Le goût de la Corse


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Europe » France » Corsica
July 16th 2012
Published: February 7th 2015
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Le goût de voyager ne m'est pas venu d'hier. J'ai eu la chance précieuse d'avoir des parents qui l'avaient dans la peau et qui me l'ont transmis dès mon plus jeune âge. Et je peux me vanter d'avoir fait du chemin depuis mon enfance; d'avoir vu des pays aussi loin que le Japon, de m'être traîné les pieds en Europe de l'Est alors qu'elle était encore communiste, d'avoir traversé le Canada de l'Atlantique au Pacifique en goûtant la morue de Terre-Neuve et en escaladant les glaciers de la Colombie-Britannique; d'avoir vu le soleil se coucher de chaque côté du globe ou d'avoir tenté de compter les grains de sable assise sur les plages des Caraibes. Cette terre est remplie de cartes postales inimaginables qu'une vie ne suffit pas à classer!



Puis, m'est venu le goût de la Corse. Plus précisément après qu'une amie française m'en aie fait voir les images à son retour de vacances. Mais ce que j'avais vu de ses photos me laissait beaucoup trop sur ma faim. J'entrepris alors d'explorer cette île méconnue ici à travers quelques documents, reportages télé, magazines. Ce que j'y voyais me semblait presqu'irréel tant on en vantait les trésors de beauté. Je me disais que c'était certainement amplifié, que la photographie jouait son rôle mais, que dans ma grande envie de continuer à découvrir des endroits idylliques, j'étais loin de me tromper en la choisissant comme ma prochaine destination.



Trêve de rêverie, au bout de quelques mois de préparatifs pendant lesquels je soupçonnais le pouvoir de ce bleu qu'on nous montrait, je pris mon bagage et mes deux jeunes et je traversai l'Atlantique pour m'en rapprocher. Après sept heures d'avion, cinq autres de TGV et sept de plus sur le traversier, nous posons enfin pied en terre promise.



Ajaccio la belle, fleurie à perte de vue, au port chantant portant le nom de Tino Rossi, aux couchers de soleil exceptionnels rendant l'ocre des murs plus doré que des bijoux précieux... je sentais déjà que je ne m'étais pas trompée, que le rêve se réalisait! Les odeurs du marché, le sourire des gens: l'accueil corse me plaisait déjà. Quelques jours passés à flâner dans la capitale, ville natale de Napoléon Bonaparte qui figure à tous les coins de rue, nous découvrons les plaisirs de la plage en plein centre-ville. Au pied de la citadelle, s'étend la plage Dell' Oro qui porte fièrement son nom. Les travailleurs vont s'y attarder pendant leurs pauses-repas, les autres se prélassent sans compter les heures sur son sable chaud et doré, l'eau de la Méditerranée les invitant à se rafraîchir. Le soir, les terrasses s'animent par centaines, les gens vivent dehors et soupent à 10 heures après le coucher du soleil. Les lauriers-roses sentent bon, les gens ont l'air heureux de vivre. Mais, comme dira ma fille quelques jours plus tard, ceux qui n'ont vu de la Corse qu'Ajaccio, n'ont rien vu de la Corse.



Avec raison! Nous quittons ensuite en voiture direction plein sud et vers l'est. Le petit appartement à flanc de montagne que j'ai loué dans ce village où le temps semble s'être arrêté il y a 4 siècles, nous attend dans toute la splendeur de sa terrasse fleurie, aux parfums de citronniers et d'orangers qui lui donnent son allure paradisiaque. Nous y déposons nos bagages après avoir roulé à flanc de montagne sur les routes les plus étroites que j'ai jamais empruntées. Les routes en S sont la norme, je crois bien, n'ayant jamais vu de ligne droite sur plus d'un ou deux kilomètres. Si étroites que lorsqu'un plus gros que toi te fait face, il te faut presque fermer les yeux tant le précipice à côté semble attirant!... Il a donc fallu que je m'arrête à plusieurs moments lorsque la route s'évasait par endroit pour pouvoir admirer ces panoramas à couper le souffle. Le maquis, entre mer et montagne de roche granitique, embaume de tous ses parfums. Son aridité sous un soleil de plomb inlassable, sans pluie durant des mois, n'empêche pas qu'il fleurisse abondamment, comme un miracle. Les oliviers poussent à l'état sauvage, les vaches se prélassent nonchalamment et osent volontiers traverser la petite route où l'on roule pour changer de décor! On dirait presque qu'il n'y a pas âme qui vive tant la nature y est sauvage. Seules les vignes plantées par endroit pour l'appellation d'origine contrôlée du rosé corse nous rappellent qu'il y a forcément quelqu'un qui s'en occupe!



Tous ces paysages, ces odeurs, ces couleurs sont d'une beauté exceptionnelle. La Méditerranée s'étend sous nos yeux et à perte de vue, comme un miroir aux trois couleurs de bleus. Plus elle s'approche des plages, plus elle devient cristalline et d'un émeraude étourdissant, et plus elle s'en éloigne, c'est d'un bleu marine profond qu'elle se vêt. Et le contraste entre ce bleu océan et la craie blanche des falaises de Bonifacio est hallucinant.



Oui, c'est définitivement plus beau que dans mes rêves, plus beau que dans les reportages-télé, beaucoup plus qu'on peut imaginer parce rien au monde ne peut se comparer à l'oeil de l'homme. Les images et les couleurs resteront ineffaçables dans ma mémoire; ni ces goûts, ces senteurs, ces gens si accueillants, cette musique polyphonique entendue à l'église d'Olmeto ne pourront s'altérer. L'Île de Beauté m'a conquise, j'y retournerai avant de mourir!


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