Wild Yunnan


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China's flag
Asia » China » Yunnan
September 17th 2010
Published: November 30th -0001
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Apres pas loin de 3 semaines de silence, me revoila...pour vous narrer mes peripeties dans le Yunnan, qui furent foisonnantes et passionnantes. Commencons par le commencement, le depart de Shangri-la. Une fois n'est pas coutume j'avais decide de m'acquitter de la somme reclamee pour un billet de bus, les recentes pluies rendant la route apparemment assez sportive. Et une fois de plus je me suis maudit de ne pas tenter le stop quoi qu'il advienne, meme si la pluie ambiante a clairement joue son role dans cette decision. Depart a 8h, 10h de trajet prevues, en avant Guingamp. On tente une premiere route pour laquelle l'epithete "boueuse" un doux euphemisme, resultat on descend du bus, qui met les chaines et une bonne heure pour arriver a mi-montee et la...hop demi-tour pour une raison encore inconnue. Tentative d'une autre route, la aussi mysterieusement avortee. Comme notre empote de chauffeur n'est jamais en panne d'une idee stupide on va creer un bouchon d'une bonne heure au monastere local, pour finir par ne pas passer et revenir...a la premiere route boueuse. Resultat a 16h on est toujours a 5 kilometre de SL, je vais le clouer au volant si ca continue. Mais finalement ca
Three fellowsThree fellowsThree fellows

Shangri-la
passe, trajet fatalement nocturne durant lequel je rencontre les deux seuls non-chinois du bus : Tom l'americain et Tok le coreen, avec Tibo ca donne les 3T qui tuent le temps en taillant la bavette. Arrives a Deqin a une heure et demie (j'avais predit 2h du mat, j'etais pas loin) on trouve une ville bien moche et pleine d'outres a biere, du coup vingt minutes de taxi direction Feilai Si sur la recommandation du Rough Guide de Tom ou il y a une guest house (GH) qu'elle est bien tout plein. Et effectivement je pense qu'elle est vraiment chouette ; si en plus elle avait ete ouverte c'aurait ete l'ideal. Que faire a 2h30 dans un petit bled sans lampadaires ? Eh bien allumer sa frontale et partir en quete d'un abri ou dormir pardi =p Apres vingt minutes je deniche une AdJ, cherchant sans trop de succes ame qui vive. Je convoque les comperes, et en zigzagant entre les liquides preuves que la soiree de la veille fut memorable on file squatter la piece commune.

Le lendemain les proprios se reveillent avec une gueule de bois des grands jours, du coup on file en douce et comme Tok se sent d'humeur loutre on attaque la descente avec Tom. Premiere partie sympa comme tout, peches de vignes a foison et petit village abandonne ou on se repose, et ensuite trois non quatre chemins s'offrent a nous. Va pour le 3, on a confiance. Eh bien a tort, car on s'apercoit un peu tard que ce qu'on croyait etre le chemin devait etre une trace pour bouquetin chevronne. Evidemment on s'en rend compte bien trop tard pour revenir sur nos pas, ce qui fait que commence une descente ou la longueur le dispute a la declivite. 20 kilos plus la guitare sur le dos, des pierriers a foison, quelques jolis derapages, et au bout de trois heures on finit par trouver le chemin qu'on aurait du prendre...rude mais jouissive descente :o) Xidang est en vue, et une derniere heure d'effort nous fait trouver une chouette GH avec les noix qui sechent sur la terrasse. Le lendemain un bon 1500 metres positif attend mes augustes gambettes, que j'attaque tout seul comme Tom a pris l'option grasse mat. Et apres une heure de montee grosse surprise : un levantin prepose ne doute de rien, et croit serieusement que je vais lui donner 12 euros pour le plaisir d'aller me balader dans la montagne. Primo je voyage a petit budget, deuxio en vertu de quoi je me fais racketter ? Comme ses connaissances en anglais titillent les miennes en mandarin j'ai droit a une communication speciale avec un guignol qui me dit que c'est pour l'entretien du chemin. Fort de la connaissance de tous ceux que j'ai vus jusqu'a maintenant je ne peux pas controler le fou rire (les chemins sont en forme de chemin pas amenages, et le chinois jette tout n'importe ou ; moi je marche pendant plusieurs jours avec mes poubelles pour les jeter dans un endroit a peu pres decent, donc hors de question que je paye pour les crades), et a leur stupefaction je fais demi-tour. Ils croient sans doute que je renonce, mais c'est bien mal me connaitre : a deux virages de la j'ai repere un raccourci qui va me faire contourner le peage. Dont acte avec dix minutes en mode ranger sauvage, et j'en profite pour comprendre pourquoi Indiana Jones ne porte jamais de guitare quand il est dans la jungle : ca s'accroche trop facilement aux ronces. Arrive en haut j'ai la surprise d'y decouvrir Tok (arrive en bus), qui finit de me rencarder sur le contournement des cupides, et avec qui j'attaque une belle mais crevante montee. Arrives en haut the au beurre de yak et tsampa (farine d'orge, une specialite tibetaine bien nourrissante), et descente pour enfin se poser dans une vallee vierge de toute voiture et offrant d'allechantes perspectives sur des cimes enneigees a plus de 6000 metres d'altitude.

