Chennai to Calcutta (Kalkatta) ( Appréhension et Désolation )


Advertisement
India's flag
Asia » India » West Bengal » Kolkata » Kalighat
February 24th 2007
Published: February 1st 2013
Edit Blog Post

Toujours à Mamallapuram.

24 fév.

On se réveille au chant du coq. Il se lève plutôt de bonne heure celui-là. Le soleil n’est presque pas encore sorti de derrière la baie du Bengale.

On quitte notre chambre en silence.

Nos voisins de cabane nous aperçoit et nous offre du Chai the.

Je refuse poliment (mon estomac a une mémoire d’éléphant).

Ils en offrent aussi à leurs deux chiens qui eux ne refuseront jamais leur ration.

On s’éloigne tranquillement alors que les deux chiens ont le museau enfoncé dans leur gamelle

pleine de Chai the.



On marche sur la plage à l’aurore. C’est calme. Il y a plein de poissons porc-épic (diodons) échoués et dégonflés sur le sable. La tortue d’hier est aussi toujours là. Elle est en très mauvais état par contre. Les crabes la feront disparaître peu à peu.



Il est 11H00Am lorsque nous quittons en taxi pour Chennai.

On s’arrête en chemin pour découvrir le ‘’Crocodile bank’’. Chouette, une ferme de crocodiles!!! Il y en a tellement ici que ça fait des tapis de crocos dans les enclos. Il y a aussi des cobras royaux et des vipères mortelles.

Je suis un gamin. Tout ce que je trouverai à dire durant notre visite c’est : "Loooke a that.... a crocodaiiile!!!"



On arrive à Chennai. Je ne suis pas très impressionné. C’est une grande ville comme tant d’autres déjà vues en Inde. J’ai des flashs de Pune, de Mumbai et de Delhi.

Toujours plein de monde partout...

"oups, pardon..."

(désolé, j’avais un indien en dessous du pied).



On embarque dans un auto-rickshaw pour aller visiter le Fort Georges à Chennai. Le chauffeur veut nous y amener mais pour un prix plus élevé que ce que nous avions prévu au départ.

Après quelques mots, il nous avoue qu’il est prêt à baisser son prix... mais nous devons accepter d’aller à deux shops qu’il connait. Il nous fait comprendre que nous n’avons pas besoin d’acheter quoi-que-ce-soit dans le magasin.... nous devons juste y aller et montrer nos petites faces de blancs.

La raison est fort simple: le propriétaire des boutiques lui donneront 1 chemise par groupe de touristes qu’il leur amène.

Voilà. C’est ça l’Inde.

C’est d’accord. On accepte l’offre.

Ce sera la première fois que je tipe avec une chemise.





On soupe dans un resto indien ce soir.



Non mais il faudrait vraiment qu’ils passent des lois sur l’utilisation exagérée du chili dans les mets indiens! Un jour, quelqu’un va y laisser sa peau!



Notre hôtel est potable. Les couvertures de nos lits sont carrelées rouge et blanc. On aurait le choix de dormir ou de se faire un piquenique.



25 fév.

Aujourd’hui, on visite le Pantheon Complex de Chennai. On a droit à sept musées dans un seul endroit.



On visite d’abord le musée " Industrial Development of Tamil Nadu".

On y marche tranquillement, regardant les vitrines ici et là … lorsque soudainement, sorti de nulle part, juste là, sur un présentoir devant moi, brillant comme le Saint Graal... apparaît une toilette en céramique blanche immaculée

Une vraie j’vous dis! Comme à la maison!

J’ai envie de hurler: " Regardez! ÇA! C’est ÇA une toilette! C’est là-dedans qu’il faut uriner!"

Non mais qu’est-ce qu’elle fait dans un musée cette toilette? Sortez-la dans la rue bordel de merde, que les gens puissent pisser dedans!



On visite ensuite le musée d’histoire naturelle. Il est au moins quatre fois plus grand que celui à Trivandrum dans le Kerala. Encore une fois, on y retrouve tout plein d’animaux dans le formol, plein de trophées de chasse, de poissons séchés, d’insectes et d’ossements de toutes sortes. Aucune de ces bêtes statufiés ne vivaient encore à la naissance d’Elvis.

Poussière et toiles d’araignées.

Quelques "êtres" sont parfois méconnaissables.

"Abnormal cat" est écrit sous un tube de formol. Il pourrait tout aussi bien y être écrit "Martien (Outeras Spacus)", et j’y croirais tout autant.

MA pièce de résistance de ce musée grotesque est sans contredit le cavalier et sa monture, tous deux uniquement fait d’os. Le squelette humain, tenant les rênes, semble retenir son cheval pour l’empêcher de sauter en bas de la scène... ou pour l’empêcher de sortir de leur montage. J’ai l’impression d’observer un des cavaliers de l’Apocalypse. J’imagine ma vie basculant dans le Fantastique.

Je suis dans un film de Tim Burton.



On retourne à l’hôtel après ces visites.

Le soleil se couche alors.

Une femme âgée, un petit bonhomme de 5 ans et un bébé en couche dorment à poings fermés sur le trottoir. Je dois les enjamber pour passer.

Un adulte, c’est choquant. Un vieillard, c’est frustrant. Mais un bébé, c’est carrément inacceptable.

C’est chiant les grandes villes.



Demain: Kalkatta (13.2 millions d’habitants).

Appréhension.



26 fév.

Encore à Chennai, on part marcher le long de la Marina en avant-midi. Il s’y trouve un 5 kilomètres de plage aux allures d’enfouissement sanitaire.

Une centaine d’années de déchets déchiquetés se mêlent aux grains de sable.

