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Africa » Ethiopia
March 15th 2007
Published: December 14th 2007
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On rêve souvent de falaises à grimper ou de sommets à conquérir dans différents pays, mais l’idée d’un tel voyage en Ethiopie de m’avait jamais effleurée l’esprit… jusqu’au jour où, assise dans un restaurant de Bariloche, en Argentine, Majka me propose d’aller y ouvrir des voies !

Majka - une amie de Boulder, Colorado - y était de passage en vacances avant de retourner trouver son copain à Addis Abeba. Adam - mon mari - et moi venions de passer près d’un mois de notre lune de miel sous tente au camp Bridwell, dans la vallée du Cerro Torre. Le beau temps ne durant guère plus que 20 heures d’affilée, nous n’avions pu grimper qu’un seul sommet au cours de cette période. Frustrés, nous avons décidé d’embarquer pour les deux jours de bus ralliant El Chalten à Bariloche. J’étais donc immédiatement séduite par l’idée de m’envoler vers une contrée où le beau temps était garanti !

Majka avait pris contact avec Pat Littlejohn - guide anglais et ami de longue date de mes parents - qui avait déjà ouvert quelques voies dans le nord de l’Ethiopie. Son enthousiasme et sa motivation pour cette région étant contagieuses, Majka proposait donc de s’y rendre le plus vite possible.

La date du départ est fixée pour le 5 mars. Le matin du départ, je suis encore dans le doute le plus total quant à ce voyage. Mon billet d’avion n’est toujours pas arrivé ; les nouvelles viennent d’annoncer le kidnapping de français vers la frontière erythréenne, non loin de notre lieu de destination ; et j’attends encore que Kristie - pharmacienne et ma compagne de voyage - m’injecte les vaccins nécessaires ; à la dernière minute, Majka, qui est déjà sur place, nous demande d’amener nos friends plus plus large, ce qui n’est pas de bon augure ; et je suis effrayée à l’idée de voler avec Ethiopian Airlines ! Après avoir récupéré les billets d’avion in extremis à l’aéroport, Kristie et moi embarquons pour près de 30 heures de vol, direction Mekele, à une heure d’avions au nord d’Addis Abeba.

Tesfaye, un des deux chauffeurs qui nous accompagne tout au long de ce voyage, nous attend à l’aéroport pour nous amener à notre hôtel, dans la bourgade de Hawsien. où Majka, Gabe - notre photographe - et Helen, une grimpeuse anglaise, nous y attendent.
L’hôtel est rudimentaire mais convivial : les chambres sont disposées autour d’une cour intérieure gravillonnée ; la cuisine n’est autre qu’un trou noir à ciel ouvert agencé d’un fourneau quasi préhistorique ; et l’unique toilette - douche est à part des chambres individuelles qui nous sont attribuées.

La cérémonie traditionnelle du café nous introduit aux rituels éthiopiens : il faut près une heure à la femme de maison pour torréfier le café vert sur une plaque au-dessus d’un feu de bois, le piler, le faire bouillir dans de l’eau et nous l’offrir à boire. Cette même mouture sert à trois reprises : la première tasse est offerte en signe de gratitude, la deuxième, en guise d’amitié et la troisième transforme l’invité en membre de la famille. Le café est accompagné de… pop corn !