Les deux jours qui suivent sont consacres a aller faire un petit tour a la cascade sacree (Shen Pu) ; montee enchanteresse parmi les mousses, les arbres tout calmes et majestueux, et arrives en haut au milieu des drapeaux tibetains hop a poil et tentative de faire trois fois le tour de ladite cascade pour etre benis...au bout de la premiere iteration il fait tellement froid que je pars du principe que le saint local considerera que mon manque de change compensera les deux rotations manquantes. Sur le chemin de la descente je convainc un coreen parti pour deux mois de ne plus avoir de date de retour, et le lendemain montee au lac de glace, qui (o surprise) se trouve au pied d'un bien beau glacier. La montee est deja genereuse en panorama, mais c'est sans compter sur la fabuleuse redescente qui me gratifie d'une lumiere de folie. Je rattrape le couple canado-americain rencontre au sommet du lac (Meg et Math, qu'on appellera M&Ms) pour deux heures de descente, une hesitation a dormir dans une reserve de paille mais c'est finalement une maison abandonnee qui me protege de l'ours et du loup qu'on nous garantit foisonnant dans la region. C'est assez fatigant en plus d'etre dangereux cette tendance : croyant que ca va nous faire plus facilement opter pour un guide a 12 euros la journee quand on demande aux locaux comment aller d'un endroit a un autre tout est "very dangerous" et "impossible". La plupart du temps c'est tres clairement exagere, mais du coup ca a tendance a occulter les quelques fois ou le danger peut effectivement faire partie de la danse...mais bon je suis encore vivant, je pense que voyager a pied developpe un certain instinct pour sentir jusqu'ou tu peux aller :o)

Aux aurores descente le long du torrent biblique qu'on finit par dominer de quatre-vingts metres avec un chemin un tout petit peu dangereux, et apres une demi-heure dans ce qui ressemble a s'y meprendre a une garrigue, tant par la chaleur que par la seche et pierreuse vegetation c'est l'arrivee dans un village se coulant dans la touffeur du midi, et dans lequel architecture mise a part on pourrait se croire dans l'arriere-pays provencal. On trouve un couple de chinois tout doux qui nous cuisinent un petit brunch, et apres avoir laisse file M&Ms et je joue 20 minutes de guitare a l'ombre du noyer au mari et aux veaux de passage, comblant le premier et scandalisant les seconds par l'incongruite de ma presence. Puis sous un soleil de plomb j'attaque une montee sans interet dans les travaux, et suivant une route qui n'en est pas une car en construction je louvoie entre les engins de chantiers, me fait prendre en stop par un camion qui fait des manoeuvres a 20 centimetres du ravin de 200 metres et finit par me deposer six kilometres plus loin. Je fais s'arreter de travailler trois pelleteuses pour ne pas me faire ensevelir sous les rochers, et premier passage flippant dans les gravats a 50 metres au-dessus du Mekong...ca passe ! Une derniere heure et demie de suee et enfin Yunling, ou quel dommage y'a pas de distrib et je suis a court de sous, j'hesite sur la conduite a adopter mais finalement le lendemain AR en stop de 100 bornes pour retirer et hop c'est parti...ou presque parce que ca alors la route est en travaux...du coup marche et marche et marche et je m'incruste en fin d'a[res midi dans une famille chinoise qui joue au mahjong en mode gros lourd (bonjour je suis en voyage et je veux dormir, c'est possible ici ? cool bah j'ai faim aussi). La maison s'avere etre un genre de pension de famille ou a 7 heures tous les travailleurs debarquent et repas a 20, puis guitare et dodo sur la terrasse commune =) Le soleil me voit me lever tot, et le long de la route eternellement defoncee des travailleurs m'invitent, l'un gratouille un peu et c'est raisin, caouete et repas dans une sordide bassine plastique avec des morceaux de choses non identifiees au gout suspect mais dans une ambiance de gentillesse et de sourires qui me font oublier le temps. Trois heures de marche et des acrobaties bien risquees plus tard voila Yanmen mais la route n'ouvre que dans six jours...tu te fous de ma gueule ? Un local me montre un passage secret, du genre a suer pendant vingt minutes au-dessus des rochers pour contourner les pelleteuses, me boiter comme une buse et m'ouvrir les deux genoux, puis passer le pont entre deux rochers projetes par les engins et montee sur le versant est. Arrive en haut un papy alcoolique ne veut pas me laisser aller a pied, heureusement un autochtone vole a mon secours, me montre un autre passage secret, m'invite pour le the pendant que mamie epepine les tournesols, puis je trouve l'hospitalite a Cizhong chez un vieux couple ou je rustine ma pompe droite au Ducttape avant de deguster un divin souper.

