Saint-Louis et Parc du Djouj, Sénégal (Orphelins et Chercheurs d'Or)


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March 5th 2018
Published: March 11th 2018
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2 mars



Je suis de retour sur Dakar maintenant, après avoir quitté l'île de Gorée, étape par étape.

À mon arrivée chez Martine, il n'y a de présent qu'Adeline (la gouvernante), Praline le vieux chien

et un agent de sécurité fixé à sa guérite, 24 sur 24.

Martine, elle, est toujours au Kenya pour le travail.



Mon hôtesse m'a gentiment remit une clé de la maison lors de son départ.

"Évite les hôtels sur Dakar. Tu dépenseras ton argent sur autres choses" qu'elle m'avait dit à mon arrivée au Sénégal.

C'est que le Pays est une destination plutôt dispendieuse pour les voyageurs à budget.

À date, je n'ai pas pu payer sous le 15 000 francs CFA (+ ou - 35$ canadien) pour mes chambres d'auberge,

aussi franchement basiques étaient-elles,

et puis les auberges à dortoirs ne sont pas très courantes non plus.

(Rien à voir avec un budget d'Asie ici).

Je ne pourrai jamais remercier suffisamment Martine de m'accorder un tel luxe et une telle tranquillité d'esprit sur la capitale sénégalaise en m'offrant l'accès illimité à sa maison.



3 mars



5AM: mon cadran sonne.

J'écarte le filet-moustiquaire à la baldaquin pour me poser le pied encore endormi dans la fraîche noirceur de mon impeccable chambre à coucher.

Je dois rejoindre la gare de bus pour 7AM ce matin: direction Saint-Louis, ancienne capitale du Pays, situé tout au nord, presqu'à la frontière mauritanienne.

C'est Abdoulaye le taximan (encore lui) qui m'a procuré le billet de bus Dakar-Dem Dikk à 5000 francs (+ ou - 11.75$).

Il ne connaissait pas mon nom de famille: il a donc mentionné le sien à l'achat du ticket.

J'ai donc un bout de papier entre les mains, siège 46, au nom de Étienne Lo.

Pas surprenant donc que le chauffeur de bus m'ait regardé étrangement à mon arrivé,

moi qui porte aujourd'hui le nom de famille d'un sénégalais réglissement noir d'origine Peul.



Dans la pénombre, le bus climatisé démarre: c'est le mieux qui se fait en matière de transport collectif au Sénégal.

Le Dakar-Dem Dikk -Dakar / Saint-Louis- est complet.

Il faut s'y prendre au moins 48 heures d'avance pour y avoir un siège.

J'y suis donc, assis sur la banquette arrière, avec 45 sénégalais en transit.

Il s'y trouve de très longs musulmans en boubous, s'allongeant encore davantage dans l'allée centrale, pieds déchaussés,

et puis des femmes noir aux visages invisibles aussi,

couvertes de leurs tissus chatoyants, réfléchissants presque dans le clair-obscur comme des panneaux de signalisation.



Collée à moi, une étudiante crépue comme un velcro s'endort dans son jumpsuit rose flanelle.



Mon packsack est là par terre dans le bus: j'ai un œil dessus.

L'un des grands musulmans endormis, lui, a ses deux pieds dessus.

Mon pactole est certainement en sécurité.

...



Un peu plus de quatre heures de route nous sépare de Saint-Louis.

Le décor est intensément aride à l'extérieur.

Quelques arbustes clandestins se perdent ici et là dans la sècheresse

tandis que d'immenses baobabs se posent eux, en explosions au devant de la scène.



Le long de la route, des torrents de détritus colorent anormalement l'Afrique.

Bordures d'ordures: du bleu cyan des matières plastiques à la transparence des bouteilles d'eau vides,

du métallique des emballages à gâteaux au caoutchouc des pneus éclatés.

Parfois, les petits sacs noirs d'épicerie, soufflés au hasard, se sont accrochés aux épineuses branchilles du désert.

Maintenant, des champs complets se retrouvent salit par des drapeaux de piraterie noirs flottant au vent.

Au Sénégal, il y a aussi des savanes de déchets.

Un fléau.

Ça me rappelle l'Inde au Rajasthan toute cette pollution au milieu des terres brulées.



De temps à autre, on décélère face à des dos d'âne devant des villages de campagne,

là où des enfants en essaim courent après des vieux pneus qui rebondissent.



Un élevage de zébus passe au loin, en lenteur.

C'est à se demander de quoi ils se nourrissent en cette saison de sècheresse.

On est quand même pas très loin du Sahara ici.

...



Le bus s'arrête enfin à Saint-Louis, ville séparée en fourche par le fleuve Sénégal.

Ici, encore plus qu'à Gorée, la traite des Noirs était un commerce d'ampleur à partir du 18e siècle.

