Un empire perdu et deux capitales...


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Asia » Cambodia
May 27th 2010
Published: May 27th 2010
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De Siem Reap à Phnom Penh en (re)passant par Bangkok



Il est extrêmement tôt ce matin lorsque la camionette arrive à notre hôtel de Sen Monorom, dans la province isolée du Mondulkiri à l’extrémité est du Cambodge. C’est dans celle-ci que nous devons filer jusqu’à Soung, où nous monterons ensuite à bord d’un autobus en direction de Siem Reap, à l'autre bout du pays. Tout ce trajet nous prendra environ huit heures, nous assure-t-on. Pourtant, après avoir été entassés dans la camionette pendant près de sept heures (!) et avoir souffert de nausées, un trajet d’autobus de plusieurs heures nous attend toujours avant d'arriver à destination...!

Nous arrivons finalement à Siem Reap le 1er mars près de 14 heures (!!) plus tard… et ce, après avoir non seulement voyagé en camionnette et en autobus mais aussi en moto et en tuk-tuk! Épuisés et soulagés de rejoindre notre hôtel, nous sommes toutefois vite ramenés à la réalité du taudis dans lequel nous avons abouti. Misère! La chambre est triste, petite, pas très propre et sans aucune fenêtre! Nous choisissons donc de prendre notre courage à deux mains et le peu d'énergie qu'il nous reste pour changer d’hôtel. Et quelle sage décision! Pour un prix similaire, nous avons maintenant le luxe d’une grande chambre climatisée avec balcon… dans un joli hôtel doté d’une piscine ombragée! Inutile de dire que nous profitons avec joie de la baignade (surtout sous la chaleur écrasante du Cambodge) et du confort de notre hôtel (et du service aux chambres!) pour les prochains jours! En effet, la visite des lieux historiques d'Angkor peut attendre encore un peu.

Une fois bien reposés, nous entreprenons la visite de la mythique région d’Angkor, le berceau de la civilisation khmère!

Pour plusieurs, la seule mention d'Angkor évoquent des images mystiques de temples grandioses, nourrissant notre imaginaire de tableaux de civilisation perdue, enfouie sous des couches de jungle vieille de plusieurs siècles. Le site d'Angkor, redécouvert il y a 150 ans par un explorateur français qui sillonnait alors la jungle cambodgienne à la recherche de vestiges anciens, est devenu le complexe le plus vaste et le plus impressionnant des temples bouddhistes et hindouistes qui soit. Encore aujourd'hui, ces monuments, digne des dieux, tiennent toujours debout et laissent bouche bée la majorité de ses visiteurs devant la majestuosité de ses lieux.

C'est entre le IXe et le XIIe siècle que
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Angkor Wat
la civilisation khmère atteint son apogée alors que son empire s'étend de la Thaïlande au Vietnam, en passant par le Laos. Ses rois et ses empereurs voulant laisser leurs marques, s'imposer devant leurs ennemis ou encore s'édifier comme demi-dieux se lancent dans la construction d'innombrables monuments à leur effigie.

Le site d'Angkor est si époustoufflant et imposant qu'il faudrait plus de 30 jours pour en explorer tous ses racoins. Et ce, sans compter tous les vestiges toujours ensevellis sous la végétation envahissante (...et les mines anti-personnel). En effet, les temples principaux s'étendent sur plus de 400 kilomètres carrés. Ceci dit, une visite de deux jours nous permet tout de même d'en apprécier l'ampleur et d'admirer la beauté des sites suivants :

• le temple principal du site et le « temple-montagne » par excellence, Angkor Wat, construit en 1130;
• la cité d'Angkor Thom et le fameux temple Bayon construit par le roi Javayarman VII qui, dit-on, s'édifia comme divinité et fit graver son visage à l'image du bouddha souriant sur toutes les façades de chacune des tours;
• le temple Ta Prohm qui croule sous les racines de fromagers;
• et finalement, les temples Pre Rup et Preah Khan, eux-aussi construits successivement pendant le XIIe siècle.

