Ganpatipule (ou Comment retrouver l'Océan)


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January 3rd 2007
Published: January 15th 2013
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(... de Mahabaleshwar vers Ganpatipule)



3 janv.

On est en route pour Ganpatipule.

Je suis assis dans un autobus de prisonniers sans amortisseurs sur une route de campagne perforée. On a droit à un six heures de montagnes et de haut-le-cœur.

Je blêmi à chaque tournant. Ma salive se transforme en mousse de cappuccino.

Je pense à mon dentiste alors qu’il m’arrachait mes dents de sagesse.

Ça m’adoucit l’esprit.

Il fait chaud.

Mon estomac est un raisin sec.

Ça sent la friture et le surchauffé.

Le bus crie à chaque freinage, un ongle sur une ardoise.

Une femme vomit ses épices par la fenêtre.

Tout est à la limite du soutenable.

Une petite puce de 5 ans me regarde du banc d’en avant. Elle a un foulard sale de paysanne sur la tête. Elle a des grands yeux comme deux miroitantes billes noires. Son sourire est une éclaircit qui déchire ma brume d’angoisse. Je me surprends à serrer les dents pour ne pas verser une larme.

Mal de cœur. Surcharge émotionnelle. Je laisse tomber le "Counting Crows" de mon lecteur MP3. Je vais écouter du "Megadeth" je pense.



Le paysage change en cours de route.

Les feuillus laissent la place aux palmiers. Les collines sont maintenant en étages, rizières asséchées. Le terrain se quadrille de rangées de pierres terra cota. Des huttes de foin "coupe-de-cheveux-champignon" sont protégées par des clôtures de cactus-coraux.

Territoire préhistorique. On s’enfonce encore une fois dans le temps.



On arrive à Ganpatipule, sur la côte de Konkan. On choisit l’hôtel "Tent Resort" pour y poser nos corps de voyageurs. Ici, on dormira dans une tente, sur un lit de camp, question d’économiser un peu de roupies.

L’endroit est paradisiaque. L’Océan indien claque ses vagues sur des longues plages vides et léchées.

La Mer.

Enfin.

On l’entend rugir à travers les croassements des corbeaux. Pas de goélands ici... que des nuages de corbeaux.



Note à Moi-Même :

Ganpatipule: ville côtière la plus au sud-ouest du Mahārāshtra, tout juste avant d’entrer dans l’État de Goa.





4 janv.

7h00 AM. Les corbeaux se lèvent avec le soleil. Ils ont organisé ce matin une réunion sur le toit de notre chapiteau. J’imagine qu’ils font un plan pour nous voler le déjeuner. D’accord. Si vous ne me laissez pas dormir, je vais donc aller me réveiller sur la plage.



L’Océan est à perte de vue.

Il n’y a pas personne sur l’étendu de sable. Aucun son, à part le ronflement des vagues.

Pieds nus dans l’écume.

Je remarque des petits trous à côté desquels il y a de la limaille de plage. Ce sont de minuscules crabes qui se sont vissés dans le sable.



L’après-midi se passe sur la playa.

Je suis dans une annonce de Corona.

On doit s’éloigner un peu de la "resort" pour faire de la plage. Comme le bronzage de Marilou exige un bikini… et que les indiens sont incapables de voir autre chose qu’un sari sur une femme qui se baigne, on doit s’exiler. Mais c’est pourtant extrêmement sexy une femme mouillée et drapée de linge collé à la peau, non?

Bon. Je reviens. Je vais aller me chercher un drink à l’hôtel.



Peu de "Foreign" ici. Il y a nous, et un groupe de tchécoslovaques qui parle comme on rewind une cassette.



Alors que Marilou se fait dorer la peau, j’en profite moi pour me faire circuler le sang. Je cours de long en large sur la plage désertique.

Je suis l’inconnu poilu de BayWatch.

Ahhh... si j’avais un ballon de volleyball... je l’appellerais Wilson.



Après avoir visité le Ganpati temple à la couleur calamine (seul réel attrait touristique du village), on se baigne dans l’océan tiède et salé devant nous.

Je suis un cornichon dans la saumure.



Alors que j’entre dans les douches communes pour m’enlever le sel de sur la peau, je croise quelques indiens accroupis qui lavent la vaisselle du déjeuner et qui font leur lessive. Lieu à usages multiples.

Je me rince : eau frette de terrain de camping.

J’ai du blanc d’œufs entre les orteils et une tranche de concombre sous le talon.





On prend place devant l’océan pour souper. Les tables du restaurant de notre ‘’resort’’ sont directement sur la plage. Une famille indienne est assise à la table voisine de la nôtre. Tous ses membres mangent des thalies, sauf la plus jeune. Assise en indien sur la table, la petite puce de 4 ans pige à sa guise dans les assiettes des grands.

Ça c’est du partage!



5 janv.

8H00 AM.

Les corbeaux remplacent mon cadran encore une fois ce matin. C’est d’accord. Je vais aller courir sur la plage longue comme un gymnase de sable.



Et puis c’est la douche froide après l’exercice.

Un petit tas bouetteux repose sous mon robinet des douches communes. Je ne sais pas si c’est un étron ou un restant de fond d’assiette...

Mais comme ils n’ont pas encore fait la vaisselle ce matin... il y a peu de chance que ça soit un restant.



On nous sert une crème de blé aux légumes pour déjeuner(?).

Aux tables voisines, il n’y a que des touristes indiens. Les tchécoslovaques dorment encore j’imagine.

Ça sent la boule-à-mites. Je me demande si ce ne serait pas leur déodorant par hasard.

Il y a une femme âgée à côté de nous qui porte un manteau d’hiver.

Il y a aussi ces hommes moustachus de 40 ans qui se lancent un ballon de volleyball aux couleurs des USA. Ils préfèrent jouer près des tables-à-parasols que sur les kilomètres de plage devant eux. Il y a une odeur de catastrophe.

Dextérité défaillante alors qu’un des hommes n’arrive pas à rattraper le ballon lancé à la va-vite! Schlack! Le ballon étoilé fait un abat sur la table où déjeunent neuf indiens en famille.

Il n’y a alors qu’un échange de mots en hindi, de quelques sourires… et hop, c’est pardonné. Wow ! Très (trop?) pacifiques les indiens!



On passe une bonne partie de la journée à se promener sur la plage aujourd’hui.

C’est calme. Et le vent du large nous décoiffe.

Devant nous, il y a des rochers qui apparaissent qu’à marée basse. On a droit à un faible aperçu de la faune marine: des crabes mi rouges mi bruns font le ‘’moonwalk’’ jusque sous les récifs, des anémones dansent au rythme des vagues et de timides bernard-l’hermite transportent leur maison comme un packsack.

Je m’imagine portant un coquillage à bretelles.



Je me lance alors dans une courte baignade salée. Le courant est fort. Mon pied dérange une raie qui faisait la sieste sous le sable. Bon. Comme je ne veux pas mourir comme Steve Irwin, le "Crocodile Hunter", je décide d’aller me tremper ailleurs.



On soupe encore sur la plage ce soir.

Notre voisin de gauche est un corbeau qui sirote un café, alors que la grande famille tchécoslovaque prend place à notre droite. Le fils grassouillet porte une casquette de capitaine de navire, le père se cache sous une toge fleurie et le corps de la mère est enveloppé de bandelettes colorées.

Costumes de touristes. Déguisements à l’indienne.

Non merci. J’aime mieux rester moi-même.



Etienne X



Demain…. Départ vers Ratnagiri


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