seul autre mot, on me pointa la navette pouffant dans le vide en noir et blanc du décor bétonné.

SkyBus: voilà le moyen le plus économique de retrouver le cœur de la capitale ukrainienne.



Il n'y a aucune neige sur le paysage.

Le ciel couvert absorbe les couleurs, ne laissant que les teintes grises, ambrées, atones sur la forêt rachitique le long de la route reliant l'aéroport Borispol à Kiev.

Par la fenêtre, j'ai l'étrange impression d'observer une série de photographies se faire développer tranquillement dans le creux d'une chambre noire.

Les sous-bois qui défilent en négatif ont des allures de règlement de comptes.



Le SkyBus retrouve bientôt un semblant de vie alors qu'on rejoint une série de blocs sans saveur issus de l'ère soviétique, là où s'allument quelques fenêtres en lite brite. Mais outre ces lumières, l'éclairage s'économise sur la banlieue.



Bientôt la navette s'arrête et les ukrainiens qui retournent à la maison se mettent à sortir un à un du SkyBus sans mot dire.

Gare centrale.

Je sors et, dans le mouvement de foule, retrouve une station de Metro (Vokzal'na, sur la Ligne Rouge) par laquelle je devrai retrouver ma route vers l'auberge où j'ai fixé mes premières nuits sur Kiev.

C'est décidément la confusion alors que c'est la fin de la journée au boulot pour les citadins.

Je me procure un jeton de plastique au comptoir du bout de la file des sans-sourire

et puis me lance dans la cohue de mes trois transferts vers la station L'va Tolstogo (Léon Tolstoy) sur la Ligne Bleue.



Je m'injecte au creux de la terre, profondément sous la ville, par un escalier roulant, vertical, vilebrequin et presqu'ascenseur.

Le Metro de Kiev est le Metro le plus profond du monde.

Le sol gronde alors que la lumière est secouée à chaque arrivée des grands vers métalliques.

Décidément, le Metro bleu et jaune de Kiev grince bruyamment une autre époque.



Heureusement, j'arrive à démêler mon itinéraire et finit par sortir à la bonne station pour retrouver le Zig Zag Hostel.

L'auberge se situe tout en haut d'un édifice défraîchit sentant encore la guerre froide.

Appartement 18, au dixième palier: le logement du bout du corridor, presqu'au grenier.

Il y a un vétuste ascenseur de mine pour se rendre jusqu'au dernier étage, une cage à poulies soutenue par des câbles mal huilés qui semblent souffrir davantage qu'ils ne s'actionnent.

Je vais préférer les escaliers.

¨ Can i take the elevator? ¨ que j'ai plus tard demandé à Viktoria l'hôtesse de l'auberge.

¨ If you courageous, yes ¨ qu'elle me répondra de son exemplaire neutralité slave.

Bref...

je ne prendrai pas l'ascenseur de tout mon séjour à Kiev.



3 janvier

Il fait 2 degré alors que je sors de l'auberge en matinée, les yeux bouffis par le décalage horaire.

Habillés pour de la tempête, les citadins n'ont pourtant pas encore le droit à de la neige.

La ville est au sec.

Toutefois, dans un parc, à l'ombre d'un arbre décharné, le trait résistant d'une décharge de flocons témoigne de la possibilité d'un Kiev hivernal tout en blancheur.



Dans les cafés et les restaurants, de la musique pop s'entrecoupe des chansons sucrées du Temps des Fêtes

¨ Let it snow, let it snow, let it snow ¨

C'est qu'ici, Noël (orthodoxe) se célèbre le 7 janvier.



Suspendus au dessus des rues pavées, des chapelets de lumières, des boucles et des nœuds décorent le cœur bétonné de la ville. Puis, reliant la stupéfiante Cathédrale Ste-Sophie au Monastère St-Michael dans la vieille ville, un marché s'est installé sous un treillis d'ampoules, tout près d'un gigantesque sapin aux allures de missile. On y vend des boules de noël, des poupées de chiffon et des bouillantes soupes aux effluves de cannelle et de clous de girofle. De multiples Saint-Nicholas s'évitent dans la foule, cherchant les familles pour échanger leur présence sur les photos contre des Hryvni tout chaud (argent de l'Ukraine).

Il y a des mascottes d'ours ou de gorilles qui respirent difficilement dans leurs têtes en papier mâché.

Il y a des princesses et des colombes,

des promenades sur des poney,

des carrousels

et puis de bruyants trains pour enfants sur lesquelles pleurent les plus petits.

Il y a des Kinder Surprise et du Nutella,

il y a des grillades et de la Vodka.



On est vendredi, et le weekend s'annonce mouvementé dans la capitale ukrainienne.

Il manque de magique qu'une grande bordée de neige.



Etienne X



Note à Moi-Même:

À vendre dans les kiosques itinérants près des stations de Metro:

des poupées russes,

des chapeaux de poil russes (ouchanka)

et du papier de toilette à l'effigie de Vladimir Poutine.


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