Chapitre 26: Retrouvailles avec la Thailande, les jungles du Nord.


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Asia » Thailand » North-West Thailand » Chiang Mai
January 20th 2016
Published: April 2nd 2016
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Non sans une certaine nostalgie, me voilà maintenant de retour en Thaïlande que j'avais laissée il y a quelques mois de ça pour partir explorer l'Indochine. Si j'avais principalement visité le Sud et ses plages de rêve, je tenais absolument à retourner pour voir le Nord et ses jungles luxuriantes. Sur une route nettement meilleure qu'au Laos, je finis par arriver à Chiangmai après 18 heures éreintantes de bus. La ville me plait immédiatement: bien que capitale du nord, elle est beaucoup plus agréable à vivre que la bouillonnante Bangkok. Cernée par des restes de remparts centenaires, elle est également sertie de parcs et de fontaines qui en font un endroit plaisant malgré la chaleur. Je vous passe les temples magnifiques, je pense que vous commencez à connaître, mais je relaterai juste deux anecdotes qui prouvent à quel point le culte du roi est prégnant et très sérieusement respecté.



La première remonte à Novembre, lorsqu'Anna et moi étions allés voir un film à Bangkok. On s'installe confortablement et commençons à regarder les bandes annonces qui apparaissent à l'écran. Une courte pub qui suit, puis l'écran se teint de jaune et l'on peut y lire "levez vous pour payer vos respects au roi de Thaïlande". Tiens, c'est pas mal ça, a-t-on à peine le temps de remarquer, avant de constater avec stupéfaction que l'ensemble de la salle se lève comme un seul homme. Une seconde d'hésitation (on est quand même dans les premiers rangs), et nous les imitons. Défile alors une vidéo au son de l'hymne thaïlandais relatant les exploits de Dad (surnom du roi), où on le voit au chevet de malades, des soldats, ou semant du riz. Autant vous dire que l'on n'en mène pas large en contenant à grand peine un fou rire grandissant, mais la vidéo finit par se terminer, et la salle par se rassoir. La seconde anecdote est cette fois ci à Chiangmai, alors que je me balade au milieu de l'immense marché nocturne du dimanche. La réceptionniste adorable de ma guesthouse m'a conseillé d'y aller assez tôt, parce qu'avec le monde qui y arrive rapidement, ça peut devenir infernal. Il est donc 17h quand je m'y rends, et me fraie déjà avec difficulté un passage au milieu de la foule qui se densifie à mesure que le temps passe. Des étoffes, des souvenirs, des légumes, mes yeux et mes narines se délectent quand soudain tout le monde se fige. Littéralement. Je ne sais pas si vous imaginez ce que ça donne de voir une immense foule mouvante et bruyante soudainement immobilisée et muette comme si quelqu'un avait appuyé sur pause, mais c'est un sentiment assez unique. Subrepticement, je jette un discret coup d'œil à ma montre : il est 18:00 et l'hymne thaïlandais retentit. Pendant les deux longues minutes qu'il dure, absolument aucun bruit ni mouvement: aucun motard affairé, aucun marchand faisant sa réclame, pas même un enfant qui pleure. La musique s'arrête, et la foule se réanime. Le charme est rompu.



En effet, la Thaïlande -seul état d'Asie du Sud Est à ne pas avoir été colonisé- est considéré comme une "démocratie", où le premier ministre dirige le le gouvernement et où rôle du roi est largement cérémonieux. Pour autant, ce dernier est non seulement élevé au rang de divinité et vénéré dans certains temples, mais également protégé par des lois extrêmement sévères de lèse majesté punissant de façon drastique quiconque ose critiquer, contester, ou tout simplement rire de sa royale personne. Lorsqu'on était en Thaïlande avec Anna par exemple, la dernière personne arrêtée avait été incarcérée pour avoir plaisanté sur Facebook à propos de son chien...



Ma seconde étape est la peu commune ville de Pai. Peu commune parce qu'elle attire des gens très différents, entre touristes et hippies, occidentaux, chinois ou thaïlandais. Tout ce petit monde est regroupé dans ce grand village ce qui n'est pas sans donner des résultats très intéressants. Si chacun reste fidèle à ses habitudes (les chinois se levant aux aurores, les hippies se couchant à peu près en même temps), les différentes communautés interagissent et s'influencent les unes les autres.

Sous un soleil magnifique et un ciel d'un bleu incroyable, je décide d'aller faire une ballade dans la forêt-jungle qui borde la ville. C'est une excellente idée dans la mesure où, à part quelques hamacs d'hippies à l'orée de la forêt, il n'y a absolument personne, et le calme qui règne est seulement interrompus par les pépiements des nombreux oiseaux et le bruissement de la rivière qui s'écoule. À mesure que je progresse, le soleil peine à percer l'épaisse couche de végétation qui se densifie. Au bout d'un moment, j'essaie de retrouver la piste qui s'est arrêtée. Plus angoissant encore, je suis incapable de retrouver la piste d'où je viens. Il est midi et je ne suis pas encore censé m'inquiéter, mais je suis bel et bien perdu seul au milieu de la jungle. Je jette un coup d'œil à la carte sur mon portable... Aucune couverture réseau, et donc impossible de me repérer. S'en suivent cinq minutes de pure panique, avant que je ne regagne mon calme et commence à rationaliser. "Pas d'eau, pas d'hommes"... Un trait de génie me vient, et je pense à suivre la rivière qui -je l'espère- est censée mener sinon au village, au moins à un endroit habité. Je me laisse guider par le son et la retrouve facilement avant de retomber (oh miracle!) sur la piste. Sans demander mon reste, je retourne illico à Pai où je me remets de mes émotions autour d'un bon vieux riz sauté.



Pour ma dernière étape avant la Birmanie, j'ai prévu de renouveler l'expérience du Laos en allant me perdre à Soppong, un petit village complètement déserté des touristes au bord de la frontière birmane. Je tombe alors sur Da, une espèce de mamie thaïlandaise qui a un bungalow et me propose de m'héberger. Elle est adorable et trop mignonne et me traite un peu comme son (petit) fils en me gâtant avec sa cuisine délicieuse. Les soirées sont passées à discuter autour du feu de camp, et les journées à explorer les environs. Nettement moins sauvage que le Laos, je vais cependant me perdre dans les petits villages de minorités et visite notamment Tham Lod, l'une des plus grandes grottes d'Asie du Sud Est. J'ai l'impression d'être à l'intérieur d'une cathédrale avec des ornementations élaborées de stalactites et stalagmites et son plafond allant se perdre dans les nuages. À la tombée du jour, j'ai même la surprise d'assister au spectacle incroyable des milliers de chauves souris qui sortent toutes en même temps, et s'envolent en tornade vers le rose du couchant.

Une dernière embrassade à Da, et me voilà dans un bus pour Bangkok sur la route aux 762 tournants afin d'attraper mon avion. Prochaine étape: la mystifiante Birmanie !


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