DM en Ayiti


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Published: July 3rd 2016
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Me voilà revenu au Québec. Encore une fois, cette curieuse sensation m’envahit… l’impression d’être ici et encore un peu là-bas, dans l’entre deux, à me demander ce que je veux garder avec moi et ce que je veux délaisser pour retourner à ma routine bien québécoise. Décidément, les voyages nous transforment à la hauteur de ce qu’on veut bien leur permettre de nous changer. L’espoir à toute épreuve des Haïtiennes et Haïtiens est certainement ce qui m’aura le plus marqué de ce beau pays. Je me rends également compte, au risque de sonner cliché, à quel point on est chanceux de vivre au Québec. Nous avons la chance d’avoir de magnifiques routes dont les nids-de-poule ne sont rien en comparaison aux sillons des torrents de pluie. Nous avons la chance d’avoir un système de santé de qualité pour lequel le temps d’attente est un détail en comparaison à l’absence de ressources de base dans la majorité des installations de santé d’Haïti. Nous avons la chance d’avoir un gouvernement stable malgré sa grande incompétence et son avarice de médecins gâtés, qui ne sont rien en comparaison à la corruption viscérale du gouvernement haïtien. Nous avons la chance d’avoir de l’électricité bien qu’elle soit coûteuse, alors qu’on ne permettrait jamais une coupure de quelques minutes à la grandeur du pays alors qu’Haïti est plongée dans l’obscurité plusieurs heures par jour. Nous avons la chance d’être en sécurité à toute heure du jour et de la nuit, ne craignant pas les manifestations violentes ou le risque d’enlèvement dans les rues plus sombres. Nous avons la chance de pouvoir investir précocement dans des compétences de base en milieu éducatif qui serviront tout au long de la vie des enfants défavorisés ou non, alors que les écoles haïtiennes n’ont même pas de toilettes pour garantir une hygiène de base aux enfants qui ont le privilège d’être à l’école. Nous avons tellement de chance que nous ne nous en rendons plus compte. Bien sûr, la critique n’est jamais superflue et sert à l’avancement d’une société, mais il ne faut jamais oublier cette chance que nous avons, d’avoir gagné au jeu du hasard et d’être nés sur cette terre où la liberté n’est pas un luxe. Qu’est-ce que je retiens de ce séjour en Haïti? Un réel casse-tête, que certains comme moi trouveront passionnant, alors que d’autres plus fatalistes trouveront désespérant. Haïti est certes dans une situation complexe, mais elle mérite mieux. Elle mérite une attention particulière d’instances autant locales qu’internationales qui l’appuieront de façon désintéressée, selon les priorités qu’un gouvernement stable et honnête aura fixées. Les catastrophes naturelles et épidémies dévastatrices ne lui ont pas permis de recommencer à zéro, puisque des grandes organisations aux valeurs soi-disant de bonne morale ont vu dans ces désastres une opportunité d’exploiter davantage ce pays déjà agonisant, plutôt que de lui offrir une main pour se relever. Qu’est-ce que ça prendra pour qu’Haïti se relève? Une crise sociale d’envergure ou simplement une présidente ou un président au cœur bien placé qui aura le culot de générer de réels changement malgré les menaces de mort qu’elle ou il recevra? Seul l’avenir nous le dira. En attendant, continuons d’appuyer nos cousins haïtiens dans la recherche de solutions novatrices qui permettront de limiter les dégâts et de se reconstruire petit à petit. Haïti n’est certainement pas la Terre de l’impossible, comme certains se plaisent à l’appeler. La majesté des montagnes et la douceur de la mer d’Haïti n’ont d’égal que la richesse infinie de ses enfants encore innocents et la beauté de son peuple qui garde espoir.



À bientôt, Ayiti chérie

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4th July 2016

Voir le monde
Tout à fait d'accord avec toi, voir le monde permet d'apprécier ce que nous avons. Tous les jeunes devraient avoir dans leur parcours académique un «tour du monde» comme cela se fait en France avec le système de compagnonnage avec les jeunes qui veulent faire l'apprentissage d'un métier, tradition qui date du moyen-âge. Ce serait l'apprentissage des conditions de vie dans le monde. Avoir la conscience que ce que nous avons dans nos pays riches, libres et démocratiques est un privilège qui s'explique en partie par notre histoire mais aussi par le déséquilibre de la distribution des ressources dans le monde. Cela nous fait apprécier tout en restant critique, comme tu le dis, sur notre propre terrain. Bravo encore pour ce récit de ton expérience. Je découvre que le médecin cache un écrivain qui a beaucoup de verve!

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