Dali / 大理市, Chine (Comme un Bouchon Monstre)


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Asia » China » Yunnan » Dali
February 23rd 2015
Published: February 28th 2015
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23 fév

Je quitte en matinée l'auberge de Kunming et me rend en bus de ville à la West Bus Station. C'est un 6 heures de route qui m'attend aujourd'hui, et je me rendrai à Dali, dans le Nord du Yunnan.

La station de bus est saturé de policiers et de militaires armés qui patrouillent et surveillent les voyageurs.

Rayon-X pour les valises comme à l'aéroport.

C'est que Kunming a été plusieurs fois théâtre d'attentats ces dernières années.



Alors que je passe le portique de sécurité, je me fait intercepter par un des agents en service: ... j'avais oublié mais dans mon packsack, j'ai un "Laguiole" que je traîne à chacun de mes voyages, cadeau de mon défunt père.

Merde. J'avais oublié ce truc.

"Knife" que me dit l'un des képi.

"Yes. Yes" que je lui répond en m'empressant de le sortir de son ziplock et de le lui remettre.

"Gift. Father"

Merde. J'ai bien peur de devoir me départir de mon "Laguiole" chanceux cette fois.



Le policier manipule alors mon couteau français.

"Gift. Father"

Deux policiers discutent entre eux alors que je leur lance ma face de blanchon étendu sur la banquise.

Heureusement, ma technique n'est pas altérée par les frontières.

Ça semble bien fonctionner.

L'un des policier me le remet donc et me fait signe de laisser l'arme dans mon bagage en soute.

"Yes. Yes"

Ouf. C'est ainsi que je ne me suis pas fait confisquer mon "Laguiole" chanceux par des policiers chinois à Kunming.





Avant de prendre place dans le bus en direction de Dali, j'agrippe quelques grignotines qui me semblent pas trop bizarres... dont un saucisson... qui finalement aura la texture (et probablement le goût aussi) de bouffe à chiens en canne.

Bon. Je ne peux pas croire que mes snacks de bus s'arrêteront qu'aux arachides et aux croustilles... parce que présentement, je ne me sent pas encore prêt à m'acheter le sac de petits crabes juteux qui se mangent comme du popcorn juste là, ou le bol de vers blancs ou de sauterelles sautées de couleur mélasse en apéritif.

...



On est en route pour Dali.

Par les fenêtres à droite du bus longue distance, les collines asséchées de la région laissent de plus en plus de place à des jardins verdoyants ou à des serres en rangées comme des campements militaires.

Le vert des plantations laisse souvent la place à des séries de champs de fleurs aux allures de pissenlits qui viennent tracer le paysage comme un surligneur jaune. De ces fleurs, les agriculteurs extrairont de l'huile qui sera exporté dans tous les États du Pays.



Durant le trajet, on croise parfois des villes sur lesquelles veillent encore une fois des dizaines de grues jaunes en angle, encerclées par des squelettes de gratte-ciels. Des viaducs et des sorties d'autoroutes sont parfois nouvellement bétonnés... mais sans que personne ne les utilise encore.

Tout ça a parfois des allures de villes fantômes.

Mais ça ne restera pas fantôme très longtemps... car lorsque je tourne la tête et regarde du côté gauche du bus, je m'aperçois bien vite que la Chine ne construit vraiment pas inutilement.

Parce que du monde, il y en a ici.

Beaucoup de monde.

En effet, les voies inverses de l'autoroute qu'on emprunte sont bloquées par le transport.

Calfeutré de long en large.

Rien ne semble bouger de leur côté depuis notre départ de Kunming.

Un bouchon de 100 kilomètres de long.

C'est à passer ses vacances dans le trafic ça!

C'est que les chinois s'achètent maintenant des voitures.

Beaucoup de chinois, beaucoup de voitures.

Il n'y a juste pas assez de route pour les faire rouler ces voitures.

Et avec le congé du nouvel an qui s'étire et refoule, ce sont les autoroutes vers les centres de villégiatures qui n'arrivent plus à fournir.



Je m'étais un jour demandé quel monstre ça pourrait être quand on parle de "bouchon monstre" sur l'autoroute.

