Chapitre 5: Transsibérien Part 2 (Irkoutsk-Vladivostok)


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Europe » Russia
August 19th 2015
Published: August 31st 2015
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La deuxième partie, celle nous menant d’Irkoutsk à Vladivostok est un peu différente, notamment du fait des passagers. Les soldats qui occupaient la majorité du wagon ont fait place à différents groupes de personnes : ici un couple, là trois amis, un peu plus loin une femme avec deux enfants, tout au fond toute une petite famille. Selon les box, les gens -qui ne se connaissent pas- socialisent par la force des choses, à des degrés différents : échange poli de sourires pour laisser passer l’autre qui va aux toilettes, début timide de discussion qui se poursuit ou non selon les affinités, apéro musclé ou parties cartes acharnée ; c’est en tout cas nettement plus vivant que le Moscou-Irkoutsk.

Lors de ce premier trajet, je me rends compte que les soldats faisaient de fait régner la paix sur le wagon. Cette fois-ci, ils ne sont plus là, et l’ambiance s’en ressent. Nombreux sont les enfants qui s’amusent box après box. Nombreux aussi sont les hommes seuls, et complètement ivres. On les reconnait à leur odeur et leur démarche qui tangue pour aller aux toilettes, et j’avoue qu’ils sont assez pathétiques.

Les kilomètres défilent, et avec eux les paysages. Nous longeons le fleuve Amour pendant une bonne journée, et nous rapprochons de la frontière avec la Mongolie. La taïga russe fait place aux immenses plaines herbeuses mongoles. A chaque arrêt, le train se charge et se décharge, procurant des arrivages différents. Nous identifions deux étrangers : un polonais et un péruvien. Ils forment avec nous le centre de l’attention des autres : les questions plus ou moins fines fusent, les poignées de main s’échangent ; les personnalités se jaugent, et l’on troque roubles contre euros, zlotis contre nouveaux sols. Un ivrogne déclenche des sourires complices alors qu’il sort des toilettes pour regagner sa place en titubant, et c’est l’hilarité générale lorsqu’il s’effondre finalement sur une couchette qui n’est pas la sienne. Les soirées sont animées, avec des éclats de rire bruyants, des petits surexcités, ou notamment un homme qui engueule sa femme en l’humiliant devant tout le wagon. Le premier soir, on a même droit à une scène assez surréaliste où deux hommes passent entre les box en nous mettant leur carte de policier sous le nez en aboyant « Police, il faut dormir ». Plutôt improbable et, si personne ne bronche, personne ne va non plus se coucher.

Cette fois ci, nous sommes déjà plus aguerris. On gère le décalage horaire comme des pros, arrivons à trouver un semblant de rythme, nous lavons tant bien que mal les cheveux aux lavabos des toilettes immondes, et même les nouilles chinoises semblent moins horribles.

La toute dernière journée est plus tranquille avec un train légèrement moins plein. Nous en profitons pour prendre des forces car on prévoit de dormir à la gare ou l’aéroport de Vladivostok en fonction des horaires du dernier bus. Un peu avant l’arrivée, Alexis discute avec Fiodor, un prof de maths, qui nous propose son aide pour dénicher l’heure du dernier bus pour l’aéroport. On constate qu’il sera trop tard pour qu’on l’attrape, ce qui scelle donc notre nuit à la gare. A l’arrivée à Vladivostok, Fiodor, très aimable, nous apprend dépité que la gare ferme pendant la nuit, ce qui rend impossible notre projet d’y dormir. Voyant notre air contrarié, ni d’une, ni de deux, il nous propose immédiatement de nous héberger pour la nuit.

Un peu embêtés, l’offre est pour le moins alléchante, surtout si on considère l’alternative de passer la nuit dans la rue en attendant le premier bus pour l’aéroport. On accepte donc avec gratitude, et montons dans sa voiture, en compagnie de sa femme et de leur fils. Surprise à l’arrivée, nous ne dormons pas chez eux, mais chez une de leur voisine, qui est partie en vacances. Fiodor nous ouvre la porte et nous dépose, pantois, dans un bel appartement pour nous tout seul.



Dans le chapitre précédent, mon récit de Moscou décrit les Russes de manière peu flatteuse. Je n’en retire pas une ligne, car je pense chaque mot, pour autant ce ne serait pas leur rendre justice que de les réduire à cela. Encore une fois, je n’ai passé que trois semaines en Russie, mais j’ai pu constater à quel point les Russes -cela m’embête de les catégoriser comme « les Russes », mais je le fais néanmoins, vous comprenez l’idée- à quel point les Russes donc, étaient loyaux envers ceux qu’ils « acceptaient », et considéraient comme leurs « amis ». Une fois qu’un Russe nous offre sa confiance, son amitié ou son hospitalité, il est prêt à presque tout pour nous. J’ai pu réaliser cela avec Pavel, Tasha ou Yanna qui m’ont hébergé, mais, d’une façon subtilement différente, également avec Iaroslav, Anastasia et Yana qui ont fait preuve d’une générosité assez étonnante. Ils ne me connaissaient pas, et ne me devaient rien, mais ont, chacun à leur manière dépensé du temps, de l’argent et des efforts afin que mon séjour avec eux se passe dans les meilleures conditions. Fiodor, en nous fournissant un appartement intégral rien que pour nous quelques dizaines de minutes à peine après avoir fait notre connaissance, ne fait pas exception à la règle, et clôt en beauté mon séjour dans ce pays incroyable.

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5th September 2015

petits mots
Mon très cher Tonio Comment te dire et t'exprimer tout le plaisir que j'éprouve à te lire. On entame un paragraphe, et on reste suspendu à la suite de ton odyssée, sans pouvoir s'en détacher. Tu aurais ta place dans le "Petit vingtième" de Tintin,. A toi aussi, il t'arrive des aventures et tu vis des moments dangereux. J'espère que la suite de ton expédition sera plus sereine. Tu affrontes le monde tel qu'il est, tu vis avec les gens, tu rencontres des personnages que tu n'oublieras jamais et à travers eux, tu te construis. Tes analyses nous enrichissent et à grâce toi, tes récits, tu nous apportes beaucoup. A très vite pour les prochains épisodes. Plein de bisous

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