Surabaya, Java (Comme un Ruban à Mesurer)


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March 24th 2014
Published: March 24th 2014
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20 mars

Jacob "double espresso without sugar" et moi-même embarquons dans une mini-van devant le Mini Tiga hostel de Pangandaran. Le charmant staff de l'auberge nous salue alors que la veuve Supri de la réception me souri avec cette étincelle dans l'oeil qui ne trompe pas. De toutes évidences, elle cherche un remplaçant à son défunt mari.

Il est 8h00AM.

Daan le Dutch a quitté à 6h00AM ce matin vers Jakarta dans l'ouest, tandis qu'Anne la timide allemande est parti hier soir vers Yogyakarta dans l'est.

Puis Jacob "double espresso without sugar" et moi-même partons en direction de Surabaya dans le nord-est.

"Always meet people. And people leave. Before i don't care. Now difficult" que nous avait dit le prof de surf hier soir entre deux gorgées de bière Lager.

C'est qu'effectivement, on a tous passé du bon temps à Pangandaran. Et si c'est parfois difficile pour les backpackers de partir chacun de leur côté, ce l'est parfois aussi pour le staff des hôtels qui doivent sans cesse renouveler leurs amitiés instantanées.



L'heure de route qui rejoins la station de train de Sidareja est particulièrement désagréable.

J'embarquerai donc dans le train pour la lointaine Surabaya avec un mal de tête bien serré.



"Ekonomik Class".

C'est que c'est le jour et la nuit si on compare le confort ferroviaire au bus mal de coeur qui nous brasse l'estomac comme un hochet.

C'est avec grand plaisir donc que je m'allonge sur les bancs vacants du train en observant tranquilement passer les paysages enfumés des rizières par ma large fenêtre vitrée comme un écran.



Je me nourrit de nouilles diurétiques instantanées à 1$ aussi que j'achète à répétition à des vendeurs dans l'allée qui lancent dans le ventre du wagon des "Pop mie, Pop mie" comme des toucans.



De minuscules coquerelles montent parfois le long de nos accoudoirs... alors que Jacob et moi s'amusons à les éclater les unes après les autres avec nos sandales. 7 heures à passer sur les rails: on apprend à tuer le temps comme on peut.

...



On finit par arriver à la populeuse Surabaya alors que la noirceur est déjà tombée sur la ville.

Ensevellit sous les demandes des chauffeurs de taxi à la sortie de la station, Jacob "double espresso without sugar" et moi se serrons la main et partons chacun de notre côté: lui vers un bus pour rejoindre Malang, et moi à la recherche d'un train de nuit pour Banyuwangi.



…"Train no possible. Tomorrow 9" que je me fait dire par une jeune ricaneuse gravement infectée par l'acné derrière le comptoir du Indomaret (dépanneur) de la station de trains.

Merde!

Moi qui voulais éviter de passer la nuit dans l'étouffante Surabaya.

"Don't stay there. The cheap hotels are really crapy" que m'avait conseillé Jacob.

Tant pis.

Il est 21h00 et mon train est à 9h00 demain matin.

Je pourrai certainement survivre mon transit de 12 heures ici, aussi "crapy" que soit l'auberge.



...

Je dépose mes sacs à l'hotel Gubeng, à deux pas de la station de trains.

Ce sera plus rapide pour demain que je me dis.



La chambre où je m'installe atteint un niveau de malpropreté jamais expérimenté auparavant.

Du moins, pas depuis l'Inde.

C'est si sale que ça me crée une émotion d'insécurité, à la limite du danger d'être là.

Le matelas à ressorts est défoncé et l'unique drap grisonnant est cerné de je ne sais quelle huile.

Il fait noir.

Le mousticaire percé de la fenêtre est caché par une vieille couverture déchirée qui pend en angle.

La porte de la toilette indonésienne (kamar mandi) est fermée.

Je l'ouvre en espérant ne pas y trouver un junky défoncé au crack.

Personne ne s'y trouve. Ça m'aurait bien surpris aussi.