Malheureusement pour J-F, la façade du site d'Angkor Wat est en restoration et est recouverte par d'immenses bâches (gâche!) vertes... Ceci dit, la déception laisse vite place à l'admiration! C'est la troisième visite pour Kim (la première, mémorable, avec son père il y a dix ans et la deuxième avec Sothea et Srey Ta lors de son premier retour au Cambodge) et elle est toujours aussi émerveillée!!! Seul bémol, tandis que Kim et son père partagaient le site avec à peine une centaine de voyageurs, nous devons maintenant, une décennie plus tard, le faire avec des milliers d'autres touristes... avec parmi eux les inévitables groupes en voyage organisé qui se déplacent en hordes! Dommage, surtout que le trafic amplifié a poussé les autorités à construire des passerelles et des escaliers en bois pour faciliter l'escalade aux touristes plus âgés et à poser des cordons pour barrer l'accès à certains endroits, diminuant ainsi l'aspect mythique de certains temples. Ceci dit, nous avons la chance inouïe de nous retrouver complètement seuls à quelques reprises, nous permettant de nous imprégner en toute quiétude de la grande histoire des lieux...

La jungle envahissante et les immenses racines de fromagers qui engloutissent les ruines nous fascinent! Les milliers de gravures d'apsaras (demi-déesses représentées comme danseuses ou musiciennes) qui adornent les murs des temples nous impressionnent; chacune étant unique, soit par sa coiffure, sa pose, ses accessoires ou son costume. Nous admirons tout autant les kilomètres de bas-reliefs ornant les murs d'Angkor Wat et relatant des scènes épiques de guerres, de la cour impériale, de la vie quotienne et d'histoires religieuses.

Qui plus est, nous sommes ébahis devant tous ces amassis de ruines que nous croisons ici et là, de gigantesques morceaux de pierre empilés pêle-mêle les uns sur les autres, attendant seulement qu'archéologues, architectes et ingénieurs de partout au monde réussissent à reconstruire ces immenses casse-têtes et fassent revivre un autre morceau de la grande civilisation khmère.

J-F quitte Angkor, comme Kim à chaque fois, espérant y revenir un jour pour explorer quelques racoins encore cachés de cet empire perdu...

Pour notre dernière soirée à Siem Reap, nous assistons à un spectacle de danse traditionnelle cambodgienne où les apsaras d'Angkor semblent prendre vie sous nos yeux. Autrefois réservé à la cour royale, ce style de danse unique faisait l'objet d'une grande convoitise de la part des royaumes voisins. La Thaïlande allant même jusqu'à kidnapper des danseuses de la cour royale khmère pour sa propre cour. Voilà pourquoi, encore aujourd'hui, la danse traditionnelle thaï ressemble autant à celle du Cambodge.

Puis, comme Siem Reap est situé relativement près de la frontière thaïlandaise, J-F convainc Kim de prendre un peu de temps non prévu à l’horaire pour passer quelques jours dans la grande ville de Bangkok avant de revenir à Phnom Penh pour une semaine. En effet, nous avons passé tellement de temps sur les plages de la Thaïlande que nous en avons pratiquement oublié la capitale du pays!! Il est vrai que Kim a déjà eu la chance de visiter cette mégapole à plusieurs reprises mais pour J-F, c’est une (autre) première!

Le 7 mars, nous sommes donc de retour à Bangkok après un court vol. Nos quelques jours dans la capitale thaïlandaise filent rapidement... au rythme de la cacophonie et de l’euphorie des grandes villes! Après avoir séjourné près d’un mois au Cambodge où les paysages campagnards dominent encore largement, nous devons admettre que l’aspect chaotique et moderne de Bangkok nous frappe encore plus. Cela dit, en dépit des gratte-ciels, de la pollution et du bruit incessant qui nous entourent, nous profitons aussi des avantages que nous procure une telle ville : marchés et magasins, transport en commun efficace (métro et « sky train »), grand choix d’hôtels et de restaurants, etc! Quoique c'est sur un simple coin de rue (littéralement!) que nous découvrons l’un de nos restaurants préférés! A la bonne franquette (thaïlandaise), quelques tables et chaises de plastique ont été placées sur le trottoir et l’on y sert de délicieux plats locaux et de la bonne bière froide!! Nous dénichons également avec plaisir un restaurant japonais où l’on sert du sushi à volonté! Inutile de dire que ce restaurateur n’aura pas fait beaucoup d’argent avec nous!

Si nous sommes de retour à Bangkok, c'est entre autres afin de visiter le somptueux palais royal et ses environs. Il faut comprendre qu'en plus de la beauté du palais et des nombreux temples, la Thaïlande accorde une importance phénoménale au roi et à la famille royale. On débute notre visite par le Wat Pho où l'on peut notamment admirer une statue gigantesque du bouddha couché. Du long de ses 45 mètres et de ses 15 mètres de haut, cette imposante statue dorée représente bouddha sur son lit de mort, sur le point d'atteindre le nirvana. Nous passons ensuite le reste de la journée à explorer les environs et à découvrir la beauté de ces lieux de culte bouddhiste. De plus, nous sommes ravis de voyager en bateau-taxi! Des canaux longeant la ville permettent en effet aux habitants de se déplacer aisément, rapidement et à peu de frais sur l’eau!