Hawsien se situe au pied des montagnes du Simien. Le massif de Gheralta en fait partie et se compose de magnifiques tours de gré rouges. Hautes perchées sur ces tours ont été creusées des églises dont les parois intérieures ont décorées de motifs sacrés, peints directement sur la roche. Ces lieux sacrés orthodoxes étant l’attraction touristique principale de la région du Tigray, nous nous rendons dans l’une d’elles dès le lendemain de notre arrivée. Notre deuxième chauffeur - faisant également office de traducteur - Teddy, arrête la voiture du départ du sentier. Aussitôt, dix petites têtes sortent des collines alentour. Bientôt, nous sommes entourés d’enfants nous réclamant de porter nos sacs contre de l’argent, ou nous réclamant directement de l’argent. Ils nous accompagnent tout au long du chemin, jouant les guides dans l’espoir d’être payé pour leur service. Les accès aux églises du Tigray étant raides, les indigènes ont imaginé différents moyens pour y accéder : les prêtres hissent les visiteurs au moyen de sots lorsque les parois sont trop raides pour y creuser des marches. Heureusement, l’inclinaison de notre accès n’est pas assez raide pour faire recours aux sots et nous pouvons y accéder moyennement l’utilisation des trous creusés pour les pieds et les mains. Nous longeons, à pied nu, une fine plateforme surplombant 300m de vide pour accéder à la porte d’entrée, laquelle est invisible de l’extérieure. Après maintes négociations sur le prix de la visite, le prêtre nous invite enfin dans son sanctuaire. La lumière extérieure éblouit les peintures intactes qui couvrent les murs. On y voit les apôtres, Jesus, Marie, Joseph, des cheveux, des saints, etc. On peine à comprendre comment ses peintures ont pu restée ainsi sans rénovation et malgré les messes quasi quotidiennes de trois heures de temps, réunissant les paysans des environs.

Le prêtre nous invite chez lui pour partager une « bière », dont les grumeux couvrant la surface ne vous inspirent pas trop confiance. Il en va de même du plat local qui consiste d’Injera et d’une sauce rouge épicée de Berberi, l’épice typique de l’Ethiopie. L’Injera est une crêpe épaisse et poreuse dont la consistance varie en fonction de la qualité : plus elle est épaisse et grise, moins elle est bonne. Ces critères correspondent au plus près à ma première expérience, certes peu convaincante, de ce « pain » utilisé à tous les repas.

Nous digérons en allant repérer les différentes lignes probables de Gheralta. En remontant les terrasses sableuses qui nous mènent au pied des parois, j’aperçois au loin des animaux peu perceptibles. Teddy m’indique que le massif est l’habitat de babouins. , lesquels sortent en fin d’après - midi, quand le soleil s’est couché derrière les falaises de rocher rouge. Aux jumelles, tout paraît large : les lignes pour nos petites mains ne semblent pas nombreuses et la majorité des fissures sont même trop large pour nos corps entier. Mais au vu de la motivation générale, on se décide pour deux lignes distinctes.

Assorties de cordes et d’essayer de matériel pour affronter El Cap, nous nous mettons en route le lendemain matin pour les lignes repérées. Les enfants locaux nous attendent déjà, nous réclamant de l’argent avant même de nous dire bonjour. Nous choisissons quatre d’entre eux pour nous porter et garder les sacs, à échange de 10Birrs (1Euros). L’ambiance est tendue : les enfants parlent forts, ils nous tournent autour comme des mouches, nous marchant sur les pieds à chaque pas, nous regarde quand nous allons aux toilettes. On leur fait signe de l’éloigner de la paroi au cas où il y aurait des chutes de pierre pendant qu’on grimpe. Ils ne bougent pas. Je forme cordée avec Majka. Je me mets en route mais découvre vite que l’expression « beau de loin mais loin d’être beau » s’applique malheureusement à ce rocher. Tout est congloméré par une couche de sable inconsistante. J’avance précautionneusement le long de ces fissures couvertes de déchets d’oiseaux, de sable et de petits branchages. Les prises de pied se dérobent constamment sous mes pas et je mets en doute chaque prise de main. Majka me rejoint au premier relais. C’est alors qu’elle s’exclame : « Regarde !!! ». Je suis la direction de son doigt : un enfant fouille dans nos sacs ! On hurle ! Gabe, qui étant entrain de photographier Kristie et Helen en face sud, débouche aussitôt, incitant l’enfant à dévaler la pente. A 100m du sol, nous sommes impuissantes. Il établit un bilan : il nous manque un appareil photo, une montre, deux paires de lunettes, l’équivalent de 50$ en birr, toute notre eau et nourriture. Nous envisageons de redescendre, mais Gabe se charge de garder nos sacs. Notre ligne raidit et le rocher sculpté semble plus solide. Les longueurs sont magnifiques ; chaque mouvement est une découverte et cette sensation d’être la première à mettre les mains sur ce bout de rocher, au milieu de nulle part en Afrique, m’exalte. Majka se lance dans la quatrième longueur, mais le rocher se brise à chaque mouvement, me douchant de bris de cailloux. Nous décidons de redescendre. Il est temps d’adresser le vol de nos biens.

