Dunes Erg-chebbi 1, Merzouga (ou Comment apprivoiser le Silence)


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March 13th 2013
Published: March 18th 2013
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Toujours à Azrou

13 mars

La journée s'annonce encore une fois pluvieuse. Vraiment pluvieuse cette fois. Ça ne s'améliore pas du tout. Comme j'ai dormi tout habillé (le polar, le foulard, et le reste), je décide de passer par dessus la tiède douche "sans plaisir" et de checker out rapidement de l'hôtel Salame d'Azrou. Vous serez d'accord avec moi, les journées de pluie sont parfaites pour faire de la route.

Me voilà donc prêt pour un quatre heures de bus pour me rendre à la ville carrefour d'Er Rachidia.

Avant de partir, je décide de me remplir la panse d'une dernière tajine d'Azrou: elles m'ont grandement réchauffées celles-là, en ces journées froides et sans chauffage.

Derrière mon repas fumant, j'observe les gens en grelottant.

Le proprio de l'endroit perd soudainement le pied et passe tout près de s'allonger sur les céramiques mouillées de son resto sans porte. C'est qu'avec toute cette pluie, son plancher a des reflets de patinoire. Mais pas de problème vous savez, le proprio a prévu le coup. Pigeant dans un grand sac de toile à ses côtés, le voilà qui saupoudre la glissante céramique de sciure de bois. Les chances de tomber dans le resto sont maintenant presque nulles. Je lui souri en guise de remerciements alors que j'entâme ma dernière carotte molle au fond de mon plat.

Maintenant, avec cette odeur de copeau de bois, j'ai la curieuse impression d'être un hamster dans sa cage.



Ma tajine terminée, on m'apporte un thé à la menthe. On accompagne ma théière métallique de deux verres, même si je suis seul à ma table.

Il faut toujours être prêt à partager ici.



Tout juste avant de prendre le bus, je m'enligne pour mon besoin essentiel...

...mais ça devra se faire sur une toilette "à la Turc".

Bon. D'abord, j'y suis serré comme dans un garde-robe.

Dites-moi, vous avez déjà chié dans un garde-robe vous? Pas facile ça.

Je m'installe donc en position de pondre un oeuf.

Je suis comme un gamin qui chie dans le bois.

Je cherche le papier hygiénique... nope. Pas là. On l'a remplacé par un robinet d'eau frette. Merde.

J'avais presque oublié à quel point ce truc d' "à la Turc" était désagréable.



Je remonte mes pantalons.

J'ai le fond de culotte mouillé et je ne suis pas trop certain d'être bien bien propre.

Bref, c'est la joie.

...

La route pour Er Rachidia est hallucinante. Le paysage est dévasté, vidé de sa verdure. Ce n'est que de la pierre, un vaste désert de pierres encerclé par des collines rocailleuses tout au loin.

Il pleut de moins en moins. Des arc-en-ciels apparaissent immensément colorés dans l'étendu gris et terracotta du décor. J'avais planifié de siester dans le bus mais j'en suis incapable. Ce qui m'entoure est trop incroyable pour ne pas y porter attention.



Je pose les pieds à la station d'Er Rachidia alors que la nuit est tombée.

Quelques pas et me voilà déjà à l'hôtel, situé directement devant les gros bus bruyants de la ville.





Note à Moi-Même:

Toujours avoir du papier Q sous la main pour ne pas se retrouver le Q dans l'eau.





14 mars

Le climat chaud tant espéré est enfin arrivé. Il fallait seulement descendre des montagnes et prendre la route vers le désert pour enfin pouvoir se faire brunir la peau.



Voilà le plan:

Je me réserve une randonnée chamelière pour les quatre prochains jours. Visite des dunes Erg-chebbi à Merzouga.

Bang.

Je quitte donc Er Rachidia en taxi... direction Rissani... pour ensuite prendre place dans un grille-pain qui livre qu'une seule fois par jour de la marchandise jusqu'aux imposantes dunes.

En plus des denrées, la mini-van m'amène moi (bien sûr)... et 16 autres personnes. C'est insensé que je me dit... avant de comprendre qu'à part le grille-pain et les 4X4 des touristes, personne ne se rend aux dunes d'Erg chebbi. Il n'y a pas même un chemin pour s'y rendre. Il faut juste tourner à gauche dans la plaine rocailleuse et se rendre aux buttes de sable au loin. Voilà tout.

Je serai seul dans cette excursion. Un couple d'allemand devait m'y joindre mais il n'est pas au rendez-vous.

Tant pis.

Assis sur mon dromadaire (celui qui a une seule bosse), j'aurai mon berbère de guide à moi tout seul.

...

Mais voilà que soudainement ma monture a décidée de me bouder.

Je suis trop lourd peut-être... (ou est-ce à cause de cette can de propane grosse comme un frigo que le dromadaire transporte?)

Je n'en veux pas à la bête après tout. Ça me permettra de jouer le photographe de National Geographic (oh mais quel incroyable plaisir) en marchand derrière le convoi.

Les dunes dorées sont immenses tout autour.

Et le soleil qui bâille et qui tire les couvertures du Sahara pour s'endormir.

Quelle incroyable vue.

"Jouer dans le sable" n'aura jamais prit un tout autre sens qu'aujourd'hui.





"Campements de nomades" que me dit le berbère en pointant un troupeau de chèvres encerclé de tentes croches.

"Ils sont toujours là" qu'il ajoute.

Mouin, nomades et toujours là… ça sonne drôle à mes oreilles ça.

...

On arrive enfin à un oasis où des campements de fortune sont vaguement accrochés au désert. Je suis encore une fois seul avec mon guide enrubanné.

Tout près d'où on s'installe, un autre campement accueillera ce soir 59 suédois en tour organisé. Heureusement, je serai suffisamment loin pour ne pas entendre les 59 dromadaires arriver.

59 dromadaires... ça fait quand même 236 pattes ça.



Au creux de ma tente, je m'endormirai sur ma chaise longue.

Le ciel noir est percé de milliers d'étoiles.

Jamais connu de plus profond silence.

Jamais.





15 mars

La journée se passe lentement, au rythme du désert. On dirait que le temps s'est complètement arrêté.

Je longe les dunes autour des campements alors que mes bottes se remplissent de sable fin du Sahara. De gros scarabées bouffent les billes de merde qu'ont délaissées les dromadaires. Ils sont nombreux ceux-là à se délecter autour de l'oasis.

Mon berbère de guide puise de l'eau dans le puit alors que ma monture, partie en éclaireur, a complètement disparue dans les dunes.

Et puis là, je sieste et resieste sous les draperies de la tente aux murs en tapis.

Les minutes deviennent de longues heures.

L'attente est plutôt ennuyante dois-je avouer, seul dans un campement, étouffé par le silence du Sahara. Quoique le paysage (vous le devinerez) est incroyable, on a rapidement fait le tour du propriétaire.



On passe une seconde nuit dans le campement ce soir.

Je vais changer de lit pliable.

J'ai le choix parmi les sept autres places vides.

J'imagine qu'il doit bien y en avoir un où je ne me retrouverai pas à dormir en V.



Notes à Moi-Même:

1- Mauvaise nouvelle: il y a des scorpions

Bonne nouvelle: il fait trop froid (!) pour qu'ils sortent

2- Un dromadaire couché ne se donnera même pas la peine de se lever pour chier, ni même pour uriner.





EtienneX

Après le Silence, il y a la Mort. Et puis serré entre les deux, il y a le Désert.

Jamais je ne me sentirai aussi présent qu'absent. C'est comme être en apesanteur ici.


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