Et il y a de la mousse sur les vagues. Des bulles refusent de partir.

Yik.

Je me souviens d’un projet de physique au secondaire: mélange hétérogène. L’huile est plus légère que l’eau.

Et dire qu’il y a des indiens en bobettes qui y pataugent comme des gamins dans leur bain. Ils vont reluire en sortant, ça c’est promis.



On se rend au zoo de Chennai aussi.

Ici, ça n’a rien à voir avec le zoo de Mysore ou de Trivandrum. On ne retrouve aucun hippopotame. Mais bon, il y a quand même deux crocos qui s’accouplent.

Il y a aussi une famille de singes en cage... qui se fait observer par un singe en liberté.

Je souri.

Le salaud en liberté mange une banane en regardant les prisonniers qui s’énervent.

Mais quel culot!



Il est 7H35 Pm.

On quitte Chennai en avion pour se rendre à Kalkatta. Ce sera un deux heures de vol au lieu d’un deux jours de train.

On est deux touristes en vacances dans un avion d’hommes d’affaires.

Je ne suis pas difficile à repérer.

Je suis le type en short et en gougounes.

Je suis le type au nez rouge-vin qui porte des lunettes-soleil au clair de lune.

Je suis l’étranger au pinch roux.

Je suis un arôme de Musc.



Kalkatta (première impression).



On sort de l’avion.

Il est 10H00 Pm.

On constate dès lors une différence d’avec l’Inde du Sud.

L’air est humide, collante et brouillée. Odeur de pollution comme à Delhi.

On entre dans un taxi prépayé, question de ne pas se faire arnaquer encore une fois par les chauffeurs de taxi croches des aéroports, et on se rend à notre hôtel.

Tout est réservé d’avance cette fois. On finit par apprendre vous savez.



On roule maintenant en plein décor moyenâgeux.

Tout est gris de saleté.

Des gens se lavent dans les trous d’eau boueuse en pleine nuit.

Il y a des corps cordés sur les trottoirs, couchés sous des couvertures de laine.

Ça cogne à la fenêtre de notre taxi.

Un mort-vivant nous regarde. Regard affamé.

" Démarre... mais qu’est-ce que tu attends pour démarrer?"

J’assiste à l’inimaginable. Je vis l’indescriptible.

On ne peut pas s’habituer à ce décor.

Jamais.



Je me calme. J’ai vécu Delhi que je me dis, et j’ai déjà été témoin de bien des absurdités.

Mais ouf, il faut vraiment avoir le cœur solide pour assister à l’horreur ombragée de Kalkatta.

Je n’ai pas peur pourtant. Je ne suis plus sous le choc du nouvel arrivant.

Mais je suis dégouté. Et triste aussi.

Désolation.

Rien ne peut préparer un occidental à vivre Kalkatta (de nuit du moins).



L’hôtel qu’on a réservé est lugubre. Elle dégouline de malpropreté (moi qui croyais avoir vécu la réelle saleté à mon appartement de Cégépien).

Tout ce qu’il y a de lavé ici, ce sont les draps. Mais bon, je ne prends pas de chance. Je vais tout de même m’enrouler dans mon sleeping bag pour la nuit.



Note à Moi-Même:

Population:

Canada: 33 millions, Province de Québec: 7.5 millions, Ville de Montréal: 3.7 millions.



Ville de Chennai: 6.4 millions, ville de Delhi: 12.8 millions, ville de Kalkatta: 13.2 millions, ville de Mumbai: 16.4 millions



États indiens : West Bengal et Sikkim (ville=Kalkatta): 81 millions, État du Maharashtra (ville= Mumbai): 96.8 millions, État de l’Uttarpradesh (villes = Agra , Bénarès): 175 millions (ouch).



Inde: 1.027 billion d’habitants..... 43 000 naissances par jour!



27 fév.

Réveil. Notre chambre se situe au deuxième étage de l’hôtel mais j’ai l’impression d’être dans un sous-sol de maison abandonnée. J’ai quand même dormi comme une roche, étonnamment.



Kalkatta (deuxième impression).



Il fait clair. La terrible Kalkatta est maintenant moins effrayante. C’est comme la sœur de Delhi au fond: des buildings en ruines sous un soleil absent, du smog à couper au couteau et un raz de marée de monde.

Un bouchon de circulation s’étend comme une explosion. L’espace se rétrécit autour de nous.

J’ét- ouf!!



La journée déboule : visite du Victoria Memorial... achat de nos billets de train... check-out à l’hôtel crasseux... taxi en vitesse...

On se cramponne à nos sacs comme à des bouées de sauvetage.

Train station. J’angoisse alors que je perçois de l’hostilité durant l’attente de notre serpent en tôle.

Je rêve au Québec.

Je rêve d’une salle d’attente à l’urgence.



Il est présentement 9H00 Pm.

On est dans notre wagon de train air-climatisé avec 4 indiens aisés qui grignotent des peanuts salés. Je me sens un peu plus en sécurité maintenant.

Nous sommes sur le point de faire un douze heures de train pour se rendre à New Jalpaiguri, dans le Nord du West Bengal, dans ce petit bout de terre indien à l’est du Népal.

On fuit dans les montagnes, encore une fois.



Au total, on aura donc passé 23 heures à Kalkatta.

Ouf.



Etienne X


Additional photos below
Photos: 11, Displayed: 11


Advertisement



Tot: 0.782s; Tpl: 0.014s; cc: 56; qc: 203; dbt: 0.5496s; 1; m:domysql w:travelblog (10.17.0.13); sld: 1; ; mem: 1.7mb