Le lendemain, c'est au tour du palais royal de nous impressionner par l'ampleur et la richesse de son architecture. Bastion du roi depuis 1782, ce magnifique temple permet de saisir la prestance et la fierté du royaume thaï. En effet, autrefois appelé le Siam, la Thaïlande a toujours maintenu son indépendance et, contrairement à ses voisins, n'a jamais été intégrée à ce que l'on appelait autrefois l'Indochine. Puis, nous prenons un dernier bateau en direction de Wat Arun, un autre temple bouddhiste érigé au 18e siècle mais cette fois s'inspirant de l'architecture angkorienne. Un vrai trompe-l'oeil : semblant être construit de simples pierres grises de loin, Wat Arun surprend de près : on peut alors y déceler des milliers de morceaux colorés de porcelaine cassée décorant sa surface.
Le Bayon, un temple-montagneLe Bayon, un temple-montagneLe Bayon, un temple-montagne

Cité d'Angkor Thom

Une autre particularité de la ville - certes un peu inusité - est le nombre ridicule de dépanneurs « 7-eleven »!! On dit que le pays en compte près de 5 000, dont 1 500 uniquement à Bangkok!!! Et à voir le nombre de dépanneurs de cette chaîne américaine que nous croisons lors de notre séjour, ce chiffre n’est pas dur à croire! En fait, nous réalisons vite qu’il n’est pas rare de voir deux « 7-eleven » se faire face sur une même rue!!

Sur une note plus sérieuse, il faut aussi noter que nous sommes extrêmement chanceux lors de notre séjour à Bangkok car notre départ coïncide avec le début des manifestations des « chemises rouges » qui souhaitent réformer le pays. Même si le rassemblement que nous voyons en route vers l'aéroport semble se dérouler dans le calme, les évènements tragiques qui suivront ne le seront malheureusement pas.

Puis le 11 mars, nous sommes de retour à Phnom Penh. Nous sommes d'ailleurs bien heureux de revoir les sympathiques employés du Kambuja Inn, notre charmant petit hôtel de la capitale cambodgienne. Il faut dire que lorsque l'on voyage depuis aussi longtemps et sans véritable chez soi,
Kim et Javayarman VIIKim et Javayarman VIIKim et Javayarman VII

Temple Bayon, cité d'Angkor Thom
il est extrêmement agréable de pouvoir retourner dans des endroits qui nous sont familiers!

Comme il y a quelques semaines, Kim est encore une fois étonnée, après quelques années d'absence, par la modernisation rapide et l'urbanisation massive que la ville a connue depuis quelques années. Caractérisée il y a à peine dix ans par un trafic chaotique et infernal sur des rues en terre battue et des habitations décrépites, la capitale cambodgienne est maintenant dotée de grands boulevards asphaltés, de nombreux feux de circulation et de plusieurs nouveaux immeubles. Quoique un peu nostalgique de cette époque révolue, Kim (et J-F par la même occasion) découvre tout de même quelques avantages reliés à une telle modernisation. En effet, nous profitons avec joie des nombreux cafés et restaurants, bien souvent opérés par des ONGs locales. Destinés principalement à venir en aide aux jeunes de la rue (et tristement il y en a plusieurs), ces établissements sont administrés par et pour des jeunes cambodgiens. Le café Ebony Apsara pour son ambiance relaxe et agréable et le Romdeng pour son superbe décor et son menu alléchant figurent parmi nos endroits préférés.

Grâce à l'hospitalité de Sothea et de toute sa famille, nos plaisirs culinaires ne s'arrêtent toutefois pas aux restos du coin. En effet, nous avons la chance à quelques occasions de partager et de déguster de merveilleux repas chez elle, avec ses parents et sa fille.

Pendant notre deuxième séjour à Phnom Penh, nous visitons aussi le palais royal, le musée national, la rue des artistes, les rives du fleuve Tonlé Sap et le fameux marché Tuol Tom Pong où J-F déniche plusieurs t-shirts à 1.50$ :-) ! De son côté, Kim a la chance de se faire confectionner sur mesure de superbes sacs à main en soie brute locale (cadeau de fête de J-F!) par une talentueuse designer khmère opérant une petite boutique de commerce équitable dans le coeur de la ville. En discutant avec elle et son mari, on apprend qu'elle emploie comme couturières des femmes victimes de mines anti-personnel et qu'elle est elle-même amputée d'une jambe suite à un triste accident causé par un de ces engins mortels. Chapeau!