Teddy nous impose de faire une déclaration à la police locale. La gendarmerie n’est autre qu’une petite pièce carrée vide avec deux bureaux spartiates - sur lesquels traînent quelques bouts de papiers, une agrafeuse et un stylo - et un banc. Nous avons interdiction d’y prendre des photos. Nous ne voulons que récupérer nos affaires, mais vingt enfants ont déjà été arrêtés et l’affaire est prise très au sérieux ! Les enfants doivent d’être punis pour établir un précédent et empêcher que de tels incidents ne se reproduisent. Nous sommes requis de revenir tous les matins pour reconnaître les « criminels » et récupérer, un à un, nos biens. Seul l’argent et mes lunettes restent introuvables. Je souris à l’idée qu’un de ces enfants de l’Afrique noire tente de passer inaperçu en portant mes lunettes Julbo blanches !

Désormais, un milicien nous est assigné pour chacune de nos excursions : il décide quels enfants portent nos sacs et interdit les autres enfants de s’approcher de nos biens en gardant nos sacs. Nous écumons le massif en quête d’autres lignes, mais le rocher solide au départ, se transforme souvent en poussière au bout de 15mètres. Nous en savourons néanmoins chaque mètre en grimpant sur ce rocher vierge.

Ayant écumé le maigre potentiel de lignes grimpables, nous nous mettant en route pour explorer les falaises granitiques d’Aksum. Au vu de l’apparence tiers-mondiste de cette ville, il est difficile d’imaginer aujourd’hui que vers l’an zéro, la civilisation aksumite était l’une des plus puissantes du monde.

Nous arrivons à Aksum après huit heures de conduite sur des routes poussiéreuses, nous imposant de garder les fenêtres fermées malgré la chaleur.

Ayant écumé le maigre potentiel de lignes grimpables dans la région, nous décidons de nous rendre à Aksum, ville où la civilisation askumite a régné de l’an 1BC à l’an 3AC, en tant que la troisième civilisation la plus puissante du monde. La route rejoignant Aksum est si poussiéreuse que nous sommes contraints de garder les fenêtres fermées, malgré la chaleur écrasante de la voiture. Mais la magie des montagnes qui se découpent en ombre chinoise dans le paysage atténue l’inconfort du trajet.

Nous arrivons de nuit à Aksum et dormons dans un hôtel plus que douteux où je passe les trois prochains jours à subir les effets violents de la Tourista. Nous rencontrons par hasard Pat Littlejohn, lequel nous promet que les falaises à la sortie d’Aksum offrent un potentiel quasi illimité. Au vu de son enthousiasme pour le massif de Gheralta, nous sommes quelque peu dubitatif de son concept de « qualité » Mais bon. Etant sur place, nous décidons d’aller tenter notre chance sur les falaises de granite qui ont servi à construire les obélisques d’Aksum.

Les jumelles ne révèlent aucune ligne naturelle. L’accès broussailleux sous le soleil tapant est aussi agréable que les enfants qui nous harcèlent pour de l’argent tout au long de notre marche. Le granit est très dur et lisse mais nous tentons notre chance sur la seule ligne de fissure. Helen se lance. Après un long combat, la quantité et l’odeur de déchets d’oiseaux qui couvrent la fissure lui font rebrousser chemin. Nous nous avons vaincues.

Nous rentrons sur Mekele pour y visiter le marché aux mille couleurs et milles épices, avant de nous envoler sur Addis et puis sur les Etats-Unis.

Je n’avais jamais rêvé de poser un jour le pied sur le continent Africain. L’escalade et la découverte de nouvelles lignes sont temps d’ excuses au voyage dont je ne garde que des souvenirs forts de paysages, de premières, et d’amitiés forgées par les émotions vécues.








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