Il s'y trouve un large mille-pattes par contre qui, maintenant dérangé par le néon, retourne silencieusement dans le drain débordant derrière la porte.



Un trou à rats.



"Quelques heures de sommeil, que je me répète, je suis qu'en transit".



Il est 23h00 alors que j'éteint la télé brouillée et essaye de fermer les yeux, au creux de mon sleeping bag humide.

Ma porte de chambre est barrée. J'ai vérifié deux fois. Mais j'y ajouterai une chaise désaxée sous la poignée, retenue par la base de mon lit cadavérique.

Une nuit de 7 heures.

Pas davantage.

C'est court 7 heures.

C'est vite passé une courte trop longue nuit de 7 heures.





Note à Moi-Même:

Première fois que je vois un rat dans un McDo.



21 mars



J'ouvre les yeux bien avant que l'alarme de mon cadran portatif m'avertisse.

Je fixe le plafond.

Les maringouins se sont goulument servit toute la nuit. C'est bien normal ça, avec toutes ces fissures dans le moustiquaire vous savez. Et puis de la chair fraîche et du sang chaud, ça ne se refuse pas.

Je me lève alors que mon sleeping bag s'est totalement humecté de ma suante nuit. Je ne savais pas ça possible de devoir littéralement tordre son sac de couchage au réveil. Mais voilà, c'est maintenant fait.

Je me douche comme je peux, dans l'hésitation... car je doute même maintenant de la salubrité de l'eau sous laquelle je me retrouve.

Merdique trou à rats.



Je sort de ma très désagréable expérience alors qu'un homme âgé me surprend à passer le balai dans le lobby de l'hôtel.

C'est un grand balai commercial qu'il pousse.

Je me dis qu'il ne le passe pas dans ma chambre peut-être parce qu'il n'arrive pas à entrer par le trou de la porte avec son balai.

Voilà qui ferait du sens.



Je quitte l'hotel Gubeng à pieds donc, et me poste à la station de train à 7h00AM. Ça me laissera du temps pour déjeuner au Dunkin Donut de la gare (!) en écoutant un band jouer live dans l'ère d'attente.



Mon billet de train est dans la zone "Eksekutiv".

J'aurai droit à des films de combats en chinois dans mon wagon climatisé maintenant.

C'est la grande classe.

Je me sent... je me sent "Eksekutiv", et ça pour les 7 heures de train jusqu'à la pointe est de l'île de Java.

C'est que j'ai passé le même temps dans ma chambre merdique de l'hotel Gubeng à Surabaya vous savez... 7 heures... pour exactement le même prix que mon billet de train "Eksekutiv".

13 dollars.

1.86 dollars de l'heure.

Le prix ici n'est pas un gage de qualité.

...



Banyuwangi: "The end of the line"

Tout se met à débouler rapidement alors que je sort du train à Banyuwangi.

J'embarque dans une mini-van... qui m'amène à un gros bus... qui m'amène au traversier... qui me remet dans le gros bus... qui me débarque en pleine nuit à une station perdue... où j'embarque dans un taxi... qui me laisse au Bemo Corner de Kuta... d'où je marcherai jusqu'au Prawita Garden Hotel, en plein coeur de l'action sur la Legian Road... exactement où j'avais atterrit pour ma première nuit en Indonésie.

Ouf.

Une journée ruban à mesurer donc: je me suis étiré jusqu'au sud-ouest de l'île de Java, et me voilà donc qui revient rapidement à mon point de départ à Bali.



Il est 1h30AM à Java.

Je dois avancer ma montre d'une heure à Bali: il est donc 2h30AM ici.



Je dépose ma carapace à bretelles sur mon lit au Prawita en me disant qu'une légère baignade en noirceur dans la piscine du complexe me rendrait heureux.



Ce sera le cas.



Note à Moi-Même:

Train-Bus-Bateau-Taxi aujourd'hui. Dommage que je n'aille pas prit l'avion aussi.



Etienne X

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