Les Blancs achetaient des esclaves, tandis que les Mauritaniens, eux, s'en procuraient en échange de leur sel.

Aujourd'hui encore, des tensions raciales existent entre les sénégalais et les maures.



Tout au bout de la ville, jouxtant l'Atlantique, se trouve un bruyant village des pêcheurs

où s'étendent des centaines de pirogues multicolores entre les filets

et les fosses septiques.

Encore une fois, les déchets colorent le décor.

Les enfants pauvres eux, arrivent à transformer les plages d'immondices en cours de récréation.



Un gamin souffle sur un bout de carton replié posé sur de l'eau grise stagnante.

La régate prend de la vitesse, l'enfant s'excite...

avant que son bateau improvisé plonge tête première dans l'horrible trou à merde sur lequel il tentait de le faire naviguer.

Pestilence.

Ici, le problème n'est pas de les faire flotter,

le problème est de les faire avancer.



À Saint-Louis, les gamins de rue (talibés) fourmillent.

Misérables, ils errent en bottes, seaux à la main, quémandant pour survivre.

On les voit suivre les touristes, orphelins, en cherchant peut-être une poche entrouverte où glisser la main

et leur subtiliser un quoi-que-ce-soit.



La vie peut être vraiment difficile au Sénégal.

Et elle l'est encore davantage pour les sans famille.



Notes à Moi-Même:

1- Vu sur la route: SOIGNE ÉMOROÏD RAPIDEMENT - 70 868 0042

(N'appelez pas: c'est loin le Sénégal)

2- Un sac plastique prend 450 ans à se désintégrer



4 mars



Au départ de mon auberge, ce matin, une excursion est organisé pour rejoindre le Parc National du Djouj, situé presqu'à la frontière mauritanienne.

Le Djouj est l'une des plus importante réserve ornithologique du monde (la troisième en importance dit-on... la première serait l'île Bonaventure au Québec !)

J'embarque donc dans l'aventure, à la dernière minute, sans trop savoir à quoi m'attendre.

...



On est 5 touristes dans le taxi, accompagné d'un guide habillé en courtepointe,

cachant ses idées sous un bonnet noir replié sur son front lui donnant l'allure d'un gland

(à midi, il fera au moins 30 degré à Saint-Louis, et Babacar le guide (p.337 du Petit Futé) ne se départira jamais de sa sombre capine).



La route goudronnée au départ de Saint-Louis nous élance sur les premiers kilomètres...

pour ensuite nous faire perdre salement de la vitesse (et du confort) en bifurquant vers un petit chemin sablonneux en pleine cambrousse quasi inhabité.

En fait, le peu d'habitations en huttes aperçues aux alentours y logent des maures installés en terres sénégalaises.

J'y reconnais les toges bleu turquin et les turbans des hommes des sables de mon avion d'Istanbul.



Bientôt, on laisse derrière nous le 70 kilomètres de route qui nous sépare de Saint-Louis alors qu'on entre dans le très tranquille Parc du Djouj.

Un bras du fleuve Sénégal pénètre dans les terres ici, oasis verdoyant détonant sur les débordements de la sécheresse du Sahel.



Là, une pirogue nous accueille sur le bord d'un canal et puis nous injecte rapidement sur l'eau bis, opaque et mât du Parc.



Quelques phacochères s'abreuvent ici et là, en disparaissant au son de notre moteur,

queues levées comme des Pumbaa subitement assaillit par un rhume des fesses.



Il y a des crocodiles, des varans et des pythons aussi, à quelque part dans les roseaux.

"Les crocos, c'est comme les Blancs: ils se tiennent au soleil" que nous lancera Babacar la courtepointe.



Beaucoup d'oiseaux migrent ici en cette saison: des ibis, des cormorans, des aigles pêcheurs entre autres....

sans parler des imposants corridors de pélicans brouillant autour de nous l'ondée terreuse.

Synchronisés, ces derniers plongent d'un coup leurs gorges élastiques sous l'eau, tamisant le fleuve comme des chercheurs d'or.



Sur un cap, à l'embouchure du fleuve marécageux, des centaines de pélicans regroupés y ont élu domicile.

Comme l'île Bonaventure a ses fous de bassan, le Djouj, lui, a ses pélicans.



Déjà que de voir un seul de ces maladroits oiseaux me faisait sautiller de joie étant enfant....

voilà qu'aujourd'hui, adulte (peut-être), je me retrouve propulsé directement dans leur quartier général, ici, à la frontière de la Mauritanie.



Je dois vous avertir,

les pélicans semblent préparer un grand coup.

Ils sont très nombreux et ça discutent pas mal trop je trouve.

Ne soyez pas surpris si, un jour, les pélicans prenaient le contrôle de la Terre.



Etienne X


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