Et bien j'ai trouvé aujourd'hui:

le Bouchon Monstre est certainement un Dragon Chinois.



Le bus arrive finalement à Dali.

Le trafic déborde dans la ville.

À un carrefour, ce sont le SWAT Team chinois, mitraillettes dans le dos comme des carquois, qui s'assure de la circulation.

Vraiment! Ça c'est du trafic quand on gère la crise en gilets pare-balles!



Je débarque du bus, embarque dans un taxi-fou (parce qu'il faut l'être un peu quand même pour s'aventurer dans la gueule du dragon-trafic)... et atterrit à deux pas de la vieille ville de Dali.



Je m'installe à mon auberge.

Enfin.

On m'accueille avec une tasse d'eau chaude.

Il y a beaucoup de monde aux alentours.

Je ne suis pas trop surpris:

il y a beaucoup de trafic à l'hostel.



Note à Moi-Même:

En Chine, il y a pratiquement que des nouvelles voitures! Zéro minounes!





24-25 fév



Dali, à l'intérieur de ses remparts, est étouffée de chinois en congé pour les fêtes.

Un torrent de familles remplit les allées de la vieille ville.

Un courant de gens attire la masse de vacanciers vers l'artère piétonnière principale.

Des grillades y fument.

Des barbe-à-papa s'y tissent et s'y gonflent.

Partout, des vendeurs ambulants tentent d'attirer le regard des enfants sur leurs babioles illuminées qui tournoient comme des toupies ou qui se projettent dans le ciel bleu d'un seul ton durant le jour, ou étoilé la nuit venue.

Il y a des boutiques de bijoux, des vendeurs de sucreries de toutes sortes et des dizaines de restos préparant des centaines de plats à partager en famille.



Les alentours de Dali s'étendent comme un immense jardin dans la vallée, au pied d'une longue barrière montagneuse.

Ce sont les légumes coupés dans les environs qui se retrouvent dans les présentoirs des restaurants d'ici.

Les fèves, oignons, brocolis et bok choy ne peuvent pas être plus fraîchement cueillit.

Les viandes par contre, charcutées dans les arrière-boutiques et pendues à des crochets sont, comme toujours, plutôt louches et peu appétissantes.

Il faut apprendre à regarder son assiette et fermer les yeux sur les cuisines.



Il y a un vaste lac au cœur de la vallée.

La grande ville de Dali et de nombreux villages ruraux y sont accrochés.

Il suffit de s'éloigner un peu de Dali et de sa vieille ville surpeuplée de touristes chinois pour découvrir l'authenticité de la vie des ethnies locales.



Le temps recule.



Les femmes couvert de tissus rouge fluo ou indigo vendent leurs fruits et légumes présentés sur des tapis à même le sol poussiéreux. Leur tête est couvert d'étranges chapeaux comme des diadèmes sur lesquelles des broderies carrelées s'encadrent d'argenterie.

Elles promènent aussi de large paniers tressés qu'elles retiennent par une bretelle collée à leur front comme un attelage. Elles ramèneront à la maison leurs provisions, entassées dans leur corbeille. Parfois, la tête de leur poupon se lèvera au milieu des feuilles de choux.



Et puis il y a, dans les environs, des pagodes et des temples multicolores aussi.

Des temples aux toits pointus qui se retroussent aux quatre coins, avec des colonnes peintes de bleu royal, de rouge et de jaune vif sur lesquelles des profils de dragons se faufilent, gueulent ouvertes.

Des temples comme dans les quartiers chinois, tiens.



Bref, il fait bon vivre à Dali.

On est en montagne ici: le soleil brûle la peau du nez et des joues de jour, et le vent de la cime des montagnes quelque peu enneigée vient considérablement refroidir l'air du couchant.

Bon.

Si ce n'était pas du trafic routier (et pédestre) qui infeste l'endroit en ce début d'année de la chèvre

comme un bouchon monstre

aussi sur les trottoirs.



Note à Moi-Même:

En Asie, le fast-food est un luxe. Il est habituellement plus cher que la nourriture d'un resto familial.



Etienne X


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