Glengariff, Irlande (ou Comment Éviter un Ensorcellement)


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July 23rd 2012
Published: July 23rd 2012
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20 juillet

Le temps d'une brassée de lavage à la buanderie self-service et me voilà déjà reparti pour l'ailleurs.

Glengariff sera mon choix.

Ça sonne bien Glengariff je trouve.

C'est comme le nom d'un Viking qui boit sa bière dans le crane de ses ennemis je trouve.

Je part donc de Killarney. Il est 13h45. La route est terriblement sinueuse. C'est pénible. Mais heureusement, le trajet est plutôt court.

Après un transfert à la jolie bourgade de Kenmare, j'arrive à Glengariff, petite rue peu peuplée serrée entre des collines décharnées et le bord d'une baie poissonneuse.

Les gens d'ici ont l'amabilité sur le bout des doigts.

Tant qu'ils ne jouent pas de l'accordéon.

Enfin, je me pose dans le seul auberge de jeunesse de la rue, au dessus de la friterie du village. Une odeur de Fish and Chips plane dans le dortoir vide et s'agrippe à mes habits de voyageur. J'éviterai de manger de la friture aujourd'hui au risque de me mordre un doigt par mégarde. À l'heure qu'il est, avec un peu de ketchup, mon index pourrait aisément passer pour une frite.

D'étranges personnages peuplent le Murphy's Village Hostel aujourd'hui.

Il y a d'abord la corsaire flétrie, cette vieille corneille aux yeux cerclés de bleu turquoise qui noirci tout de ses opinions négatives. En 1850, on l'aurait probablement brulé vive sur la place publique en hurlant à la sorcellerie.

Je crois qu'à trop la regarder au fond des yeux celle-là, elle pourrait sans doute me faire prendre la forme d'un crapaud galeux. Bon. Je l'aurais quand même prit dans mon équipe si la vie était une game de Diablo.

Il y a aussi le résident permanent de l'auberge, un leperchaun de grande taille au visage rougi par l'alcool et au sourire éparse comme si la bête se nourrissait d'écus d'or depuis sa naissance. Mettez une perruque châtaine à Gulum du Lord of the Ring et vous avez un semblant du personnage. Je ne serais pas surpris si un matin, le type aurait tout simplement disparu de l'auberge et aurait retourné chez lui, au fond d'une crevasse dans la montagne.

Et puis il y a aussi le vieux couple hippy qui monopolise la cuisine avec leur omelette aux champignons, leur sifflotage incessant et leurs culottes en velour majenta.

Mais quel bizarre d'endroit cette auberge.

Presqu'aussi bizarre que le nom du village où elle se trouve: Glengariff.

J'y resterai tout de même quelques jours. L'Océan, les vieux chênes et les montagnes prennent ici tout l'espace.

Ce sera ma dose de plein air avant mon retour sur Dublin.



Note à Moi-Même:

Après le Clamato (jus de tomates et jus de palourdes), il y a la... Oyster Stout.



21 juillet

Le soleil brille dans le ciel irlandais. Enfin. La journée s'annonce éclatante.

À mon arrivée à la cuisine commune, sursaut, les fourneaux sont prit en otage par une famille bruyant de polonais qui transportent leur marmaille de huit garnements d'auberges en auberges à travers l'Irlande. La mère, ronde comme une boule de bowling, remue un porridge tiède avec un gamin qui s'escalade jusqu'à ses épaules tombantes comme un singe de foire. Elle esquive mon sourire alors que la plus jeune des enfants éclate en sanglots, enterrant du même coup le sifflet de la bouilloir.

C'est l'inattendue mélodie des hostels... qui peut surprendre parfois.

Alors que le soleil réchauffe enfin l'Irlande, je me rend à Garinish island (Ilnacullin) en Ferry pour visiter les jardins qui s'y trouvent... et pour m'allonger sur la plage de galets comme un phoque en vacances. Je me surprend même à en faire le crie.

En parlant de phoques... mais c'est qu'il y en a plein ici. Et ils ont tendance à m'imiter en plus.

Je leur lève la patte mais aucun ne me répond. Ils ne sont probablement pas irlandais ces phoques. Ils m'auraient certainement saluer sinon.

Ma journée se conclue avec l'inévitable pub et la Murphy's qui, ici, remplace la Guiness dans les pintes et sur les miroirs publicitaires.

De vieux routiers font grincer leurs banjos sur Wild Horses des Rolling Stones alors qu'un chien accroupit sous une table les observe tristement.

Ambiance Bluegrass sur fond de verts pâturages.



Note à Moi-Même:

Il n'y a rien de pire que de la cornemuse

à part peut-être de se mordre la langue.



22 juillet

À mon réveil, j'entre dans la cuisine du Murphy's Village Hostel et j'y surprend la corsaire aigrie qui se prépare une concoction matinale au coin d'un rond de poêle allumé. Elle sursaute en me voyant comme l'aurait fait un chat apeuré.

Il y a quelque chose de pas saint chez cette femme. Cette manie qu'elle a d'observer les gens, caché dans la pénombre. Et pourquoi donc voyage-t-elle avec une chaufferette au juste?

Étrange femme dois-je dire. Dès qu'elle est là, il y a un malaise qui s'installe dans la pièce. À bien y penser, je ne l'aurais pas prit dans mon équipe finalement.



Contrairement à la journée d'hier, aujourd'hui, c'est le retour à la normale dans le ciel de l'Irlande. C'est la pluie et la brume qui reprennent du service.

Après quelques treks dans la Glengariff Natural Reserve avec Jacqueline la veuve hollandaise, je décide de revenir à l'auberge pour enfin faire sécher mon linge de ces quelques randonnées humides et boueuses dans les champs.

C'est le calme plat dans le dortoir, et la cuisine est inoccupée plus que jamais.

Aucune trace de la corsaire depuis mon réveil.

Disparue.

Volatilisée.

Bizarrement, le ballet habituellement accroché au mur du fond n'y est plus.

J'avoue que c'est peut-être un hasard.

Mais peut-être pas non plus.



Demain à la première heure: départ pour Cork, pour rejoindre Dublin en fin d'après-midi. Ça tire déjà à sa fin toute cette histoire en Irlande.



Note à Moi-Même:

Au fond, un phoque, c'est une limace avec des pattes, non?



Etienne X


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