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Published: November 2nd 2016
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Coucher de soleil sur les Mamelles Vendredi soir 21 octobre : nous accueillons Delphine. C’est une élève de la même promo de Polytechnique que Pimprenelle. Son stage se fait sur l’île de Gorée, dans une école de jeunes filles. Elle est libérée le vendredi après-midi et vient alors trouver pension au CHOM. La venue de cette deuxième jeune fille tout aussi gentille et souriante que la première m’enchante. Le lendemain nous nous promenons sur la Corniche, au hasard des chemins. Nous découvrons alors un lieu non fréquenté par les toubabs. Il y a des baigneurs dans une petite piscine naturelle, des pêcheurs puis des artistes : il y a là la cabane associative des étudiants en art de l’université voisine. Devant moi se dresse le beau spectacle de rouleaux se dessinant sur la mer. Les vagues par leur grandeur et la précision de leurs traits me donnent envie de me jeter dans leurs bras. Les locaux me déconseillent. Je suis amoureux et n’en fait qu’à ma tête. La prudence m’invite cependant après quelques brassées à plonger. Je veux vérifier les rochers. Rien qu’en posant la main je me coupe à plusieurs endroits, je fais alors demi-tour, me fait attaquer par les oursins, je n’aurai pas fait long
feu. Je m’en sors avec le sourire parce que je ne suis pas allé plus loin. Je garderai les épines des oursins pour quelques semaines encore. On rencontre ensuite Ibou Cissé qui joue de la guitare sur son rocher à côté de là. Il nous chante ses compositions après nous avoir invités à le rejoindre. Cela se fait beaucoup ici : quand quelqu’un est assis et que tu le croises, il t’invite à te joindre à lui et discuter, et s’il prend son repas, à le partager. C’est ce que nous faisons, nous restons un bon moment tous les quatre. Nous apprécions ce jeune homme repenti et artiste. Avec le temps nous découvrirons sa générosité et sa fidélité. Il est aussi rempli de bon sens. Nous nous amusons bien. Nous ferons bon nombre d’activités ensemble par la suite. Il est devenu depuis le professeur attitré de djembé de mes deux élèves polytechnicienne.
Nous nous sommes revus le 28 octobre. Vendredi soir Ibou m’appelle et m’invite à le rejoindre à un concert en face de l’hôpital. Nous changeons alors notre programme trouvant plus sage de sortir à côté de chez nous. Il nous emmène dans le centre culturel
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Ascension du phare des Mamelles, monument de la renaissance africaine derrière espagnol. Nous y arrivons par une rue minable et pourtant le complexe a son charme la nuit. Ibou nous présente son compagnon : Fallou, alias Soldafreeka. C’est un artiste, il chante et compose. Il croit que je peux le produire (je suis blanc évidemment, l’argent je l’ai) et que Delphine va pouvoir partager sa vie après quelques mots seulement échangés. Nous rencontrons aussi Kurtis, le comédien et Joe la frite qui ne s’appelle pas ainsi évidemment. Il est juste fier avec sa veste de costume récupérée dans quelques encombrants. Les bords des revers partent en pointent, de quoi inspirer quelques costumes de vampires. La veste est froissée, de quoi intriguer les mamans. Durant le concert je chante volontiers et tape dans mes mains. C’est un groupe local qui nous fait profiter de leurs propres interprétations. Musicarek. Je demande à Fallou de me traduire parfois les refrains. « Sumana ambiaboth » (je retranscris seulement ce que j’ai cru entendre) : « si je pouvais avoir du travail pour me marier et avoir des enfants » me traduit Fallou. Ce n’est pas la première fois que j’entends cela ici. Sans juger sur la vénalité des sénégalaises, les femmes ici ne tombent pas
amoureuses d’après ce qu’on me raconte. Elles aiment l’homme qui a une situation, et plus un homme a une bonne situation plus il a de femmes et de courtisanes. Cela fonctionne bien sûr ainsi dans nos sociétés consuméristes, mais ici la fonction est linéaire, en France elle ne démarre qu’à partir d’un assez haut niveau de richesse. Un simple maire de village ou un agent de la fonction publique peut avoir plusieurs femmes sans problème au Sénégal. Il n’est donc pas étonnant que notre chanteur de ce soir mette en premier sa recherche d’emploi comme condition au foyer et en second ordre seulement la conquête de l’heureuse élue.
Comme souvent je ne veux pas prolonger la soirée. Les nuits dépassant 1h sont un risque à prendre quand on veut garder une âme pure. Je ferai tout pour ne pas le prendre ici où je suis tenté de bien des manières.
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