Leshan / 樂山市, Chine (Là où le Soleil est à Jamais Absent)


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Asia » China » Sichuan » Leshan
March 12th 2015
Published: March 19th 2015
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10 mars

( à Leshan )

Mon cadran sonne et résonne dans l'appartement vide où je me réveille.

Je ne sais toujours pas où je suis exactement.

Je sort de mes draps Hello Kitty en faisant de l'écho en marchant jusqu'au salon vert et mauve du logement inconnu du vingt-troisième étage, perdu dans Leshan.



Je remplit rapidement mes sacs et quitte l'appartement en espérant n'y avoir rien oublié.

Sinon tant pis.

C'est que j'ai zéro moyen d'y ré-entrer.

Je n'ai pas le numéro de téléphone du propriétaire, ni même l'adresse exacte où je me trouve.

Bref, dès que je quitterai le building, il disparaîtra sûrement, effacé dans l'espace-temps.

Traboulidon.

J'y pense, je n'y ai croisé personne dans ce bloc depuis mon arrivée.

J'ai de sérieux doutes qu'il soit réellement habité vous savez.

Et même, je doute qu'il existe réellement, tiens.



Dehors, le mouvement perpétuel de la Chine a depuis longtemps reprit ses droits.

Ça klaxonne fort.

Et ça fourmille de monde

partout

tout le temps.



J'embarque avec assurance dans le City Bus numéro 3, devant le building où j'ai dormi, bloc qui tranquillement s'évapore de ma vue et de ma mémoire.

Les transports publics de la Chine ne m'intimident plus vraiment.



Dans le bus, je souris à tout le monde en leur montrant l'image du Big Buddha de mon Lonely Planet comme un arriéré.

C'est là que je m'en vais ce matin, voir le Big Buddha de Leshan, la statue la plus imposante de Buddha sur la Planète.

Les gens dans le bus me souris peut-être, en hochant de la tête.

J'imagine que leurs simagrées m'invitent à continuer dans cette direction alors.

J'attendrai un signal de leur part avant de débarquer donc, avec mon lourd packsack qui, soit dit en passant, occupait tout mon banc alors que j'étais visiblement assis dans le vide.



Un chinois au visage fondu (dû à une importante brûlure qui l'a à jamais défiguré) me pointe soudainement la porte de sortie de l'autocar gonflé de passagers.

Je lui hoche de la tête.

Il me hoche de la tête.

On se hoche de la tête.

Vous me hochez de la tête.

Ils me hochent de la tête

collectivement.

Et me voilà qui avance

vers l'arrière

en m'excusant aux chinois en les bousculant au sortir du bus numéro 3.



Ouf. Je suis heureux finalement de respirer hors du transport collectif...

qui est certainement tout autant transport que collectif, croyez moi.



Bon.

Je suis au bon endroit.

J'ai bien décodé les hochements de têtes.

...



J'accède au visage du golem bouddhique par une série d'escaliers et de temples où se consument au ralentit des bâtons d'encens longs comme des barreaux de chaises.

Il y a ici quelques moines en contemplation, presqu'invisibles, qui égrainent leur chapelet de bouliers infinis.

Mais il s'y trouve, encore une fois, beaucoup plus de touristes chinois, armées de cellulaires, qui mitraillent les lieux de photos que de toges orangées ou bleu-grises en prière.



Le Bouddha qui attire tant de gens à Leshan est gigantesque.

Des oreilles s'étirant sur sept mètres

et deux gros orteils longs comme des wagons de train.

Il est là, trônant à même la muraille de pierres longeant la brunâtre rivière Dadu,

faisant face au centre de Leshan, qu'on aperçoit au loin, complètement noyé par le smog figé du fond de la vallée comme une suffocante cuvette d'effet de serre.



L'horizon est sans cesse brouillé et vague depuis mon arrivée dans les environs.

L'air est terne, fixe et presque tangible.

Le soleil est à jamais absent ici.

Et le ciel ne sera jamais plus qu'une toile mat peinte au rouleau.



Au sortir du site du Big Buddha, je prend rapidement place dans une mini-van qui semble se rendre au village de Baoguo, au pied du fantastique Mont Émei, l'un des trois sommets mythiques pour les bouddhistes chinois.



Il fait gris.

On est toujours collés à cette grisaille ici comme si le temps se préparait sans cesse à tourner vers l'averse.

Mais il ne pleuvra pas.

Il semble ne jamais pleuvoir ici.

Ou presque.



Etienne X



Notes à Moi-Même:

1- L'angle mort n'existe pas pour la conduite chinoise.

2- Sur les routes ici, on regarde où l'on va... jamais ce qui s'en vient.


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