Nous avons aussi la chance d'être invités par les parents de Sothea à passer la nuit dans leur maison de campagne située à 45 minutes en tuk-tuk de Phnom Penh. Une fois sur place, Kim a du mal à se remémorer l'endroit tellement les lieux ont changé. La petite maison sur pillotis dont elle se souvient est toujours en place mais dorénavant elle partage l'espace avec une jolie maison d'environ deux fois sa superficie. Le père et la mère de Sothea nous explique la raison des travaux alors qu'ils comptent bien déménager ici à leur retraite. Nous passons une soirée des plus agréables à écouter le père de Sothea, dans un français irréprochable, nous parler de politiques, de gestion de l'environnement, de relations entre le Cambodge et ses voisins ainsi que du passé parfois glorieux et quelques fois horrifique de son pays.

En effet, tout en contraste avec la gloire passée d'Angkor, le Cambodge a connu une histoire récente des plus atroces. S'emparant du pouvoir en 1975, le régime des Khmers rouges, avec à sa tête Pol Pot, souhaite transformer le pays en coopérative agricole du jour au lendemain. Les banques et les entreprises sont alors abolies et tout ce qui pourrait compromettre le succès de ce nouveau régime, anéantit. Les écoles sont fermées, les intellectuels emprisonnés, les opposants au régime (réels ou imaginés) sont torturés et assassinés. Chassés du pouvoir par les Vietnamiens en 1979, les Khmers rouges auront réussit, en à peine quatre ans, à détruire le pays et à massacrer plus de trois millions de ses habitants.

C'est avec ces événements tragiques en tête que l'on passe quelques-uns de nos derniers jours à Phnom Penh à rendre hommage à toutes ces victimes. Nous débutons cette macabre tournée par la visite des charniers (Killing Fields) de Cheoung Ek, situés à 15 km de la ville. Pendant le règne de terreur des Khmers rouges, c'est ici qu'étaient amenés puis froidement et sauvagement abattus les pauvres âmes emprisonnées par le régime. De ces horreurs, il ne reste aujourd'hui que les fosses creuses où étaient empilés leurs corps puisqu'on a construit une immense tour (stupa) où sont entassés les crânes et les ossements des milliers de victimes, hommes, femmes et enfants. Il est évidemment impossible de visiter de tels lieux sans être envahis d'une profonde tristesse, d'un vide poignant et d'un dégoût pour les atrocités commises par la race humaine.

Des émotions très similaires nous habitent également lorsque nous visitons le site de Tuol Sleng, une ancienne école de quartier qui faisait office de prison et de centre de torture sous les Khmers rouges. On peut toujours y voir des cellules de détention encore souillées de sang, des instruments de torture et des récits horrifiants de victimes ou de bourreaux qui ont séjourné entre ces murs.

C'est donc le coeur lourd que nous nous apprêtons à quitter le Cambodge. Mais heureusement, nous avons la chance encore une fois d'être invités à partager le repas avec Sothea et sa famille avant de partir.

Ainsi, ce sont les sourires, la gentillesse, l'hospitalité et l'immense générosité des Cambodgiens qui seront à juste titre nos derniers souvenirs de ce pays magnifique.

Nous quittons le Cambodge le 20 mars en direction de l'Australie où nous allons rejoindre des amis sur la côte est. Mais, aux dernières nouvelles, un cyclone est sur le point de frapper cette région...


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La nature s'impose!La nature s'impose!
La nature s'impose!

Ta Prohm, Angkor


28th May 2010

C'est vraiment superbe et les photos sont de toute beauté. Bonne suite à vous.
28th May 2010

On pense à vous
Un voyage rempli d'emotions, mais qui nous fait toujours rêver. On espère que le cyclone 'annoncé' de l'Australie vous n'a pas trop gâché cette suite de voyage idyllique. Gros bisous et à bientôt. xxx
2nd June 2010

Chanceux!!!!
Oui, vous êtes chanceux de voyager comme vous le faites. J'aime beaucoup vous lire. J'ai l'impression de voyager aussi. Votre récit est super et ça me donne le goût d'y aller. J'attends votre prochain blog avec impatience, je vous embrasse, Gisèle

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