Arrivent ces trois jours ou j'aurais reve d'avoir une carte, mais la proximite du Tibet conjuguee a l'obsession des guides a accompagner tout touriste fait que mon seul fil conducteur se resume a six lignes en chinois indiquant mes etapes. Je me lance au juge, resultat une heure et demie a monter le mauvais chemin mais je finis par me faire indiquer le bon, et de fils de jungle en aiguilles d'intuition j'arrive a la premiere bergerie. Le patre m'autorise a squatter une maison vide a cote des cochons...trop cool il me laisse faire ma popote sur son feu, et apres une nuit un peu fraiche j'attaque mon premier col a 4000, bien passe mais journee pluvieuse toute pourrie et glacee, redescente brumeuse mais le tout emaille de passages "the au beurre de yak autour du feu", et arrive a ChaKu un fermier me propose sa cabane pour la nuit. Je decouvre ses yaks, sa modeste bergerie ouverte aux vents, le yumin, alcool de mais qui met un bon coup de bambou derriere les oreilles dont il est fort friand, et ses deux comparses qui reviennent avec des champignons fraichement ramasses dont on dont se regale autour du feu avant de fermer les quinquins. Trois plombes a demarrer le lendemain (l'un des bergers doit me montrer le chemin et il doit bater les chevaux), mais une fois qu'il est parti il ne fait pas semblant, il a un rythme de fondeur. Ajoutons a ca que je suis mon propre cheval alors que lui est a pied, il me seme au bout d'une petite demi-heure mais pas grave, je connais la route maintenant =p Deuxieme col a 4000 et redescente....ce que je savais pas c'est que c'etait de 2000 metres dont 500
Eventually over...Eventually over...Eventually over...

...just 3 hours and a half in the scree =p
dans une boue indescriptible qui me fait me boiter treize fois, et finir par un surf sur gravier de 10 metres mais ma guitare et moi sommes toujours vivants...on ne peut pas en dire autant de ma chaussure droite =p Arrive enfin a Dimaluo je finis par trouver la GH dont m'avait parle un quidam recontre il y a quelques jours, et je m'offre une journee repos bien meritee =p Je devore A thousand splendid suns de Khalid Hosseini en partageant le repas de la famille (galette aux oeufs et lait de yak, peau de cochon frite et legumes au poivre de Sichuan), et le lendemain randonnee dans la vallee puis stop jusqu'a Gongshan, et c'est toute la sublime vallee de la riviere Nulong qui s'offre a moi. Apres un plan stop trouve sur le pouce et son inattendu lapin je prends le bus pour la premiere fois en deux semaines et me voila a Dali. Le tout avec des paysages a couper le souffle, des montees vertigineuses, des nuages qui s'accrochent aux montagnes, des ficus qui me gouttent sur les jambes, des creux de vallee divinement brumeux, un ciel tantot couvert tantot bleu profond et ensoleille, des avancees rocheuses massives et titanesques bref deux semaines de dingue, dont je vous laisse savourer les photos !


Additional photos below
Photos: 138, Displayed: 31


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Nice fellowsNice fellows
Nice fellows

On the way to Yubeng
Nice fellows IINice fellows II
Nice fellows II

On the way to Yubeng


6th October 2010

tout simplement grandiose
Bin la mon vieux baroudeur de mon coeur, on peut dire que tu m'as littérallement scotché au tatami...on ne peut même plus dire que tu as mis la barre très haut tellement celle-ci est désormais inaccessible pour nous. Nom di dju d'aventure de fou furieux que tu viens de nous faire la. Tu es surpuissant, un vrai génie du voyage...respect et chapeau bas. Continue ainsi mon ami...
6th October 2010
And a bit more of equilibrium

???!
Attends, t'es passé là?! T'as pas bien dans ta tête :P
9th October 2010

au masked guitar hiker!!!
Wow ca depote grave. y a pas a dire! Ca sent la vie! fais attention a toi ma poule qd meme :)
24th April 2011

Routard un jour, routard toujours !!!
Ya pas a dire, ces sont ces posts, plein d'aventures, d'imprevus de galeres et de moments simple qui donnent le gout du voyage !!! Bravo mon Tibo, mon routard prefere !! Et surtout meme si tu prends des grosses pelles fait gaffe a toi :)

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